Vers 3400 avant J.-C. : Etablissements néolithiques de Kbal Romeas et de Kampot. Il ne reste en revanche aucun vestige du Paléolithique.
XIIIe siècle avant J.-C. : Dès l’époque du site de Samrong-Sen, les Khmers habitent dans des maisons sur pilotis, comme dans toute l’Asie du Sud-Est, hormis au Vietnam. Les maisons végétales rectangulaires, dont le plancher repose sur 8 à 12 colonnes, sont situées à 2 mètres du sol. On y accède par un escalier ou une échelle au nombre de marches toujours impair.
IIIe siècle avant J.-C. : Le Vietnam connaît une sinisation due à la poussée vers le Sud des Ch’in. Aux siècles suivants, c’est au tour des Han et des Tang de s’y installer. Ce sont autant de peuples dont sont issus les Vietnamiens.
De 111 avant J.-C. à 939 après J.-C. : Les Vietnamiens luttent contre les Chinois, qui se comportent en colonisateurs, pratiquant une assimilation et un encadrement rigoureux des autochtones. Les Vietnamiens réutilisent ces méthodes à l’égard des peuplades du Sud (le Nam Tiên) qu’ils soumettent, ce qui explique la méfiance, voire l’animosité, qui subsiste encore de nos jours entre Khmers et Vietnamiens. Les premiers doivent beaucoup à la culture indienne tandis que les seconds ont hérité de celle des Chinois.
Ier et Ve siècle : Vagues de migrations indiennes en terre khmère. Elles se distinguent des afflux habituels par leur importance numérique.
Ier siècle : Naissance présumée du Fou-nan, royaume qui occupe la partie côtière de l'actuel Cambodge et le delta du Mékong. Il s’agit de la première entité politique citée par les Chinois. Des membres d’une de leurs ambassades en rapportent la légende de fondation. Un homme nommé Houen t’ien ou Kaundinya et originaire d’Inde ou de Malaisie reçoit en rêve l’ordre de s’embarquer à bord d’une jonque. Armé d’un arc magique, il accoste sur les côtes du Fou-nan sur lequel règne la reine Lieou-ye. La souveraine tente de se défendre en attaquant la jonque, mais un trait de l’arc magique suffit à transpercer la coque de son navire. Elle se rend et épouse le conquérant. Selon un autre récit, Kaundinya lance son javelot pour décider de l’emplacement de la capitale. Il rencontre Soma, fille du roi des Nagas, le serpent aquatique merveilleux. Soma est l’un des noms sanskrits de la lune, ce qui explique que les lignées royales se soient par la suite prétendues de race lunaire. Le roi des Nagas assèche les terres de la région en absorbant l'eau qui les recouvre et offre le royaume au couple. Cette légende, venue d’Inde du Sud, a été adoptée par les populations de divers petits royaumes de la région. Elle illustre à merveille les travaux de drainage et de construction de canaux effectués sur le territoire compris entre le fleuve Bassac et le golfe du Siam.
Du IIIe au VIe siècle, le Fou-nan jouit d’une prospérité qui repose sur le commerce maritime, l’exportation de bois précieux et de denrées alimentaires telles que le riz. Le royaume entretient des relations diplomatiques avec les grandes contrées voisines que sont la Chine, l’Inde, la Malaisie. Il développe une culture très riche et un art inégalé qui posent les jalons de l’art khmer.
Le Fou-nan appartient à l’aire de civilisation indienne qui lui lègue non seulement sa culture fondée sur l’alphabet et la littérature sanskrits, mais encore des techniques agraires et hydrauliques. Ce royaume bilingue est majoritairement peuplé d'autochtones, très certainement des Khmers, ainsi que d'Indiens. Seule la société qui vit à la cour est touchée par l’indianisation.
Vers 550 : Le Fou-nan passe sous l’influence du deuxième royaume khmer, le Chenla, appellation chinoise dont on ignore le sens. Rien n’indique que le changement de nom ait été accompagné d'un quelconque bouleversement politique. La légende de fondation raconte que l’ermite Kambu, ancêtre des Kambujas, autrement dit les Cambodgiens, aurait reçu du dieu Shiva en personne comme épouse la nymphe céleste Merâ. De l’association des noms Kambu et Merâ serait né le nom de Khmer. Cependant, il s’agit d’une supposition et l’on ne sait quel nom s’attribuaient les populations du Fou-nan et du Chenla.
