L’église Saint-Pierre de Jaffa, édifiée au XVIIᵉ siècle par les Franciscains, est un exemple remarquable d’architecture baroque mêlant influences européennes et matériaux locaux.

 

 

Construite en pierre calcaire typique de la région, sa façade sobre est animée par un portail central surmonté d’un fronton triangulaire et flanqué de deux fenêtres hautes. La cloche, installée dans un campanile indépendant à trois étages, domine l’ensemble avec élégance.  

 

À l’intérieur, l’église adopte un plan en nef unique, voûtée en berceau, avec des chapelles latérales dédiées à des saints franciscains. Le chœur, légèrement surélevé, abrite un autel majeur en bois doré, orné d’une statue de Saint-Pierre tenant les clés du paradis.

 

Les vitraux, réalisés au XIXᵉ siècle, illustrent des épisodes de la vie de l’apôtre, tandis que des fresques naïves représentent les quatre Évangélistes dans les pendentifs de la coupole.  

 

Un élément architectural notable est la crypte, située sous le chœur. Elle conserve des vestiges médiévaux, probablement liés à une forteresse croisée du XIIIᵉ siècle, intégrés lors de la reconstruction de l’église. Les colonnes de pierre brute et les arcs brisés de cette salle basse contrastent avec le baroque lumineux de l’étage supérieur.  

 

 

L’église actuelle remplace un sanctuaire plus ancien, érigé par les Croisés au XIIᵉ siècle et détruit après la chute de leur royaume. Les Franciscains, établis à Jaffa dès le XVIᵉ siècle, obtinrent en 1650 l’autorisation ottomane de reconstruire un lieu de culte sur les ruines de la forteresse médiévale. L’édifice fut achevé en 1654, mais rasé en 1799 lors du siège de Jaffa par Napoléon, qui y installa un hôpital militaire.  

 

La reconstruction définitive eut lieu entre 1888 et 1894, sous la supervision du frère franciscain Benedetto Orsenigo, architecte italien. L’église prend alors sa forme actuelle, intégrant des éléments défensifs (meurtrières dans le campanile) rappelant son passé mouvementé. Consacrée en 1894, elle devient un lieu clé pour les pèlerins en route vers Jérusalem.  

 

Au XXᵉ siècle, l’église subit des dommages lors de la guerre de 1948, nécessitant une restauration minutieuse dans les années 1950.

Aujourd’hui, elle sert à la fois de paroisse catholique et de témoin silencieux des vicissitudes historiques, préservant dans ses murs des traces architecturales croisées, ottomanes et coloniales.  

Symboles et particularités

- La clé de Saint-Pierre, sculptée sur le fronton, symbolise son rôle de "gardien des portes du ciel".  

- L’orientation vers le port de Jaffa rappelle la vocation d’accueil des marins et pêcheurs.  

- Les pierres alternativement claires et sombres de la façade évoquent l’héritage multiculturel de l’édifice.  

 

Cette église, sobre mais chargée d’histoire, reste un lieu de culte actif et un joyau discret de l’architecture religieuse en Terre Sainte