2021

 

8 mars : trois jeunes meneurs du mouvement contre l’oligarchie au pouvoir ont été emprisonnés pour crime de lèse-majesté.

La criminelle de Bangkok a fini de décapiter la « rébellion » en prononçant contre trois de ses chefs de file des accusations de lèse-majesté, charges qui pourraient leur valoir des années de prison.

L’une des accusés est une jeune femme, une des plus célèbres du mouvement : Panusaya Sithijirawattanakul, une étudiante en sciences politiques de 22 ans, avait été la première, au mois d’août 2020, à prononcer sur la tribune d’un campus universitaire de Bangkok un discours où elle demandait à la monarchie de se « réformer ».

Les deux autres accusés sont Panupong Jadnok, étudiant et militant des causes sociales âgé de 24 ans, et Jatupat Boonpattararaksa, un activiste de 29 ans déjà emprisonné par le passé pour lèse-majesté. Peu avant son arrestation, il avait conduit une marche en faveur de la démocratie de 250 km depuis le sud de la Thaïlande, parvenant au cœur du Bangkok historique dimanche 7 mars.

L’accusation prononcée par les juges au nom de l’article 112 (loi de lèse-majesté) s’est accompagnée de l’incarcération immédiate des trois prévenus, la possibilité d’une libération sous caution leur ayant été refusée.

 

9 février: La cour criminelle de Bangkok décide la mise en détention provisoire avant procès de quatre célèbres « gêneurs » :

Anon Nampa, un avocat de 36 ans qui avait été l’un des premiers à critiquer le roi à l’été 2020 et fut un militant décidé des « chemises rouges », ces partisans d’un ex-premier ministre renversé par l’armée en 2006 ;

son collègue en rébellion, le jeune Parit Chiwarak, truculent tribun surnommé « le pingouin » ;

Somyot Pruksakasemsuk, 59 ans, ex-journaliste qui a déjà passé sept ans en prison durant la décennie écoulée, également pour lèse-majesté ;

et enfin Patiwat Saraiyae, étudiant emprisonné deux ans et demi en 2014, après avoir joué dans une pièce de théâtre iconoclaste qui critiquait implicitement la monarchie.

 

19 janvier : condamnation pour crime de lèse-majesté

Anchan Preelert, une femme de 64 ans a été condamnée pour crime de lèse- majesté en application de l’article 112 du code pénal (qui prévoit de trois à quinze ans de prison pour insulte au roi, à la reine, au prince héritier ou au régent). La peine initiale de 87 ans a été réduite à 43 ans car elle a plaidé coupable.C'est la plus lourde peine jamais prononcée à ce titre. 

Anchan Preelert,  vendeuse de denrées alimentaires et ancienne fonctionnaire, était poursuivie pour 29 chefs d’inculpation d’« outrage à la monarchie », ou lèse-majesté, au titre de l’article 112 du Code pénal thaïlandais et de dispositions de la Loi relative aux infractions dans le domaine informatique. Elle a été arrêtée en janvier 2015 et maintenue en détention pendant presque quatre ans, avant d’être libérée sous caution en novembre 2018.

Pendant cette période, elle a d’abord été détenue au secret dans un camp militaire pendant cinq jours, puis transférée dans un centre de détention, et ses demandes de libération sous caution ont été rejetées à plusieurs reprises.

Le tribunal l’a déclarée coupable d’avoir partagé et téléchargé sur les réseaux sociaux des extraits d’une émission en ligne accusée de contenir des commentaires diffamatoires au sujet de la monarchie.

Pour Amnesty international, 

Ce cas choquant est une nouvelle atteinte grave à la liberté d’expression, qui disparaît progressivement en Thaïlande.

« Le nombre de personnes poursuivies et détenues en vertu de la loi relative au crime de lèse-majesté, qui ne cesse d’augmenter, prouve que les autorités thaïlandaises cherchent continuellement à faire taire la contestation. Cette peine extrêmement lourde est un parfait exemple et montre pourquoi cette loi est contraire au droit international relatif aux droits humains.

« La diffamation ne devrait jamais être passible d’une condamnation pénale, et encore moins d’une peine de prison extrêmement longue comme celle prononcée aujourd’hui.

“Anchan a déjà subi un traitement affligeant depuis son arrestation en 2015. Elle a notamment été détenue pendant plusieurs années dans l’attente de son procès, dont une partie du temps au secret.

