La criminelle de Bangkok a fini de décapiter la « rébellion » en prononçant contre trois de ses chefs de file des accusations de lèse-majesté, charges qui pourraient leur valoir des années de prison.
L’une des accusés est une jeune femme, une des plus célèbres du mouvement : Panusaya Sithijirawattanakul, une étudiante en sciences politiques de 22 ans, avait été la première, au mois d’août 2020, à prononcer sur la tribune d’un campus universitaire de Bangkok un discours où elle demandait à la monarchie de se « réformer ».
Les deux autres accusés sont Panupong Jadnok, étudiant et militant des causes sociales âgé de 24 ans, et Jatupat Boonpattararaksa, un activiste de 29 ans déjà emprisonné par le passé pour lèse-majesté. Peu avant son arrestation, il avait conduit une marche en faveur de la démocratie de 250 km depuis le sud de la Thaïlande, parvenant au cœur du Bangkok historique dimanche 7 mars.
L’accusation prononcée par les juges au nom de l’article 112 (loi de lèse-majesté) s’est accompagnée de l’incarcération immédiate des trois prévenus, la possibilité d’une libération sous caution leur ayant été refusée.
Anchan Preelert, vendeuse de denrées alimentaires et ancienne fonctionnaire, était poursuivie pour 29 chefs d’inculpation d’« outrage à la monarchie », ou lèse-majesté, au titre de l’article 112 du Code pénal thaïlandais et de dispositions de la Loi relative aux infractions dans le domaine informatique. Elle a été arrêtée en janvier 2015 et maintenue en détention pendant presque quatre ans, avant d’être libérée sous caution en novembre 2018.
Pendant cette période, elle a d’abord été détenue au secret dans un camp militaire pendant cinq jours, puis transférée dans un centre de détention, et ses demandes de libération sous caution ont été rejetées à plusieurs reprises.
Le tribunal l’a déclarée coupable d’avoir partagé et téléchargé sur les réseaux sociaux des extraits d’une émission en ligne accusée de contenir des commentaires diffamatoires au sujet de la monarchie.
Pour Amnesty international,
Ce cas choquant est une nouvelle atteinte grave à la liberté d’expression, qui disparaît progressivement en Thaïlande.
« Le nombre de personnes poursuivies et détenues en vertu de la loi relative au crime de lèse-majesté, qui ne cesse d’augmenter, prouve que les autorités thaïlandaises cherchent continuellement à faire taire la contestation. Cette peine extrêmement lourde est un parfait exemple et montre pourquoi cette loi est contraire au droit international relatif aux droits humains.
« La diffamation ne devrait jamais être passible d’une condamnation pénale, et encore moins d’une peine de prison extrêmement longue comme celle prononcée aujourd’hui.
“Anchan a déjà subi un traitement affligeant depuis son arrestation en 2015. Elle a notamment été détenue pendant plusieurs années dans l’attente de son procès, dont une partie du temps au secret.
« La façon dont elle a été condamnée est également glaçante. Les autorités ont de toute évidence cherché à maximiser sa peine en multipliant les chefs d’accusation, adressant un message clair de dissuasion aux 50 millions d’internautes qui vivent en Thaïlande. >>
Conflit avec le Cambodge en 2011
Depuis plus d’un siècle, le temple de Preah Vihear est au cœur d’un litige territorial. Son origine réside dans la délimitation de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande par les Français, lors de la conquête de l’Indochine en 1907, qui attribue géographiquement le temple aux Khmers.
En 1953, lorsque les forces coloniales françaises se retirent du Cambodge, l’armée thaïlandaise revendique alors la propriété de Preah Vihear, investissant les lieux. Le Cambodge décide alors de porter l’affaire devant la Cour de justice internationale de La Haye qui rend son jugement en 1962 : Preah Vihear, et le terrain adjacent, sont attribués au royaume khmer.
Près de 50 ans plus tard, cette parcelle est toujours au cœur des litiges frontaliers, avec en filigrane les tensions politiques, et notamment la montée de l’ultranationalisme, tant à Bangkok qu’à Phnom Penh. Le conflit est ravivé en 2008, lorsque Phnom Penh réclame l’inscription de Preah Vihear au patrimoine mondial de l’Unesco. Perçue comme une provocation par les Thaïlandais, la demande déclenche les premiers affrontements armés.
Un « malentendu »
Mais cette première semaine de février 2011 est la plus meurtrière depuis le début du conflit. La cause de ces nouveaux heurts est due, selon l’armée thaïlandaise, à un « malentendu », et pour l’instant, chaque camp accuse l’autre d’avoir lancé les hostilités.
Le Premier ministre cambodgien, Hun Sen appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à tenir une réunion d’urgence pour faire « cesser les agressions ». Il accuse également l’artillerie thaïlandaise d’avoir provoqué l’effondrement d’une aile du bâtiment.
Pour son homologue thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, il s’agit d’affirmer la souveraineté de son pays. Il parle de simples contre-attaques. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, quant à lui, s’est dit profondément préoccupé par la situation et a exhorté les deux parties « à observer un cessez-le-feu et à rechercher une solution durable à la crise ».