Distribution du patrimoine des ménages en 2015 |
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en euros | ||
Déciles | Patrimoine brut | Patrimoine net |
1er décile (D1) | 4 300 | 3 000 |
2ème décile (D2) | 12 900 | 10 100 |
3ème décile (D3) | 34 100 | 27 800 |
4ème décile (D4) | 94 900 | 65 300 |
Médiane | 158 000 | 113 900 |
6ème décile (D6) | 215 800 | 170 100 |
7ème décile (D7) | 278 000 | 235 600 |
8ème décile (D8) | 374 500 | 332 200 |
9ème décile (D9) | 595 700 | 534 800 |
Lecture : début 2015, 10 % des ménages français ont un patrimoine brut supérieur à 595 700 euros. Par ailleurs, 10 % ont un patrimoine net supérieur à 534 800 euros en déduisant les éventuels emprunts privés et/ou professionnels encore en cours. | ||
Champ : France (hors Mayotte), population des ménages. | ||
Source : Insee, enquête Patrimoine. |
Début 2015, la moitié des ménages vivant en France déclarent un patrimoine brut supérieur à 158 000 euros (figure 1).
Les 10 % de ménages les mieux dotés en patrimoine (D9) possèdent au minimum 595 700 euros d’actifs, alors que les 10 % les plus modestes (D1) en détiennent au maximum 4 300 euros chacun, soit 139 fois moins.
Les inégalités de patrimoine sont beaucoup plus marquées que celles des revenus.
À titre de comparaison, en 2014, le revenu maximal des 10 % de ménages les plus modestes est 4,6 fois moins élevé que le revenu minimum des 10 % les plus aisés.
Les 10 % de ménages les mieux dotés concentrent 47 % de la masse de patrimoine brut de l’ensemble des ménages alors que les 10 % de ménages aux revenus les plus importants détiennent 26 % de la masse totale des revenus disponibles.
Les 5 % les mieux dotés en patrimoine en disposent à eux seuls de 33 % et les 1 % en rassemblent 16 % (figure 2). Les ménages de ce dernier centile possèdent chacun au moins 1 953 000 euros de patrimoine brut.
À l’opposé, la moitié des ménages les moins dotés détiennent 8 % du patrimoine brut, et les 10 % les plus modestes seulement 0,07 %.
Début 2015, la moitié des ménages vivant en France possèdent plus de 158 000 euros de patrimoine brut et concentrent 92 % des avoirs patrimoniaux des ménages.
Les 10 % les mieux dotés disposent d’au moins 595 700 euros de patrimoine brut et détiennent près de la moitié de la masse totale de celui-ci.
Les 1 % des ménages les plus aisés en matière de patrimoine possèdent chacun plus de 1,95 million d’euros d’actifs.
À l’opposé, les 10 % de ménages les moins dotés détiennent chacun moins de 4 300 euros de patrimoine et collectivement moins de 0,1 % de la masse totale. Le montant des actifs accumulés varie selon la position des membres des ménages dans le cycle de vie, mais aussi selon leur catégorie socioprofessionnelle : détenteurs d’actifs professionnels, les ménages d’indépendants ont en moyenne un patrimoine plus élevé que les ménages de salariés.
Entre début 2010 et 2015, en excluant le patrimoine relatif aux véhicules, à l’équipement de la maison, aux bijoux et aux œuvres d’art, les inégalités globales de patrimoine mesurées par l’indice de Gini ont légèrement diminué. Elles se sont cependant accentuées parmi les ménages les plus modestes.
Les ménages les plus jeunes ont su profiter de taux bas pour accéder à la propriété : le poids de l’immobilier a ainsi augmenté de 6 points en cinq ans pour atteindre, début 2015, 70 % de la valeur de leur patrimoine privé brut (hors biens durables et de valeur).
Début 2015, le patrimoine brut des ménages est, comme début 2010, principalement constitué de biens immobiliers (61 %).
Pour la moitié des ménages détenteurs, l’immobilier représente plus de 80 % de leur patrimoine brut total.
La résidence principale est la composante essentielle du patrimoine immobilier brut : elle représente 85 % de la valeur des biens immobiliers des ménages en détenant.