« La façon dont elle a été condamnée est également glaçante. Les autorités ont de toute évidence cherché à maximiser sa peine en multipliant les chefs d’accusation, adressant un message clair de dissuasion aux 50 millions d’internautes qui vivent en Thaïlande. >>

 

 

Extraits Encyclopedia Universalis

 

2020

 

30 novembre : retour de l’application de l’article punissant le crime de lèse-majesté.

La police poursuit cinq opposants sous le motif de crime de lèse-majesté, pour avoir organisé des manifestations. Depuis juillet, un mouvement de contestation réclame la démission du gouvernement, ainsi que des réformes du système monarchique.

Particulièrement sévère, l’article 112 du code pénal punit le crime de lèse-majesté d’une peine de trois à quinze ans de prison.

Le roi Rama X avait demandé au Premier ministre Prayuth Chan-o-cha de ne plus appliquer cet article, après que le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme lui avait demandé de le supprimer en juin 2017.

 

14-26 octobre : poursuite des manifestations malgré l’état d’urgence.

Le 14, le convoi transportant la reine Suthida est momentanément bloqué par les manifestants dans les rues de Bangkok.Le 15, le gouvernement annonce l’instauration d’un état d’urgence renforcé. Les rassemblements de plus de quatre personnes sont interdits.

Les étudiants demandent depuis juillet la démission du Premier ministre Prayuth Chan-o-cha, s’en prenant de plus en plus ouvertement àl’institution monarchique. Les manifestants qui campaient devant le siège du gouvernement sont dispersés et plusieurs meneurs arrêtés. Les manifestations continuent les jours suivants.

Le 22, Prayuth Chan-o-cha lève l’état d’urgence renforcé afin de favoriser la « désescalade de l’actuelle situation ».

Le 26, les manifestants se regroupent à Bangkok devant l’ambassade d’Allemagne, pays où séjourne le plus souvent le roi Rama X. Ils remettent à l’ambassadeur une lettre priant les autorités allemandes de procéder à des « investigations » sur les accusations d’atteintes aux droits de l’homme qui visent le gouvernement

 

20 septembre : pose symbolique d’une plaque commémorative devant le palais royal.

Les étudiants qui manifestent depuis juillet contre le régime monarchique scellent dans le sol devant le palais royal, à Bangkok, une plaque portant l’inscription : « Ce pays appartient au peuple et non au roi. »

Celle-ci est la réplique d’une plaque posée en 1936 pour commémorer un coup d’État antiroyaliste survenu en 1932, qui avait été retirée en 2017.

Quelque trente mille personnes participent à cette cérémonie, parmi lesquelles des membres des « chemises rouges » qui avaient participé au mouvement antigouvernemental de la fin des années 2000. Panusaya Sithijirawattanakul, l’une des égéries du mouvement étudiant, remet au chef de la police de Bangkok un message dressant la liste des doléances des manifestants, en le chargeant de le remettre au conseil privé du roi.

La plaque est descellée la nuit suivante.

 

3-16 août : poursuite du mouvement de contestation étudiant.

Le 3, lors d’une manifestation des étudiants contre le gouvernement de Prayuth Chan-o-cha, l’avocat Anon Nampa évoque pour la première fois une nécessaire réforme de la monarchie, illustrant le tournant antimonarchique du mouvement de contestation qui secoue le pays depuis juillet.

Le 10, lors d’une manifestation organisée sur le campus d’une université de la banlieue de Bangkok, une étudiante en sociologie, Panusaya Sithijirawattanakul, prend la parole pour exiger une réforme de la monarchie. Elle demande notamment l’abolition du crime de lèse-majesté, la diminution de l’allocation annuelle attribuée au roi Rama X et le retour à l’État des biens de la Couronne.

Le 16, une manifestation réunit plus de dix mille personnes à Bangkok, ce qui en fait l’un des rassemblements les plus massifs de l’histoire du pays. Le statut de la monarchie est au centre des revendications.

 

18 juillet : mouvement de contestation des étudiants.

Des milliers d’étudiants manifestent pacifiquement à Bangkok et dans d’autres villes du pays contre le régime et en faveur de la démocratie.

Ils exigent la démission du gouvernement, la dissolution de l’Assemblée nationale et la rédaction d’une nouvelle Constitution, et s’en prennent à la monarchie.

