La revendication arabe de Jérusalem comme capitale apparait comme calquée sur les aspirations israéliennes. La ville n'a pas de signification particulière pour les arabes de Palestine avant la fin du XXe siècle en dehors de son aspect religieux.

Troisième ville sainte pour l'Islam Sunnite, après la Mecque et Médine, elle n'a jamais été une ville particulièrement importante aux yeux des arabes de Palestine, si ce n'est pour ces deux symboles que sont le Dôme du rocher et la mosquée Al-Aqsa. D'un point de vue religieux, Jérusalem est en net retrait sur les deux centres religieux d'Arabie. Le prophète n’y a jamais vécu. Il n'est pas venu sur place, hormis dans son 'rêve nocturne' interprété deux siècles plus tard par les exégètes musulmans.

Lorsqu’émerge le mouvement indépendantiste palestinien après 1967, c’est un mouvement laïc. D’années en années, à partir de 1987 il passe d'une laïcité affichée à un rattachement fort à l'Islam, et maintenant à l'Islamisme.

Ainsi du fait de ce rapprochement du politique et du religieux, mais aussi afin de contrecarrer les aspirations israéliennes sur la ville, Jérusalem devient la ville souhaitée comme Capitale d'un future Etat palestinien.

La première revendication, somme toute assez récente date de 1977. Elle est attribuée à Zuhair Mohsen, un responsable de l'OLP  qui déclarait pour la première fois : " la question palestinienne est une question de libération nationale et le peuple  palestinien n'acceptera pas une solution de paix qui ne garantisse pas son droit à établir son propre Etat, avec Jérusalem pour Capitale". Le discours d'Arafat à l'Onu en 1974 ne le mentionne pas, pas plus que la déclaration d'indépendance de l'Etat de Palestine en 1988.

Les accords d'Oslo en 1993  laissent de côté le règlement du statut de Jérusalem. Et il ne s’agit là que de la souveraineté sur la ville,  pas forcément d’en faire une Capitale.

Au sommet de Taba en janvier 2001, Les deux parties acceptent la suggestion de Bill Clinton d'avoir une « ville ouverte », avec une souveraineté palestinienne sur les quartiers arabes et une souveraineté israélienne sur les quartiers juifs de Jérusalem. Les Israéliens concèdent pour la première fois que la ville puisse être la capitale de deux États: « Yerushalaim », capitale d'Israël, et « Al-Qods », capitale de la Palestine.

L'idée est reprise lors de l'initiative arabe de Paix en 2002 puis inscrite dans la loi fondamentale de Palestine en  2003. l'Etat de Palestine y est défini comme " une démocratie parlementaire qui a Jérusalem pour capitale, l’arabe comme langue officielle, l’islam pour religion officielle, et les principes de la charia comme principale source de droit."

Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, répète depuis à l'envie : "Jérusalem est et restera éternellement la capitale de l'Etat de Palestine (...) Et il n'y aura ni paix, ni stabilité sans cela".

La déclaration du porte parole Nabil Abu Rdeinneh le 19 janvier 2024, en pleine guerre d'Israël à Gaza est rigoureusement identique "Sans la création d'un Etat palestinien avec Jérusalem-est comme Capitale sur les frontières de 1967,  il n'y aura "ni sécurité, ni stabilité dans la région". Une menace explicite, qui renvoie aux actions de déstabilisation passées des Palestiniens en Jordanie ou au Liban.

La nouvelle revendication a donc pris corps dans les années 1990. Il paraît  maintenant difficile d’envisager une négociation sur l'indépendance sans l’intégrer aux discussions.  Une évidence pour certains, mais une évidence finalement très récente.