2021 - 29 mai : L'Indonésie relache deux pétroliers Iraniens et Panaméens saisis en janvier en raison de soupçons de transferts illégaux de brut dans les eaux du pays. Les deux bateaux naviguant au large de la province de Kalimantan (Bornéo) avaient refusé des contacts radio avec les autorités maritimes indonésiennes. Ils n'avaient pas affiché leurs drapeaux nationaux et avaient désactivé leurs systèmes d'identification. À la suite de poursuites judiciaires, le MT Horse, battant pavillon iranien, et le MT Freya, battant pavillon panaméen, ont du quitter l'Indonésie.
2021 - 12 mai : assassinat de quatre agriculteurs chrétiens à Kalimago, un village situé dans l'île de Sulawesi (Célèbes) par cinq assaillants du groupe terroriste Mujahideen de l’Est de l’Indonésie (MIT) lié à l’Etat islamique. Les victimes sont quatre agriculteurs de 42 à 61 ans qui récoltaient du café. Une victime a été retrouvée avec une arme plantée dans le coeur, une autre est retrouvée décapitée. Les assaillants ont par ailleurs volé tout ce que les victimes possédaient, valeurs et même du riz.
2021 - 21 avril : la marine indonésienne perd le contact avec l'un de ses sous-marins, le KRI Nanggala 402, au large de Bali. 53 marins sont à bord du submersible, construit par l'Allemagne en 1978. Il est finalement localisé à 800 mètres de profondeur, brisé en trois morceaux. Tous les membres d'équipage sont morts.
2021 - 6 avril : de graves inondations suite au passage du cyclone tropical Seroja font 110 morts dans l'île de Flores, et au Timor oriental.
2021 - 28 mars : attentat suicide après la messe des Rameaux à la Cathédrale de Makassar sur l'île de Sulaweisi. Les deux assasillants, islamistes se revendiquant de l'Etat islamiste, ont fait 20 blessés.
le chef de la police nationale, Listyo Sigit Prabowo, a fait savoir que les assaillants faisaient partie du groupe radical Jamaah Ansharut Daulah (JAD). Cette formation a, selon lui, déjà mené un attentat sanglant en 2018 contre une église à Surabaya, deuxième ville d’Indonésie. « Ce groupe fait également partie ou est lié à celui qui a mené une attaque à la bombe à Jolo, aux Philippines » en 2019, a-t-il ajouté. Cette attaque contre une église catholique sur l’île de Jolo, à majorité musulmane, qui avait fait 21 tués, avait été menée par un couple indonésien et revendiquée par l’EI.>>
2021 - 2 février : sept personnes ont été flagellés en application de la loi islamique en vigueur à Banda Aceh capital de la procince d'Aceh. Parmi elles, deux hommes de confession chrétienne ont été flagellés pour avoir consommé de l'alcool et joué pour de l'argent dans la seule province d'Indonésie qui applique la charia. Cette punition est rarement exercée sur les non musulmans dans la province du nord de l'île de Sumatra, où deux hommes ont reçu près de 80 coups de canne en rotin chacun la semaine dernière pour des relations sexuelles entre personnes du même sexe, prohibées par la loi islamique en vigueur. Les deux hommes chrétiens ont reçu lundi 40 coups de canne chacun infligés par un exécutant masqué à Banda Aceh, la capitale de la province. L'un de deux hommes a indiqué avoir eu le choix entre cette punition et un procès civil qui aurait pu le conduire en prison pour un maximum de six mois.
2021 - 17 janvier : Un séisme touche l'ile des Célèbes (Sulawesi) et fait 60 morts.
2021 - 9 janvier : crash d'un boeing 737 de Sriwijaya Air en Indonésie, faisant 62 morts, peu après son décollage de Djakarta.
La chambre basse du Parlement adopte une loi « sur la création d’emplois » qui amende soixante-quinze législations existantes afin, selon le président Joko Widodo, de « répondre plus rapidement aux évolutions du monde » et de lever les obstacles administratifs aux investissements. Les jours suivants, des milliers de personnes manifestent dans les grandes villes du pays à l’appel des syndicats, des défenseurs des droits de l’homme et des écologistes qui dénoncent les atteintes que cette loi porte au droit du travail et aux réglementations environnementales. Ce mouvement de contestation est violemment réprimé
Le 23, des émeutes éclatent dans deux villes de la province de Papouasie, Jayapura et Wamena, faisant au moins une trentaine de morts. Elles font suite à de premiers affrontements survenus en août en Papouasie et en Papouasie-Occidentale à la suite d’une opération de police menée contre des étudiants papous d’une université de Surabaya, à Java. Six manifestants et un soldat avaient été tués. Intégrés à l’Indonésie en 1969, les Papous nourrissent des velléités indépendantistes.