Selon certains historiens, Kambu serait une invention tardive afin d’expliquer l’origine du terme Kambuja. D’autres avancent l’hypothèse d’un lien avec la résine «gamboge » issue du garcinia, un arbre qui pousse au Cambodge et en Thaïlande. Enfin, des marins arabes font allusion au pays des Kumars ou Kimers, termes qui se rapprochent du mot Khmer.
L’étude des sources archéologiques laisse à penser que le Chenla aurait été le plus puissant d’une multitude de petits royaumes en lutte pour la domination des populations travaillant dans les rizières. Il serait parvenu à se rendre maître du Fou-nan et aurait constitué un royaume hétérogène s’étendant des montagnes situées au nord du lac Tonlé-Sap à la riche région du delta du Mékong. Deux cultures, deux religions, deux économies, deux modes de vie auraient cohabité au sein d’un même royaume où le seul point commun devait être la langue, ce qui explique le caractère éphémère de l’unité du Chenla.
Fin VIe-début VIIe siècle : Les deux premiers souverains du Chenla seraient Bhavavarman Ier et Mahendravarman-Citrasena.
VIe siècle : Des inscriptions en vieux khmer attestent, de manière certaine, la présence des Khmers.
550-800 : Période préangkorienne qui voit l’épanouissement d’une civilisation riche en monuments et fondations religieuses. De cette époque datent les lingas (symboles de Shiva), les sculptures et les stèles portant des inscriptions en sanskrit et en khmer. Les capitales sont multiples : les souverains du Fou-nan choisissent tout d’abord Ba Phnom puis Angkor Borei. Ceux du Chenla préfèrent la région de Kompong Thom. Isanavarman Ier, qui règne de 610 à 628, s’installe à Isanapura, l’actuelle Sambor Prei Kuk. C’est la plus ancienne capitale identifiable dont il reste de majestueux vestiges perdus dans la forêt.
Vers 655-680 : Règne de Jayavarman Ier dont la fille Jayadevi prend la succession à la fin du VIIe siècle et installe sa capitale dans la région d'Angkor.
Après 706 : Eclatement du Chenla. Des annales chinoises rapportent l’existence de deux principautés, le Chenla d’eau et le Chenla de terre. La première correspond au Fou-nan, au sud de l’actuel Cambodge, la seconde au Chenla qui s’étend des montagnes des Dangrek à la vallée du moyen Mékong. Tandis que le Chenla de terre s’impose par les armes, le Chenla d’eau est en proie à des querelles dynastiques qui le divisent. Le cœur du royaume se situe dans les hautes terres.
Eclat et splendeur d'Angkor
Vers 770-790 : Le prince Jayavarman II quitte Java pour conquérir le Chenla, qu’il estime être la terre de ses ancêtres. Il unifie le Chenla d’eau et le Chenla de terre.
802-850 : Règne de Jayavarman II qui fait édifier des cités-capitales lors de ses voyages dans le royaume : ainsi Indrapura et Kuti dans la province de Siem Reap, Hariharâlaya ou encore Mahendraparvata où se déroule la cérémonie fondatrice de la dynastie d’Angkor. Le souverain y instaure, dès 802, le culte du devarâja, le dieu-roi. Ce dernier, représenté par un linga placé sur une pyramide, est considéré comme le souverain du pays et le seigneur de l’univers. La possession du linga confère à Jayavarman II et à ses successeurs le statut de monarque universel. Ils le transportent dans leurs capitales successives, convaincus qu’en lui réside leur « moi subtil » de roi.
Jayavarman II fonde ainsi la dynastie d’Angkor, cité royale dont le nom provient du sanskrit nagara (« la ville ») et nokor (« royal »). Angkor est située à proximité du lac Tonlé-Sap, réserve inépuisable de poissons, et des carrières de grès de Phnom Kulen. Son site s’étend sur 230 kilomètres carrés et englobe plusieurs cités parmi lesquelles celle fondée au IXe siècle par Yasovarman ; Angkor Vat, la ville-temple, construite au XIIe siècle par Isanavarman, et Angkor-Thom, la grande capitale, édifiée par Jayavarman VII au XIIIe siècle.
