1 en vertu de l’ISA, un simple non-renouvellement de l’autorisation annuelle administrative avait suffit.
2 In l’orient le jour du 14/10/2013 http://www.lorientlejour.com/article/837547/en-malaisie-un-journal-chretien-ne-peut-plus-ecrire-le-mot-allah.html
3 Putrajaya est la capitale administrative du pays
4 RFI 14 octobre 2013.
5 On trouve dans la traduction Malaise de la bible datant de 1612, dite Bible Al-kitab, la dénomination Allah pour Dieu. On le trouverait aussi dans le livre saint des sikh, le Sri Guru Granth Sahib dont l’écriture a été commencée par Guru Nanak (1469-1539) et compilée en 1604.
Un commentaire posté après l’article est (pour une fois) aussi intéressant. Le lecteur dont le pseudo est Klodwain écrit : L'interdiction d'utiliser le terme "Allah" ne figure pas dans le pacte d'Omar, qui est considéré comme un règlement conditionnant la protection des Musulmans à l'égard des Chrétiens (probablement aussi des Juifs) au respect d'une liste de limitations et de soumissions proche de la servitude. Ainsi par exemple la Haggadah de Paque imprimée à Tunis en 1940 (imprimerie Castro), en Hébreu avec traduction en Français et en Judéo-Arabe, les mots "Béni soit l'Eternel" sont traduits par "Mabrouk Allah" et même "Alleluiah" (Louez l'Eternel) par "Ash'herou Allah".
10 mars 2021 : La cour suprême de Malaisie tranche finalement le conflit sur l'utilisation du mot d'Allah par les Chrétiens qui dure depuis 1986: les chrétiens sont autorisés à appeler leur Dieu Allah, comme ils avait l'habitude de le faire.
6 http://eglasie.mepasie.org/asie-du-sud-est/malaisie/2013-10-14-controverse-sur-l2019usage-du-mot-2018allah2019-la-cour-d2019appel-casse-un-jugement-de-2009-favorable-a-l2019eglise-catholique in EDA Eglises d’Asie Agence d’information des missions étrangère de Paris
7 http://www.ajib.fr/2013/01/malaisie-allah/ consulté en janvier 2013
… l’interdiction de l’usage du mot ‘Allah’ par une publication de l’Eglise catholique. Par leur décision, les juges ont cassé un verdict rendu fin décembre 2009 par la Haute Cour de justice.
L’affaire est ancienne et a fait couler beaucoup d’encre en Malaisie. Elle oppose le gouvernement fédéral de Malaisie et l’archevêque du diocèse de Kuala Lumpur en sa qualité d’éditeur de l’hebdomadaire The Herald Catholic, lequel comprend quatre sections, en anglais, en chinois, en tamoul et en malais. En 2008, le gouvernement fédéral avait signifié à l’archevêque de Kuala Lumpur que l’autorisation de publication de l’hebdomadaire serait révoquée sauf à ce que la section en malais de The Herald cesse d’utiliser le mot ‘Allah’ dans ses colonnes à chaque fois qu’il y est question du Dieu des chrétiens. L’exécutif malaisien évoquait alors un risque de confusion auquel étaient exposés les musulmans qui viendraient à lire ce journal. L’archidiocèse avait porté l’affaire devant la justice et, le 31 décembre 2009, un jugement de la Haute Cour de justice lui donnait raison. L’appel interjeté par les avocats du gouvernement avait ensuite traîné en longueur, jusqu’à ce que le dossier soit soudainement réactivé après les élections législatives de juillet dernier.
Dans leurs attendus, les juges de la Cour d’appel recourent à plusieurs arguments pour justifier leur décision d’interdiction de l’usage du mot ‘Allah’ par The Herald. Ils s’appuient notamment sur l’article 11 de la Constitution fédérale, lequel défend le droit de toute personne à professer, pratiquer et propager sa religion, en soulignant son alinéa 4, qui introduit une clause interdisant la propagation « de toute croyance ou doctrine religieuse auprès de personnes professant la religion de l’islam ». The Herald étant disponible sur Internet, font valoir les juges, l’éditeur de ce magazine n’est pas en mesure de limiter la diffusion de sa section en malais aux seuls chrétiens de langue malaise, et il est donc légitime pour l’Etat de veiller à ce que la liberté religieuse ne débouche pas « sur le chaos et l’anarchie ».