À partir du 23, par ailleurs, les étudiants se mobilisent à travers tout le pays contre un projet de réforme du Code pénal qui criminalise les relations sexuelles avant le mariage, et contre un projet de loi qui restreint les pouvoirs de la Commission pour l’éradication de la corruption. De violents affrontements les opposent à la police.
Le président Joko Widodo est élu pour un second mandat avec 55,5 p. 100 des suffrages. Son seul adversaire, l’ancien général Prabowo Subianto, proche de l’ancien dictateur Suharto et soutenu par les islamo-conservateurs, qui avait déjà été battu en juillet 2014, conteste les résultats. Le taux de participation est de 81,9 p. 100. Six personnes seront tuées le 22 mai, au lendemain de la proclamation des résultats officiels, lors d’affrontements entre opposants et policiers à Djakarta. Aux élections législatives, qui se déroulent pour la première fois le même jour que l’élection présidentielle, le Parti démocratique indonésien de lutte (social-libéral) du président Widodo, en progrès, remporte 19,3 p. 100 des voix et 128 sièges sur 575. Le parti Gerindra (droite nationaliste), scission du parti Golkar, fondé par Prabowo Subianto, progresse également avec 12,6 p. 100 des suffrages et 78 élus. Le Golkar (conservateur) est en recul avec 12,3 p. 100 des voix et 85 députés
Un tsunami provoqué par l’éruption du volcan Anak Krakatoa, dans le détroit de la Sonde, frappe le sud de Sumatra et l’ouest de Java, faisant plus de quatre cents morts. Le pays ne dispose pas de dispositif d’alerte capable de prévenir les tsunamis liés aux éruptions volcaniques. En 1883, l’éruption du Krakatoa avait fait plus de trente-six mille morts. En septembre, un tsunami avait déjà dévasté l’île de Sulawesi, dans l’archipel des Célèbes.
Le 28, l’île de Sulawesi, dans l’archipel des Célèbes, est frappée par un fort séisme suivi d’un tsunami. La ville de Palu notamment, qui compte environ trois cent mille habitants, est dévastée.
Le 1er octobre, le gouvernement se résout à faire appel à l’aide internationale, mais quelques jours plus tard, l’Agence nationale de gestion des catastrophes demande aux ONG étrangères de rappeler leurs personnels et de n’intervenir que par l’intermédiaire des services locaux.
Le 11 octobre, les autorités ordonnent l’arrêt des recherches. Le bilan s’établit à plus de deux mille morts et plus de cinq mille disparus.
Le 13, un couple et ses quatre enfants, de retour de Syrie, commettent trois attentats-suicides contre des églises chrétiennes à Surabaya, dans l’île de Java, faisant au moins quatorze morts. L’organisation État islamique (EI) revendique les attentats. La police indique que le commando appartenait une organisation terroriste islamiste javanaise, la Jamaah Ansharut Daulah (JAD), qui a prêté allégeance à l’EI. Quatre membres de la JAD avaient été tués à la suite de l’émeute, revendiquée par l’EI, qui est survenue au cours de la semaine dans une prison proche de Djakarta, où le chef spirituel de la JAD Aman Abdurrahman est enfermé.
Le 14, cinq membres d’une même famille déclenchent leurs explosifs devant un commissariat, tuant au moins un policier.
Le 18, la peine de mort est requise contre Aman Abdurrahman lors de son procès à Djakarta.
Un tribunal de Djakarta condamne le gouverneur de la ville, Basuki Tjahaja Purnama, dit « Ahok » ‒ en poste jusqu’en octobre ‒, à deux ans de prison pour blasphème, sur plainte de groupes islamistes radicaux. Ahok est membre de la communauté chinoise et de religion protestante. Au cours de la campagne pour les élections locales, il avait cité une sourate du Coran pour la retourner contre ses adversaires qui appelaient à ne pas voter pour un chrétien. Alors qu’il était jusque-là favori, l’accusation de blasphème a contribué à sa défaite électorale, en avril, face à l’ancien ministre de la Culture Anies Baswedan, proche des islamo-conservateurs.
