≡
Open menu
Accueil
Chercher
Jérusalem
Israël
Juifs
Judaïsme - religions
Mon balagan
Juifs d'ailleurs
Juifs de France
Textes
Japon
Asie du sud-est
France
Recettes
Poèmes
Alimentation
à propos
Chronologie
Sources
Focus
Victor Hugo : Booz endormi
.
3022 Hits
Booz s’était couché de fatigue accablé ;
Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.
Ce vieillard possédait des champs de blés et d’orge ;
Il était, quoique riche, à la justice enclin ;
Il n’avait pas de fange en l’eau de son moulin ;
Il n’avait pas d’enfer dans le feu de sa forge.
Sa barbe était d’argent comme un ruisseau d’avril.
Sa gerbe n’était point avare ni haineuse ;
Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse :
« Laissez tomber exprès des épis », disait-il.
Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc ;
Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.
Booz était bon maître et fidèle parent ;
Il était généreux, quoiqu’il fût économe ;
Les femmes regardaient Booz plus qu’un jeune homme,
Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.
Le vieillard, qui revient vers la source première,
Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ;
Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l’œil du vieillard on voit de la lumière.
*
Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens.
Près des meules, qu’on eût prises pour des décombres,
Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ;
Et ceci se passait dans des temps très-anciens.
Les tribus d’Israël avaient pour chef un juge ;
La terre, où l’homme errait sous la tente, inquiet
Des empreintes de pieds de géants qu’il voyait,
Était encor mouillée et molle du déluge.
*
Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,
Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ;
Or, la porte du ciel s’étant entre-bâillée
Au-dessus de sa tête, un songe en descendit.
Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne
Qui, sorti de son ventre, allait jusqu’au ciel bleu ;
Une race y montait comme une longue chaîne ;
Un roi chantait en bas, en haut mourait un Dieu.
Et Booz murmurait avec la voix de l’âme :
« Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ?
Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt,
Et je n’ai pas de fils, et je n’ai plus de femme.
» Voilà longtemps que celle avec qui j’ai dormi,
Ô Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre ;
Et nous sommes encor tout mêlés l’un à l’autre,
Elle à demi vivante et moi mort à demi.
» Une race naîtrait de moi ! Comment le croire ?
Comment se pourrait-il que j’eusse des enfants ?
Quand on est jeune, on a des matins triomphants ;
Le jour sort de la nuit comme d’une victoire ;
» Mais, vieux, on tremble ainsi qu’à l’hiver le bouleau ;
Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe.
Et je courbe, ô mon Dieu ! mon âme vers la tombe,
Comme un bœuf ayant soif penche son front vers l’eau. »
Ainsi parlait Booz dans le rêve et l’extase,
Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ;
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.
*
Pendant qu’il sommeillait, Ruth, une moabite,
S’était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.
Booz ne savait point qu’une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d’elle.
Un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
L’ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
Les anges y volaient sans doute obscurément.
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.
La respiration de Booz qui dormait,
Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
Les collines ayant des lys sur leur sommet.
Ruth songeait et Booz dormait ; l’herbe était noire ;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C’était l’heure tranquille où les lions vont boire.
Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre
Brillait à l’occident, et Ruth se demandait,
Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été,
Avait, en s’en allant, négligemment jeté
Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.
Tags:
poesie
Victor Hugo
Prev
Next
Recently Added
Meir Har-Zion (1934-2014), unité 101
Eliyahu Golomb (1893-1945), la légion juive
Orde Wingate (1903-1944), Special nights squads
Yitzhak Sadeh (1890-1952), fondateur Palmach
Rachel Yanait Ben Zvi (1886-1979)
Yitzhak Ben Zvi (1884-1963), deuxième président d'Israël
630 : la destruction des juifs de Medine
L'esplanade des mosquées - le Mont du Temple
Vision des Juifs dans le Coran et les hadiths
L' année 2025
Islam & Islamisme
Pogroms et émeutes anti-juives en pays arabo-musulmans
Les intellectuels et penseurs du sionisme
Golda Meïr 1898 - 1978, la grand-mère d'Israël
Menahem Begin 1913 - 1992, la paix avec l'Egypte
Menachem Ussiskhin 1863 - 1941, sioniste pratique et culturel
Exil et réfugiés
David Ben Gourion 1886 - 1973, le vieux lion
Chaïm Weizzmann 1874 - 1952, le premier président
Abraham Stern 1907 - 1942 : la voie du terrorisme
1948 : Les Juifs en Egypte - Pogrom du Caire 1945 (article)
A l'origine du sionisme
Construction d'Israël et vagues de peuplement
Abraham Isaac Kook 1865-1935, sionisme religieux
Max Nordau 1849-1923, l'alter ego de Herzl
Haïm Margalit-Kalvarisky 1868 - 1947, sioniste territorialiste
Arthur Ruppin, 1876 - 1943, sioniste territorialiste
Le sionisme
Vagues d'Alyah en Israël
2002 - Palestine, loi fondamentale (texte)
Martin Buber 1878-1965
Sholem Aleikheim, 1859 - 1916, le Yiddish comme langue nationale des Juifs
Israël Zangwill 1864 - 1926, sionisme territorialiste
Ahad Haam 1856-1927, sioniste spirituel et culturel
Leo Strauss 1899-1973, sionisme politique
Jacob Klatzkin 1882 - 1947, normaliser la condition juive
Vladimir Ze'ev Jabotinsky,1880-1940
Théodor Herzl 1860-1904
Haïm Arlozoroff 1889 - 1933, travailliste
Nahum Sokolow 1859- 1936
Edmond Rothschild 1845 - 1934, financier du sionisme
Lionel Walter Rothschild, 1868-1937, déclaration Balfour
Bernard Lazare 1865 - 1903
Israël Belkin, 1861-1929
Eliezer Ben Yéhuda,1858-1922, rénovateur de l'hébreu
Bar Borochov 1881-1917, sioniste marxiste
Nahman Sirkin 1868-1924, sioniste travailliste
Nathan Birnbaum, 1864 - 1937
Sir Moses Montefiore, 1784-1885, sionisme pratique
Léon Pinsker, 1821-1891, l'émancipation
Moshe Lev Lilienblum 1843 - 1910, amant de Sion
Moses Hess 1812-1875
Le sionisme avant le sionisme
Sionisme : les précurseurs
La confiscation des biens des Juifs des pays arabes
Population de Palestine puis Israël
L’acquisition des terres en Israël
7 octobre 2023
Sionisme = racisme ?
Une histoire de l’accusation de génocide contre Israël (article Daniel Szeftel in Revue K)
Qu'est ce que l'antisionisme (texte , Denis Charbit, revue Alamer)
1901 - 24 juin : Lettre de Bernard Lazare à Theodor Herzl
L' année 2024 en Israël
2025 - 15 janvier : Accord entre Israël et le Hamas (texte)
2024 - 27 mai : Proposition d'accord d'Israël au Hamas
1937 : Plan Peel
Sionisme et colonialisme
Projets d'établissement d'un Etat Juif hors Palestine
1948 - 2021 : retour sur l'histoire du sionisme - conférences AKADEM
1896 : parution de l'État juif de Theodor Herzl
Tags