Dihya aussi connue sous le nom de Kahina ou Kahena, est une reine guerrière berbère qui combat les Omeyyades, lors de la conquête musulmane du Maghreb au VIIe siècle. Elle meurt au combat, dans les Aurès, en 703. Elle aurait même réussit à unifier le Maghreb et aurait eu un destin exceptionel. La Kahenna est une icone Berbère, dont certains pensent qu'elle aurait été juive.
Que ma parole coule comme un ruisseau d’eau claire, je vais raconter l’histoire d’une Reine au temps des hommes libres. Que celles qui m’écoutent en soient dignes. Elles aussi sont des princesses qui vont vivre et témoigner à leur tour. Écoutez et retenez !1
Mille et un noms, et une femme
Dihya2 ⴷⵉⵀⵢⴰ (en berbère), également surnommée al-Kāhina ou Kahéna (qui signifie “devineresse”) en raison de ses dons sybillins. On raconte qu’elle prévoit l’avenir à travers ses rêves prémonitoires. On dit, par exemple, qu’elle voit venir la trahison de Yazīd3 (un otage que certains pensent son fils adoptif et que d’autres considèrent comme son amoureux caché). La légende dit que ce dernier−captif mais très bien traité, espionne la reine pour le compte du gouverneur Hassān Ibn N’umān. Yazīd écrit une lettre qu’il remet à un messager dans une galette de pain. Le messager à peine parti, la Kahéna, cheveux au vent, effarée, sort et prévient ses fils que leur perte se trouve dans ce que mangent les gens4). Voilà pour sa prévoyance qui suscite autant d’admiration que de crainte superstitieuse.Fille de Thabet, chef guerrier de la tribu de Djéraoua, Dihya est une reine berbère qui aurait perdu sa mère et son frère dans un incendie. Reniée−raconte-t-on− par son père qui, à sa naissance, se sent battu et impuissant parce qu’il s’attendait à avoir un garcon et pensait qu’une fille ne peut accéder au trône. Et “PARCE QUE C’EST UNE FEMME”, elle apprend toute seule à manier l’épée. On n’en sait pas plus sur sa vie ou la manière dont elle règne. On raconte qu’elle aurait aimé Koçeila, qu’elle a deux fils (l’un de père berbère, l’autre de père grec), ou trois− si l’on croit à l’hypothèse de Yazīd comme fils adoptif.De toute évidence, son surnom a pris le dessus car elle est presque toujours désignée par la « Kahéna », aussi bien dans les textes historiques que littéraires. On pense que « Dihya » vient de « Tacheldit », « belle » en chaoui. Les Berbères l’appellent aussi « Dihya Tadmut » ou « Dihya Tadmay », deux mots qui signifient « gazelle ». Elle serait ainsi, probablement, la « belle gazelle ». En arabe, « dāhiya » veut dire « habile, rusé » ; quant à son surnom « Kahéna », on raconte qu’il serait une dérivation de « kohn, kohen » qui signifie « prêtre » en hébreu et en arabe5.La Kahéna compte à son actif une longue liste de sur-pré-noms. Une chose est sûre (enfin peut-être !), l’historien Ibn Khaldoun (1332-1406) avance l’hypothèse du surnom al-Kāhina comme conséquence de la capacité de la reine à prédire l’invisible. C’est à lui aussi que l’on doit l’indication sur son âge : elle aurait 127 ans au moment de sa mort. En revanche, on ignore toujours sa date de naissance. Alors Dihya, Damya, Kahina, 127 ans, païenne, adoratrice de Gurzil6, juive ou chrétienne ? Nous ne le saurons peut-être jamais. Il y a un point sur lequel historiens et commentateurs me semblent d’accord : le courage de la reine et son statut de cheffe politique qui a marqué d’une pierre blanche l’Histoire de l’Afrique du Nord.C’est la tête haute et le pas décidé qu’elle se retrouva dans les ruelles de Kairouan. Les badauds la suivaient du regard, certains lui emboitaient le pas, séduits par les ondulations de ce corps élancé, l’élégance et la noblesse de sa silhouette, intrigués surtout par l’étonnante liberté qu’affichait toute sa personne, si insolite dans une ville dominée par le pouvoir des hommes. Consciente des regards de convoitise suscités par son passage, elle ne se laissait pas troubler7.
