Le 28, la cour de Djakarta devant laquelle se tenait le procès de l'ancien président Suharto décide d'abandonner les poursuites pour corruption engagées contre lui, après avoir estimé qu'il était « incapable » d'être jugé en raison de sa santé.
Plusieurs attentats attribués aux partisans de Suharto ont eu lieu les mois précédents. La décision de la cour provoque de violents affrontements entre partisans et adversaires de Suharto ainsi qu'entre les manifestants et la police.
Elle contribue à fragiliser le régime du président Abdurrahman Wahid, déjà affecté par la poursuite des désordres au Timor et par les tensions indépendantistes dans plusieurs territoires de l'archipel.
Le 6, au lendemain de l'assassinat d'un chef de milice pro-indonésien à Timor occidental, trois fonctionnaires du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (H.C.R.) sont tués par des miliciens à Atambua, à Timor occidental, partie indonésienne de l'île.
Les Nations unies décident aussitôt le retrait des personnels de leurs diverses agences ainsi que des membres des organisations non gouvernementales travaillant sur place. Le H.C.R. était chargé de rapatrier à Timor oriental des dizaines de milliers de personnes hébergées dans des camps de réfugiés. Celles-ci avaient, pour la plupart, été entraînées de force à Timor occidental par les miliciens pro-indonésiens lors des événements de 1999 consécutifs à l'adoption d'un statut d'indépendance dans la partie orientale de l'île.
La tension est remontée à la frontière entre les deux parties de l'île depuis l'assassinat, en juillet, par des miliciens infiltrés, de deux casques bleus à Timor oriental aujourd'hui administré par l'O.N.U.
Le 8, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité la résolution 1319 qui demande au gouvernement indonésien de « désarmer et [de] dissoudre immédiatement » les milices agissant à Timor occidental. Le président Abdurrahman Wahid réclame du temps, mais promet d'agir.
Le 19, les autorités annoncent le prochain désarmement des milices, mais rejettent la proposition de l'O.N.U. de dépêcher à Timor occidental une mission d'enquête sur l'assassinat des trois fonctionnaires du H.C.R. Celle-ci risquerait, selon elles, de provoquer un regain de nationalisme.
Le 3, l'ancien président Suharto est informé de son inculpation pour corruption. Il est accusé d'avoir détourné l'équivalent de 1 à 4 milliards de francs aux dépens de fondations caritatives. Abandonnée par son successeur, Bacharuddin Jusuf Habibie, l'enquête sur ces exactions avait été relancée au lendemain de l'élection d'Abdurrahman Wahid, en octobre 1999.
Le 7, dressant devant le Parlement le bilan de sa première année au pouvoir, le président Wahid présente ses « excuses » pour les « faiblesses » de sa gestion. Il promet de remanier et de rationaliser son gouvernement, fruit des marchandages entre les divers partis composant la majorité. Il avait convaincu le Parlement de renoncer à son projet d'engager une procédure d'invalidation à son encontre.
Le 9, Abdurrahman Wahid annonce sa décision de charger la vice-présidente, Megawati Sukarnoputri, « de la gestion des affaires courantes », c'est-à-dire de la conduite du gouvernement – le poste de Premier ministre n'existant pas en Indonésie. Ces concessions, auxquelles s'ajoutent des mesures en faveur de l'armée et de la police, permettent à Abdurrahman Wahid de conserver l'essentiel de son pouvoir.
Le 23, le président Wahid présente un nouveau gouvernement dirigé par Megawati Sukarnoputri, mais dont la plupart des postes clés reviennent à des proches du chef de l'État.
Le 13, le président Abdurrahman Wahid suspend le général Wiranto de ses fonctions de ministre coordonnateur des Affaires politiques et de la Sécurité.
Cette mesure est adoptée « à titre temporaire », dans l'attente de la remise du rapport d'enquête demandé au procureur général concernant la violation des droits de l'homme à Timor oriental, au lendemain du référendum d'août 1999 sur l'indépendance du territoire, alors que le général Wiranto était commandant en chef de l'armée.
