1929 est une année sanglante en Palestine. Des émeutes et massacres ont eu lieu à Safed, Hébron et Jérusalem avec des centaines de morts et de blessés. La commission Shaw essayera dans son rapport de comprendre les causes de ces émeutes et pogroms.
L'internationale communiste analyse aussi les massacres, mais y voit conformément à son idéologie un mouvement de paysans qui se soulèvent contre les suppôts de l'impérialisme et le colonialisme occidental. La réthorique sera récupérée dans les années 50 par les tiers-mondistes puis aboutira en 1975 à la résolution sionisme = racisme au nom de l'anticolonialisme.
L'internationale communiste voit aussi dans ces progroms ("une révolution démocratique bourgeoise" et "une réponse à la provocation anglo-sioniste") le début d'un vaste soulèvement révolutionnaire des masses arabes..
- Extraits -
Résolution du Secrétariat politique
du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste
sur le mouvement insurrectionnel dans la nation arabe
16 octobre 1929,
... La désunion nationale des Arabes, le caractère fragmenté de la nation arabe, rompue en un grand nombre de petits pays, la division de la nation arabe entre quelques puissances importantes, l’absence complète de droits politiques pour la population indigène, la colonisation sioniste par la force et l’usage de toujours plus de pression de la part des impérialismes français et britanniques sur les pays arabes, représentent un groupe de causes ayant motivé le mouvement insurrectionnel.
Un deuxième groupe de causes ayant motivé les événements en Palestine consiste dans le vol des terres des paysans arabes au bénéfice de la colonisation sioniste (souvent en collusion avec les grands propriétaires terriens arabes), des grands propriétaires terriens arabes et des capitalistes étrangers., dans l’intensification de l’exploitation des paysans par des fermages et des impôts plus élevés et le développement de l’usure, dans la croissance rapide de l’économie marchande et monétaire et la différentiation de classe assez rapide dans les tribus bédouines.
La maturation de la crise révolutionnaire a été accélérée par la croissance du chômage, les mauvaises récoltes de 1928, l’agitation dans les pays arabes, la dissolution du parlement syrien, la crise du gouvernement irakien, les manifestations et grèves des ouvriers de Palestine et de Syrie, le nouveau traité anglo-égyptien, et la proximité d’une offensive du sionisme en déroute spirituelle, qui a ôté son masque socialiste et apparaît ouvertement comme une agence du capitalisme
... Le soulèvement palestinien... représente le commencement d’une grande vague des mouvements révolutionnaires de libération des pays arabes.
2. Ce mouvement se propage dans toute la nation arabe et a un profond caractère national. Il s’étend extrêmement vite aux autres pays arabes.
...Le mouvement est en train de passer à grande vitesse d’un conflit arabo-sioniste à un mouvement national paysan, auquel participe aussi la petite bourgeoisie urbaine. Les fellahs et les Bédouins sont les participants les plus actifs au mouvement insurrectionnel.
...
4. Ainsi, malgré le fait que le mouvement insurrectionnel ait été une réponse à la provocation anglo-sioniste, que les réactionnaires arabes (clergé et féodaux) ont cherché à mener dans la voie du pogrom, malgré le fait que dans sa phase initiale il ait été mené sous une direction réactionnaire, il n’en reste pas moins qu’il était un mouvement de libération national, un mouvement anti-impérialiste arabe, et surtout, par sa composition sociale, un mouvement paysan.
... Sans aucun doute, cette révolution démocratique bourgeoise se transformera en révolution socialiste.
6.
La bourgeoisie sioniste coloniale et ses laquais ont joué le rôle d’agent purs et simples de l’impérialisme britannique.
L’aile « gauche » du sionisme, le Poale Zion, a fusionné avec les fascistes juifs et a pris le parti de l’impérialisme britannique et de la bourgeoisie sioniste.
Les grands propriétaires arabes, les seigneurs féodaux et les sommités du clergé, unis dans l’assemblée islamique, ont capitulé depuis longtemps devant l’impérialisme britannique, et ont joué un rôle de traîtres, provocateurs et contre révolutionnaires.
Le Congrès national pan-arabe, qui ces dernières années a révélé clairement son caractère réformiste, n’a joué aucun rôle indépendant dans le mouvement, mais son aile droite a rejoint le camp réactionnaire des féodaux et des religieux.
Les fellahs, et en particulier les Bédouins, ont été les forces de base et dirigeantes du mouvement. Mais le mouvement paysan n’a pas coïncidé en temps voulu avec une action de classe organisée et indépendante du prolétariat des villes.
...La dénonciation du sionisme, en particulier de son aile gauche, comme une agence au service de l’impérialisme, reste comme par le passé une des tâches cardinales, et il faut se servir des leçons du mouvement pour le démontrer.
...La caractérisation du mouvement comme un pogrom et la résistance latente à l’arabisation sont des manifestations de l’influence sioniste et impérialiste sur les communistes.
Lire aussi :
- le texte intégral de la résolution de l'internationale communiste en 1929
- Jérusalem 1929 : massacre au mur occidental
- 1929, 24 aout : massacre à Hébron
- Rapport de la commission Shaw
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