Si les témoignages abondent et divergent à propos de ses dons de prêtresse (d’autres diront magicienne ou sorcière) ou encore sa religion, les indications sur son physique se font très rares. On la dit aux yeux lavandes, aux cheveux couleur de miel. Les historiens la disent belle (beauté à comprendre parfois au sens péjoratif dans la mesure où pour certains, elle se sert de son charme pour « ensorceler » les gens). Et c’est presque tout. Je pense que c’est dans l’étendu champ de la littérature qu’elle se fait vraiment belle non seulement par les couleurs des mots mais aussi par les différents « personnages » qu’elle incarnera (enfantera, dirai-je).
Entre la fibule et l’épée: portrait de Dihya en AmazoneCe n’est pas une légende. C’est une histoire. C’est l’histoire, répond Yma en détachant bien ses mots. Une histoire, ça permet de marcher la tête droite, de ne pas avoir le dos voûté. Dans la vie, si tu ne sais pas où tu vas…ça, on ne sait pas toujours où on va dans la vie, eh bien cette histoire te dit d’où tu viens et ça, ce n’est pas rien 11
PARCE QUE C’EST UNE IMMORTELLE, Kahéna est morte plusieurs fois. Tout simplement. Non, je rectifie. Elle est toujours vivante aussi bien dans le corps des femmes tatouées (dans les pays du Maghreb) que dans les mémoires. Kahéna, n’a pas été oubliée des siens ; elle est aujourd’hui considérée comme le symbole de l’amazighité, figure représentative de l’Histoire comme de l’identité des Amazighs12En Algérie, une statue a été construite au centre-ville de Beghai (à Kenchela) en 2002, par le sculpteur algérien Ali Bouteflika. Une statue qui a été vandalisée en 2016 mais très vite restaurée par des jeunes chaouis pour qui Dihya est plus qu’un simple amas d’acier corten. PARCE QU’ELLE EST PLUS QU’UNE FEMME, Dihya a aimé. Son peuple avant toute chose. Celui qu’elle a réussi à unifier (nomades et sédentaires). Celui qu’elle a défendu pendant trente-cinq longues années (vérité historique ou fiction ?) Elle a aimé. Ses deux fils : Ifran et Yazdia. Un otage : Yazīd. Aujourd’hui, en Afrique du Nord, on se proclame d’elle (l’exemple des féministes). Certains l’appellent Yemma Kahéna (mère en berbère). C’est dire la charge affective qu’elle condense et transmet à des générations qui y voient le symbole de la liberté et l’incarnation d’une femme au destin exceptionnel.
Abyssal puits, corps en morceaux, « ET SI »…
PARCE QUE C’EST UNE FEMME déifiée et mythifiée, Dihya-t-al-Kāhina meurt plusieurs fois. Autrement dit : les versions de sa fin−tragique pour certains, glorieuse pour d’autres sont innombrables. (Curieusement, et même si cela n’a rien à voir avec Kahéna, la lecture active de sa fin me fait penser à Carmen. Oui, Carmen de Mérimée. Je renvoie les curieux.euses, qui peuvent être intéressé.e.s par la critique littéraire créative, au bellissime sauvetage de Carmen13 par Sophie Rabau dans Carmen pour changer. Il se trouve que l’on peut intervenir pour changer la fin de certaines choses, comme le destin d’un personnage.) Pour revenir à Dihya, je ne dirai pas qu’historiens, femmes et hommes de lettres et artistes ont fait du Rabau par anticipation mais une chose voisine : quand on n’est pas d’accord, on dit non. Que ceux qui admirent la reine écartent l’hypothèse de son corps en morceaux, cela me fascine. Voici quelques versions de la fin de Kahéna.
Version n°1 : elle se donne la mort, par poison car, raconte-t-on, elle dit à ses enfants que se rendre à l’ennemi serait une honte et qu’elle devrait mourir en auguste reine.
Version n°2 : elle est « prisonnière14et [puis] décapitée15».
Version n°3 : elle est tuée près d’un puits qui porte son nom Bīr el-Kāhina (Le puits de la Kahéna), sa tête tranchée est envoyée en guise de trophée au calife omeyyade. Certains disent qu’au moment de sa mort, l’ennemi aurait prononcé « Ce n’était qu’une femme ! »
Version n°4 : (là on bascule clairement dans le fantastique). Après sa mort, son âme devient errante. Ceci dit, Kahéna serait aujourd’hui quelque part parmi nous, peut-être en train de faire ses courses dans un supermarché où elle rencontre un certain Ulysse qui l’invite à prendre un café sur la terrasse d’une Odyssée.
