Manifestants en marge de la conférence sur le racisme et l’intolérance à Durban |
« Le 2 septembre 2001, l’Organisation des Nations unies sous la présidence de Kofi Annan lance à Durban, en Afrique du Sud, la troisième conférence mondiale contre le racisme et l’intolérance. La LICRA est présente aux travaux de ce symposium.
En marge de cet événement, se tient un forum rassemblant plus de 6000 organisations non-gouvernementales. Pour la plupart tiers-mondistes, elles veulent profiter de la médiatisation de la Conférence pour dénoncer « le racisme de l’Occident, des États-Unis et d’Israël contre les pays arabes », tenter de faire inscrire Israël sur la liste des États pratiquant l’apartheid et invoquer « l’alliance impie entre le racisme sud-africain et le sionisme ».
Le déferlement antisémite va plomber les travaux de la Conférence. Sur les panneaux et les banderoles des manifestants, l’antisémitisme s’affiche sans vergogne :
« One jew = One bullet » (Un juif = une balle), accompagnés de caricatures baignées dans la haine des Juifs. Des pamphlets antisémites sont diffusés sur le forum : les Protocoles des Sages de Sion et Mein Kampf sont mis en vente sur les stands de certaines ONG. Des heurts éclatent et des militants d’associations juives sont molestés.
Au début de la conférence, son président, Kofi Annan annonce qu’il exclut toute référence au sionisme. Le lendemain, les délégations des États-Unis et d’Israël quittent la conférence le 3 septembre. La France et les autres pays de l’Union européenne menacent d’en faire de même si le sionisme est assimilé à du racisme. Une déclaration finale contre le racisme est votée, à l’arraché, par la conférence. Finalement, le 58e point du rapport final de Durban dispose «que l’Holocauste ne doit jamais être oublié», le 61e point critique la «montée de l’antisémitisme et de l’islamophobie dans diverses régions du monde».
En revanche, le document final produit par le forum des associations est trempé dans la haine : l’appel au boycott d’Israël, accusé
«d’épuration ethnique et de génocide contre le peuple palestinien» suscite l’indignation et est dénoncé par la LICRA, Amnesty International et la Ligue des Droits de l’Homme. Avec la conférence de Durban, l’antisémitisme fait un saut dans la mondialisation et se mesure désormais à l’échelon international. Trois jours après la fin des travaux, les attentats du 11 septembre achèvent de faire découvrir au monde l’horreur du terrorisme islamiste dont l’idéologie baigne dans l’antisémitisme et le négationnisme. »"1
Malka Marovich partage l’analyse2 :
" Dans le forum des ONG, l’antisémitisme se déchaîne : exposition de dessins, diffusion des Protocoles des sages de Sion, de Mein Kampf, agressions de personnes identifiées comme juives, appel au meurtre des Juifs dans un stade de deux mille personnes enthousiastes à l’issue du discours fleuve de Fidel Castro.
Le caucus des ONG européennes, quant à lui, est l’objet d’un putsch et réduit à néant pour avoir voulu se dissocier publiquement des passages du texte des ONG qui appellent au boycott d’Israël, l’assimilent à l’apartheid, parlent « d’épuration ethnique » et de « génocide », etc. Agressions, menaces, accusations, pour ceux qui résistent, d’être « payés par les Juifs », d’être des « zionist pig lovers »!
Du côté des gouvernements, les envolées oratoires n’ont pas de limite non plus. Yasser Arafat le premier n’hésite pas à utiliser ce vocabulaire : « apartheid », « épuration ethnique » « génocide ». Le Canada proteste par écrit et reste. Israël et les États-Unis partent. L’Union européenne hésite, puis décide de continuer les discussions pour épurer le texte des termes inadmissibles. Louis Michel, ministre des Affaires étrangères de la Belgique qui préside alors l’Union Européenne, tient jusqu’au bout. Après d’âpres négociations, le texte des gouvernements est débarrassé de ce que l’on appelle alors, selon la formule consacrée, « le langage de haine »