Plus loin dans les attendus, les juges expliquent que « dans la Bible, Dieu est toujours désigné comme étant ‘Yahvé’ », que c’est là « un fait historique d’où il découle que le mot ‘Allah’ ne peut être compris comme faisant partie intégrante de la foi chrétienne et de la pratique religieuse des chrétiens, notamment dans l’Eglise catholique romaine », et que par conséquent « il est nécessaire d’accorder une juste reconnaissance aux noms qui sont donnés aux Dieux respectifs dans les différents livres saints, tels que ‘Yahvé’ dans la Sainte Bible, Allah dans le Saint Coran et le Dieu Vishnou dans les Saints Vedas ».
Ailleurs encore, les juges estiment que l’interdiction de l’usage du mot ‘Allah’ pour dire Dieu chez les chrétiens est nécessaire aux chrétiens eux-mêmes. En effet, expliquent-ils, la conception de Dieu chez les chrétiens telle qu’elle est explicitée dans la Trinité est absolument incompatible avec celle que recouvre Allah dans l’islam. « En d’autres termes, le potentiel de confusion n’est pas limité aux seuls musulmans mais il est également bien réel pour les chrétiens », écrivent les juges, en soulignant que les bibles dans leur traduction en langue arabe n’utilisent pas toutes le mot ‘Allah’ pour rendre le mot Dieu (1).
A la sortie du palais de justice de Putrajaya, le P. Andrew Lawrence, rédacteur en chef du Herald, a déclaré que « bien entendu » l’Eglise catholique appliquera la décision des juges. Il a aussi précisé que l’affaire sera portée devant la Cour fédérale de justice, dernier échelon du système judiciaire malaisien, et il a rappelé que la portée de l’arrêt prononcé ce 14 octobre ne concernait que The Herald, mais que les chrétiens, notamment dans la partie orientale de la Malaisie, à Sabah et Sarawak, continueront d’utiliser dans leur liturgie en malais et leurs bibles en malais le mot ‘Allah’. Sur le fond, il n’a pas caché que le jugement représentait « un pas en arrière pour la protection par la loi des libertés fondamentales des minorités religieuses [de Malaisie] ».
Quatre jours avant que le jugement soit rendu, dans une démarche inédite, des représentants des communautés chrétiennes de Sabah et Sarawak avaient publié un appel pour réaffirmer leur attachement à la liberté religieuse. Ils rappelaient que le compromis constitutionnel de 1963, notamment l’article 3 de la Constitution (« L’islam est la religion de la Fédération mais d’autres religions peuvent être pratiquées dans la paix et l’harmonie partout sur le territoire de la Fédération »), devait absolument être préservé, et que les 1,6 million de chrétiens vivant à Sabah et Sarawak, issus de plusieurs ethnies autochtones de cette région de Bornéo, étaient profondément attachés à l’expression en malais de leur foi chrétienne (2).
Dans les heures qui ont suivi l’annonce du jugement de la Cour d’appel, des prises de position contrastées ont montré combien cette affaire était sensible et « politisée », ainsi que l’a exprimé Mgr Murphy Pakiam, archevêque de Kuala Lumpur. Ainsi, Abdullah Zaik Abd Rahman, président d’Isma, une ONG défendant les mesures de discrimination positive prises en faveur des Malais – et donc des musulmans –, a mis en garde les chrétiens quant à leur « loyauté » envers le pays. « Ils [les chrétiens] peuvent choisir de déménager dans un autre pays s’ils ne peuvent accepter la suprématie de l’islam et [les institutions royales] qui protègent la suprématie de la religion », a-t-il déclaré, demandant aux chrétiens de sauvegarder l’harmonie entre « les races et les religions » en Malaisie.
A l’opposé de ces propos, des dirigeants du PAS (Parti Islam Se-Malaysia) ont tenu un tout autre discours. Parti islamiste mais membre de la coalition d’opposition au Barisan Nasional, dominé par l’UMNO au pouvoir, le PAS a accueilli le jugement du 14 octobre en rappelant qu’il était du droit des catholiques de faire appel. Khalid Samad, membre du comité central du PAS, a affirmé que l’affaire était plus politique que religieuse, les éléments extrémistes de la communauté malaise voulant se faire les champions de l’islam pour mieux ériger des barrières entre les Malais et les non-Malais. « Ils veulent maintenir une position particulière [pour les Malais] et défendre leur hégémonie (…). Ils cherchent à créer une distance entre les Malais et ceux qui ne le sont pas, de manière à ce que Malais et non-Malais ne se préoccupent pas des mêmes sujets, comme par exemple la question de la bonne administration de ce pays », a-t-il développé.
(eda/ra)