Les tueurs tirent dans le restaurant après avoir déclenché une grenade. Ils remontent ensuite la rue en tirant sur les passants. Le quartier est rapidement bouclé, mais sans succès.

Malgré une revendication (retirée ensuite !) du groupe Action Directe, l'enquête du juge Bruguière incrimine le groupe palestinien Fatah-Conseil révolutionnaire, d'Abou Nidal.

 

 

L'attentat a eu lieu devant le restaurant Goldenberg rue des rosiers.

 

C'est déjà lui qui avait organisé l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic le 3 octobre 1980. Les trois terroristes, ont finalement été identifiés et localisés en 2015 (en Cisjordanie, Jordanie et Norvège) mais n'ont jamais été inquiétés du fait de la prescription. Abou Nidal est mort en 2002.

En 2007, le juge Marc TRÉVIDIC est chargé d’instruire l’affaire et succède à Jean-Louis BRUGUIÈRE.

Après de nombreuses années, l’enquête retrouve un nouveau souffle grâce à de nouvelles expertises balistiques. L’analyse des munitions recueillies sur les lieux de l’attentat conforte les enquêteurs qui penchaient au départ pour la piste de la nébuleuse terroriste palestinienne. En effet, après recoupements, il s’avère que les munitions des tueurs de la rue des Rosiers proviennent du même stock utilisé pour d’autres attentats par le Fatah-CR (Fatah-Conseil Révolutionnaire), organisation dissidente de l’OLP dirigée par Abou NIDAL.

 

Témoignages sous X

Les efforts de Marc TRÉVIDIC et des enquêteurs commencent à payer. En 2008, deux personnes acceptent de témoigner sous X, agissant ainsi de manière anonyme comme le prévoit la procédure pénale afin de les protéger contre d’éventuelles représailles. Ces témoins jouent un rôle-clé car ils sont d’anciens membres de la direction politique du Fatah-CR (Fatah-Conseil Révolutionnaire).

Les témoignages concordent et permettent d’identifier 3 membres du Fatah-CR comme étant les auteurs présumés de l’attentat de la rue des Rosiers.

Les suspects sont identifiés

 

Mouhamad Souhair Al-Abassi (alias Amjad Atta). Selon les témoins, il aurait supervisé l’attaque en choisissant la cible, la planification de l’opération, sans oublier de fournir les armes aux tireurs.

 

Il vit en Jordanie où une demande d'extradition présentée le 20 février 2015 par le Juge Marc Trévidic a été rejeté. (mais le parquet jordanien a fait appel).

 

Mahmoud Khader Abed (alias Hicham Harb) et Walid Abdulrahman Abou Zayed seraient les deux principaux exécutants de l’attaque.

 

Le premier réside à Ramallah, le second en Norvège.

Mandats d’arrêt internationaux

Le 20 février 2015, l’affaire de la rue des Rosiers connaît un tournant majeur lorsque le juge Marc TRÉVIDIC émet des mandats d’arrêt internationaux contre ces trois membres du Fatah-CR. Résidant rétrospectivement en Cisjordanie, Jordanie et Norvège, les auteurs présumés de l’attentat vont vraisemblablement faire l’objet d’un feuilleton judiciaire visant à obtenir leur extradition en France afin d’être entendus par le juge Marc TRÉVIDIC.

Le 9 mars 2015, les parties civiles ont été convoquées pour se voir exposer un point judiciaire sur le dossier par le juge d’instruction.1

Abou Nidal aurait passé un accord avec Phlippe Rondot de la DGSE selon lequel il n'aurait pas été inquiété par la France en s'engageant à ne plus y commanditer d'attentats.

L'accord est confirmé par Yves Bonnet, ex chef de la DST (1982-1985)2 :

“Nous sommes rentrés en relation avec l’organisation Abou Nidal. A partir de ce moment-là nous avons passé une sorte de marché non-écrit qui voulait que les gens d’Abou Nidal ne commettraient plus d’attentats en France, et en revanche je leur garantissais qu’ils pourraient venir en France ».

Il se justifie ainsi :

« Moi, continue-t-il, j’avais à me préoccuper de ce qu’il pouvait arriver. Et ce qu’il pouvait de nouveau arriver, c’est qu’un attentat comme ça soit de nouveau perpétré. Notamment contre mes compatriotes juifs, ou contre des gens qui avaient l’autorisation de séjourner en France, d’aller et venir, comme l’OLP

 Je comprends bien les parents des victimes qui nous reprochent d’avoir discuté avec ces gens-là, admet-il volontier. Mais moi je n’étais pas chargé de la vengeance, j’étais chargé d’assurer la sécurité de mes concitoyens. Et pour cela j’ai imaginé que la France soit pour l’ensemble des acteurs du conflit israélo-palestinien une terre où l’on ne s’entre-tue plus »1

1TOI 10 février 2019

Le 19 septembre 2018, le président de l'association française des victimes du terrorisme, Monsieur Denoix de Saint-Marc avait interpellé le président Macron à ce sujet :

Quand les juges d’instruction sont parvenus à avancer, la non efficacité des mandats d’arrêts internationaux pour des raisons politiques, concoure à l’impunité des terroristes..Je prends pour exemple l’attentat de la rue des Rosiers, survenu le 9 août 1982, nous attendons toujours que quatre suspects, identifiés, vivants en Norvège, en Jordanie et en Cisjordanie, soient entendus par le juge d’instruction.. Dans de telles situations, quand l’application du droit est stoppée, le politique doit prendre le relais. M. le Président, votre intervention personnelle et celle du gouvernement est indispensable. Vous êtes notre dernier recours pour faire bouger les lignes”3

 Le 9 septembre 2020, Abou Zayed, naturalisé Norvégien depuis 1997, est arrété en Norvège et le 25 septembre 2020, la justice novégienne considère son extradition possible. Ce n’était pas lcas lors d’une première demande en 2015, car alors la Norvège n’extradait pas ses ressortissants.

L'attentat sera à la source de l'affaire franco-française des 'Irlandais de Vincennes', ces personnes arretées par la cellule antiterroriste de l'Elysée comme responsables de l'attentat. Il s'avère que le capitaine Barril, à la tête avec Christian Prouteau de la cellule a apporté lui-même les pièces à conviction, armes, explosifs et documents compromettants..

 

1 Extraits du site de l'AFVT, Association française des victimes du terrorisme

2 Interview dans le documentaire:Histoire secrète de l'anti-terrorisme, de Patrick Rotman et Vincent Nouzille , France 2, 13 novembre 2018 cité par lemonde.info.

3 In LeMondejuif.info du 19 septembre 2018

 ***