La densité de population de la Palestine en 1878 était de 16 habitants par kilomètre carré (moins que le département de la Creuse, ce désert français) soit une centaine d’hectares pour deux ou trois foyers. Rapporté à la superficie de Paris, la population parisienne serait de 1680 habitants.

« Entre la Première et la Seconde Guerre Mondiale, la population juive avait augmenté de 470 000 personnes alors que, dans le même temps, la population non juive augmentait de 588 000 personnes. En fait, entre 1922 et 1947, la population arabe avait augmenté de 120%.

Cette croissance rapide était la résultante de différents facteurs. L’immigration en provenance des pays voisins, constituée d’Arabes qui voulaient profiter d’un niveau de vie supérieur rendu possible par les Juifs, représentait 37% de l’immigration totale de ce qui allait devenir l’état d’Israël. La population arabe augmentait aussi grâce à l’amélioration des conditions de vie créées par les Juifs, asséchant les marécages générateurs de malaria et améliorant les conditions médicales d’hygiène et de santé de la région. Ainsi, par exemple, le taux de mortalité infantile chez les Musulmans tomba de 20,1% en 1925 à 9,4% en 1945, et l’espérance de vie s’éleva de 37 ans en 1926 à 49 ans en 1943.

La population arabe augmenta considérablement dans toutes les villes où d’importantes communautés juives avaient créé de nouvelles possibilités économiques. De 1922 jusqu’à 1947, la population non-juive augmenta de 290% à Haïfa, de 131% à Jérusalem et de 158% à Jaffa. Alors que la croissance dans les villes arabes était bien plus lente : 42% à Naplouse, 78% à Jénine et 37% à Bethléem. »1

Pour Dominique Perrin, auteur d’une terre pour deux peuples, l’un des grands courants de l’histoire du XIXe siècle est le mouvement des nationalités et la Palestine est concernée à un double titre par ce phénomène :

  • elle est au cœur du projet qui se forme dans une partie des communautés juives d’Europe de reconstituer une nation juive indépendante, qui dispose d’un territoire qui lui soit propre. Les promoteurs de ce projet n’envisagent, pour la plupart d’entre eux, sa réalisation que sur la Terre qui a vu naître le peuple d’Israël et le judaïsme ;

  • elle est partie prenante d’un mouvement de réveil national qui gagne les élites des territoires arabes de l’Empire Ottoman. Il n’y a pas à l’origine de nationalisme arabe spécifiquement palestinien. Pour les nationalistes arabes, la Palestine n’est qu’une composante de la nation arabe qu’ils ambitionnent de constituer et dont les limites envisagées restent relativement floues.

1Israël, mythes et réalités p.19