"Il y avait environ 35 000 Juifs aux Indes lors de la création de l'État d'Israël. En 2020, ils ne sont plus qu’environ 3 000 dont 80% vivent à Bombay. On en trouve également à Calcutta, à Cochin et à New Delhi. Si l'Inde, avec ses 800 millions d'âmes est la plus grande démocratie de la planète, c'est un fait, comme le rappelait son Premier ministre, qu'elle n'a jamais connu, comme l'Europe ou le monde arabo-musulman, de tradition antisémite.
Certes, sous l'influence des Arabes en général et des Palestiniens en particulier, la presse indienne n'a pas toujours été tendre à l’égard d’Israël ces dernières années, mais on est loin de ce que l'on peut observer en Europe ou en Orient musulman. Par ailleurs, la renaissance, en 1948, d'un État juif a entraîné l'alyah d'un nombre conséquent de Juifs indiens.
Si, de nos jours, la plupart des Juifs indiens se retrouvent dans le secteur tertiaire : fonctionnaires, employés des chemins de fer, cadres municipaux, ou s'ils sont encore agriculteurs et commerçants, les réussites individuelles ont été nombreuses au cours des ans.
Ainsi, le général Jacobs qui commanda l'armée indienne dans la guerre contre le Pakistan, était juif. Tout comme le commandant de la marine indienne dans les années soixante-dix. Sans oublier le grand poète indien Nissim Ézékiel, son frère, l'économiste Hannan Ézékiel qui dirigea l'Economic Times, l'écrivain Bunny Ruben ou le zoologiste David Reuben. En 1884, deux Juifs, Elia Shalomé Subbay et Elia Ezra, siégèrent à l'assemblée législative du Bengale et, en 1926, le shérif de Calcutta s'appelait Sir David Ezra.
On considère généralement que la communauté juive indienne est composée de trois entités distinctes, elles-mêmes découpées en subdivisions plus ou moins nettes. Ce sont les Bnéi Israël, les Juifs de Cochin et les « Irakiens ».
À ces trois grands groupes, il convient d'ajouter les Juifs « chinois » de l'Assam et les néo-Juifs mongoloïdes du Mizoram et de sa capitale, Aizawl, appelés aussi « Mizos » ou « Kukies » qui se considèrent comme descendants de la tribu de Ménaché, à l'instar des Juifs de Burma, de l'État de Manipur et de celui de Nagaland et qui sont apparentés aux Karens de Birmanie.
Les Bnéi Israël, que l'on surnomme « Shanwar Teli », c'est-à-dire « Les Presseurs d'huile du samedi », prétendent que leurs ancêtres, de la tribu de Reuben, ont quitté la Galilée lors des persécutions d'Antiochus Épiphane (175 à 163 avant JC). Leur embarcation ayant fait naufrage dans l'Océan Indien, seuls sept hommes et sept femmes survécurent et se retrouvèrent sur la côte de Konkan, au sud de Bombay. Tout en observant, peu ou prou, le judaïsme, ils s'intégrèrent à la société hindouiste dont ils adoptèrent la langue, le marathi. Les Bnéi Israël sont répartis en« Blancs », les « Goras », et en « Noirs », les « Kalas » entre lesquels, la séparation, sur le modèle indien des castes, est très stricte.
Les Juifs de Cochin disent aussi venir de la Terre sainte qu'ils auraient quittée au premier siècle après la destruction du second Temple de Jérusalem. Ils auraient, eux, débarqué sur la côte de Malabar.
Dans la synagogue de Paradesi (Paradesi veut dire « L'Étrangère »), ils conservent précieusement deux plaquettes de cuivre rédigées en langue tamile en l'an 1020 et sur lesquelles le radjah Bhaskira Kavivarman, leur accorde des terres et des privilèges comme celui de monter des éléphants.
Les Juifs de Cochin se divisent en trois groupes fortement endogènes : les Juifs blancs, les Juifs noirs et les Meshuarim, descendants de Juifs blancs mariés à des esclaves indigènes converties au judaïsme.
Les Juifs venus d'Irak, de Syrie, d'Afghanistan et d'Aden, désignés sous le terme générique de « Bagdadis » ou « Irakis » vinrent en Inde au 18ème siècle, dans le sillage du grand homme d'affaires, David Sassoon, surnommé « le Rothschild de l'Orient ». Ils se distinguent par une peau beaucoup plus claire que celle de leurs coreligionnaires. Longtemps les trois sous-ensembles ont vécu sans aucun contact les uns avec les autres.
Synagogues, mikvés, centres communautaires, organisations juives de tous ordres continuent de fonctionner en Inde. Mais la démographie est éloquente et bien qu'on assiste au retour au pays natal de certains Juifs qui se disent déçus par Israël, la population juive s'amenuise.
Si certains signes sont encourageants comme, par exemple, le premier mariage juif depuis cinquante ans a été célébré à New Delhi en novembre 2012, à l'opposé, le cimetière juif de Panvel, à vingt kilomètres de Bombay, est à l'abandon livré aux squatters et la synagogue Paradesi de Cochin est devenue un entrepôt pour fruits de mer.
En novembre 2008, des attentats avaient fait cent-soixante-dix victimes à Bombay. Parmi eux, un couple habad, Gabriel et Rikva Holzberg et quatre visiteurs juifs. Le rabbin Israël Kozlovsky et son épouse, qui dirigent la communauté loubavitch de Bombay, ont décidé, en février 2016, de prénommer Gabriel, leur nouveau-né, en souvenir de Gabriel Holzberg.
L’arrivée de centaines de Bné Ménaché des Indes en Israël, le 15 décembre 2020, est incontestablement un symbole très fort."
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