La première intifada (soulèvement) trouve son catalyseur dans l'accident d'un camion israélien qui tue involontairement quatre Palestiniens. Une rumeur propage qu'il s'agit de la vengeance de l'assassinat d'un Israélien poignardé deux jours plus tôt.

 « Plusieurs épisodes ont conduit à ce soulèvement », relate l’ancien général. « Le premier est l’accord Jibril conclu en 1985 qui a conduit Israël à libérer 1 150 prisonniers sécuritaires en échange de soldats israéliens capturés durant la première guerre du Liban. Deux ans plus tard, début 1987, Ron Tal, un haut gradé de la police israélienne, est tué au volant de sa voiture par des membres du Jihad Islamique tout juste évadés de prison. Le Shin Bet (services de sécurité intérieure) assisté par une unité de l’armée sous le commandement de Moshe Yaalon, parviennent à localiser les assaillants et à les éliminer. Dans la foulée, trois autres militants du Jihad Islamique sont tués. Autant d’événements qui attisent les violences dans la bande de Gaza.

En représailles au meurtre des membres du Jihad islamique, plusieurs attaques terroristes ont lieu. En novembre de la même année, un terroriste réussit au moyen d’un planeur à pénétrer dans une base de l’armée à la frontière libanaise, et tue six soldats. Forts de ces attaques, les Palestiniens commencent à narguer les militaires israéliens ; ils ont gagné en confiance et se sentent prêts à passer à la vitesse supérieure en affrontant directement l’armée. Le 6 décembre, Shlomo Sakal, un commerçant israélien, meurt poignardé dans un marché à Gaza ; trois autres israéliens sont blessés.

Le lendemain, un accident de la route entre une voiture palestinienne transportant huit personnes et un camion israélien fait quatre morts parmi les Palestiniens. Trois d’entre eux sont originaires du camp de réfugiés de Jabalya. Les rumeurs qui circulent attribuent alors cet accident à une vengeance des Israéliens, après la mort de Shlomo Sakal à Gaza. L’incident met le feu aux poudres dans les camps de réfugiés. Quelques heures plus tard, à l’aube, une manifestation est organisée par les Palestiniens. Une unité de 50 soldats de Tsahal est appelée en renfort pour rétablir l’ordre, mais des échauffourées entre forces de l’ordre et manifestants éclatent, au cours desquelles un jeune Palestinien qui jetait des pierres est tué. La goutte d’eau de trop côté palestinien.1 

 

La première intifada dure près de 6 ans

Le mouvement croît lors des funérailles où une position militaire est caillassée et assiégée par des cocktails Molotov.

 Un autre facteur longtemps ignoré a sûrement joué dans le déclenchement de l’Intifada. Il s’agit de l’avortement des toutes premières négociations entre Israéliens et Palestiniens.

L'OLP, alors à Tunis, est dépassée par ce mouvement issu du terrain et se rallie tardivement. A Gaza, le Cheikh Ahmed Yassin, issu des frères musulmans fonde le Hamas, mouvement fondamentaliste qui prône la disparition d'Israël comme objectif, le refus de toute négociation et la lutte armée comme seul moyen acceptable.

 L’Intifada s’est ensuite rapidement propagée de Gaza à la Cisjordanie. Yehuda Meir commandait alors la région de Samarie. Il se souvient : « Les officiers n’ont pas été envoyés dans les territoires. Tsahal n’a dépêché aucun soldat dans ces zones sous tension, et comptait sur la présence de la police des frontières, sur le Shin Bet, la police régulière et d’autres services sécuritaires pour endiguer les émeutes. Mais aucune coopération entre ces différents services n’a été organisée, il n’y avait aucune stratégie sur la manière de contenir la colère de la rue et de réagir aux agressions des jeunes Palestiniens. Les soldats n’avaient pas vraiment le choix et face à l’absence de commandement, ils ont fini par tirer sur les manifestants, faisant de nombreux morts. »

Le mouvement ne s'apaise pas malgré la répression des Israéliens.

Selon l'organisation israélienne des droits de l'homme B'Tselem, il fera 160 victimes israéliennes dont 100 civils et 1162 victimes palestiniennes dont 1 087 tués par des militaires israéliens, 75 par des civils israéliens. A cela s'ajoute 882 “collaborateurs” tués par des Palestiniens. 

 

 

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