L'origine de cette constitution est elle-même assez rocambolesque : Le dictateur Ne Win installé au pouvoir depuis 1962 vient d'être remplacé par le SLORC, conseil pour la restauration de la loi et l'ordre, une junte militaire, le 18 septembre 1988.
La junte prévoit pour 1990 des élections législatives. Elle autorise dès 1988 la création de partis d'opposition, permettant le 27 septembre 1988 la création par Aung San Suu Kye de la Ligue nationale démocratique la LND.
Le problème c'est que le résultat des élections de mai 1990 donne 80% des votes à la LND.
La junte rétropédale alors et déclare que l'élection n'avait en fait pour objet que la création d'une assemblée constitutive en charge de l'élaboration d'une nouvelle constitution. Les nouveaux élus n'ont d'ailleurs même pas le droit de se réunir.
Le SLORC organise alors une convention nationale chargée d'élaborer cette constitution, avec des participants qu'il a lui-même choisi. Le résultat est soumis à referendum en mai 2008.
Le scrutin est à l'époque largement contesté, intervenant dans un pays en plein crise sanitaire et humanitaire, dévasté par le cyclone Nargis. Le cyclone, passé sur la pays les 2 et 3 mai a fait 133 500 morts, des centaines de milliers de personnes sans abri et des dégâts considérables. le référendum a lieu le 10 mai, 7 jours seulement après le désastre.
Selon l'autorité militaire, 98% de la population aurait voté et approuvé à 92,3% cette constitution faite par et pour l'armée birmane, la toute puissante Tatmadaw. En effet, la constitution donne des droits exorbitants au pouvoir militaire.
L'article 59 f interdit quiconque ayant épousé un étranger ou ayant des enfants étrangers de briguer la présidence du pays. Il semble avoir été écrit pour empêcher Aung San Suu Kyi, leader de l’opposition, de briguer la présidence.
La Tatmadaw, l'armée birmane, est protégée comme une entité distincte et séparée du gouvernement, elle n’est,de plus, pas supervisée par les autorités civiles. Les militaires dépendent donc d’un tribunal militaire, et non des tribunaux civils.
L'article 20 (b) de la Constitution donne aux militaires une autorité totale sur les Ministères de la défense, de l’intérieur et des questions frontalières.
En effet, c’est l’armée birmane qui en désigne les membres.
En vertu du Chapitre VII de la Constitution, le Conseil National de défense et de sécurité (NDSC) est l’organe exécutif le plus important. Or, il est en pratique contrôlé par l’armée nationale qui représente la majorité de ses membres (6 sur 11).
Tandis que le pouvoir a été transféré à un organe politique pseudo-civil, le Chapitre XI de la Constitution permet à ce Conseil d’imposer la loi martiale, de dissoudre le parlement et de gouverner l’État si l’état d’urgence est déclaré.
Le Président peut donner tout pouvoir au chef des armées, dont le pouvoir de réquisitionner une partie de la population pour intégrer l’armée.
Les articles 109 et 141 combinés avec l'article 436 mettent en place un droit de véto informel en faveur des militaires. En effet, les articles 109 (b) et 141 (b) réservent 25% des sièges du parlement aux militaires tandis que l’article 436 exige pour amender la constitution un minimum d’approbation de 75% de l’ensemble parlement. En outre, les dispositions de l’article 60 garantissent en pratique qu’au moins l’un des vice-présidents ou le président soit issu de l’armée. En effet, trois comités forment le corps électoral, l’un d’eux est composé de militaires et chacun d’entre eux désignent un candidat.
Section 354
Cette section de la Constitution limite certaines libertés fondamentales en assujettissant les libertés d’expression, d’assemblée, de réunion et d’association aux lois adoptées pour la sécurité publique, la primauté de la loi et de l’ordre, la paix sociale, la tranquillité et la moralité publique et l’ordre public. Alors que les dispositions restrictives ne sont pas rares dans les constitutions démocratiques et les traités internationaux des Droits de l’Homme, cette disposition est particulièrement large et n’exige pas que les restrictions soient, par exemple, conformes aux valeurs démocratiques.