Version n°5 : Ceci-est-un-exercice-de-fiction, disons le début d’une «variation sur la fin de Dihya ou raconter une hi(vie)stoire avec des ” ET SI”». L’autre jour, j’avais le blues, non pas que je n’aie pas des livres à lire, des fiches de lecture à faire ou des pages à noircir. Mais tout simplement je voulais être ailleurs. Après quelques minutes de recherche et d’hésitation, je me suis trouvée en train de regarder « Lettres à Juliette », réalisé par Gary Winick mort neuf mois après la sortie de son film en 2010 (la vie est un sacré scandale, je dis ça, je ne dis plus rien !) À vrai dire, ce n’est pas Juliette qui m’intrigue, c’est plutôt « la lettre » ; fidèle à mes habitudes (comme regarder un film ou encore écouter de la musique en prenant des notes. Pourquoi, dites-vous ? Et bien je n’en sais rien. Sauter le synopsis et faire confiance au titre (enfin à la valeur surdimensionnée que j’accorde au titre). Le film commence. Je regarde. Nihil novi sub sole. Un couple : Sophie et Victor s’aiment et partent en pré-lune du miel à Vérone, en Italie. Je suis perdue dans mes pensées, je regarde le toit, je vomis mes états d’âme et je me mets à me convaincre de mon désintérêt pour le film. Et tout d’un coup : il y a eu le mur de la maison de Juliette Capulet sur lequel des gens de partout viennent coller des petits mots. Cette scène m’interpelle. Je m’investis donc affectivement et activement dans le film. Bref, Sophie qui était vérificatrice de faits historiques dans le New Yorker découvre ce mur ainsi que les femmes « Secrétaires de Juliette » ; celles qui ramassent les lettres et y répondent. Je n’entre pas plus dans les détails. Sophie se trouve embarquée dans cette folle expérience et rejoint les secrétaires. Un beau jour, elle découvre, sur le vieux mur, sous une pierre, une lettre écrite par une certaine Claire Smith, datée de 1957 et adressée à un Lorenzo Bartolini. On comprend que Claire et Lorenzo se sont aimés, que leur histoire s’est mal finie. Émue, Sophie répond à la lettre. Claire la reçoit et débarque à Vérone avec son petit-fils, Charlie. Se lancent ainsi les enquêtes pour retrouver le Lorenzo de Claire. Et elle le retrouve. Et l’histoire finit par leur mariage. Pendant la cérémonie, Claire lit la lettre envoyée par Sophie qui a entre-temps quitté Victor, car amoureuse de Charlie). C’est à mon avis le meilleur moment de cette histoire non pas que j’apprécie les happy end (alors là pas du tout, je sais que la vraie vie est **autrement !) mais c’est que la lettre entre physiquement dans mon champ de vision comme personnage et ça, c’est passionnant. Je ne peux pas la citer de mémoire mais j’ai retenu ceci (je reformule ce qu’écrit Sophie à Claire) : les mots « et » et « si » n’ont pas une grande valeur quand ils sont séparés mais, combinés ils donnent ceci « ET SI, ET SI »…
En réalité, j’ai visionné cette séquence une dizaine de fois ! J’aurais peut-être l’occasion d’en parler dans un autre billet mais là, je dois vraiment revenir à la petite parenthèse des « ET SI » qui changent le cours des h-i-s-t-o-i-r-e-s!
« ET SI »…. Kahéna ne meurt pas à la fin de l’histoire ? Et si elle tombe amoureuse non pas de Yazīd mais de l’historien Ibn Khaldoun ? Et si Dihya accouche d’une Shéhérazade ? Et si, par une nuit étoilée, Kahéna se rend en Antarctique et se fond en larmes ? ET SI Kahéna était m-amer ? (Ça alors !)
Cette ébauche d’exercice de lire-écriture “active” vous invite, si cela vous parle, à vivre cette expérience pour le moins incroyable : intervenir dans la vie d’un personnage ! Si cela vous semble “idiot” ou “absurde” eh bien, ne lisez pas la version n°5 et si c’est déjà fait, reprenez sagement le cours de votre vie.