Le 14, deux attentats à la bombe contre un café Starbucks et un poste de police dans le centre de Djakarta et les tirs de quatre assaillants dans la foule causent la mort d’au moins huit personnes. Ces attentats sont les premiers dans le pays depuis ceux qui avaient visé deux hôtels de la capitale en juillet 2009.
Le 18, un Indonésien parti en Syrie en 2015 revendique l’attaque au nom de l’organisation État islamique.
Le réformateur Joko Widodo, gouverneur de Djakarta et candidat du Parti démocratique indonésien de lutte, remporte l'élection présidentielle, avec 53,2 p. 100 des suffrages.
Candidat du parti Gerindra, l'ancien général Prabowo Subianto, en fonction sous le régime du dictateur Suharto dont il fut le gendre, obtient 46,8 p. 100 des voix. Il dénonce des fraudes.
Le taux de participation est de 69,6 p. 100.
Au terme de deux mandats, le président sortant Susilo Bambang Yudhoyono ne pouvait pas se représenter. Joko Widodo est le premier président élu à ne pas être issu du régime de Suharto, successeur de Sukarno.
Principale formation d'opposition, le Parti démocratique indonésien de lutte (P.D.I.-P.) dirigé par l'ancienne présidente Megawati Sukarnoputri, fille du président Sukarno, remporte les élections législatives avec 19 p. 100 des suffrages et 109 sièges sur 560. Le Golkar dirigé par l'homme d'affaires Aburizal Bakrie, parti de l'ancien dictateur Suharto, obtient 14,8 p. 100 des voix et 91 élus. Le Gerindra, dirigé par l'ancien général Prabowo Subianto, progresse fortement avec 11,8 p. 100 des suffrages et 73 députés. Le Parti démocratique du président Susilo Bambang Yudhoyono est en fort déclin, perdant la moitié de son audience avec 10,2 p. 100 des voix et 61 sièges.
Le 30, un séisme de magnitude 7,6 sur l'échelle de Richter détruit la ville indonésienne de Padang et ses environs, sur la côte occidentale de l'île de Sumatra, et provoque la mort d'environ cinq cents personnes.
Le 1er octobre, la terre tremble de nouveau, avec une magnitude de 6,8, à 150 kilomètres au sud de Padang. Un bilan provisoire fait état de mille cent morts en deux jours. Les dégâts sont importants et des milliers de personnes sont ensevelies sous les décombres. Les scientifiques prévoyaient de forts séismes dans cette région, proche d'une faille continentale et d'une subduction océanique, depuis celui de décembre 2004 qui avait déclenché un tsunami faisant plus de deux cent mille morts.
Le 8, Susilo Bambang Yudhoyono, le premier chef de l'État élu au suffrage universel en 2004, remporte l'élection présidentielle dès le premier tour, avec 60,8 p. 100 des suffrages, devant l'ancienne présidente et fille du président Sukarno, Megawati Sukarnoputri (26,8 p. 100), et l'actuel vice-président Jusuf Kalla (12,4 p. 100).
Le 28, alors que la commission électorale n'a publié les résultats définitifs que le 25 – en raison de la complexité du décompte des voix dans cet archipel de six mille îles habitées –, Megawati Sukarnoputri dépose un recours constitutionnel pour réclamer l'annulation du scrutin en arguant d'irrégularités dans plusieurs provinces. Cette démarche fait suite à celle de Jusuf Kalla, la veille.
Le 9, quelque 171 millions d'électeurs sont appelés à voter pour des scrutins législatif, régional et municipal. Face à la complexité du vote dans un archipel de quelque six mille îles habitées, où se présentent trente-huit partis et onze mille candidats, les résultats ne seront connus qu'un mois plus tard.
Le 10 mai, les résultats officiels des élections législatives donnent vainqueur le Parti démocrate du président Susilo Bambang Yudhoyono, avec 20,85 p. 100 des suffrages, loin devant les deux partis nationalistes traditionnels, le Golkar, parti de l'ex-dictateur Suharto (14,45 p. 100), et le Parti démocratique indonésien de lutte (P.D.I.-P., 14,03 p. 100). Les principaux partis islamistes totalisent seulement 24 p. 100 des voix (contre 39 p. 100 lors des législatives de 2004). Des tractations sont engagées en vue de former des coalitions de partis pour l'élection présidentielle prévue le 8 juillet.