La suspension du ministre intervient à la suite de la publication, le 31 janvier, des rapports de deux commissions d'enquête, l'une de l'O.N.U., l'autre de la Commission indonésienne des droits de l'homme, qui concluaient à la responsabilité de l'armée dans les violences meurtrières perpétrées en septembre 1999 à l'encontre de la population est-timoraise. C'est la Commission indonésienne qui a préconisé l'ouverture d'enquêtes judiciaires contre certaines personnalités, dont le général Wiranto.
Le 25, l'amiral Widodo Adisucipto, commandant en chef des forces armées, déclare que l'armée pourrait renoncer aux trente-huit sièges de députés qui lui sont réservés au Parlement.
Le 28, le président Wahid procède à un profond remaniement au sein de l'armée. Les alliés du général Wiranto sont écartés.
Le 29, Abdurrahman Wahid se rend en visite à Timor oriental où il est accueilli par les dirigeants indépendantistes Xanana Gusmao et José Ramos Horta. Il présente ses excuses pour les années d'occupation du territoire par l'armée indonésienne.
Le 4, deux mois après la reconnaissance par Djakarta de la sécession de Timor oriental, le président Abdurrahman Wahid, élu en octobre, opère un revirement en affirmant « envisager » le principe d'un référendum sur l'indépendance de la province d'Atjeh, dans le nord de l'île de Sumatra.Cette décision devrait, selon lui, être le fruit d'un consensus national.
Le mouvement séparatiste est actif depuis une dizaine d'années dans cette province de musulmans dévots dont les habitants estiment ne pas tirer suffisamment profit des richesses en hydrocarbures qu'elle recèle.
La tension y est encore plus vive depuis l'envoi de renforts militaires, en mai, dont Abdurrahman Wahid a ordonné le retrait. Le bilan des troubles à Atjeh s'élève à environ 2 000 morts depuis le début des années 1990.
Le 8, près d'un million de personnes, sur les quatre millions que compte la province, manifestent pacifiquement à Banda Atjeh, la capitale de la province, en faveur de l'organisation d'un référendum sur l'indépendance.
Le 9, le président Wahid propose aux Atjehnais une autonomie accrue, le bénéfice de 75 p. 100 des revenus de la province et la possibilité d'observer les règles de vie musulmane de leur choix. Dans le même temps, il affirme que ceux-ci ont le « droit » de se prononcer par référendum sur l'indépendance ; le 16, il fixera le délai de la consultation à sept mois. Il annonce le retrait progressif de la province des troupes non atjehnaises. Pour la première fois depuis son élection, l'armée, dont l'état-major a été renouvelé, émet des réserves sur sa politique.
Le 20, alors que la situation se normalise à Timor oriental, l'Assemblée consultative du peuple prend acte du référendum organisé en août dans le territoire et abroge le décret de 1978 qui érigeait l'ancienne colonie portugaise, annexée par Djakarta en 1976, en province de la République indonésienne.
Le 22, Xanana Gusmao, président du Conseil national de la résistance timoraise et chef de la guérilla indépendantiste, fait son retour à Dili.
Le 25, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte la résolution 1272 qui confie à l'Administration transitoire des Nations unies à Timor oriental (Untaet) la gestion civile et militaire du territoire. Quelque 11 000 casques bleus doivent prendre le relais de la force multinationale sous commandement australien déployée en septembre.
Le 31, les dernières troupes indonésiennes quittent Timor oriental.
Le 14, le bilan de fin de mandat présenté par le président sortant, Bacharuddin Jusuf Habibie, devant l'Assemblée consultative du peuple (M.P.R.) qui doit élire le chef de l'État, est critiqué par l'opposition et jusque dans les rangs du Golkar, parti au pouvoir depuis près de trente ans. Le successeur de Suharto est affaibli par des scandales financiers et par la conduite de l'affaire de Timor oriental.
Le 14 également, les affrontements reprennent entre les forces de l'ordre et les étudiants qui réclament le retrait du président Habibie et de l'armée de la vie politique.
Le 18, le général Wiranto, chef d'état-major et ministre de la Défense, refuse le poste de candidat à la vice-présidence proposé le 13 par Jusuf Habibie, ce qui affaiblit la position de ce dernier.
