La liquidation d'Abou Djihad, de son vrai nom Khalil al-Wazir, menée dans la nuit du 15 au 16 avril 1988 à 2300 kilomètres des côtes israéliennes est restée comme l'une des actions d'éclat de la fameuse "sayérète matkal", l'unité d'élite connue également sous le nom du "commando de l'état-major".
Cette mission visait à décapiter la première Intifada palestinienne, qui avait éclaté un an plus tôt, dont Abou Djihad était le dirigeant.
L'opération fut conduite par un groupe de 26 soldats, débarqués dans le plus grand secret sur une plage de Tunis.
Le commando était dirigé par Moshé Ayalon, l'actuel ministre des Affaires stratégiques. L'adjoint de Moshé Ayalon, Nahoum Lev s'était confié au Yedioth Aharonoth il y a plus d'une décennie avant de mourir en 2000 dans un accident de moto. Durant toutes ces années, ses confidences ont été soumises à la censure qui ne vient donc d'être levée que vingt-quatre ans après les faits.
« J'ai tiré sur lui sans la moindre hésitation ». Dès leur arrivée sur la plage de Tunis, le commando de la sayérète matkal s'était scindé en deux groupes. Le plus grand nombre était resté en appui logistique, tandis que huit hommes en civils conduits par Nahoum Lev s'étaient dirigés vers la villa d'Abu Jihad. Grâce à des complicités locales, les tueurs avaient à leur disposition des véhicules immatriculés en Tunisie à bord desquels ils s'étaient approchés jusqu’à 500 mètres de la résidence du leader palestinien, située dans un quartier chic et résidentiel de Tunis. Tout était allé ensuite très vite, mais les détails révélés par l'ancien adjoint de Moshé Ayalon méritent qu'on s'y arrête. Accompagné d'un soldat déguisé en femme, afin de passer pour un couple en balade nocturne, Lev s'était approché d'un air nonchalant sur le trottoir longeant la maison. Lui aussi habillé en civil, à la mode tunisienne, il tenait dans ses mains une boîte de chocolats dans laquelle était dissimulé un pistolet muni d'un silencieux.1