La présence juive à Izmir pendant l’Empire Ottoman
Selon les recensements des 1528 et 1575, aucune communauté juive n’est à noter à Izmir. Cependant, deux pierres tombales aux inscriptions hébraïques datant de 1540 et 1565 ont été excavées, confirmant de fait la présence d’une communauté juive. Il faut cependant noter que des doutes existent sur l’authenticité de ces tombes.
À la fin du XVIe siècle, pour des raisons variées, des juifs émigrent depuis Salonique, Safed et Tyre. Au cours des XVIe et XVIIe siècles, des juifs du Portugal, d’Ankara, de Patras, des îles Égées, de l’est de la Méditerranée, et même aussi loin que l’Europe de l’Ouest s’établissent à Izmir. La présence de juifs karaites ashkénazes est également connue.
À la période ottomane, la première synagogue –Bakish (Sason ou Eben Kis)- fut fondée en 1616-17. En 1634, on comptait quatre synagogues à Izmir, cinq en 1636 et sept en 1661. Après la synagogue Bakish, furent fondées -par ordre chronologique, la synagogue Pinto de la congregation de Tyre (années 1630 ou 1640), la synagogue Portugaise (années 1630), Neve Shalom (années 1640). En 1660, les synagogues Giveret, Algazi et Orehim furent fondées.
La première Juderia (Ikiçeşmelik)
Izmir était divisée en cinq quartiers : turc musulman, arménien, juif, grec et levantin. Le quartier juif d’İkiçeşmelik était situé entre les rues Kadifekale, Basmane et Havra et était composé des pâtés de maison suivants : Hahambaşı (grand rabbin), Efrati, Çavez, Hurşidiye, Yeni, Tsontsino et Bene Israel. Ces blocs étaient voisins des quartiers turc musulman et arménien. Les juifs vécurent dans cette première Juderia jusqu’en 1865, quand Karatas et ses abords furent construits.
La seconde Juderia (Karatas)
La muraille romaine et le cimetière juif antique constituait la bordure sud d’Izmir. Le cimetière Maşatlık était le plus ancien de la communauté juive d’Izmir jusqu’à sa destruction en 1926. En 1865, la zone bordant le cimetière fut construite pour abriter un nouveau quartier. La population juive de Karatas augmenta rapidement et des synagogues et écoles juives virent le jour. Les juifs prospères de la première Juderia emménagèrent à Karatas. Des Yahudihane (des maisons pour abriter les juifs nécessiteux) furent également construites.
La période de crise
Avec leur immigration constante, les juifs d’origine espagnole devinrent la majorité de la communauté d’Izmir. Leur position sociale dans l’administration et les affaires en firent également la communauté la plus puissante.
Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, la communauté juive d’Izmir (ainsi que celle de Thessalonique et Istanbul) plongea dans un marasme social et politique.
En conséquence, l’autorité des rabbins se renforça, et la communauté préféra un système d’éducation scholastique et religieux aux écoles modernes. À la même période, les juifs espagnols perdirent leurs avantages dans les secteurs de l’administration et des affaires au profit des grecs et des arméniens.
Etz Hahaim Synagogue, Izmir. Photo by CJH – Wikipedia
Estimée à 55 000 en 1922, les juifs d’Izmir commencèrent à cette date et jusqu’à 1948 à émigrer vers les pays européens. Entre 1921 et 1929, environ 70 000 juifs émigrèrent d’Anatolie. À la naissance de l’État d’Israël en 1948, on ne compte plus qu’environ 3 000 juifs à Izmir.
En 2025, demeurent à Izmir un peu plus d’un millier de juifs.
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