Un séisme d'une magnitude de 6,3 sur l'échelle de Richter frappe la région densément peuplée de Yogyakarta, dans le sud de l'île de Java, faisant au moins six mille deux cents morts et provoquant de nombreux dégâts.
Le nombre des sans-abri est estimé à plus de six cent cinquante mille.
Le volcan Merapi, proche, était récemment rentré en activité. Les autorités lancent un appel à l'aide internationale
Le 19, les anciens rebelles indépendantistes du Mouvement Atjeh libre déposent leurs dernières armes sous supervision internationale, en application de l'accord de paix signé avec le gouvernement en août.
Le 27, ils annoncent la dissolution de leur armée, mettant ainsi formellement fin à une guérilla de trente ans qui a fait quelque quinze mille morts.
À Jimbaran Bay et Kuta, deux stations touristiques de l'île de Bali, trois attentats-suicides quasi simultanés causent la mort de vingt-six personnes, pour la plupart indonésiennes. Les soupçons se portent sur l'organisation islamiste Jemaah Islamiyah, proche d'Al-Qaida et déjà responsable du double attentat meurtrier d'octobre 2002 sur l'île de Kuta.
Le gouvernement et les indépendantistes du Mouvement pour un Atjeh libre (G.A.M.) concluent un accord de paix à Helsinki. Négocié sous l'égide de l'ancien président finlandais Martti Ahtisaari, cet accord met fin à un conflit qui depuis 1976 a causé la mort de 15 000 personnes dans la province du nord de Sumatra, également ravagée par le tsunami du 26 décembre 2004. Il prévoit l'adoption d'une loi accordant à la province une autorité sur ses affaires publiques internes, à l'exception des prérogatives relevant du gouvernement central: diplomatie, défense, politique monétaire et fiscale, justice et liberté religieuse. La formation de partis politiques à Atjeh sera autorisée.
La province conservera 70 p. 100 des revenus de ses gisements pétroliers et disposera d'attributions financières. Un tribunal des droits de l'Homme et une commission Vérité et Réconciliation seront créés.
Les combattants du G.A.M. bénéficieront d'une amnistie et les prisonniers seront libérés. Le G.A.M. s'engage à désarmer ses troupes et le gouvernement à retirer avant la fin de l'année les forces armées présentes dans la province.
L'Union européenne et plusieurs pays de la région doivent constituer une Mission de contrôle pour Atjeh, qui sera chargée de surveiller l'application de l'accord.
Le 3, un tribunal de Djakarta condamne à trente mois de prison le prédicateur Abou Bakar Baashir, soupçonné d'être le chef de l'organisation terroriste de la Jemaah Islamiyah, pour sa participation à l'attentat de Bali en octobre 2002, qui a fait près de deux cents morts. L'insuffisance de preuves empêche de le qualifier de commanditaire de l'opération. Deux témoins clés, détenus aux États-Unis, n'ont pas pu témoigner devant le tribunal.
Le 1er, les opérations internationales de secours aux victimes du tsunami du 26 décembre 2004 – dont le nouveau bilan atteint deux cent quatre-vingt mille morts au cours du mois – débutent dans la province indonésienne d'Atjeh (ou Aceh). Des évacuations et des opérations d'assistance aux populations sinistrées sont menées à partir du porte-avions américain Abraham-Lincoln stationné au large, tandis que des navires français et australiens font route vers la zone.
Le 4, le secrétaire d'État américain Colin Powell, en tournée dans la région, déclare que l'aide des États-Unis doit permettre « au monde musulman [...] de prendre la mesure de la générosité américaine ».
Le 6 se tient à Djakarta une conférence internationale réunissant les pays de la région ainsi que les principaux bailleurs de fonds. Le secrétaire général de l'O.N.U. Kofi Annan lance un appel à contribution, estimant à 977 millions de dollars le montant de l'aide à apporter, pour les six mois à venir, aux quelque cinq millions de personnes déplacées. De son côté, Colin Powell annonce la dissolution de la « coalition humanitaire » mise sur pied par les États-Unis en décembre 2004, qui doit se fondre « au sein des efforts plus larges de coordination des Nations unies ». Le communiqué final de la conférence prône l'allégement de la dette des pays touchés, ainsi que la mise en place dans la région d'un système d'alerte contre les tsunamis.