Les jours suivants, les manifestations prennent de l’ampleur.

 

21 février : dissolution de l’Anakot Mai.

La Cour constitutionnelle dissout l’Anakot Mai (le Parti du nouvel avenir), l’une des principales formations de l’opposition prodémocratie, considérant comme illégal le prêt que lui a octroyé son chef, l’homme d’affaires Thanathorn Juangroongruangkit, avant les élections législatives de mars 2019. L’Anakot Mai était devenu la troisième force politique du pays à l’issue du scrutin.

Arrivé en deuxième position lors de l’élection du Premier ministre par le Parlement en juin 2019, Thanathorn Juangroongruangkit avait été déchu de son mandat de député en novembre de la même année pour infraction à la législation électorale lors du scrutin de mars.

La décision de la Cour l’écarte de la vie politique, ainsi que onze autres députés de son parti, pour une durée de dix ans.

 

2019

 

2019 - 11 décembre : la Commission électorale recommande la dissolution de l’Anakot Mai (le Parti du nouvel avenir), créé en mars 2018 par Thanathorn Juangroongruangkit, qui est arrivé en troisième position lors des élections législatives de mars. Elle invoque l’existence d’un prêt octroyé au parti par son chef, que ce dernier estime légal. En novembre, Thanathorn Juangroongruangkit a été déchu de son poste de député pour avoir détenu des parts d’un organe de presse au moment des élections, ce qu’il conteste.

Le 14, des milliers de personnes participent à Bangkok à un rassemblement de soutien de l’Anakot Mai.

2019 - 20 novembre : visite du Pape François

Le pape François se rend en Thaïlande où il dénonce notamment « toute forme d’exploitation, d’esclavage et d’abus » dirigée contre les femmes et les enfants « exposés à la prostitution et à la traite ». Dans ce pays à la population très majoritairement bouddhiste, il vante également la « culture de la rencontre » entre groupes religieux ou culturels différents.

 

4 mai : Couronnement du roi Rama X.

Du 4 au 6 se déroulent les cérémonies du couronnement de Maha Vajiralongkorn qui règne sous le nom de Rama X. Le fils de Bhumibol Adulyadej – mort en octobre 2016 – avait été proclamé roi en décembre de la même année, mais n’avait pas encore été couronné.

En janvier 2017, il avait exigé des modifications au projet de Constitution, obtenant de ne pas être remplacé par un régent en cas d’absence du territoire, retirant à la Cour constitutionnelle le pouvoir de décider en dernier ressort lors de crises majeures et annulant l’obligation de faire contresigner les proclamations royales par un ministre ou le président du Parlement.

En octobre 2018, il a nommé à la tête de l’armée le général Apirat Kongsompong, issu d’une faction rivale de celle du chef de la junte et Premier ministre Prayut Chan-o-cha.

 

7 mars 2019: élections législatives.

Le 7, la Cour constitutionnelle ordonne la dissolution du parti Thai Raksa Chart pour « acte hostile à la monarchie » et interdit à ses responsables de créer un parti politique pendant dix ans. Cette formation proche des anciens Premiers ministres Thaksin et Yingluck Shinawatra, qui vivent en exil, avait présenté, en février, la candidature de la princesse Ubolratana, sœur du roi Maha Vajiralongkorn, au poste de Premier ministre, en vue des élections législatives.

Le 24 se déroule le premier scrutin législatif depuis le coup d’État, en mai 2014, du chef de l’armée, le général Prayut Chan-o-cha. La junte avait dissous le Parlement et nommé pour le remplacer un Conseil national pour la paix et le maintien de l’ordre qui avait élu Prayut Chan-o-cha Premier ministre.

Le parti de ce dernier, Palang Pracharat, arrive en tête avec 23,7 p. 100 des suffrages et 116 sièges sur 500. Le Pheu Thai, dernier avatar des partis de Thaksin et Yingluck Shinawatra et principale formation de l’opposition, enregistre un fort recul avec 22,3 p. 100 des voix et 137 élus.

Le nouveau Parti du nouvel avenir de Thanathorn Juangroongruangkit, qui représente les jeunes et les classes urbaines, obtient 17,6 p. 100 suffrages et 81 députés. Le Parti démocrate de l’ancien Premier ministre Abhisit Vejjajiva subit un grave revers avec 11,1 p.100 des voix et 51 sièges.