Début du IXe siècle : A la veille de la naissance de la civilisation d’Angkor, rien ne semble annoncer que le Chenla pourrait engendrer une si brillante culture. Le Chenla de terre se remet à peine de l’attaque du Nanchao, un petit royaume du Yunnan, tandis que le Chenla d’eau, en proie à de multiples divisions, a vu fuir ses souverains vers Java.
850-877 : Règne de Jayavarman III.
877-889 : Règne d’Indravarman Ier. On peut commencer à parler d’urbanisme à Angkor où il fait édifier la triade monumentale, symbole de la puissance royale, constituée du temple-montagne du Bakong, immense édifice de grès qui abrite le devarâja, d’un temple aux ancêtres et du premier baray (lac artificiel), l’Indrataka. Les baray ont ceci de particulier qu’ils ne sont pas creusés ; au contraire, ils accumulent l’eau retenue entre des levées de terre, comme dans le cas d’un barrage. Dans cette région sèche, les lacs avaient certainement un rôle d’irrigation et permettaient la mise en valeur de vastes espaces dédiés à la riziculture. Une telle organisation hydraulique explique les très fortes concentrations de populations : l’irrigation favorisait la production de surplus agricoles et participait à la prospérité du royaume. Certains spécialistes affirment cependant que rien ne permet d’affirmer que le baray alimentait la région en eau. La question de l’origine de la richesse et de la puissance économique d’Angkor reste donc incertaine.
Toujours est-il que l’eau revêt une importance toute particulière dans le royaume d’Angkor dont le souverain est maître de la terre et des ondes.
889-vers 910 : Règne de Yasovarman, fondateur de la première Angkor, Yashodharapura, qui devient sa capitale. Cette cité épousait la forme idéale du mandala, le carré magique, symbole de la cohésion de l’ordre cosmique. Chacun des côtés de la cité mesurait 4 kilomètres tandis que le temple-montagne construit sur la colline du Phnom Bakheng se trouvait en son centre exact, à la croisée des deux voies principales de communication. La ville était entourée de douves de 200 mètres de large, remplies d’eau sacrée du Phnom Kulen.
La fondation de la cité s’accompagne de celle du Baray oriental, qui s’étend sur 7 kilomètres de long et 1 800 mètres de large et représente l’Océan cosmique.
Vers 921 : Jayavarman IV, un usurpateur, emporte le devarâja à Chok Gargyar, aujourd'hui Koh Ker dont il fait sa capitale ; on ne connaît pas les raisons de l'abandon d'Angkor.
944-968 : Règne de Rajendravarman qui ramène le pouvoir à Angkor où il se distingue par sa politique édilitaire. Son règne est aussi marqué par des expéditions à l’est, contre le Champa voisin. Il procède à une consolidation de l’Etat en étoffant l’administration et en renforçant la centralisation.
967 : Construction du Banteay Srei, la citadelle des femmes, à Angkor.
Au Xe siècle, on estime le nombre de fonctionnaires du royaume à 4 000, ce qui est remarquable. La société est extrêmement hiérarchisée avec, à sa tête, le roi, tenu pour le propriétaire de toutes les terres et de ses sujets. Il est entouré d’une cour à laquelle appartiennent aussi bien la famille royale que les brahmanes. Les renseignements sont moins fournis à propos de la population rurale dont on ignore de combien de personnes elle se compose alors.
Le XIe siècle est affecté par une instabilité et des révoltes, consécutives à une guerre civile qui s'est déroulée de 1002 à 1004. Toutefois, le royaume ne cesse de s’étendre vers l’ouest et les constructions vont bon train. Ainsi le Preah Vihear ou « Saint Temple », au nord du Cambodge, date de la fin du XIe siècle.
1002-1050 : Règne de Suryavarman Ier marqué par la reprise en main de l’administration centrale et provinciale. Le royaume atteint le bassin du Menam, à l’ouest. Cette expansion se poursuit jusqu’au XIIe siècle, date à laquelle le royaume khmer est à son apogée territorial.
