Interview de Salah Shehade par Islam Online, 29 mai 2002
Extrait et traduit par le Middle East Media Research Institute
Le 23 juillet 2002, les forces israéliennes ont tué Salah Shehade, commandant de la branche opérationnelle de l'organisation terroriste Hamas. Voici des extraits d'un entretien mené avec Shehade deux mois plus tôt.
Comment choisir un martyr
Q : "Comment choisir qui va mener une opération de martyre ?
Shehade : "Le choix se fait en fonction de quatre critères :
Premièrement, la pratique religieuse.
Ensuite, nous vérifions que le jeune homme se conforme aux souhaits de ses parents et est aimé par sa famille, et que son martyre n'affectera pas [négativement] la vie familiale - c'est-à-dire qu'il n'est pas le chef de famille et qu'il a des frères et sœurs, car nous ne prendrons pas un enfant unique.
Troisièmement, sa capacité à mener à bien la tâche qui lui a été confiée et à en comprendre la gravité ;
et quatrièmement, son martyre devrait encourager d'autres personnes à mener des opérations de martyre et à encourager le Jihad dans le cœur des gens. Nous préférons toujours les hommes non mariés…"
La recherche du martyre montre la santé mentale
Q : "Comment expliquez-vous le flux de jeunes [venant] rejoindre les rangs des auteurs d'opérations de martyre ? Et cela témoigne-t-il d'une bonne santé [mentale] ou d'une volonté d'échapper à la frustration et à la déception des Palestiniens ?
Shehade : "Le flux de jeunes [qui cherchent] à atteindre le martyre montre la santé [mentale] et la conscience de la société palestinienne, et n'est pas une erreur ou une fuite d'une situation de désespoir ou de frustration. Beaucoup de gens viennent au Jihad, et ils sont prêts à donner leur âme - ce qui est la chose la plus précieuse qu'un homme possède. Il y a une grande différence entre quelqu'un qui sacrifie de l'argent ou une offrande et quelqu'un qui sacrifie son âme au nom d'Allah pour apporter le bonheur à la nation, et pour lui enlever ses tourments et sa détresse. Néanmoins, nous ne pouvons pas offrir à tout le monde une opération de martyre car les cibles sont limitées et les positions ennemies que nous voulons atteindre sont très fortifiées. Si certains des jeunes ne suivent pas les instructions de l'appareil militaire et [se mettent en route pour des opérations de leur propre chef] sans être officiellement liés à cet appareil, cela prouve que la nation [toute entière] est devenue une nation de Jihad au seuil de la libération, et qu'elle rejette l'humiliation et la soumission".
Comment choisir une cible
Q : "Comment l'appareil militaire choisit-il une cible ?
Shehade : "Nous avons des groupes de surveillance dont le rôle est de surveiller les patrouilles israéliennes et de colons ainsi que les mouvements de l'ennemi à la frontière. Nous utilisons toutes les brèches que nous trouvons dans la clôture de sécurité de l'ennemi. Ensuite, nous définissons la cible et la nature de l'attaque, qu'il s'agisse d'une colonie1, d'un poste militaire, d'un véhicule militaire ou de quoi que ce soit d'autre. La cible est filmée, puis [la vidéo] est présentée à un comité nommé par l'État-major général des opérations militaires. Une fois la cible approuvée, l'auteur de l'opération de martyre est formé... Ensuite, l'opération est prête à partir, après qu'un groupe d'experts ait approuvé le plan et déterminé les facteurs de son succès ou de son échec".
Si nous tuons un enfant israélien, ce n'est pas intentionnel
Q : "Et tuer des citoyens israéliens ?
Shehade : "Nous ne ciblons pas les enfants, les personnes âgées et les lieux de culte, bien que ces lieux de culte incitent au meurtre des musulmans. De même, nous n'avons pas ciblé les écoles, car nous ne donnons pas l'ordre de tuer des enfants. Il en va de même pour les hôpitaux, bien que cela soit facile pour nous, et réalisable. Nous agissons selon les principes du Jihad auxquels nous adhérons. Notre devise est la suivante : Nous ne combattons pas les Juifs parce qu'ils sont Juifs, mais parce qu'ils occupent notre terre2. Nous ne les combattons pas à cause de leur religion, mais parce qu'ils ont usurpé notre terre. Si nous tuons un enfant, ce n'est pas intentionnel…"
* * *
1 Il n'y a pas de colonie près de Gaza, mais le territoire israélien internationalement reconnu.
2 Pas Gaza qui n'est plus occupé depuis 2006 mais donc Israël considéré comme la Palestine occupée.