Le 20, le M.P.R. élit à la présidence de la République Abdurrahman Wahid, surnommé « Gus Dur », fondateur du Parti du réveil national et dirigeant d'une association de docteurs de la loi musulmane réputés pour leur tolérance. Il obtient 373 voix sur 700 contre 313 pour Megawati Sukarnoputri, chef du Parti démocratique indonésien, arrivé en tête aux élections législatives de juin. Jusuf Habibie, dont le bilan avait été rejeté par le M.P.R., avait retiré sa candidature et le Golkar avait finalement renoncé à présenter un candidat. La défaite de la fille de Sukarno provoque de violentes manifestations de la part de ses partisans.
Le 21, le M.P.R. élit à la vice-présidence Megawati Sukarnoputri, dont la candidature était présentée par le Parti du réveil national. La composition du tandem présidentiel assure une majorité au gouvernement.
Le 26, le président Wahid présente un gouvernement d'« unité nationale ». Le ministère de la Défense revient à un civil, tandis que le général Wiranto, qui demeure au sein du gouvernement, perd aussi le commandement des forces armées.
Le 27, les nouvelles autorités annoncent leur intention de rouvrir l'enquête sur les accusations d'abus de pouvoir et de mauvaise gestion des fonds publics portées à l'encontre de Suharto, que le gouvernement précédent avait abandonnée.
Le 1er, deux jours après le référendum sur l'avenir de Timor oriental, des miliciens pro-indonésiens (anti-indépendantistes) se livrent à de violentes exactions à Dili, la capitale du territoire, assiégeant notamment la représentation des Nations unies. La police intervient tardivement.
Le 4, le secrétaire général de l'O.N.U., Kofi Annan, annonce les résultats du référendum : 78,5 p. 100 des électeurs ont rejeté le statut d'autonomie au sein de l'Indonésie, se prononçant donc pour l'indépendance du territoire. Le président Jusuf Habibie déclare aussitôt que son gouvernement « respecte et accepte » les résultats de la consultation.
À partir du 4, les miliciens anti-indépendantistes font régner la terreur à Dili, tandis que des milliers d'habitants tentent de fuir la ville ou de trouver refuge dans des enceintes protégées.
Le 5, les Nations unies, sous l'égide desquelles le référendum a été organisé, dénoncent les violences sans parvenir à fixer les modalités d'une riposte.
Le 6, les miliciens, aidés par l'armée et la police, commencent à évacuer de force les populations vers Timor occidental, en territoire indonésien.
Le 7, alors que Dili est quasi vidé de sa population, le président Habibie décrète la loi martiale à Timor oriental. L'armée ne la respecte pas. Kofi Annan donne quarante-huit heures à Djakarta pour rétablir l'ordre dans le territoire. Selon les services de renseignements occidentaux, l'armée avait planifié une opération de « nettoyage total » du territoire en cas de victoire des indépendantistes au référendum. Le même jour, le chef de la guérilla indépendantiste timoraise, Xanana Gusmao, arrêté en novembre 1992, est libéré de sa résidence surveillée à Djakarta.
Le 8, alors que les violences se poursuivent à Timor oriental, le gouvernement exclut qu'y soit envoyée une force de paix internationale.
Le 10, l'O.N.U. évacue, avec l'accord de l'armée, la plupart du personnel de son siège à Dili ainsi que les 2 000 personnes qui s'y étaient réfugiées. Kofi Annan exige de Djakarta qu'elle accepte « sans délai » l'envoi d'une force internationale à Timor oriental.
Le 12, soumis aux pressions étrangères, le gouvernement accepte finalement l'envoi d'une force internationale à Timor oriental afin d'y restaurer l'ordre et d'y faire appliquer les résultats du référendum sur l'avenir du territoire. La situation humanitaire devient préoccupante dans l'île, à l'est comme dans les camps de réfugiés de l'ouest où quelque 150 000 Timorais de l'est sont regroupés après avoir été déportés.
Le 15, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité la résolution 1264 qui crée une Force internationale pour le Timor oriental (Interfet) forte de 7 000 hommes et placée sous commandement australien. Les jours suivants, les miliciens pro-indonésiens entament leur retrait du territoire.
Le 16, l'Indonésie abroge unilatéralement le traité de sécurité signé en 1995 avec l'Australie, à la suite de la décision de Canberra de geler sa coopération militaire avec Djakarta. Les militaires indonésiens commencent à se retirer de l'ancienne colonie portugaise annexée en 1976 par Djakarta.