1050-1060 : Règne d’Udayadityavarman II pendant lequel est inauguré le temple du Baphuon à Angkor.
1051 : Rébellion dans le Sud du pays.
1060 : C’est au tour de l’Est et du Nord-Est d’être touchés par des séditions.
Fin du XIe siècle : Après diverses interventions du Cambodge dans des conflits contre le Dai-Viêt au Tonkin, Jayavarman VI s’empare du pouvoir et donne naissance à la dynastie de Mahidharapura. Deux grands souverains, Suryavarman II et Jayavarman VII, en sont issus.
1080-1107 : Règne de Jayavarman VI.
1113-vers 1150 : Règne de Suryavarman II, le protégé du Soleil, qui accède au trône à la suite d’un meurtre et après s’être fait légitimer par le brahmane Divakaranpandita.
Il fait édifier le plus beau temple du site : Angkor Vat, dédié à Vishnu. Ses constructions parsèment le royaume, y compris les régions les plus reculées : il fait construire, au nord de Koh Ker, les monuments de Phnom Sandak, au sud de Phnom Kulen, ceux de Beng Mealea, et d’autres encore.
Sous le règne de ce roi conquérant, le royaume se déploie vers Pagan en Birmanie, au Champa ainsi que dans le Dai-Viêt, au nord de l’actuel Viêt Nam. Il restaure les liens ancestraux avec la Chine en y envoyant des ambassadeurs. Le Cambodge est alors un véritable empire et jouit d’une prospérité économique sans égale.
1120-1150 : Construction d’Angkor Vat, la ville-temple, qui couvre 200 hectares. Tout y est de dimensions colossales : le portique d’entrée de 235 mètres de large, la chaussée bordée de serpents naga de 600 mètres de long, ou encore le temple qui renferme le plus long bas-relief en grès sculpté d’une surface de 2 kilomètres carrés. Le temple était autrefois entouré de jardins, de bosquets et comprenait de riches bibliothèques, aujourd’hui tous disparus. Il se veut la réplique du mont Meru en Inde, considéré comme le centre de l’univers.
On ne connaît pas l’architecte de ce chef-d’œuvre. Seule existe une légende selon laquelle il aurait été édifié sur le modèle des écuries d’Indra par Visvakarman, architecte divin envoyé par le dieu en personne.
1177 : Les Chams s’emparent du pouvoir, en évinçant le souverain légitime Jayavarman VII. Après avoir remonté le Mékong et atteint le Tonlé-Sap, ils attaquent à plusieurs reprises Angkor, encore appelée Yasodharapura, et la pillent. Dans un sursaut, Jayavarman VII les repousse vers leurs terres, occupe le Champa et reprend le pouvoir dans son royaume.
1181 : Couronnement de Jayavarman VII.
1181-1218 ? : Règne de Jayavarman VII. Ce fervent bouddhiste impose le bouddhisme mahayana ou du « grand véhicule » qui supplante bientôt le culte de Shiva et le vishnouisme. Bouddha prend la forme de Lokesvara, compatissant et sauveur des hommes.
Ce grand bâtisseur entoure la capitale de murailles épaisses et, pour effacer les pillages dont elle a été victime, il fait édifier Angkor Thom, la « grande cité », au centre de laquelle se trouve le temple-montagne du Bayon. Ce dernier offre aux visiteurs ses visages géants ainsi qu’une multitude de représentations du Bouddha. Ailleurs dans le royaume, le roi fait construire des monastères qui reçoivent pèlerins et étudiants.
Par ailleurs, Jayavarman VII poursuit l’extension du royaume en annexant le Champa et en prenant le contrôle de territoires jusqu’à la mer de Chine. Le royaume couvre l’actuelle Thaïlande et atteint l’actuelle Vientiane.
Jayavarman VII est le dernier des grands rois d’Angkor : après lui, le Cambodge entre dans une phase de déclin, le foisonnement architectural et artistique perd de sa vigueur. A sa mort, les travaux cessent dans la capitale.
1218 : Le centre décisionnel du royaume se déplace vers le sud alors que les interventions des pays voisins dans sa politique intérieure sont incessantes.
1218-1248 : Règne d’Indravarman II.