En France, près de six ménages sur dix sont propriétaires ou accédants à la propriété de leur résidence principale. Cependant, seul un quart des ménages faisant partie des 50 % les moins bien dotés en patrimoine sont dans ce cas, contre la quasi-totalité (95 %) des 10 % des ménages les plus riches.
Les propriétaires et accédants de leur résidence principale disposent d’un patrimoine brut dont le montant moyen est 7,5 fois plus élevé que celui des locataires et des personnes logées gratuitement.
Néanmoins, plus d’un tiers des ménages propriétaires sont accédants et doivent encore rembourser des emprunts.
Une fois déduit l’endettement, l’écart entre le patrimoine net moyen des propriétaires occupants et celui des locataires (ou logés gratuitement) est plus faible, notamment pour les ménages les plus jeunes. Ainsi, chez les moins de 30 ans, cet écart chute de 7 à 3,9 quand on passe du patrimoine brut au patrimoine net. Pour ces jeunes ménages, cet écart, même réduit, reste cependant important : pour accéder à la propriété, il faut présenter une situation suffisamment solide en matière de revenus et d’emploi, mais aussi disposer d’un apport personnel. Pour les ménages dont la personne de référence est âgée de 70 ans ou plus, le patrimoine brut, comme le patrimoine net, est en moyenne 6,4 fois plus élevé pour les propriétaires que pour les non-propriétaires : à ces âges, la plupart des ménages propriétaires ont en effet terminé de rembourser leurs éventuels emprunts.
De manière générale, le montant du patrimoine détenu par les ménages, brut comme net, croît avec l’âge de la personne de référence jusqu’à 70 ans, puis décroît ensuite. Ainsi, le patrimoine net moyen passe de 37 400 euros pour les ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans à 340 600 euros pour les ménages dont la personne de référence a entre 60 ans et 69 ans, pour retomber à 286 100 euros pour les ménages les plus âgés . Le patrimoine suit généralement une logique d’accumulation avec l’âge puis de désaccumulation au moins partielle. Le profil d’accumulation peut être affecté par de nombreux événements professionnels et familiaux, comme les héritages et les donations reçues. Les ménages bénéficiaires de ces transmissions disposent généralement d’un patrimoine plus élevé : pour la moitié d’entre eux, il s’élève à plus de 242 900 euros contre 72 100 euros pour la moitié de ceux qui n’en ont pas bénéficié.
Au-delà des effets d’âge et de revenus, les logiques d’accumulation patrimoniale et les motifs d’épargne (investissement, précaution, etc.) diffèrent nettement entre salariés et non-salariés. Les ménages dont la personne de référence ou son conjoint est un indépendant (actif ou retraité) possèdent ainsi un patrimoine brut en moyenne beaucoup plus élevé que celui du reste de la population, respectivement 574 900 euros contre 210 800 euros début 2015.
L’effort d’épargne destiné à financer des investissements professionnels est souvent important pour les ménages d’indépendants en activité : en moyenne, 32 % de leur patrimoine brut est composé d’actifs professionnels, pour la plupart (86 % de la valeur totale de ces actifs) directement liés à leur activité. Ils s’en défont au moment du passage à la retraite, notamment par le biais de donations dans le cadre familial : la part du patrimoine professionnel dans le patrimoine brut des ménages d’indépendants retirés des affaires ou retraités n’est plus que de 10 %. La majorité de ce patrimoine est alors non exploité professionnellement (81 %). De fait, alors que le patrimoine brut moyen des ménages d’indépendants en activité (623 000 euros début 2015) est très supérieur à celui de la plupart des ménages de salariés actifs (190 600 euros), l’écart est légèrement moindre parmi les retraités : les ménages d’anciens indépendants détiennent en moyenne 481 600 euros de patrimoine brut et les ménages non indépendants où la personne de référence est anciennement salariée 254 100 euros. Par ailleurs, exposés à des fluctuations de revenus plus fortes que les salariés et bénéficiant de droits à la retraite plus restreints, les ménages d’indépendants, notamment en activité, sont plus enclins à épargner. Ainsi, 13 % d’entre eux (et 10 % de ceux retirés des affaires ou retraités), contre 5 % des autres ménages, détiennent un patrimoine privé diversifié. Ce patrimoine est alors composé à la fois d’au moins un livret d’épargne, d’un produit d’épargne-logement, d’un produit d’assurance-vie ou d’épargne retraite, d’un bien immobilier et de valeurs mobilières.
