Le référendum (également appelé plébiscite) du 19 août 1934 n’est pas à l’origine des pouvoirs du chancelier Hitler. Le jour même du décès du président Hindenburg le 2 août 1934, Hitler demande au peuple de plébisciter la loi relative au chef de l'Etat du Reich allemand, qui lui permet de réunir les rôles de président et de chancelier. Hitler obtient 89,93% des suffrages exprimés (84,2 % des inscrits).
Mais Hitler a été nommé chancelier, appelé par Hindenburg le 30 janvier 1933. Il bénéficiait alors du soutien d'une partie du patronat, du parti national du peuple allemand (DNVP) et de l'ancien chancelier du Zentrum catholique Franz von Papen, qui espérait faire de lui une marionnette.
Aux législatives de 1930, le NSDAP avait emporté 18,25 % des suffrages (contre 24,53 au sociaux-démocrates) faisant un saut très important par rapport aux 2,6 % de 1928. En juillet 1932, le NSDAP, en tête, avait obtenu 37,27 % des suffrages exprimés soit près de 14 millions de voix. Puis en novembre 1932, le NSDAP était sorti de nouveau en tête des législatives , avec 33% des voix.
Le 1er février 1933, Hindenburg nomme Hitler chancelier et dissout le parlement. De nouvelles élections législatives sont organisées le 5 mars peu après l’incendie du Reichstag : le parti d'Adolf Hitler arrive en tête, avec 43,9% des voix.
La loi des pleins pouvoirs est adoptée, le 23 mars 1933, par le Reichstag, par 444 votes pour et 94 votes contre.
Tous les partis d'extrême droite, de droite et du centre ont voté pour ; seuls les socialistes ont voté contre, les communistes avaient été contraints d'entrer dans la clandestinité ou étaient internés. Un seul orateur s’y est opposé, Otto Wels. Celui-ci sera déclaré apatride et devra s’exiler en France où il meurt en 1939.
Suite à ces élections, les nazis vont s'efforcer d'éliminer toute forme d'opposition, en interdisant purement et simplement les autres partis.
Résultat : lors des législatives du 12 novembre 1933, les Allemands sont invités à approuver une seule liste électorale, celle du parti d'Adolf Hitler. Selon le Guardian du 13 novembre 1933, le parti d'Adolf Hitler obtient 93,4% de «ja» – les votes «nein» étant comptés comme invalides. C'est dans ce contexte qu'est organisé le plébiscite du 19 août 1934.
Hitler a ensuite bien fait appel à plusieurs reprises au peuple, mais «il faut bien distinguer le référendum, comme on l'entend, du plébiscite», précise Johann Chapoutot, historien spécialiste du nazisme : «Les plébiscites de 1934 comme ceux de 1935 ou 1938 organisés par Hitler le sont dans le seul but de consolider le pouvoir. Ils sont totalement truqués et accompagnés d'un usage massif de la propagande.»
Côté italien, Mussolini accède aux responsabilités «après deux ans de guerre civile, où les fascistes ont utilisé la violence contre leurs adversaires politiques» : «Mussolini a fait un demi-coup de force avec sa fameuse marche sur Rome, pour mettre la pression sur le roi, qui l'a finalement nommé Président du conseil. Minoritaires à l'assemblée, les fascistes ont à la fois utilisé le jeu des institutions et la violence pour accéder au pouvoir, dans un contexte quasi insurrectionnel.»
Ce n'est qu'après «avoir instauré la dictature» que Mussolini a organisé à deux reprises des référendums pour présenter au peuple des listes uniques de représentants. Ainsi, dès «le 17 mai 1928, une loi s'attaque au principe même de la représentativité parlementaire. Les élections législatives sont supprimées. Les électeurs ne sont alors plus sollicités par référendum que pour ratifier -ou non- une liste de 400 députés proposés par le Grand conseil du fascisme, organe suprême du régime formé des membres du gouvernement, des responsables du parti et de hauts dignitaires du régime.» Résultats : sur les deux consultations de ce type, le «oui» a représenté plus de 98% des suffrages exprimés.