Le 20, les premières unités de l'Interfet débarquent à Timor oriental sans rencontrer de résistance.
Le 21, un journaliste néerlandais est assassiné par des miliciens dans les faubourgs de Dili. Il est le premier Occidental victime des violences dans l'ancienne colonie portugaise.
Les 23 et 24, des affrontements qui font sept morts opposent les étudiants aux forces de l'ordre, à Djakarta et dans plusieurs villes du pays. Les étudiants protestaient contre le vote par le Parlement sortant, le 23, d'une « loi sur la prévention du danger » qui vise à accorder des pouvoirs étendus à l'armée en cas de troubles.
Le 24, le président Habibie décide de ne pas promulguer la loi controversée.
Le 27, la Commission des droits de l'homme de l'O.N.U. décide de créer une commission d'enquête sur les crimes commis par les milices pro-indonésiennes à Timor oriental.
Le 26, quatre jours avant le référendum sur le futur statut de Timor oriental, ancienne colonie portugaise annexée par l'Indonésie en juillet 1976, les milices favorables à cette annexion se livrent à une violente démonstration de force dans la capitale, Dili.
Cinq personnes au moins sont tuées.
La « consultation » des Timorais, organisée par l'O.N.U., porte sur un projet de large autonomie concédée par Djakarta aux termes de l'accord du 5 mai conclu entre l'Indonésie, le Portugal et les Nations unies. Le refus par la population de ce statut spécial entraînerait la mise en œuvre d'une procédure d'indépendance.
Le Parlement de Djakarta doit se prononcer sur les résultats de la consultation en novembre.
Le 30, le statut d'autonomie est rejeté par la grande majorité des électeurs, qui participent à 98,6 p. 100 à la consultation. Les milices anti-indépendantistes se livrent à de nouvelles violences, à l'encontre, notamment, du personnel des Nations unies.
L'opposition remporte les premières élections législatives véritablement libres depuis 1955 – les résultats définitifs seront annoncés le 3 août.
Le Parti démocratique indonésien (P.D.I.-P.) de Megawati Sukarnoputri, fille de l'ancien président Sukarno, arrive en tête avec 33,7 p. 100 des suffrages et 154 des 462 sièges à pourvoir – le Parlement compte 500 sièges, dont 38 sont réservés aux militaires.
Le Golkar, parti au pouvoir du président Bacharuddin Jusuf Habibie, obtient 22,4 p. 100 des voix et 120 élus.
Le Parti du développement uni, allié au Golkar, compte 58 députés.
Deux formations musulmanes alliées au P.D.I.-P., le Parti du réveil de la nation d'Abdurrahman Wahid et le Parti du mandat national d'Amien Raïs, obtiennent respectivement 51 et 35 sièges.
Le 23, l'Indonésie et le Portugal concluent, à New York, dans le cadre des Nations unies, un accord de principe sur l'autonomie de la province de Timor oriental.
L'ancienne colonie portugaise, abandonnée en 1975, avait été envahie par l'Indonésie qui l'avait annexée en 1976.
Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale. Les années suivantes, la répression de la résistance timoraise par les forces indonésiennes devait causer quelque 200 000 morts – le quart de la population de l'époque.
En novembre 1992, le chef du Front révolutionnaire pour l'indépendance de Timor-Est (Fretilin), José « Xanana » Gusmao, était arrêté. Sa condamnation à la prison à vie était commuée en une peine de vingt ans d'emprisonnement sous la pression internationale.
En janvier, le président Bacharuddin Jusuf Habibie, soucieux d'améliorer l'image de son pays, a abandonné la position adoptée par son prédécesseur, Suharto, et s'est déclaré prêt à accorder l'indépendance à Timor oriental.
En février, Xanana Gusmao a été placé en résidence surveillée afin de pouvoir jouer un rôle dans les négociations.
En mars, Djakarta et Lisbonne ont approuvé le principe d'une consultation des Timorais de l'Est, sous l'égide de l'O.N.U., sur le statut de leur territoire : large autonomie ou indépendance.
