Le nouvel État forge son identité en effaçant les traces et lieux de vie des habitants arabes.

Ainsi , « à peine les villages sont-ils vides qu’ils sont systématiquement détruits. Dès juin 1948, ces démolitions prennent le caractère d’une mission politique pour bloquer le retour des réfugiés.

À la fin de 1948, les pressions internationales en faveur de ce retour augmentent et, en mai 1949, le gouvernement prend la décision de liquider tous les villages restant (différents chiffres sont avancés : B. Morris [1987] parle de 369 localités ; d’autres auteurs palestiniens en recensent jusqu’à 480. W. Khalidi [1992 : XIX] en dénombre 418, dont 382 villages quasiment anéantis. Seuls 7 villages sont restés presque intacts et ont été repeuplés par des habitants juifs). »1

Ces destructions s’accompagnent de la construction intensive d’exploitations agricoles : 170 exploitations sont bâties entre 1948 et 1949, 130 l’année suivante (soit 300 en moins de trois ans. À titre de comparaison, 243 colonies agricoles avaient été construites durant les soixante-six années d’immigration juive en Palestine ayant précédé l’établissement de l’État d’Israël [Benvenisti 2000].) Quant à celles qui existent déjà, elles sont agrandies en prenant sur les terres des villages arabes voisins. Ces colonies ont une importance militaire et politique d’autant plus capitale qu’elles sont principalement édifiées dans les zones supposées appartenir à un État arabe, selon le plan de partage des Nations unies de 1947.

Le plan Daleth, rédigé par la Haganah prévoit ainsi : « Ces opérations peuvent être exécutées de la façon suivante : soit en détruisant les villages ( en y mettant le feu, en les faisant sauter et en posant des mines dans les décombres), notamment ceux qui sont difficiles à contrôler de manière permanente ; soit en montant des opérations de ratissage et de contrôle conformément aux directives suivantes : encerclement des villages, recherches à l'intérieur. En cas de résistance, les éléments armés seront éliminés et la population expulsée hors des frontières de l'État. »

En 1948, 8,2% des Palestiniens sont demeurés en Palestine devenue Israël, 30,8% sont placés sous souveraineté égyptienne ou jordanienne et les 61% restant peuplent