NOTES
Derri Berkani, La Kahéna de la Courtille, L’Harmattan, Paris, 2002, pp.30-31. []
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par Caroline Rebouh (article du site judaicalgeria.com)
L’empire romain avait envahi tout le bassin méditerranéen et une partie de l’actuelle Europe : la péninsule ibérique, la France et la Suisse. Tout le pourtour méditerranéen était aussi aux mains des Romains jusqu’à l’arrivée des Omeyades.
Les Omeyades, peuple arabe conquérant, dont le fondateur était l’oncle de Mahomet ont déployé leurs forces et ont diffusé l’Islam depuis l’an 661 et trouvèrent leur fin en Europe et notamment à la défaite de Poitiers en 732. Pendant cette longue période ils conquirent en partant de Syrie tout l’empire byzantin, l’empire khazar, la péninsule ibérique, mais toute la côte méditerranéenne de l’Afrique : l’Egypte, la Lybie, la Tunisie et une partie de l’Algérie côtière bien que les montagnes fussent occupées par d’autres populations arabes, berbères et kabyles. Cette région d’Algérie, Tunisie et Cyrénaïque (Lybie) se nommait Ifriqiya en langue arabe.
Des tribus berbères (Amazigh) se partageaient les territoires des Aurès : les Chaouis, les Idjerawen (ou Djerawa), les Chleus, les Matmatas, les Kabyles, les Chenouis, les Djeraouas[1], Nefouça, Fendelaouas, Mediouna, Bahloua et bien d’autres. Parmi ces Berbères certains étaient désignés comme étant des Juifs d’origine mais, dans l’ensemble, ils furent tous l’objet d’exactions et de conversions forcées vers différentes croyances : christianisme, islam, judaïsme…..
Les historiens et chroniqueurs divers n’ont que rarement mentionné la Kahina dans l’Histoire de l’Algérie et ce n’est surtout qu’au travers de l’Histoire des Berbères écrite entre autres par Ibn Khaldoun[2] que l’on arrive à cerner un peu mieux ce curieux personnage.
La Reine Kahina s’appelait en réalité DihyaTadmut. Son nom signifie en amazigh : gazelle. Et son surnom Kahena : quelle que soit l’origine de ce nom : arabe, hébraïque ou grec signifie : prêtresse ou prophétesse faisant allusion au fait qu’elle priait pour son peuple et qu’on lui attribuait certains pouvoirs magiques.
Les parents étaient issus des Aurès et son père s’appelait Tabeta Aït Tfan. Elle naquit apparemment vers 660 étant donné qu’elle fut déjà combattante en 686 et qu’elle mourut en 704.
A l’époque où elle naquit, les Omeyades avaient envahi ces vastes territoires et avaient converti de force nombre de tribuset peuplades.
Une trentaine d’années avant la naissance de Dihya, les tribus berbères s’organisèrent en résistance pour contrer les tentatives de plus en plus nombreuses des Omeyades d’islamiser les Berbères. Cette résistance avait à sa tête un chef redoutable du nom d’ Agsila. Il semble que Tabeta, père de Dihya prit la tête de cette résistance en 686, puis, plus tard, lorsqu’elle fut en âge adulte, Dihya fut élue comme successeur à son propre père. En excellent stratège elle décida de procéder à l’union des différentes tribus berbères d’Afrique du Nord et, avec une armée forte, elle déclencha la guerre contre les Omeyades qu’elle bat à deux reprises grâce au concours des Banou Ifren.
Le pouvoir de Dahya désormais Reine Kahina, s’affirme et elle règne sur l’Ifriqiya. Puis, en 693, dans un autre combat contre les Omeyades, le chef Hassan Ibn Numan défait la Kahina et elle devient prisonnière. Elle fut décapitée en 704.
Pourtant, l’Histoire d’après Ibn Khaldoun, rapporte que la Kahina se rendit avec ses troupes à Carthage où elle crut pouvoir compter sur la présence des Byzantins chrétiens se trouvant dans cette ville et y trouver un appui.