Dans le même temps, Xanana Gusmao a négocié un accord de cessez-le-feu avec les milices timoraises pro-indonésiennes dirigées par João Tavares. L'armée est accusée de soutenir ces milices anti-indépendantistes.
Le 5 avril, devant la poursuite des exactions meurtrières de celles-ci, Xanana Gusmao a appelé les combattants du Fretilin à reprendre les armes, souhaitant ainsi obtenir une présence de l'O.N.U. dans la province.
Le 21, les partisans de l'indépendance et les milices pro-indonésiennes concluent un nouvel accord dont l'armée se déclare garante.
Le 5 mai, l'Indonésie et le Portugal signent l'accord qui prévoit un scrutin sur l'autonomie de Timor oriental mais n'envisage pas la présence de forces de l'O.N.U. pour en garantir le bon déroulement.
Le 10, l'Assemblée consultative du peuple entame une session consacrée à la démocratisation du régime et à la préparation des élections législatives prévues en mai 1999.
Malgré la mobilisation d'importantes forces de l'ordre, des affrontements opposent partisans et adversaires du régime. Les principaux partis d'opposition sont absents des débats.
Leurs dirigeants, Megawati Sukarnoputri, Amien Raïs et Addurrahman Wahid, demandent le retrait des forces armées de la vie politique, une enquête sur la fortune de Suharto, l'organisation d'une élection présidentielle après les élections législatives, la dissolution des milices civiles progouvernementales, la décentralisation du pouvoir et la création d'un comité indépendant de contrôle des élections.
Les étudiants, qui réclament principalement la démission du président Bacharuddin Jusuf Habibie, successeur de Suharto, reprennent leurs manifestations.
Le 13, l'Assemblée consultative du peuple décide l'organisation d'élections générales avant juillet 1999, la diminution de la représentation parlementaire, la limitation du pouvoir de l'armée et l'ouverture d'une enquête sur la fortune de la famille Suharto. Ces mesures manquent toutefois de précision. L'Assemblée adopte également des décrets relatifs à la décentralisation et au rééquilibrage des pouvoirs entre le président et le Parlement.
Le bilan de la répression des manifestations d'étudiants qui se déroulent depuis la veille dans la capitale s'élève à seize morts.
Ces troubles sont les plus graves depuis ceux qui avaient conduit à la démission de Suharto, en mai.
Le 1er, le président Suharto déclare qu'il exclut toute réforme politique avant la fin de son mandat, en 2003.
Le 4, le Fonds monétaire international (F.M.I.) débloque une enveloppe d'aide de 7 milliards de dollars pour compenser la suppression de subventions publiques. Le même jour, l'annonce de hausses de prix provoque des émeutes dans plusieurs villes du pays, notamment à Medan, dans l'île de Sumatra. Celles-ci s'ajoutent aux manifestations d'étudiants de plus en plus hostiles au régime de Suharto.
Le 6, au moins six personnes sont tuées à Medan. Ce sont les premières victimes de la crise qui secoue le pays depuis plusieurs mois.
Le 8, un étudiant, le premier, est tué à Yogyakarta.
Le 11, diverses personnalités opposées au président Suharto, dont Megawali Sukarnoputri, fille de Sukarno, et Amien Raïs, dirigeant modéré de l'une des principales organisations musulmanes du pays, exigent le départ du chef de l'État.
Le 12, à Djakarta, les forces de l'ordre ouvrent le feu sur les étudiants, faisant au moins quatre morts.
Le 14, la poursuite des émeutes et des pillages dans la capitale provoque la mort de quelque cinq cents personnes dans l'incendie de grands magasins.
Le 15, le président Suharto rentre précipitamment d'Égypte et demande que des mesures soient prises « contre les criminels et les émeutiers ».
Le 16, alors que le calme a été rétabli à Djakarta, le chef de l'État annonce son intention de remanier le gouvernement, mesure que l'opposition estime insuffisante, tout comme certains cercles du pouvoir.
Le 19, dans une allocution télévisée, Suharto annonce l'organisation de nouvelles élections générales et l'institution d'un « conseil de la réforme ». Il déclare ne pas être candidat à un nouveau mandat. Le même jour, les étudiants occupent le Parlement.
Le 20, l'opposition annule la grande manifestation prévue à Djakarta en raison de la forte mobilisation des forces de l'ordre. Le même jour, Washington invite clairement Suharto à quitter le pouvoir.
