8 février 2005
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier, monsieur le président Hosni Moubarak, pour votre initiative et votre aimable hospitalité à cet important sommet. Nous espérons tous que ce jour restera dans les mémoires comme celui où le processus de paix a été engagé sur une voie sereine, digne et pacifique pour tous les peuples du Proche-Orient.
Je voudrais aussi présenter mes félicitations à Votre Majesté, Abdallah II, pour la naissance de votre fils, Hashem, et pour votre anniversaire. Puissiez-vous jouir d’une longue vie remplie de joie, conduire votre peuple à la tranquillité et à la prospérité, et je l’espère, resserrer les relations entre nous.
Mes félicitations vont vers vous aussi, M. Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, pour votre victoire impressionnante aux récentes élections. Cette victoire, assortie du chemin sur lequel vous souhaitez diriger votre peuple indique un changement de direction réel qui portera ses fruits dans toute la région. J’espère que vous parviendrez à conduire votre peuple sur la voie de la démocratie et du respect du droit et de l’ordre jusqu’à l’établissement d’un État palestinien démocratique et indépendant.
L’année 2005 inaugure une ère de grandes opportunités pour tous les peuples de la région, d’abord et avant tout pour les Palestiniens et les Israéliens. Nous devons nous assurer que ces opportunités ne resteront pas lettre morte. Nous avons à présent l’occasion d’arrêter le bain de sang qui nous a été imposé au cours des quatre dernières années et de nous engager sur une voie nouvelle. Pour la première fois depuis longtemps l’espoir d’un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants règne dans notre région.
Nous devons avancer prudemment. Car cette opportunité est très fragile, et les extrémistes s’efforceront d’en tirer profit, préférant nous interdire cette option et laisser nos peuples baigner dans le sang. Si nous n’agissons pas dès à présent, ils risquent de l’emporter.
Il n’y a qu’une seule réponse possible à donner aux extrémistes : nous devons tous proclamer ici et aujourd’hui que la violence sera éradiquée, que nous la laisserons pas briser nos espoirs. Nous devons tous nous engager formellement à ne pas accepter de solution provisoire, à ne pas laisser récidiver la violence, à agir de concert et avec opiniâtreté pour démanteler les infrastructures terroristes, les désarmer et les assujettir une bonne fois pour toutes. Ce n’est qu’en éliminant le terrorisme et la violence que nous construirons la paix.
Je n’ai pas l’intention de laisser passer cette occasion car nous ne devons pas laisser ce nouvel état d’esprit porteur d’espoir nous échapper et nous laisser les mains vides.
C’est la raison pour laquelle nous avons agi vite et avec détermination, conscients des besoins de notre partenaire palestinien. Au cours des derniers jours, nous sommes parvenus avec nos collègues palestiniens à certaines ententes susceptibles de donner à nos peuples tranquillité et sécurité dans un avenir proche.
Aujourd’hui, lors d’un entretien avec le président Abbas, nous sommes tombés d’accord sur le fait que tous les Palestiniens doivent cesser leurs actes de violence contre tous les Israéliens où qu’ils se trouvent, et parallèlement, Israël cessera toute activité militaire contre tous les Palestiniens, où qu’ils se trouvent.
Nous espérons connaître, à compter d’aujourd’hui, une période d’espoir et de sérénité.
Qui plus est, nous avons accepté de transférer le contrôle de la sécurité dans les territoires palestiniens.
Je tiens à informer le président Abbas de notre intention de prendre une série de mesures destinées à rehausser la confiance réciproque : nous entendons libérer prochainement des centaines de prisonniers palestiniens et établir un comité conjoint chargé d’étudier la libération future d’autres prisonniers.
Nous souhaitons engager un dialogue franc et honnête afin de transformer ces premiers pas en bases solides de nos relations futures.
Je suis résolu à mener le Plan de désengagement que j’ai initié. Ce Plan a été décidé unilatéralement. Désormais, et dans la mesure où des changements interviennent du côté palestinien, le désengagement pourra redonner des espoirs et devenir un nouveau point de départ vers des progrès coordonnés et fructueux. Il pavera la voie à la mise en œuvre de la « feuille de route » à laquelle nous nous sommes engagés et que nous souhaitons appliquer. Nous sommes prêts à remplir la totalité de nos obligations, et espérons que nos partenaires palestiniens en feront autant.
Nous demandons des actes, pas des mots - c’est le seul moyen de réaliser la vision de deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sérénité.
Permettez-moi de m’adresser aux citoyens de nos deux pays :
A nos voisins palestiniens tout d’abord - je tiens à vous assurer que nous avons l’intention sincère de respecter votre droit à l’indépendance et à la dignité. J’ai déjà dit qu’Israël n’a pas le désir de continuer à vous gouverner et à régir vos destinées. Nous, Israéliens, nous nous sommes réveillés de nos rêves, et nous sommes décidés à surmonter tous les obstacles qui se dresseront sur notre chemin afin d’exploiter la nouvelle chance qui se présente à nous.
Vous aussi devez faire les preuves que vous avez la force et le courage de faire des compromis, de renoncer à des rêves irréalistes, de réduire les forces opposées à la paix et de vivre dans le respect mutuel à nos côtés.
Aux citoyens israéliens, je déclare : nous avons passé des années difficiles, nous avons été confrontés à des expériences extrêmement douloureuses et les avons surmontées.
L’avenir est devant nous. Il nous faut à présent faire des pas, complexes et controversés certes, mais nous ne pouvons pas rater l’occasion qui nous est donnée de parvenir à ce à quoi nous aspirons depuis tant d’années, la paix et la tranquillité.
Un dernier appel enfin à nos hôtes et aux dirigeants arabes de la région - joignez-vous à nous pour créer une atmosphère d’ouverture et de tolérance au Proche-Orient. Ensemble nous pouvons dresser une barrière contre les forces radicales d’hier qui nous ont entraînés dans un tourbillon de sang et de haine.
Ensemble, nous pouvons normaliser nos relations et susciter un premier rayon d’espoir pour tous les peuples de la région. Ensemble, nous pouvons garantir à nos citoyens respectifs liberté et stabilité, paix et prospérité.
Puissions-nous tous mériter l’occasion exceptionnelle qui nous est offerte à présent.
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1http://mfa.gov.il/MFA/MFAFR/MFA-Archive/Pages/D%C3%A9claration%20du%20PM%20Sharon%20au%20sommet%20de%20Charm%20el-Cheikh%208-Feb-2005.aspx
2https://www.un.org/press/fr/2005/CS8318.doc.htm
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