Un différent opposait la France à la Thaïlande sur la frontière entre cette dernière et l’Indochine (Laos notamment) .

La Thaïlande revendique notamment des iles sur le fleuve Mékong.malgré divers traités et conventions fixant la frontière entre l’Indochine et le Siam (3/10/1893, 13/02/1904,23/03/1907, 14/02/1925, 25/08/1926).

Le 9 septembre 1939, la Thaïlande se déclare neutre et des négociations commencent pour mettre fin au différent.

Le traité est signé le 12 juin 1940 fixant la frontière sur le lit du Mékong, de façon à permettre la navigation Thaï en toute saison.

Mais la défaite française, face aux Allemands en 1940,change la donne.Les thaï gardent des ambitions territoriales sur l’Indochine et sont persuadés de l’invasion imminente du Japon en Indochine. Les anglophiles sont de plus hostiles à la France.

Ceci pousse le premier ministre thaïlandais Phibun a tenter de récupérer les territoires abandonnés à la France durant le règne de Chulalongkorn. Ce sont les provinces de Melou Prei et de Tonlé Repou en 1904, les provinces de Battambang, de Sisophon et de Siem Reap en 1907 qui fut cédée en 1867 contre la reconnaissance du protectorat sur le royaume khmer  ; ces provinces furent toutes rattachées au Cambodge). Il s'agit aussi de venger les humiliations subies en 1893 et 1904 lors du rattachement du Laos à l'Indochine française.

L’affaiblissement de la métropole rend le maintien du contrôle français sur l’Indochine hasardeux et difficile. L’administration coloniale, privée d’aide et de renforts, est forcée d' autoriser les Japonais à s’installer en Indochine française après la prise de Lạng Sơn (offensive des 22-25 septembre 1940).Et la faible résistance française face à cette invasion convainc le régime de Phibun qu’un affrontement militaire tournerait à son avantage.

 

Après des manifestations nationalistes et anti-françaises à Bangkok, des escarmouches frontalières se succèdent le long du Mékong. L’aviation thaïlandaise, supérieure en nombre, bombarde de jour Vientiane, Sisophon, et Battambang en toute impunité. Les forces aériennes françaises tentent des raids en représailles, mais sans succès véritable.

Début 1941, les Thaï et les armées Isaan lancent une offensive sur le Laos et le Cambodge. La résistance lao française est en place, mais de nombreuses unités sont surpassées par les forces thaïlandaises, mieux équipées. Les Thaïlandais occupent rapidement le Laos.

Le 16 janvier 1941, la France lance une contre-offensive sur les villages thaïlandais de Yang Dang Khum et de Phum Preav, où se déroulent les plus féroces combats de la guerre. La contre-attaque française est taillée en pièces, et s’achève par une retraite, mais les Thaïlandais ne peuvent poursuivre les forces françaises, leurs chars ayant été cloués au sol par l’artillerie française.

Les Français remportent une bataille navale, mais perdent la guerre qui a fait environ 3400 morts.

Le Japon, désireux de s'assurer la collaboration militaire de la Thaïlande, intervient rapidement en médiateur dans le conflit. Un ultimatum impose d'abord aux deux belligérants un armistice, proclamé le 28 janvier.

Le 9 mai, la France, sous contrainte japonaise, signe un traité de paix, par lequel elle abandonne les provinces de Battambang et Siem Reap, prises au Cambodge, de Champassak et Sayaburi (prises au Laos qui cède ainsi les territoires sur la rive droite du Mékong) soit un territoire de plus de 50 000 km2 habité par 420 000 personnes. Ce traité est suivi d’un autre entre la France et le Laos le 21 août.

Cette annexion provoque, en juillet 1941, l’imposition par les États-Unis d'un embargo sur les livraison de pétrole vers le Japon et la création, avec l'aide des services secrets anglo-saxons, du Thaï Séri (les Thaïs libres), organisation clandestine anti-japonaise.

Le gouvernement thaïlandais promet oralement aux Japonais de leur laisser le passage sur son territoire dans le cadre de l'attaque sur la Malaisie prévue par l'Empire.

Le 8 décembre 1941, la Thaïlande n'ayant toujours pas répondu aux demandes japonaises, le Japon décide de passer outre et, afin de pouvoir passer en Malaisie, envahit le territoire de la Thaïlande. Cette invasion se conclut par la bataille de Prachuab Khirikhan et un cessez-le-feu quelques heures plus tard, puis la Thaïlande s’allie au Japon.

Les territoires annexés par la Thaïlande ne sont restitués qu'en novembre 1947 à la France, qui ne les conserve pas longtemps, car les territoires d'Indochine obtiennent l'indépendance peu après. La faiblesse que la France a révélée est un des facteurs de cette décolonisation.