15 novembre 1988 : le Conseil national palestinien, qui est le Parlement de l’OLP, décide après d’âpres discussions à Alger, mais par une majorité de 253 voix contre 46, de reconnaître les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l’ONU et proclame l'indépendance de l’État de Palestine.

Le nouvel État, qui n'a pas de base territoriale effective est néanmoins reconnu par une quarantaine de pays dans les jours suivants.

Le texte, qui conteste la notion israélienne de la terre sans peuple, proclame le nouvel État avec pour capitale Jérusalem fondé sur un régime parlementaire démocratique fondé sur la séparation de pouvoirs et le respect des libertés démocratiques classiques.

 

 

Il se place sous l'autorité de la résolution n°181 de partage de 1947 :

' En dépit de l'injustice historique imposée au peuple arabe palestinien, qui a abouti à sa dispersion et l'a privé de son droit à l'autodétermination au lendemain de la résolution 181(1947) de l'Assemblée générale des Nations unies, recommandant le partage de la Palestine en deux États, l'un arabe et l'autre juif, il n'en demeure pas moins que c'est cette résolution qui assure, aujourd'hui encore, les conditions de légitimité internationale qui garantissent également le droit du peuple arabe palestinien à la souveraineté et à l'indépendance.

L'État de Palestine affirme également qu'il croit au règlement des conflits régionaux et internationaux par des moyens pacifiques, conformément à la Charte et aux résolutions des Nations unies. Il condamne la menace de l'usage de la force, de la violence et du terrorisme, de même qu'il rejette leur utilisation contre son intégrité territoriale ou celle d'autres États. Ceci sans contester son droit naturel à défendre son territoire et son indépendance. '

François Mitterrand déclare pour sa part que

' la France a pris acte de la proclamation d’Alger et reconnaît le droit des Palestiniens à vivre sur un territoire constitué en État indépendant.'1

Pour Samaha Khoury2,c'est une étrange déclaration d'indépendance, dont le but est sans doute de reprendre la main face à l'intifada déclenchée un an plus tôt :

' L’État palestinien n'existe pas à cette époque, pas plus qu'aujourd'hui. Étrange déclaration, surtout par son contenu. Car Arafat reprend presque terme à terme, le plan et l'argumentation de la proclamation d'indépendance lue par Ben Gourion le 14 mai 1948. Ce dernier avait mis en avant trois raisons, en réalité, trois socles de légitimité qui justifiaient à ses yeux l'érection de l’État d'Israël (…). Le discours d'Arafat, en 1988, se moule sur celui de Ben Gourion. Il en épouse les contours, évoquant les mêmes légitimités, reprenant les mêmes arguments, mais en les orientant, bien entendu dans le sens de la fondation de l’État palestinien. A la légitimité historique mise en avant par Ben Gourion, Arafat oppose l'histoire palestinienne comme permanence d'une occupation continue du sol.

(…) et ironie du sort, les Palestiniens reviennent sur leur refus de 1947. Ils acceptent aujourd'hui ce qu'ils ont refusé hier. Ce faisant leur geste est différent de celui d'Israël qui a accepté en son temps et d'emblée cette résolution à qui il doit son existence. Dans le cas des Palestiniens, il ne s'agit ni plus ni moins de la révision critique d'une position historique qui avait conclu au rejet d'une légalité à présent fondatrice. En réalité, tout se passe comme si les Palestiniens en étaient arrivés à réclamer par les textes un État qui leur était dû par les faits.

Toujours pour l'auteur, l'épisode, gros de sens, reconnaît l'erreur d'une stratégie dépassée.

1 L'engagement de François Mitterrand au Proche-Orient, JP Fliu,2011

2 Samaha Khoury est l'auteur de Palestine – Israël : Approches politique et historique (2002). Il est Professeur à l'université Bordeaux 3, Directeur de l'Institut d'Etudes Orientales (IDEO)

 

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