Le nouveau Parti de la fierté thaïe d’Anuthin Charnvirakul obtient 10,5 p. 100 des suffrages et 51 élus. Le taux de participation est de 74,7 p. 100.

Le 27, le Pheu Thai et six autres partis d’opposition annoncent la formation d’une coalition parlementaire regroupant deux cent cinquante-cinq députés.

Toutefois, la Constitution approuvée par référendum en août 2016 prévoit la désignation des deux cent cinquante sénateurs par un comité nommé par la junte et l’élection du Premier ministre par les deux chambres du Parlement réunies.

Le 5 juin, les deux chambres du Parlement rééliront le général Prayut Chan-o-cha au poste de Premier ministre par 500 voix contre 244 pour le candidat de l’opposition Thanathorn Juangroongruangkit.

 

 

8 février : candidature de la sœur du roi aux élections législatives.

Le 8, le parti Thai Raksa Chart, une formation hostile à la junte au pouvoir et proche des anciens Premiers ministres Thaksin et Yingluck Shinawatra, en exil, présente la candidature de la princesse Ubolratana, sœur du roi Maha Vajiralongkorn, au poste de Premier ministre, dans la perspective des élections législatives prévues en mars. Le palais royal indique dans un communiqué que les membres de la famille royale « ne peuvent pas occuper de fonction politique car ce serait en contradiction avec la Constitution ».

Le 9, le Thai Raksa Chart annonce le retrait de la candidature de la princesse Ubolratana. Sur son compte Instagram, celle-ci exhorte toutefois son pays à « aller de l’avant ».

 

2016

 

13 octobre : mort du roi Bhumibol.

La mort de Bhumibol Adulyadej, roi depuis 1946 sous le nom de Rama IX, ouvre une période d’incertitude dans un pays en proie à une crise politique et sociale.

Depuis dix ans, deux Premiers ministres ont été écartés par l’armée : Thaksin Shinawatra en septembre 2006 et sa sœur Yingluck Shinawatra en mai 2014.

La période a été marquée par l’affrontement entre les élites urbaines royalistes et les paysans pauvres partisans de la famille Shinawatra. Personnalité controversée, le prince héritier Maha Vajiralongkorn demande un délai avant de monter sur le trône. Le président du conseil privé du roi et ancien Premier ministre Prem Tinsulanonda est nommé régent.

Le 1er décembre, Maha Vajiralongkorn sera proclamé roi sous le nom de Rama X, sur proposition de l’Assemblée nationale législative.

 

7 août : adoption de la nouvelle Constitution.

Le 7, la nouvelle Constitution soumise à référendum par la junte militaire qui a pris le pouvoir en mai 2014 est approuvée par 61,4 p. 100 des votants. Le taux de participation est de 58 p. 100. Le texte prévoit la nomination des sénateurs par la junte – certains étaient jusque-là élus – et l’instauration d’un système électoral de « représentation proportionnelle mixte » qui avantage les petits partis et favorise la formation de coalitions gouvernementales. Les deux chambres pourront désigner un membre du Sénat, c’est-à-dire une personnalité non élue, au poste de Premier ministre.

Ces mesures doivent mettre fin à la domination électorale du Parti pour les Thaïs, la formation des deux anciens Premiers ministres, Thaksin Shinawatra et sa sœur Yingluck Shinawatra, renversés par l’armée respectivement en 2006 et 2014.

Les 11 et 12, onze attaques à la bombe non revendiquées visent des sites touristiques du pays, provoquant la mort de quatre personnes. Les autorités lient ces attaques à la défaite des opposants à la Constitution.

 

 

2015

 

17 août : attentat meurtrier à Bangkok.

Un attentat à la bombe perpétré devant le sanctuaire hindou d’Erawan, à Bangkok, fait au moins vingt morts, dont quatorze touristes étrangers, pour la plupart chinois. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier jamais commis dans le pays.

Le 1er septembre, la police annoncera l’arrestation d’un suspect chinois d’origine ouïgoure qui avouera avoir remis les explosifs au poseur de bombe.

En juillet, les autorités avaient renvoyé vers la Chine une centaine de clandestins ouïgours originaires de la province chinoise du Xinjiang, en dépit de la répression dont ces musulmans turcophones font l’objet dans leur pays.

