Le 14 janvier, le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas fait un discours devant le conseil de l’OLP et multiplie les propos polémiques.

Pour lui, les Juifs européens auraient durant la seconde guerre mondiale préféré subir les meurtres et massacres1 qu’émigrer en Palestine, oubliant outre les quelques difficultés des Juifs d’Europe sous la botte nazie, les limitations à l’immigration qui ont suivi le livre blanc2.

 Même pendant l’Holocauste, ils n’ont pas émigré. En 1948, les Juifs en Palestine n’étaient pas plus de 640 000, la majorité d’entre eux étant originaires d’Europe.

 

Le leader palestinien a ensuite estimé que

 Le colonialisme a créé Israël pour remplir une certaine fonction. C’est un projet colonial qui n’a rien à voir avec le Judaïsme, mais qui a plutôt utilisé les Juifs comme outils sous le slogan de la Terre sainte.

Pour Abbas, l’émigration des Juifs de la totalité des pays arabes (des 900 000 juifs en 1948 , il en reste moins de 10 000 dans ces pays) n’a rien à voir avec les populations, gouvernements et politiques locaux mais seraient uniquement dus à la volonté d’Israël. Enfin, il prétend que Herzl avait appelé au massacre des Arabes de Palestine, ce qui est une pure affabulation.

 

Abbas, dit aussi :

 Quand la résolution de partition fut déclarée, l’État d’Israël fut établi, mais le nôtre ne le fut pas. Ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas.

Ce faisant il oublie que le plan de partage de 1947 qui prévoyait un État Arabe a été refusé à l’époque par tous les pays ou organismes arabes.

 

Enfin, tournant résolument le dos à la violence, tout en l’encourageant, il dit :

 Nous ne voulons pas la guerre. Nous n’appelons pas à une guerre militaire avec Israël.

Quiconque a (des armes), allez-y et faites-la. Je le dis en public.Si vous avez des armes, je suis avec vous et je vous aiderai. Toute personne qui a des armes peut y aller.

Je n’ai pas d’armes. Je veux le chemin pacifique et politique pour atteindre une solution. 

 

Pour Avi Issacharoff3, Abbas a conduit l’OLP dans une impasse.

Les dirigeants d’aujourd’hui sont à peu près les mêmes que ceux qui ont dirigé l’OLP dans les années 1980 au Liban et en Cisjordanie.

Au cours des dernières années, Abbas s’est assuré de ne pas avoir d’héritier, ni même d’établir un processus officiel clair pour choisir un successeur. Il a ignoré les appels à la réforme et toute forme de critique. Il a veillé à isoler et à affaiblir le leader le plus populaire de Cisjordanie, Marwan Barghouti, emprisonné depuis 2002 et condamné par un tribunal civil israélien à cinq peines de prison pour avoir orchestré une série de meurtres terroristes au cours de la deuxième Intifada.

Dans ce qui ressemblait étrangement à un discours d’adieu dimanche, Abbas a promis que les Palestiniens n’abandonneraient pas leurs droits, que les paiements aux familles de terroristes ne s’arrêteraient pas et qu’il n’autoriserait pas les Américains à arbitrer les négociations. Une belle série de « NON ».

« Nous ne recevons d’instructions de personne et nous disons ‘Non’ à quiconque, quand il s’agit de notre destinée, de notre cause, de notre pays et de notre peuple … Mille fois non », a-t-il dit.

 

1 Abbas qui a fait dans les années 70 une thèse de doctorat en histoire aux relents négationnistes n’aime pas admettre l’existence de la Shoah, d’où les ’meurtres et massacres’. Il s’était appuyé pour ses travaux soutenus à Moscou sur des interviews de négationnistes comme le français Faurisson et avait assimilé l’incertitude du nombre de victimes juives à une incertitude tout court sur la Shoah.

2 Pour mémoire, il limitait pendant 5 ans à partir de 1939 l’immigration juive en Palestine à 75 000 personnes par an.

3 Avi Issacharoff , écrit dans le Times of Israël. Jusqu’en 2012, était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l’histoire palestinienne moderne à l’université de Tel Aviv

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