Le 21, le président Suharto, à la tête de l'État depuis mars 1967, annonce sa démission. Le vice-président Bacharuddin Jusuf Habibie prête aussitôt serment.
Le général Wiranto, commandant en chef des armées et ministre de la Défense, déclare que l'armée – longtemps attentiste face aux troubles – s'opposera aux « irrégularités susceptibles de menacer la nation ».
Dans son premier discours, le nouveau président s'engage à procéder à des réformes et se rallie au plan du F.M.I. Les étudiants et l'opposition continuent à réclamer la fin du régime. Amien Raïs, qui a rassemblé autour de lui les principaux opposants, annonce sa candidature à la présidence de la République.
Le 22, Bacharuddin Jusuf Habibie présente un gouvernement composé de technocrates au sein duquel le général Wiranto conserve son poste. Ce dernier met rapidement à l'écart des chefs militaires proches de l'ancien président.
Le 23, l'armée évacue dans le calme les étudiants qui occupaient le Parlement.
Le 25, Bacharuddin Jusuf Habibie annonce l'organisation d'élections « dès que possible ».
Le 28, leur échéance est fixée à 1999.
Le gouvernement et le Fonds monétaire international (F.M.I.) publient une « lettre d'intention » qui amende le plan de stabilisation économique établi en novembre 1997, puis modifié en janvier. Sa non-application avait entraîné la suspension, en mars, du versement de l'aide internationale.
L'accord prévoit la mise en œuvre de réformes monétaires, bancaires, financières et structurelles, dans un climat de plus grande transparence.
Djakarta abandonne son projet d'établir une parité fixe entre la roupie et le dollar.
Enfin, les autorités promettent le démantèlement des monopoles détenus par des proches du président Suharto. Au cours du mois, les manifestations s'intensifient sur les campus où les étudiants réclament la démission de Suharto.
Le 6, le Fonds monétaire international (F.M.I.) annonce le report de l'application de son programme d'aide à l'Indonésie, celle-ci refusant d'engager les réformes économiques exigées.
Le 10, alors que les discussions avec le F.M.I. sont dans l'impasse et que les étudiants continuent de manifester sur les campus en faveur de réformes, le Parlement réélit Mohamed Suharto – candidat unique – à la présidence de la République pour un septième mandat.
Le 11, lors de sa prestation de serment, le président Suharto appelle ses concitoyens à se « serrer la ceinture ».
Le 12, Bacharuddin Jusuf Habibie est élu vice-président.
Le 14, Suharto présente un gouvernement composé de proches. Au lendemain de la réélection de Suharto, les manifestations d'étudiants prennent un tour plus nettement politique, dégénérant parfois en affrontements avec les forces de l'ordre.
Le 11, à un mois de l'élection présidentielle à laquelle le président Suharto est candidat et alors que les troubles liés à la dégradation de la situation économique se poursuivent à travers le pays, le chef de l'État dénonce un « complot délibéré pour détruire les fondations économiques » du pays. Il annonce sa volonté d'établir une parité fixe entre la roupie et le dollar pour contrecarrer les attaques spéculatives contre la monnaie indonésienne. Cette mesure impliquerait la renégociation de l'accord conclu en janvier avec le Fonds monétaire international (F.M.I.). Le président Suharto met en doute l'efficacité de l'accord, rejetant la responsabilité de la crise financière sur les spéculateurs étrangers plutôt que sur une mauvaise gestion indonésienne. Ce projet, qui entraînerait une amélioration à court terme de la situation financière, suscite des réserves de la part des États-Unis et du F.M.I. dont le plan d'austérité vise un redressement à long terme.
Le 12, le président Suharto met en garde les émeutiers accusés de contribuer à la « désintégration nationale ». La nouvelle direction des forces armées, annoncée à cette occasion, consacre la promotion de proches du chef de l'État.
Le 12 également, le Golkar, le parti au pouvoir, désigne le ministre Bacharuddin Jusuf Habibie, « bête noire » des milieux financiers nationaux et internationaux, comme candidat à la vice-présidence pour l'élection de mars.