Le 7, un conseil ministériel (Affaires étrangères, Développement et Santé) extraordinaire de l'Union européenne charge la Commission d'étudier les possibilités de mettre en place, pour l'avenir, une « structure de planification, de coordination et de mobilisation des moyens » appuyée sur « un corps volontaire européen d'aide humanitaire ».
Le 11, plus de quatre-vingts pays donateurs, réunis à Genève sous l'égide de l'O.N.U., s'engagent à débloquer immédiatement 717 millions de dollars. L'impact macroéconomique du tsunami semble toutefois limité: seuls la Thaïlande, le Sri Lanka, les Maldives et les Seychelles devraient enregistrer en 2005 une baisse de croissance liée à la catastrophe.
Le 11 également, l'armée indonésienne annonce des restrictions aux déplacements des membres des O.N.G. présentes dans la province d'Atjeh. Placée depuis 1989 sous contrôle militaire, celle-ci est depuis 1976 le théâtre d'une guérilla séparatiste animée par le Mouvement Atjeh libre.
Le 12, les autorités de Djakarta expriment le souhait que les troupes étrangères participant aux opérations de secours quittent le pays avant la fin du mois de mars.
Le 12 également, les pays créanciers, réunis au sein du Club de Paris, annoncent un moratoire « immédiat et sans condition » sur la dette des pays sinistrés qui en feront la demande.
Le 20, la conférence internationale sur la prévention des catastrophes naturelles, réunie à Kōbe (Japon), décide la création d'un système global d'alerte multidésastres sous l'égide de l'O.N.U., mais, en raison des propositions diverses et concurrentes des participants, aucun objectif précis n'a été fixé.
Le 26, un séisme sous-marin de magnitude proche de 9 sur l'échelle ouverte de Richter, dont l'épicentre se situe à l'ouest de l'île de Sumatra (Indonésie), provoque une série de vagues gigantesques qui ravagent les côtes de plusieurs pays riverains de l'océan Indien. Les plages et les rivages sont balayés, les habitations en bordure de mer dévastées.
Le bilan humain, tel qu'il s'établira au cours des semaines suivantes, est excessivement lourd: plus de 280 000 morts ou présumés tels.
Les pays les plus touchés sont l'Indonésie et notamment la province d'Atjeh (ou Aceh) – près de 230 000 victimes –, le Sri Lanka – environ 31 000 morts –, l'Inde – plus de 16 000 morts – et la Thaïlande – plus de 5 000 morts –, mais aussi la Birmanie, la Malaisie, les Maldives, le Bangladesh ainsi que, à un degré moindre, certains pays de la côte orientale de l'Afrique.
Plus d'un million de personnes sont privées d'abri. L'absence, dans l'océan Indien, d'une structure de surveillance comparable au Centre d'alerte des tsunamis d'Hawaii pour le Pacifique, fait l'objet de critiques. La présence dans la région de très nombreux touristes étrangers – notamment suédois, norvégiens, australiens, autrichiens, allemands, suisses, néo-zélandais, italiens et français – renforce l'émotion provoquée dans le monde entier par le drame: des milliers d'entre eux figurent parmi les victimes.
Les jours suivants, les propositions d'aide affluent, et les secours tentent de s'organiser sous l'égide de l'O.N.U.
Le 31, l'aide publique à destination des pays d'Asie touchés par le raz de marée dépasse déjà un milliard de dollars, dont 500 millions offerts par le Japon. De nombreuses marques de solidarité s'expriment à travers le monde à l'occasion des fêtes de fin d'année.
Le général à la retraite Susilo Bambang Yudhoyono, chef du Parti démocrate, remporte le second tour de la première élection présidentielle disputée au suffrage universel direct. Avec 60,6 p. 100 des suffrages, il devance largement la présidente sortante Megawati Sukarnoputri, dont il était le ministre de la Sécurité jusqu'en mars.
Le taux de participation est proche de 80 p. 100.
Un attentat à la voiture piégée, devant l'ambassade d'Australie à Djakarta, fait neuf morts, des passants et des policiers indonésiens. Un communiqué de l'organisation terroriste islamiste Jemaah Islamiyah, responsable notamment de l'attentat de Bali en octobre 2002, revendique l'opération sur Internet, sommant les Australiens de quitter l'Indonésie et Canberra de retirer ses troupes d'Irak. L'attentat intervient deux jours avant la date anniversaire du 11 septembre et à quelques semaines de scrutins électoraux en Indonésie et en Australie.