1220 : Le territoire khmer commence à s’amenuiser avec, notamment, la perte du Champa. Les principautés vassales de Sukhothaï et de Lopburi se déclarent indépendantes, ce qui déclenche des heurts avec Angkor.
Le gouvernement khmer de ce qui correspond à l’actuelle Thaïlande s’effondre, remplacé par un prince siamois qui se proclame roi. C’est le début de l’affirmation d’une puissance thaïe, parfois belliqueuse. Cependant, à la même période, les relations diplomatiques et mercantiles entre Khmers et Siamois sont intenses.
XIIIe siècle : Les guerres et les offensives du Siam mettent à mal la puissance du royaume d’Angkor. De nombreux villages sont ravagés et la population doit se battre pour faire reculer l’ennemi.
1243-1295 : Règne de Jayavarman VIII.
1283 : Incursion mongole au Cambodge.
Fin XIIIe siècle : Le bouddhisme Theravada (issu du bouddhisme hinayana de Ceylan) se répand au sein de la population khmère, après une courte période de sivaïsme, imposée vers 1250 par Jayavarman VIII. Originaire de Ceylan, il est pratiqué dans l’ensemble de la péninsule et porte aussi les noms de « bouddhisme des Anciens » ou « du Petit Véhicule ». Il promeut une religion sobre dont les moines vivent d’aumônes. Ce bouddhisme syncrétique s’accorde parfaitement avec les croyances animistes ancestrales des Khmers, contrairement à l’hindouisme et au bouddhisme Mahayana, tournés vers le culte du roi-dieu. Le bouddhisme Theravada a conservé sa préséance au Cambodge jusqu’à nos jours.
Fin XIIIe siècle : Le Chinois Tchéou Ta-kouan rédige ses Mémoires sur les coutumes du Cambodge où il a résidé en tant qu’ambassadeur entre 1296 et 1297. Il y décrit à la fois les monuments de la cité royale d’Angkor et ses habitants, parmi lesquels les milliers de concubines royales. Il dépeint les trois religions pratiquées, l’armée et même l’élevage des vers à soie.
Il oppose les habitants « grossiers, laids et très noirs » de la cité, aux femmes de la cour à la peau blanche « comme le jade », ce qui nous instruit sur le fait que la couleur de la peau était un critère de distinction entre l’élite et le reste de la population.
Tchéou Ta-kouan raconte encore qu’à la différence des temples, entièrement construits en pierre, toutes les habitations étaient de bois, ce qui explique qu’il n’en reste rien aujourd’hui. Il ajoute que les Chinois sont nombreux au Cambodge où ils trouvent aisément des femmes, de la nourriture et du travail.
1330 : Date de la dernière inscription sanskrite. Le khmer s’impose désormais comme la langue de l’administration et du pouvoir.
A partir de 1340, les inscriptions se font rares voire inexistantes. Cette absence de sources épigraphiques correspond à l’extinction de la dynastie qui régnait sur le Cambodge.
A partir de 1350, date de l’installation des Siamois à Ayutthaya, les invasions et les raids thaïs se multiplient. Le royaume se fragilise et l’on abandonne peu à peu les infrastructures hydrauliques considérables qui faisaient sa puissance : les baray s’ensablent et les canaux s’envasent. On a expliqué le déclin d’Angkor par la diffusion dans le royaume du bouddhisme Theravada, religion du renoncement au monde, à soi et aux autres. Il a cela de révolutionnaire qu’il rejette le culte de Shiva, le roi des dieux, auquel est assimilé le roi. Cependant, les assaillants siamois et birmans en sont également adeptes, ce qui invalide cette thèse.
L’introduction du Theravada a pu engendrer un climat de guerre civile et de contestation politique en détruisant le support politico-religieux du royaume, mais il semble plus plausible que la défaillance du royaume ait été due à l’absence de règles de succession qui provoque des querelles et des contestations à chaque changement de souverain. Devient roi celui qui obtient l’investiture religieuse et les insignes sacrés, ce qui explique l'influence dont jouissent les brahmanes.
1352 : Date probable du pillage d’Angkor par les Siamois.
1405-1467 : Règne du roi Ponhea Yat.
