Le 7 février 2017, La Knesset adopte un projet de loi qui autorise la confiscation de terres appartenant à des propriétaires palestiniens en Cisjordanie.
Ce texte vise à «régulariser» a posteriori la situation d’avant-postes édifiés sans autorisation depuis que l’État hébreu s’est engagé à ne plus créer de nouvelles colonies après la signature des accords d’Oslo (1993). le projet prévoit le gel, pour une période d’un an, de tous les ordres de démolition édictés contre des habitations construites sans autorisation dans seize colonies sauvages de Cisjordanie.
À terme, selon une estimation avancée par l’ONG La paix maintenant, 53 avant-postes au moins pourront être «sanctuarisés» grâce à la nouvelle loi.
Le gouvernement sera en mesure de saisir quelque 800 hectares de terres sur lesquelles 3 850 maisons ont été construites illégalement. Les propriétaires palestiniens, quant à eux, ne pourront plus exiger des juridictions israéliennes la démolition de ces bâtiments. Un «droit d’usage», calculé après estimation de la valeur des parcelles concernées, leur sera proposé en guise d’indemnisation.
Hossam Zomlot, un proche conseiller du président Mahmoud Abbas, estime que la loi liquide ce qu’il restait de la solution des deux États. Saeb Erekat, numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine, dénonce un texte qui légalise le vol de terres palestiniennes.
Isaac Herzog, chef du parti travailliste, a attaqué une loi abjecte qui expose selon lui les soldats et responsables politiques israéliens à des poursuites devant la justice internationale. Dan Meridor, ancienne figure du Likoud, souligne que cette initiative constitue un dangereux précédent dans la mesure où la Knesset n’avait jusqu’à présent jamais légiféré sur ces territoires placés sous occupation militaire. Selon l’ONG B’Tselem, enfin, le vote prouve une fois de plus qu’Israël n’a aucune intention de mettre un terme à son contrôle de la population palestinienne ni au vol de terres.
Même le procureur général Avichai Mandelblit a déclaré que si la loi est contestée devant les tribunaux, il ne la défendra pas car elle viole la quatrième Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre. 1
Le Premier ministre britannique, Theresa May, estime que l’adoption de la loi irait dans le mauvais sens. Le coordinateur spécial des Nations unies au Proche-Orient, Nickolay Mladenov, se dit inquiet que ce texte ne réduise grandement les perspectives de paix.
Pour la Maison-Blanche, qui revient sur les affirmations de campagne du candidat Trump,
si la colonisation n’est pas un obstacle à la paix, la construction de nouvelles implantations ou l’expansion d’implantations existantes [en Cisjordanie] au-delà de leurs limites actuelles pourrait ne pas aider à résoudre le conflit..
Le nouveau président Trump continue de marcher sur des œufs en déclarant lors d’une interview au journal Israël Hayom le 15 février 2017
Il faut que les Israéliens agissent raisonnablement...Les terres restantes sont limitées, et il en reste moins à chaque fois qu’on prend des terres pour les implantations. Je ne suis pas quelqu’un qui pense que le développement des implantations soit bon pour la paix. Mais nous vérifions toutes les possibilités.
Quant au transfert de l’ambassade, il a affirmé y réfléchir très sérieusement mais n’avoir pas pris de décision sur la question. "J’étudie le sujet, et nous verrons ce qui se passera"
Tandis que même la solution à deux États (de plus en plus impraticable sur le terrain) semble être une doctrine dépassée ou sur le point de l’être, la Maison Blanche annonçant le 15 février
Une solution à deux États qui n’apporte pas la paix est un objectif que personne ne cherche à atteindre..La paix est l’objectif, que cela soit sous la forme d’une solution à deux États si c’est ce que les parties veulent, ou quelque chose d’autre si les parties le veulent ..Nous ne dicterons pas les termes de ce que sera la paix.2
1 l’OBS, Colonisation israélienne, une étape dangereuse a été franchie, Céline Lussato, 08/07/2017