Le 14, deux manifestants sont tués par la police sur l'île de Lombok. Ce sont les premières victimes depuis le début, en janvier, des « émeutes de la faim » qui visent principalement les commerçants d'origine chinoise.
Le 17, le président Suharto limoge le gouverneur de la banque centrale pour le remplacer par un partisan de la parité fixe entre la roupie et le dollar, principe que le F.M.I. rejette, menaçant de cesser son aide s'il était adopté.
Le 19, à Djakarta, quelques centaines d'étudiants manifestent pacifiquement, pour la première fois depuis le début des troubles, leur hostilité au régime. Ces manifestations se poursuivent les jours suivants.
Le 8, la roupie indonésienne chute fortement face au dollar et la Bourse de Djakarta s'effondre après les critiques du Fonds monétaire international (F.M.I.) et de Washington contre le projet de budget indonésien pour 1998. Depuis la reprise des cotations, le 5, les monnaies et les places financières des pays d'Asie du Sud-Est ont enregistré de nouvelles baisses, six mois après le déclenchement de la crise et malgré les plans d'urgence adoptés par le F.M.I. pour sauver certaines économies de la faillite. Les jours suivants, la forte implication de Washington en faveur de Djakarta inverse la tendance.
Le 15, l'Indonésie signe un accord avec le F.M.I., qui l'engage à accélérer les réformes économiques. Le même jour, des troubles provoqués par la hausse des prix éclatent dans l'île indonésienne de Java.
Le 23, le gouvernement indonésien présente un budget insuffisamment révisé. La chute de la roupie se poursuit. La crise économique, à Djakarta, se double d'une crise politique provoquée par les incertitudes liées à la succession du président Suharto.
Le 27, l'adoption par Djakarta d'une série de mesures destinées à assainir le secteur bancaire est saluée par le F.M.I.
Le 8, l'Indonésie, dont la devise a perdu 28 p. 100 par rapport au dollar depuis que le gouvernement a décidé de la laisser flotter, en août, demande l'assistance du Fonds monétaire international (F.M.I.). Première victime de la crise financière que connaît la région depuis l'été, la Thaïlande avait bénéficié d'un plan de sauvetage du F.M.I. en août. Dévaluée en juillet, sa monnaie continue toutefois de chuter.
Le 31, le F.M.I. annonce un plan de sauvetage multilatéral de 33 milliards de dollars en faveur de l'Indonésie qui, de son côté, présente une série de réformes économiques. Il s'agit du deuxième montant le plus élevé d'un plan du F.M.I., après celui qui avait été accordé au Mexique en janvier 1995.
Un Airbus A-300B4 de la compagnie nationale Garuda, avec deux cent trente-quatre, passagers et membres d'équipage à bord, s'écrase près de l'aéroport de Polonia, dans le nord de l'île de Sumatra. Il n'y a pas de survivants.
L'accident s'explique en partie par la mauvaise visibilité due à la fumée dégagée par de gigantesques incendies de forêts. Provoqués par des opérations de déforestation, ceux-ci ont pris un caractère catastrophique au début du mois. Ils dévastent des centaines de milliers d'hectares dans les îles de Java et de Sumatra, à Kalimatan, la partie indonésienne de Bornéo, ainsi qu'aux Célèbes et en Irian Jaya.
Ces incendies provoquent un nuage de pollution qui s'étend sur la Malaisie voisine et qui menace toute l'Asie du Sud-Est. Quelque dix mille pompiers luttent contre les feux, que seules d'abondantes pluies pourraient éteindre.
Or le phénomène climatique cyclique El Niño, qui sévit dans les eaux équatoriales du Pacifique, retarde la saison des pluies en Asie.
À partir du 28, l'ampleur des fuites de capitaux entraîne de fortes baisses sur les places financières des Philippines, de Malaisie, d'Indonésie, de Singapour et de Hong Kong. Les devises de ces pays chutent également.
Le 29, au terme d'une campagne électorale marquée par la violence, le Golkar, formation du président Suharto, remporte les élections législatives avec 76,5 p. 100 des suffrages (+ 8,5 p. 100 par rapport au scrutin de juin 1992).
