Le 1er juin, le Conseil de sécurité avait été saisi de deux projets de résolutions concurrents sur Gaza.

 

« Dans un premier temps, les États-Unis ont posé leur veto à l’adoption d’un texte proposé par le Koweït par lequel le Conseil de sécurité aurait exigé qu’Israël s’abstienne d’actes tels que le recours excessif, disproportionné et indiscriminé à la force, notamment l’utilisation de balles réelles contre des manifestants civils.

Si ce texte avait été adopté, le Conseil aurait aussi exhorté « tous les acteurs » à faire en sorte que les manifestations restent pacifiques, et déploré par ailleurs les tirs de roquette lancés depuis la bande de Gaza contre des zones civiles israéliennes.

Aucune autre délégation ne s’est opposée à ce projet de résolution »

 

Les États-Unis déplorent l’absence de toute référence au groupe terroriste Hamas et voient dans ce projet de résolution

 

«  une description « extrêmement partiale » de ce qui s’est passé à Gaza et un texte qui rejette de surcroît toute la responsabilité sur Israël.  

...C’est ce type de résolution qui sape la crédibilité de l’ONU pour résoudre le conflit israélo-palestinien », a-t-elle mis en garde.

...La représentante des États-Unis a en revanche été la seule à lever la main pour voter, quelques minutes plus tard, en faveur de son propre projet de texte qui contenait des injonctions dirigées vers « les organisations terroristes telles que le Hamas » et proposait au Conseil de condamner les tirs de roquettes aveugles effectués par des militants palestiniens basés à Gaza en direction de villages israéliens, le 29 mai 2018, « l’attaque la plus grave lancée à partir de Gaza depuis 2014 ». 

Onze membres du Conseil se sont abstenus de voter, tandis que la Bolivie, le Koweït et la Russie se sont opposés à l’adoption de ce texte.

Le texte de la deuxième proposition de résolution a été critiqué à plusieurs reprises pour son manque d’équilibre, et en raison du fait qu’il n’a pas fait l’objet de négociations.

La France, a affirmé son représentant François Delattre, était prête à soutenir plusieurs paragraphes du texte proposé par les États-Unis, notamment ceux condamnant les actes du Hamas.  Le délégué a toutefois fait observer que la responsabilité du Conseil de sécurité est de répondre à la crise de Gaza dans sa globalité, « ce qui n’est pas fait dans ce texte ». 

le représentant de la France a déploré ce « lourd silence du Conseil qui est de plus en plus assourdissant ».  Un silence, a-t-il affirmé, qui n’est ni acceptable, ni compréhensible.  « Si ce Conseil abdique aujourd’hui ses responsabilités, qui donc les assumera? » a demandé le délégué qui s’est dit convaincu de la possibilité de bâtir de manière « patiente et pragmatique » le consensus sur la question. »1

1 https://news.un.org/fr/story/2018/06/1015631

 

Sessions extraordinaires d’urgence de l’AG des Nations-Unies depuis sa création

11e, Juin 2018, Israël et Gaza

10e, décembre 2017, Israël, territoires occupés et Jérusalem-Est

9e, 28/01/1982, situation dans les territoires occupés, Golan

8e,Septembre 1981, Namibie

7e, 1982, question de Palestine

6e, 1980, Afghanistan

5e, juillet 1967, Israël & Jérusalem

4e, 17/09/1960, Congo

3e, 7/10/1958, Liban

2e, 4/11/1956, Hongrie

1ère session, 31/10/1956,Suez

  

Suite à ce double échec, c’est l’Assemblée générale qui est saisie par l’Algérie1 et la Turquie. Aucun droit de veto ne peut y être exercé et ses résolutions n’ont pas de force executive. l’AG se réunit le 13 juin 2018 et vote à l’écrasante majorité de 120 pays dont la France (8 votes contre2 et 20 abtsentions) pour condamner la force excessive exercée par Israël à la frontière avec Gaza.

Parallèlement, un amendement présenté par les États-Unis condamnant les violences du Hamas a été rejeté, faute de recueillir les deux tiers des voix nécessaires pour être adopté : 62 votes pour, 58 contre, 42 abstentions.3 

 

C’est là la 11e session extraordinaire d’urgence4 de l’Assemblée générale des Nations unies. Depuis 1945, 6 sessions sur les 11 sessions convoquées ont visé Israël. Dans un monde où les conflits majeurs n’ont pas manqué durant près de 75 ans depuis sa création, on ne peut que constater une focalisation étonnante sur ce pays de 20 000 km².

Aux termes de l’article 20 (chapitre IV) de la charte des Nations unies,

« l’Assemblée générale tient une session annuelle régulière et, lorsque les circonstances l’exigent, des sessions extraordinaires. Celles-ci sont convoquées par le Secrétaire général sur la demande du Conseil de sécurité ou de la majorité des Membres des Nations Unies » 

Visiblement, ni le Cambodge, le Rwanda, le Biafra, la Syrie, le Tibet ou la guerre de Corée n’ont attiré l’attention des Nations unies sur une situation extraordinaire d’urgence. Le jour même du vote, était établi un bilan de 152 personnes tuées et 1340 bleses au Nicaragua5 suite aux protestations contre le régime d’Ortega. l’information est certes délivrée mais n’émeut pas le monde.

 

1 C’est dans cette même Algérie qu’en 2015 on a vu une video montrant les forces de Gendarmerie marchant au pas dans une caserne. Le chant de marche comporte ces paroles « ô, Arabes … Fils d’Arabes … marchez … et pointez vos armes vers les Juifs … pour les tuer … les égorger … et leur arracher la peau  ».

2 Australie, Israël, Îles Marshall, Micronésie, Nauru, Îles Salomon, Togo, et États-Unis

3 Le Monde , 14/06/2018, Piotr Smolar

4 Il existe aussi des sessions extraordinaires non qualifiées d’urgence. 30 sessions entre 1944 et 2016. Même si les deux premières en1947 et 1948 concernent la Palestine, elles ne sont pas focalisés sur notre sujet comme celles qualifiées d’urgence.

5 Source Cendih – Centre nicaraguayen des droits de l’homme