Texte de 1899

Des Juifs sont mis à mort, accusés d'avoir empoisonné des puits

"La même année, entre la fête de la Purification de la bienheureuse Vierge Marie (2 février) et le Carême (25 février), des juifs furent mis à mort dans toutes les villes fortifiées, châteaux et villages de Thuringe à Gotha, Eisenach, Arnstadt, Ilmenau, Nebra, Wei und Wiche, Tennstaedt, Ilebrsleben, Thamsbrueck, Frankenhausen et Weissensee, parce que la rumeur publique les accusait alors d’avoir pollué les sources et les puits. dans lesquels de nombreux sacs remplis de substances empoisonnées auraient été découverts.

La même année, 1e jour de la Saint-Benoit (21 mars), qui tomba le samedi avant le dimanche de Laetare, les habitants d’Erfurt tuèrent cent juifs et davantage, malgré l’opposition des consuls.

D’autres juifs, sur un nombre de plus de trois mille, se rendant compte qu’ils ne pouvaient échapper aux mains des chrétiens, se donnèrent la mort par le feu dans leurs propres maisons par une recherche de purification. Au bout de trois jours, on les chargea sur des chariots et on les conduisit à leur cimetière devant la porte Saint-Maurice pour les y enterrer. Qu’ils reposent en enfer !

On dit aussi qu’ils ont pollué les sources d’Erfurt sur Géra et contaminé les poissons, si bien que personne ne voulait en manger pendant le Carême et qu’aucun des citoyens riches ne faisait faire sa cuisine à l’eau.

Je ne sais si c’est la vérité. Mais je crois plutôt que le début de leurs malheurs fut imputable aux sommes considérables et exorbitantes dont leur étaient redevables barons comme chevaliers, citadins aussi bien que paysans.

Grâces soient rendues cependant â Dieu, qui, dans sa grande miséricorde a veillé avec sollicitude sur la cité d’Erfurt et sur le peuple chrétien au milieu de tant d’incendies et de tant de meurtres, La même année et le même jour, des juifs furent tués à Mulhausen dans les mêmes conditions qu’à Erfurt et dans presque toute l’Allemagne et d’autres juifs se donnèrent la mort par le feu.

La même année, des milliers et des milliers de misérables flagellants se répandirent en Thuringe et dans presque toute l’Allemagne, au point que l’on en voyait trois mille ou davantage devant Eylbrechtisgehsre, près d’Erfurt, six mille et plus à Guenstaedt, à la fête de !a Dédicace, et qu’il en était ainsi dans toutes les cités, villes fortifiées et villages de Thuringe, à l’exception d’Erfurt, où les consuls, prévoyants et avisés, ne les laissèrent pas entrer. Ces flagellants firent beaucoup de mal au clergé par leurs prédications et leur soulèvement.

 

O. Holder-Egger, Monumenta erphesfurtensia, saec. XII, XIII, XIV, Hannoverae, 1899, p. 379-380, cité par J. Glénisson, J. Day, Textes et documents d’histoire du Moyen-Age (XIV-XVe siècles), vol. 1, SEDES, 1970, p. 34-35.

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La vie des Juifs en Thuringe au XIXe siècle

 

 

 

 

Après leur expulsion des villes à la fin du Moyen Âge, les Juifs ont vécu pendant plusieurs siècles en marge de la société en raison des interdictions et des restrictions discriminatoires. Ce n’est qu’au XIXe siècle que leur situation en Europe commença à s’améliorer et les Juifs obtinrent l’autorisation de se réinstaller dans les grandes villes de Thuringe.

Des lois sur l’égalité et l’émancipation juive donnèrent naissance à un nouvel épanouissement très rapide des communautés. Des synagogues furent construites à Erfurt, Mühlhausen, Sondershausen et dans le Sud de la Thuringe vers le milieu du XIXe siècle.

Des entreprises juives, comme négociants et fabricants, marquaient la vie économique des villes, des artistes et des scientifiques enrichissaient la vie sociale et culturelle.  Certains noms sont encore connus aujourd'hui, par exemple les frères Moses et Löb Simson qui écrivirent à Suhl certaines pages de l’histoire de l’automobile.

(site Thuringe-tourisme)

 

 

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