La conférence a lieu au Caire et se focalise sur les Palestiniens.
“Les adversaires d'un règlement pacifique ont dominé la conférence de solidarité avec les peuples arabes
Ils sont parvenus à détourner la conférence de son objectif initial - favoriser un règlement pacifique et équitable entre Israël et les États arabes - en lui faisant endosser les buts politiques, ceux des organisations palestiniennes de résistance, qui ne laissent à celles-ci d'autre voie que la lutte armée.
...Ce résultat, inattendu avant l'ouverture de la conférence puisque les Palestiniens eux-mêmes avaient envisagé de ne pas y participer, est d'autant plus surprenant que la plupart des délégués - syndicalistes, parlementaires, hommes politiques ou d'Eglise, anciens ministres de soixante-quatorze pays - étaient apparemment venus avec la conviction que les États arabes avaient davantage besoin d'une paix honorable que de véhéments réquisitoires contre le sionisme et Israël. Beaucoup avaient tenté de reléguer le passé chargé de revendications légitimes ou passionnelles, à l'ombre du présent, dont les dures réalités pourraient inciter les intéressés à la conciliation sinon à la résignation.
Les promoteurs de la conférence et ses plus chauds partisans - les Égyptiens, les Soviétiques, les Français, ainsi que les communistes et les pacifistes de diverses nationalités - étaient de ceux-là. Ils ont dû quitter la conférence, déçus à des degrés différents, en tout cas conscients de leur impuissance relative devant la fascination quasi religieuse que peut exercer, en période de guerre ou de tension, un mouvement de guérilla sur une collectivité, si modérée ou pacifiste qu'elle voudrait être.
Les Palestiniens, en particulier les représentants d'El Fath, ont dominé, et de haut, la conférence.
...Les textes adoptés à la fin de la conférence ne repoussent ni la résolution du 22 novembre 1967 ni un règlement pacifique israélo-arabe. Ils cautionnent cependant l'idée que seule la création d'une " Palestine unifiée, laïque et démocratique ", pour reprendre les termes d'El Fath, est propre à apporter une solution durable au conflit, ce qui est une manière de remettre en cause, à terme il est vrai, l'existence de l'État juif, celui-là même que l'on invite aujourd'hui à se plier aux recommandations de l'O.N.U.
...L'une des conclusions majeures que l'on peut tirer de cette conférence est que le mouvement palestinien est devenu un facteur politique de première importance au Moyen-Orient, qu'aucun dirigeant arabe ne peut raisonnablement ignorer. C'est l'avis de M. Robert Buron, qui nous a déclaré : " Si le fait israélien s'est concrétisé en 1947-1948, la principale conséquence de la guerre de six jours a été de cristalliser le fait palestinien. À long terme, Israël pourra regretter d'avoir provoqué lui-même la renaissance de la nation palestinienne.
De l'avis général, ici, rien ne pourrait en effet être réglé en dehors, et encore moins contre la volonté des Palestiniens. Ce qui ne favorise pas, à n'en pas douter, la recherche d'une solution à un problème déjà passablement complexe.”1