Les États-unis installent leur ambassade à Jérusalem. Ce même jour « la marche du retour » de Gaza, atteint son paroxysme avec 40 000 manifestants et compte 62 morts et 1300 blessés parmi les Palestiniens. Pour la Turquie c’est un génocide.

 

Quelques voies discordantes critiquent ces « manifestations pacifiques ». Ainsi pour Gil Mihaley, historien,

le mot « manifestation » ne correspond pas du tout à ce qu’il se passe sur la frontière entre Israël et la bande de Gaza depuis le 30 mars. Il s’agit d’une campagne organisée et dirigée par le Hamas dont l’objectif est de forcer la barrière séparant la bande de Gaza d’Israël pour ensuite pousser la foule vers la brèche puis à l’intérieur du territoire israélien.

Je rappelle d’ailleurs que ce secteur de la frontière est reconnu par la loi internationale et n’est pas mis en cause par l’Autorité palestinienne. Des commandos de la branche militaire du Hamas, souvent armés, se faufilent vers la barrière et essaient d’ouvrir une brèche avec des explosifs et des ciseaux. Derrière eux, des militants renvoient vers la brèche les gens amassés quelques centaines de mètres plus loin.1

 

Pour Nathan Thrall du site crisisgroup.org :

Plusieurs facteurs rendent les manifestations d’hier plus susceptibles d’entraîner une escalade de la violence que les précédentes. Premièrement, le nombre de manifestants est plus élevé, tout comme le nombre de victimes. Israël est déterminé à empêcher les Palestiniens de traverser Israël, et pour atteindre cet objectif, il montre peu de réticence à utiliser le tir réel sur des manifestants la plupart du temps non armés.

Deuxièmement, ces dernières semaines, et surtout aujourd’hui, Israël a commencé à employer une nouvelle tactique afin de dissuader le Hamas, le groupe islamiste palestinien qui contrôle Gaza depuis 2007, de participer, de permettre ou d’encourager les manifestations: l’armée de l’air israélienne a attaqué des cibles du Hamas à Gaza qui n’ont aucun lien avec les manifestations et, dans la manifestation de lundi, ces attaques se sont intensifiées. Un site d’information israélien a rapporté que, pour la première fois depuis le début des manifestations, le 30 mars, Israël a menacé d’assassiner les dirigeants du Hamas si les manifestations persistaient.

Troisièmement, les factions palestiniennes à Gaza se préparent aux manifestations de cette semaine depuis plusieurs semaines. Quand Israël avait déjà frappé les cibles du Hamas à Gaza afin d’affaiblir le soutien du Hamas aux marches, le Hamas avait incité à ne pas riposter: il ne voulait pas d’escalade avec Israël qui amortirait ou annulerait les protestations avant qu’elles aient atteint leur point culminant. Mais maintenant que nous sommes à ce point culminant et qu’Israël attaque les cibles du Hamas à une plus grande échelle qu’auparavant, le Hamas a moins de raisons de s’abstenir de répondre. Bien que les deux parties ne veulent pas de guerre, et que le Hamas a peu de raisons de croire qu’une nouvelle guerre le laisserait dans une meilleure position qu’aujourd’hui, les événements peuvent devenir incontrôlables. 2

 

Alors que le mouvement de la marche du retour devait culminer au 14 mai, les dirigeants du Hamas appelle à sa continuation. La marche du 18 mai ne fait pas victimes pour la première fois. Mais la violence continue de monter. Les Israéliens font part de plusieurs tentatives de destruction locales de la barrière, mais aussi d’envoi par les airs d’engins incendiaires. Le terminal de Keren Shalom par où transitent les marchandises est mis à sac par des Palestiniens. Des engins explosifs ont été trouvés près de la barrière. Un drône bourré d’explosif est même retrouvé côté israélien, dans le nord du Negev, en provenance de Gaza.3

1 Interview par Daoud Boughezal, Le Causeur, 16/05/2018. Gil Mihaely, franco-israélien, docteur de l’EHESS, diplomé d’histoire et de philosophie est un des fondateurs du magazine.

2 https://www.crisisgroup.org/middle-east-north-africa/eastern-mediterranean/israelpalestine/deadly-day-gaza-wont-be-last

3 Le Time of Israël, 28 mai 2018, Judah Ari Gross