Parmi les ménages non indépendants de salariés en activité, les inégalités de patrimoine sont, comme les disparités salariales, très marquées entre catégories socioprofessionnelles : le patrimoine brut moyen des cadres est ainsi 4 fois supérieur à celui des ouvriers non qualifiés.
À champ comparable , les ménages vivant en France détiennent en moyenne, début 2015, 248 000 euros de patrimoine brut hors reste, i. e. hors véhicules, équipements de la maison, bijoux et œuvres d’art (+ 0,5 % en euros courants par rapport à début 2010). La moitié d’entre eux déclarent un montant total d’actifs hors reste supérieur à 144 600 euros, seuil en hausse de 2,5 % en euros courants.
Les inégalités de patrimoine brut hors reste baissent très légèrement : l’indice de Gini s’établit début 2015 à 0,653 contre 0,662 début 2010. D’une part, la concentration du patrimoine détenu par les ménages du dernier décile (D9) s’est réduite. En particulier, la part de la masse totale de patrimoine brut hors reste détenue par les 1 % de ménages les mieux dotés a décru de 1,5 point depuis début 2010. D’autre part, les inégalités se sont également réduites parmi les ménages dont le patrimoine brut hors reste est supérieur au premier quartile (Q1) mais inférieur à la valeur médiane (Q2). Le rapport interquartile Q2/Q1 a ainsi diminué de 22 %.
Cependant, la situation relative des ménages en bas de l’échelle des patrimoines s’est détériorée entre début 2010 et 2015. Le patrimoine moyen des 10 % de ménages les moins dotés, presque intégralement constitué de comptes-chèques et de livrets d’épargne réglementée, a en effet fortement diminué depuis début 2010 (- 30,2 %). Leur montant est ainsi passé de 250 euros en 2010 à 150 euros en 2015 pour les comptes-chèques (évalués le 15 du mois), et de 110 euros à 90 euros pour les livrets d’épargne réglementée. Au total, le rapport interdécile D9/D1 a augmenté d’un tiers sur la période. Par ailleurs, au sein de ces 10 % de ménages les moins dotés, l’inégalité patrimoniale s’est fortement accentuée avec un indice de Gini progressant de 0,523 à 0,684 entre début 2010 et 2015.
Début 2015, la composition moyenne du montant de patrimoine privé brut des ménages (hors biens durables, objets de valeur et œuvres d’art) reste identique à celle de début 2010 : un quart d’actifs financiers et trois quarts d’actifs immobiliers.
De manière générale, jusqu’à 60 ans, la part du patrimoine immobilier croît avec l’âge de la personne de référence puis décroît ensuite .
Le poids de l’endettement immobilier est maximal parmi les ménages les plus jeunes et diminue progressivement avec l’âge.
Jusqu’à 50 ans, il est essentiellement lié à l’acquisition de la résidence principale ; par la suite, il concerne également l’achat d’autres biens immobiliers.
Entre début 2010 et 2015, à la faveur d’un contexte de taux bas qui a encouragé le recours à l’emprunt, le poids des dettes de nature immobilière (principalement liées à l’acquisition de la résidence principale) a augmenté en moyenne de près de 2 points pour atteindre 12,5 % de la valeur du patrimoine privé brut des ménages. Ainsi, début 2015, ces dettes représentent 17 % du patrimoine immobilier brut des ménages (+ 2,5 points en cinq ans). Sur la période, le nombre d’accessions à la propriété a en effet progressé parmi les ménages les plus jeunes : la part de propriétaires accédants de leur résidence principale, stable dans l’ensemble de la population, a augmenté de 4,2 points chez les moins de 30 ans pour atteindre 14,6 % début 2015. À cette date, 70 % du patrimoine privé brut de ces jeunes ménages est d’ordre immobilier (contre 64 % début 2010). Les deux tiers de la valeur de leurs biens immobiliers restant à rembourser, le poids de cet endettement dans leur patrimoine privé brut a progressé de près de 9 points entre début 2010 et 2015 pour atteindre 46 %. Pour autant, la valeur de leur patrimoine immobilier net est stable, tout comme pour l’ensemble des ménages.
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