Le Parti démocratique indonésien-Lutte (P.D.I.-P) de la présidente Megawati Sukarnoputri subit un grave revers aux élections législatives, en n'obtenant que 18,5 p. 100 des suffrages et 109 sièges sur 462 (— 44). Le recul du parti au pouvoir profite au Parti démocrate de l'ancien ministre Susilo Bambang Yudhoyono (7,4 p. 100 des voix et 57 sièges) et au Parti de la justice et de la prospérité (7,3 p. 100 et 45 sièges), qui ont fait campagne contre la corruption. Le Golkar, ancien parti unique de Suharto, arrive en tête avec 21,6 p. 100 des suffrages et 128 élus (+ 8). Le Parti du réveil national de l'ancien président Abdurrahman Wahid obtient 10,6 p. 100 des voix et 52 sièges, le Parti du développement uni du vice-président Hamzah Haz 8,1 p. 100 et 58 élus et le Parti du mandat national d'Amien Raïs 6,4 p. 100 et 52 sièges.
Le 2, un tribunal de Djakarta condamne à quatre ans de prison – une peine considérée comme clémente – Abou Bakar Baachir, le chef spirituel de la Jemaah Islamiyah. Ce réseau terroriste est soupçonné d'avoir commis l'attentat de Bali, en octobre 2002. L'accusation de complot contre le gouvernement n'est pas retenue, faute de preuves suffisantes, et Abou Bakar Baachir, qui n'est pas impliqué dans l'attentat de Bali, est simplement reconnu coupable d'avoir été associé à certaines actions de la Jemaah Islamiyah.
Le 10, le tribunal spécial de Denpasar, chef-lieu de Bali, condamne à mort Imam Samudra, considéré comme le « cerveau » de l'attentat de Bali.
Le 5, un attentat-suicide à la voiture piégée contre l'hôtel Marriott de Djakarta, où résident de nombreux étrangers, fait dix morts. Les soupçons se portent sur le réseau terroriste de la Jemaah Islamiyah en raison des similitudes observées avec l'attentat de Bali, en octobre 2002. Il s'agit du seizième attentat antioccidental dans le pays depuis le 11 septembre 2001.
Le 7, le tribunal spécial de Denpasar, chef-lieu de Bali, condamne à mort Amrozi, le premier des accusés jugés pour leur participation à l'attentat d'octobre 2002, qui avait fait plus de deux cents victimes.
Le 11, Hambali, chef opérationnel présumé de la Jemaah Islamiya et réputé proche d'Oussama ben Laden, est arrêté en Thaïlande et mis à la disposition des États-Unis.
La présidente Megawati Sukarnoputri décrète la loi martiale dans la province d'Atjeh, dans le nord de l'île de Sumatra.
Celle-ci est, depuis 1976, le théâtre d'une guérilla indépendantiste conduite par le Mouvement Atjeh libre (G.A.M.), qui a déjà fait plus de 12 000 morts.
Le G.A.M. avait signé un cessez-le-feu avec le gouvernement en décembre 2002, mais les négociations en cours à Tōkyō ont échoué. Les opérations militaires commencent aussitôt.
Le 12, un attentat à la voiture piégée devant une boîte de nuit de Kuta Beach, sur l'île de Bali (Indonésie), fait près de 190 morts et une centaine de disparus, dont de nombreux touristes, notamment australiens. C'est l'attentat le plus meurtrier depuis les attaques du 11 septembre 2001.
Le 18, la présidente indonésienne, Megawati Sukarnoputri, adopte deux décrets antiterroristes dans l'attente d'une législation appropriée. Ces mesures sont approuvées par les deux grandes organisations musulmanes, le Nahdlatul Ulama et la Muhammadiyah, qui comptent des millions de fidèles à travers le pays.
Le 19, Abou Bakar Baashir, chef présumé de la Jemaah Islamiyah, une organisation terroriste régionale qui serait liée au réseau Al-Qaida d'Oussama ben Laden, est arrêté.
Le 23, les États-Unis inscrivent la Jemaah Islamiyah sur leur liste des organisations terroristes.