Ensemble, avec les Carthaginois, elle tente d’empêcher le passage de Hassan vers l’Espagne mais elle échoua et ce général Omeyade se fait nommer gouverneur d’Afrique du Nord. La Kahéna fut mère de deux fils qu’elle entraîna à la guerre. Elle tenta à plusieurs reprises de tendre des embuscades à Hassan qui demanda des renforts et c’est ainsi qu’il réussit à battre définitivement la Kahéna dont il réussit à se saisir finalement.
D’après Ibn Khaldoun, la Kahena aurait vécu 127 ans auquel cas, les dates données concernant cette héroïne ne correspondent pas. Toujours d’après le célèbre historien arabe,
Mettant à profit l’une des victoires sur Hassan, Dihya avec ses troupes berbères poursuivirent Hassan et ses soldats dans sa retraite mais celui-ci revint bien vite sur ses pas et regagna du terrain ; Dihya avait « adopté » un jeune arabe qu’elle avait sauvé d’une mort certaine, Khalid, ce dernier rejoignit le camp musulman et trahit la Kahena. Voyant le succès remporté par Hassan, et comprenant qu’elle ne pourrait pas remporter une victoire contre lui, Dihya pratiqua la politique de la terre brûlée pour empêcher cet ennemi de s’approprier des territoires berbères. Dans un dernier sursaut, elle envoya ses fils auprès de Hassan.Ilconfia à l’un des deux fils de Dihya le commandement de sa tribu. Ifrane, fils aîné de la Kahéna, cédant aux pressions de Hassan se convertit, à l’Islam, ainsi que Yisdiya, son frère. Hassan ordonna aux Berbères de se joindre à lui et à son armée et c’est ainsi que Ifrane et Yisdiya régnèrent sur les Berbères dans les Aurès à la suite de leur mère.
Comme il a été dit précédemment, les sources dignes de foi sont rares et d’autres sources ne sont à exploiter qu’avec beaucoup de prudence car elles ont été imprégnées d’opinions personnelles ce qui ne veut pas dire que les informations soient exactes.
On a dit que cette reine était juive. On a admis qu’elle pouvait être chrétienne. Il existe aussi d’autres opinions évoquant le fait qu’elle était tout simplement fidèle aux pratiques de sa tribu et/ou de son peuple berbère. Dihya appartenait à la tribu zénète.
Pour affirmer qu’elle était chrétienne, l’historien Camps se base sur le fait que, d’après lui, les zénètes étaient chrétiens se basant en quelque sorte sur le fait que le père de Dihya se nommait Matyalui-même fils deTifan pour Camps Matya[3] est une déformation de Mathieu et Tifan de Théophane ………. Grâce aux Byzantins et aux Romains qui avaient investi ces régions, il est vrai que le christianisme était très largement répandu dans ces contrées.
Ibn Khaldoun ne soulève pas le pan de l’appartenance religieuse de la Kahéna quoique, il ajoute à propos des Zénètes qu’ils possédaient et respectaient la mémoire d’un Prophète du nom de Moussa (Moïse) ibn Salih ( ?).
Paul Sebag[4] penche plutôt pour une opinion nettement tranchée selon laquelle la Kahéna était juive rejoignant en ceci l’historien Strabonqui déclare que les Juifs ayant été déportés dans ce qui fut l’Ifriqiya par Trajan, ils étaient nombreux et très présents et auraient participé à la conversion d’un grand nombre de Berbères.
Certaines familles juives portent des noms Berbères. L’énigme reste entière : Qui était la Kahéna ? Reine juive ou tout simplement une Reine Berbère d’une grande beauté, d’une très grande intelligence et animée d’un immense courage ? Une statue a été érigée à Benghaï pour perpétuer l’existence de cette femme exceptionnelle. Un puits porte son nom dans la région de Tebessa : Bir el Kahina et à une vingtaine de kilomètres de la ville de Kenchela des ruines sont désignées pour avoir été le palais de la Kahina.
Caroline Elishéva REBOUH
[1] Cette tribu et les suivantes étant connues surtout pour leur appartenance au judaïsme bien que d’autres historiens tel Gabriel Camps affirment que ces tribus étaient chrétiennes.
[2] IBN KHALDOUN Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale Editions Paul Geuthner, Paris, 1978.
[3] Ce qui eût pu être aussi Matthathias comme le prêtre et Père de Judas Maccabée.
[4] Paul SEBAG L’Histoire de la Tunisie des origine
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