Avec 325 élus, il conserve une forte majorité au sein du Parlement, qui comprend 500 membres, dont 75 sont désignés par l'armée. En recueillant 21 p. 100 des voix (+ 3,5 p. 100) et 89 sièges, le Parti unifié pour le développement (musulman) profite de la déroute du troisième parti autorisé, le Parti démocratique indonésien (P.D.I., chrétiens et héritiers de Sukarno), qui n'obtient que 2,5 p. 100 des suffrages (— 12,5 p. 100) et 11 députés.
En juin 1996, l'aile du P.D.I. favorable au président Suharto avait exclu la fille de Sukarno, Megawati Sukarnoputri, de la présidence du parti.
Empêchée de se présenter aux élections, celle-ci avait fait le choix personnel de s'abstenir, sans prôner le boycottage, en vertu du principe institutionnel du « consensus » qui ne reconnaît pas la notion d'opposition. Les observateurs indépendants dénoncent les nombreuses irrégularités du scrutin.
Le 27, les partisans de Suryadi, nouveau président du Parti démocrate indonésien (P.D.I.) – l'une des trois formations politiques autorisées –, investissent, avec l'appui des forces de l'ordre, les locaux du P.D.I. à Djakarta qu'occupe l'ancienne équipe dirigée par Megawati Sukarnoputri, fille de Sukarno, père de l'indépendance du pays, et présidente du P.D.I. depuis 1993.
Suryadi, qui dirigeait l'aile du P.D.I. favorable au régime du président Suharto, avait été élu à la présidence de la formation le 21 juin, lors d'un congrès dissident réuni à Sumatra et auquel ne participait pas Megawati Sukarnoputri.
Depuis juin, les sympathisants de Megawati Sukarnoputri – dont l'audience dépasse aujourd'hui les 15 p. 100 de voix obtenues par le P.D.I. aux élections législatives de juin 1992 – ont organisé les manifestations les plus massives qu'ait connues le régime de Suharto, fondé depuis sa création, en 1966, sur le principe du consensus politique.
Ces affrontements, qui se poursuivent le lendemain par des émeutes, causent la mort de quatre personnes. À partir du 2 août, les autorités engageront des poursuites judiciaires à l'encontre de dirigeants de l'opposition, tentant d'accréditer la thèse du complot procommuniste.
Les Indonésiens élisent quatre cents des cinq cents membres du Parlement, les cent derniers sièges étant réservés à des militaires désignés par le président Suharto. Le parti au pouvoir, le Golkar, obtient 68 p. 100 des voix (contre 73 p. 100 en 1987) et deux cent quatre-vingt-deux sièges.
Le Parti unifié pour le développement, d'obédience islamique, remporte 17,5 p. 100 des suffrages (+ 1,5 p. 100) et soixante-deux sièges, et le Parti démocratique indonésien, qui rassemble des nationalistes chrétiens et les héritiers de Sukarno, recueille 15 p. 100 des voix (+ 4 p. 100) et cinquante-six sièges.
La participation est supérieure à 90 p. 100.
À Dili, capitale de Timor oriental, l'armée indonésienne ouvre le feu sur un groupe de trois mille personnes environ, réunies pour une cérémonie religieuse à la mémoire d'un jeune indépendantiste tué le 28 octobre par la police.
Le bilan est de dix-neuf à deux cents morts, selon les sources.
Le territoire de Timor oriental, sur lequel l'O.N.U. reconnaît toujours la souveraineté portugaise dans l'attente d'un référendum d'autodétermination, a été envahi en 1975 par l'Indonésie qui l'a annexé en 1976. Une guérilla indépendantiste s'y est développée. Le massacre de Dili fait suite au report de la venue dans l'île d'une commission de parlementaires portugais et indonésiens déléguée par l'O.N.U.
Le président Suharto, candidat unique à l'élection présidentielle, est reconduit dans ses fonctions pour un cinquième mandat de cinq ans.
Il est réélu par acclamation par l'Assemblée consultative du peuple.
L'ex-général Sudharmono, proche conseiller du président qui dirige le parti gouvernemental, le Golkar, est nommé vice-président, alors que le chef de l'État, âgé de soixante-six ans, a annoncé qu'il n'avait pas l'intention d'effectuer un sixième mandat.
1965 : Le 1er janvier, la Malaisie obtient un siège au Conseil de sécurité des Nations unies.