Obsèques de Rabin

 

Alors qu’il venait de prononcer un discours à l’issue d’un rassemblement pour la paix à Tel-Aviv, Ytzhak Rabin est assassiné. l’assassinat fait suite une campagne politique et médiatique particulièrement haineuse envers Ytzhak Rabin.

 

Voir aussi le dernier discours de Rabin (texte)

 

C’est un extrémiste juif religieux ultra-nationaliste, Ygal Amir de 25 ans qui l’a abattu de trois balles dans le dos. Il est condamné à la prison à vie. Ygal Amir dira qu’il a pris sa décision le jour des funérailles Baruch Godstein, l’assassin du tombeau des Patriarches. La disparition de Rabin provoque une émotion immense. Dans le discours qu’il venait de prononcer Rabin disait

' La violence s’attaque à la base de la démocratie israélienne. Elle doit être condamnée et isolée..Il s’agit [la paix ] d’un parcours semé de difficultés et de douleur.

Pour Israël, il n’est pas de chemin qui soit sans douleur. Mais la voie de la paix est préférable à celle de la guerre...

Je veux que ce gouvernement exploite chaque ouverture, chaque occasion de promouvoir et de parvenir à une paix totale..Cette manifestation doit envoyer un message au peuple israélien, au peuple juif partout dans le monde, au monde arabe et en fait au monde entier : le peuple israélien veut la paix, il soutient la paix.'

 

Voir aussi le processus d'Oslo - textes et documents

 

La droite qui a laissé durant des semaines dire et écrire que Rabin ne vaut pas plus qu’un nazi qui sacrifie le peuple juif est mise en accusation. Pour Amos Gitaï, réalisateur d’un très controversé1 portrait de Ygal Amir,

' l’assassinat de Rabin est le point final d’une campagne haineuse, menée par des rabbins délirants, des colons opposés à tout retrait des territoires palestiniens et la droite parlementaire, au premier rang de laquelle le Likoud, déjà mené par Benyamin Netanyahu (NDLR : alors Premier ministre), qui voulait déstabiliser le gouvernement travailliste.'

 

Pour Lea Rabin, sa veuve, Netanyahu porte une responsabilité certaine dans la mort de son mari. Netanyahu avait notamment assisté sans broncher et souriant à des manifestations où était porté un cercueil au nom de Rabin2. Ce qui n’empêchera pas le même Netanyahu, le 21 octobre 2016, de rendre hommage à Rabin à l’occasion du 21ème anniversaire de sa mort en ces termes :

' Rabin a lutté pour la paix, mais il a également reconnu l’absence de volonté de nombreux Palestiniens pour faire la paix ..Rabin n’a jamais, même un instant, cessé de voir les dangers que nous affrontons.. Il a rapidement compris que la sécurité était la pierre angulaire de notre existence, et parlait souvent de la menace de l’islam radical affrontée par Israël et le reste du monde libre. Aujourd’hui, nous affrontons toujours cette même menace, mais elle est encore plus grande que du temps de Rabin.

J’ai aussi tendu ma main pour la paix, mais à chaque fois, les Palestiniens ont refusé de lancer des négociations de paix ou de reconnaître un État juif quelles que soient ses frontières.'

Pendant le discours, Dalia Rabin, fille du Premier ministre assassiné lève les yeux au ciel . 3

Shimon Pérès succède à Rabin, comme Premier ministre. l’assassinat va bloquer le procesus de paix et les espoirs d’apaisement dans la région pour 20 ans, malgré les faux espoirs de Camp David II en 2000.


1 Notamment parce qu’il s’attache plus à écouter le bourreau que sa victime. Dans ce portrait Ygal Amir apparaît tel qu’il était durant son procès, souriant, sarcastique, insolent

2 Frédéric Worms, le sourire de Ygal Armir, Libération, 30/12/2015.

3 The Times of Israël, 13 novembre 2016, Tamar Pleggi

 

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