L'indépendance du territoire, sous administration de l'O.N.U. depuis septembre 1999, est proclamée lors d'une cérémonie à laquelle assistent le président du pays élu en avril, Xanana Gusmao, le secrétaire général de l'O.N.U., la présidente indonésienne, le Premier ministre australien, le chef de l'État et le Premier ministre portugais, ainsi que l'ancien président américain Bill Clinton. À la suite du référendum sur l'indépendance d'août 1999, dont le résultat fut positif, les milices pro-indonésiennes, recrutées par l'armée, avaient répandu la terreur, tuant un millier de Timorais de l'Est et provoquant le déplacement de quelque 260 000 autres. L'intervention d'une force internationale avait ramené le calme, et permis la mise en place par l'O.N.U. d'une administration provisoire qui a contribué au relèvement du pays dévasté.
Xanana Gusmao, héros de la lutte d'indépendance, est élu président de Timor oriental, qui doit devenir indépendant le 20 mai, avec 82,7 p. 100 des suffrages. Il était en concurrence, sans réelle opposition, avec Xavier do Amaral qui fut président, de façon éphémère, entre la proclamation unilatérale de l'indépendance, en novembre 1975, et l'invasion du territoire par l'armée indonésienne, le mois suivant. Le taux de participation atteint 86 p. 100. La popularité du futur chef de l'État doit compenser la limitation de ses pouvoirs face au Parlement dominé par le Fretilin, dont une partie de la direction est opposée à Xanana Gusmao.
L'élection de l'Assemblée constituante de Timor oriental se déroule dans le calme, sous l'égide de l'O.N.U., deux ans après le référendum sur l'indépendance qui avait été suivi d'une période de terreur meurtrière orchestrée par l'armée. Le Front révolutionnaire pour l'indépendance de Timor oriental de Xanana Gusmao remporte 57,3 p. 100 des suffrages et obtient 55 sièges sur 88. Il n'atteint pas la majorité des deux tiers nécessaire pour voter la Constitution. La deuxième formation, le Parti démocratique, a 7 élus. Le taux de participation s'élève à 91,3 p. 100
Le 23, l'Assemblée consultative du peuple rejette à l'unanimité le décret présidentiel visant à suspendre les institutions représentatives, et destitue Abdurrahman Wahid, chef de l'État depuis octobre 1999. Objet, dès février, d'une « réprimande » de la part de l'Assemblée nationale pour son implication supposée dans des scandales financiers, le président Wahid avait peu à peu perdu ses appuis, notamment celui de l'armée, ainsi que le soutien de la classe politique, qui le jugeait incompétent. Il est remplacé par la vice-présidente, Megawati Sukarnoputri.
Le 26, Abdurrahman Wahid, qui estime sa destitution inconstitutionnelle, quitte le pays.
Le 2, l'Assemblée nationale adopte une « réprimande » à l'encontre du président Abdurrahman Wahid, qu'elle accuse d'être impliqué dans deux scandales financiers sans toutefois produire de preuves tangibles contre lui. Ce vote est obtenu grâce au soutien du Parti démocratique indonésien (P.D.I.-P.) de la vice-présidente Megawati Sukarnoputri, qui prend ses distances vis-à-vis du chef de l'État, ainsi que des élus militaires au sein de l'Assemblée et du Golkar, la formation de l'ancien président Suharto. Cette « réprimande », que le P.D.I.-P. considère comme un simple « avertissement », constitue la première étape d'une procédure de destitution: le président a quatre mois pour s'expliquer sur les accusations dont il est l'objet.
Abdurrahman Wahid, dont la politique n'a pas permis de résoudre les problèmes qui se posent au pays, s'est privé de la majorité parlementaire qui le soutenait en refusant de rendre des comptes et en privilégiant une conception très présidentialiste de la Constitution.
Le chef de l'État, qui nie toute responsabilité dans les scandales évoqués, présente toutefois ses « excuses » et promet de collaborer dorénavant avec le Parlement.
Les jours suivants, des milliers de partisans du président Wahid, qui reste populaire, manifestent violemment en sa faveur dans l'est de Java, berceau du Nahdlatul Ulama, une puissante association d'ulémas fondée par le grand-père d'Abdurrahman Wahid et que ce dernier a lui-même dirigée pendant quinze ans.
Le 9, la vice-présidente se dit « préoccupée » par ces violences assimilées à des menaces, que le chef de l'État n'a pas condamnées.