 

1er avril : légalisation du pouvoir de la junte militaire.

Un décret royal lève la loi martiale en vigueur depuis le putsch qui a renversé le régime de Yingluck Shinawatra en mai 2014.

Il légalise le pouvoir de la junte dirigée par Prayuth Chan-ocha en édictant un article constitutionnel qui accorde de fait les pleins pouvoirs au Conseil national pour la paix et l’ordre, lui permettant de prendre des mesures contre « toute action susceptible de détruire la paix, l’ordre et la sécurité nationale »

 

2014

 

7-30 mai 2014 : coup d'État militaire.

Le 7, la Cour constitutionnelle destitue le Premier ministre Yingluck Shinawatra pour « abus de pouvoir ». Elle juge illégitime le limogeage – invalidé depuis lors – du chef du Conseil de sécurité nationale Thawil Pliensri, remplacé en septembre 2011 par un proche du Premier ministre. Yingluck Shinawatra est la cible depuis novembre 2013 de manifestations organisées par les « chemises jaunes », partisans des élites traditionnelles, du roi et de l'armée.

Le 15, au lendemain d'une attaque meurtrière de « chemises rouges » progouvernementaux contre des « chemises jaunes » à Bangkok, le chef d'état-major de l'armée, le général Prayuth Chan-ocha, déclare que « l'armée pourrait intervenir afin de restaurer la loi et l'ordre ». Vingt-huit personnes ont été tuées depuis le début des troubles.

Le 20, l'armée instaure la loi martiale dans le pays, tout en affirmant qu'il ne s'agit pas d'un « coup d'État ».

Le 22, le général Prayuth Chan-ocha annonce la prise du pouvoir par l'armée et demande à cent cinquante-cinq personnalités de se présenter aux forces militaires. Le putsch est salué par les « chemises jaunes ». C'est le 19e coup d'État depuis l'abolition de la Monarchie absolue en 1932.

Le 26, le général Prayuth Chan-ocha est intronisé à la tête du Conseil national pour la paix et l'ordre devant le portrait du roi Bhumibol – malade, celui-ci n'apparaît plus en public.

Le 30, le chef de la junte exclut l'organisation d'élections « avant quinze mois »

 

21 mars 2014 : invalidation des élections législatives.

Alors que le mouvement de contestation visant le Premier ministre Yingluck Shinawatra se calme, la Cour constitutionnelle invalide les élections législatives de février dont le déroulement a été empêché dans certaines circonscriptions. L'opposition avait appelé au boycottage du scrutin

 

2-28 février 2014 : élections législatives et fin du blocage de Bangkok.

Le 2, les opposants au Premier ministre Yingluck Shinawatra, qui manifestent depuis plus de deux mois pour obtenir sa démission, troublent le déroulement des élections législatives anticipées, organisées à la suite de la dissolution du Parlement en décembre 2013. Le Parti démocrate, principale formation d'opposition, appelle à boycotter le scrutin. La nécessité d'organiser de nouveaux scrutins partiels reporte l'annonce des résultats.

Le 18 et les jours suivants, des affrontements meurtriers opposent les manifestants aux forces de l'ordre qui tentent de reprendre le contrôle de plusieurs sites occupés dans Bangkok. Ils portent à vingt-deux le nombre de victimes des violences depuis novembre.

Le 28, alors que la mobilisation de l'opposition s'essouffle, les manifestants annoncent qu'ils mettent fin à leur mouvement de blocage de la capitale.

 

2013

 

 

1er décembre : dissolution du Parlement.

Le 1er, le chef de l'opposition Suthep Thaugsuban somme le Premier ministre Yingluck Shinawatra de « remettre le pouvoir au peuple » sous deux jours. Les opposants au Premier ministre et à son frère, l'ancien chef du gouvernement exilé Thaksin Shinawatra, manifestent dans la capitale et occupent plusieurs ministères depuis novembre.

Le 3, à Bangkok, des centaines de manifestants assiègent les bâtiments du gouvernement sans que la police intervienne.

Le 9, tandis qu'une centaine de milliers d'opposants manifestent à Bangkok, le Premier ministre annonce la dissolution du Parlement. Toutefois, Suthep Thaugsuban ne réclame pas de nouvelles élections, mais le remplacement du gouvernement par un « Conseil du peuple » nommé par le roi.