Du déclin du royaume d'Angkor à l'installation de la domination française
1431 : Après plusieurs attaques des Thaïs, Ponhea Yat abandonne Angkor pour Srey Santhor, au cœur du pays khmer, avant de s’établir définitivement aux Quatre-Bras, sur le site de Phnom Penh, au croisement du Tonlé-Sap, du Bassac et des Mékong supérieur et inférieur. Il y fait construire le premier stupa, une sorte de tour qui constitue le monument le plus caractéristique du bouddhisme.
1431 : Un prince d’Ayutthaya prend ses quartiers à Angkor. En grande partie abandonnée, la cité royale reste durant quatre siècles la proie de la forêt.
1445 : Ponhea Yat parvient à déloger le souverain siamois qui a usurpé le pouvoir à Angkor. Après cette victoire, il adopte le nom de Suryavarman afin de se légitimer en se rattachant à la dynastie précédente. Il demeure à Chatomukh, à Phnom Penh.
Le choix de Chatomukh comme lieu d’accueil des souverains trouve sa source dans une légende selon laquelle une vieille femme nommée Penh aurait découvert un tronc d’arbre abritant quatre statues du Bouddha et une autre de Vishnu. Afin d’accorder à ces statues une place digne d’elles, Penh aurait fait rehausser une butte qui serait alors devenue un phnom, une colline, au sommet de laquelle fut édifié un monastère qui accueillit bientôt des moines.
1471 : Vijaya, capitale du Champa, tombe aux mains du Dai-Viêt qui ne cesse ses assauts depuis plusieurs décennies et a, peu à peu, pris possession de cette région orientale du Cambodge. Les Chams se réfugient en masse au Cambodge entre le XVe et le XVIe siècle.
1516-1566 : Règne de Ang Chan Ier qui bat les Siamois à Siemréap.
1526-1594 : La cité de Lovek, située à une trentaine de kilomètres de Phnom Penh, accueille la cour en tant que capitale du royaume.
Vers 1526-vers 1566 : Règne de Ang Chan qui multiplie les offensives contre les Siamois. Défaites et victoires alternent.
Vers 1566-1576 : Règne de Barom Réachea, fils de Ang Chan, deux souverains qui parviennent à maintenir la prospérité du royaume.
1576-1596 : Sâtha Ier est au pouvoir. En lutte contre le prince siamois Naresuen, il fait appel aux Européens pour obtenir leur soutien militaire et diplomatique. Deux aventuriers, l’Espagnol Blaz Ruiz et le Portugais Diego Veloso, accourent à son aide. En vain, puisque Lovek est mise à sac et détruite une première fois en 1593. Nous connaissons l’existence de ces trois rois grâce aux écrits du dominicain portugais Gaspar da Cruz. Les récits des Européens sont teintés d’admiration à l’égard de ce royaume prospère où se mêlent Chinois, Malais, Japonais, Arabes puis, bientôt, Anglais et Hollandais.
1594 : Les Siamois s’emparent de Lovek, emportant sur leur passage les statues de Preah Koh et de Preah Keov qui abritent en leur sein des manuscrits sacrés et des formules magiques censées assurer à ceux qui les possèdent une supériorité et une toute-puissance surnaturelle. Cet événement se double d’un transfert chez les Siamois des élites pensantes khmères. Des milliers de penseurs, techniciens et artisans, faits prisonniers, s’installent définitivement dans la région d’Ayutthaya, alors capitale du Siam.
Dès le XIIIe siècle, les échanges intellectuels ont été intenses entre le Cambodge et le Siam qui s’influencent mutuellement, ce qui explique la présence d’éléments architecturaux khmers dans les monuments siamois.
La prise de Lovek par les Siamois est lourde de conséquences et augure le passage du Cambodge sous leur influence. Le roi est désormais choisi par le Siam qui exerce un contrôle sur son pouvoir. Ces changements politiques n’altèrent en rien la réussite économique du royaume khmer qui poursuit ses activités commerciales et maritimes.
1619-1627 : Règne de Chey-Chetta II qui a établi la capitale du royaume à Oudong après s’être défait de l’emprise thaïe, avec le secours des Annamites.
1619-1867 : Oudong est la capitale khmère.