Le 21, le Parti démocrate, principale formation de l'opposition, appelle au boycottage des élections législatives prévues en février 2014.

 

 

1er novembre - manifestations de l'opposition.

Le 1er, le vote par la Chambre des députés d'une loi d'amnistie pouvant bénéficier à l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra provoque une mobilisation de l'opposition au gouvernement de Yingluck Shinawatra, la sœur de ce dernier. Renversé par l'armée en septembre 2006 et exilé à Dubaï, Thaksin Shinawatra est poursuivi pour corruption.

Le 11, le Sénat rejette le projet de loi. Le gouvernement annonce l'abandon de celui-ci.

Le 25, les opposants, conduits par l'ancien vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban, membre du Parti démocrate, qui manifestent en masse dans la capitale depuis plusieurs jours occupent divers ministères en exigeant la démission du gouvernement.

 

2011

 

20 octobre - graves inondations.

Alors que le pays subit les pires inondations depuis un demi-siècle, Yingluck Shinawatra, Premier ministre, qui qualifie la catastrophe de « crise nationale », ordonne l'ouverture des écluses qui protégeaient jusque-là Bangkok de la masse d'eau progressivement accumulée depuis l'été du fait de la crue des fleuves en amont de la ville.

Les inondations ont déjà entraîné la mort de plus de trois cent vingt personnes dans le pays et provoqué la mise à l'arrêt de milliers d'usines. Les jours suivants, plusieurs quartiers de la capitale sont inondés

 

3 juillet - Victoire électorale du Parti pour les Thaïs.

Le 3, le Parti pour les Thaïs, formation de la femme d'affaires Yingluck Shinawatra, remporte les élections législatives en obtenant 48,4 p. 100 des suffrages et 265 sièges sur 500. Yingluck Shinawatra est la sœur de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par les militaires en septembre 2006, qui vit en exil dans les Émirats arabes unis. Sa formation devance le Parti démocrate du Premier ministre sortant Abhisit Vejjajiva, qui obtient 35,2 p. 100 des voix et 159 sièges. Le taux de participation est de 66 p. 100. Le roi Bhumibol avait dissous le Parlement en mai.

Le 10 août, Yingluck Shinawatra prête serment comme Premier ministre devant le roi.

 

Conflit avec le Cambodge en 2011

Depuis plus d’un siècle, le temple de Preah Vihear est au cœur d’un litige territorial. Son origine réside dans la délimitation de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande par les Français, lors de la conquête de l’Indochine en 1907, qui attribue géographiquement le temple aux Khmers.

 

En 1953, lorsque les forces coloniales françaises se retirent du Cambodge, l’armée thaïlandaise revendique alors la propriété de Preah Vihear, investissant les lieux. Le Cambodge décide alors de porter l’affaire devant la Cour de justice internationale de La Haye qui rend son jugement en 1962 : Preah Vihear, et le terrain adjacent, sont attribués au royaume khmer.

 

Près de 50 ans plus tard, cette parcelle est toujours au cœur des litiges frontaliers, avec en filigrane les tensions politiques, et notamment la montée de l’ultranationalisme, tant à Bangkok qu’à Phnom Penh. Le conflit est ravivé en 2008, lorsque Phnom Penh réclame l’inscription de Preah Vihear au patrimoine mondial de l’Unesco. Perçue comme une provocation par les Thaïlandais, la demande déclenche les premiers affrontements armés.

 

Un « malentendu »

Mais cette première semaine de février 2011 est la plus meurtrière depuis le début du conflit. La cause de ces nouveaux heurts est due, selon l’armée thaïlandaise, à un « malentendu », et pour l’instant, chaque camp accuse l’autre d’avoir lancé les hostilités.

Le Premier ministre cambodgien, Hun Sen appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à tenir une réunion d’urgence pour faire « cesser les agressions ». Il accuse également l’artillerie thaïlandaise d’avoir provoqué l’effondrement d’une aile du bâtiment.

 

Pour son homologue thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, il s’agit d’affirmer la souveraineté de son pays. Il parle de simples contre-attaques. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, quant à lui, s’est dit profondément préoccupé par la situation et a exhorté les deux parties « à observer un cessez-le-feu et à rechercher une solution durable à la crise ».