1623 : Pour les remercier de leur aide face aux Siamois, Chey-Chetta II autorise les Annamites à établir trois comptoirs à Prey Nokor.
1627 : A la mort du souverain, c’est un prétendant musulman qui l’emporte après des querelles de succession et des assassinats.
1658 : La veuve annamite de Chey-Chetta II en appelle à ses compatriotes pour chasser le nouveau roi. C’est ainsi que les Annamites du Dai Viêt, royaume appelé à devenir l’actuel Vietnam, menés par Nguyen de Hué, entament la conquête des terres khmères qu’ils colonisent bientôt.
1698 : La ville khmère de Prey Nokor devient Saigon. Elle demeure aux mains des Annamites ainsi que le delta du Mékong qui constituait le débouché maritime du royaume.
1701 : Annexion des provinces de Gia-Dinh, Bien-hoa et Baria par les Annamites. C’est au tour de Sa-dec et de Chau-doc en 1757 puis de Tra-Vinh et Soc-Trang, si bien qu’à la fin du XVIIIe siècle, les Khmers ont perdu l’accès à la mer ainsi que les revenus issus du commerce maritime. Le royaume est en plein déclin, rongé à l’est par les Viêts et à l’ouest par les Siamois.
Deuxième moitié du XVIIIe siècle
Les Siamois, libérés de la menace birmane, reviennent à la charge dans le royaume khmer. Siam et Annam s’y affrontent, soutenant des souverains opposés.
1758-1775 : Règne de Outey II qui reçoit l’appui des Annamites.
1775-1779 : Ang Non Réaméa lui succède grâce au secours des Siamois.
1794 : Le Siam obtient la souveraineté sur les provinces de Battambang, Mongjol Borey, Sisophon et Angkor.
1796 : Date à laquelle est offert au roi de Siam le plus ancien fragment des Chroniques royales du Cambodge.
1796-1834 : Règne de Ang Chan II, appuyé par les Annamites. Ceux-ci installent à sa mort sa fille Ang Mey sur le trône.
1813 : Les Siamois s’emparent des provinces de Mlou Prey et Stung Treng.
1841 : Les Annamites déportent la reine Ang Mey et procèdent à l’annexion du Cambodge. La réponse siamoise ne se fait guère attendre.
1842 : Ang Duong, frère d’Ang Chan II, se rend maître d’Oudong avec le soutien siamois. Les heurts se poursuivent jusqu’en 1846.
1845 - 1863 : Condominium Siamo-annamite
1845 : Les Khmers se rebellent contre le pouvoir vietnamien et se livrent à des massacres de Vietnamiens à travers tout le pays.
1846 : Signature de la paix.
1847-19 octobre 1860 : Règne de Ang Duong, couronné par les représentants du Dai Viêt et du Siam, qui rétablit momentanément la stabilité au Cambodge. Cela se fait au prix de l’indépendance du royaume khmer car le roi doit accepter la suzeraineté de Bangkok et de Hué qui ne parviennent pas à se mettre d’accord sur son partage, revendiquant tous deux Phnom Penh et la région des Quatre-Bras. De plus, les Annamites encouragent les Chams à la révolte.
1853 : Le roi Ang Duong, souhaitant se mettre à l’abri des velléités belliqueuses et annexionnistes de ses voisins, sollicite la protection de la France.
1858 : L’installation des Français en Cochinchine écarte du Cambodge la menace annamite.
1858-1861 : Le Français Henri Mouhot remonte le Mékong et relate ses explorations dans ses récits de voyage. La France est alors persuadée de la possibilité d’utiliser ce fleuve comme voie commerciale jusqu’en Chine, d’où l’intérêt très particulier qu’elle porte au Cambodge.
1860 : A la mort de Ang Duong, ses deux fils, Ang Voddey et Ang Sivotha, se disputent le pouvoir. L’aîné, Ang Voddey, en exil au Siam, doit au vicaire apostolique à Phnom Penh, Mgr Miche, de revenir sur le trône.
1860-1904 : Règne du roi Ang Voddey ou Norodom Ier.
1863 - 1949 : Protectorat français
11 août 1863 : Par un traité, Ang Voddey place son royaume sous la protection de la France qui lui promet une intervention militaire en cas d’agression extérieure