Depuis les accords de paix de 1994 entre Israël et la Jordanie, le département Awqaf de Jérusalem – parfois appelé Autorité de Dotations Religieuses Islamiques, ou simplement Waqf – exerce un contrôle quasi total sur le Haram al-Sharif, le noble sanctuaire, l'esplanade des mosquées.
Dans la loi islamique, une personne peut décider de donner une propriété et ses revenus pour remplir des objectifs de charité ou religieux. Cette propriété devient ensuite un waqf, ou holding, à perpétuité. On parle alors de biens religieux de mainmorte, c'est à dire non transmissibles. Des exemples de waqfs (awqaf est le pluriel arabe) peuvent être des maisons, des champs, des réservoirs d’eau, des écoles, des orphelinats ou encore des mosquées.
En Israël, le waqf le plus connu est le mont du Temple, l'esplanade des mosquées, connu chez les musulmans comme le Haram al-Sharif, le noble sanctuaire . Pour les musulmans, l’ensemble de l’esplanade est considérée comme une mosquée.
Jusqu’en 1917, les propriétés du waqf à Jérusalem étaient contrôlées par l’Empire Ottoman.
Sous le Mandat britannique, la responsabilité du awqaf a été placée sous le contrôle du Conseil Suprême musulman, le corps des musulmans palestiniens nommé par le gouvernement britannique colonial pour administrer le tribunal de la Charia et l’awqaf.
En 1948, lorsque le royaume hachémite de Jordanie a pris le contrôle de la Cisjordanie et de Jérusalem Est, il a transféré la responsabilité pour l’awqaf de la ville, y compris l’enceinte du mont du Temple, à son propre ministère d’awqaf.
Instauration du statu quo
Quand Israël a pris le contrôle de Jérusalem-Est en 1967, le ministre de la Défense Moshe Dayan a décidé qu’il serait mieux si le ministère jordanien Awqaf continuait à administrer le site, afin d’éviter une confrontation plus grande avec le monde musulman. Les juifs auraient le droit de visiter, mais pas de prier, avait-il décidé, suivant le consensus rabbinique dans la loi religieuse juive que les juifs ne devraient pas poser le pied au sommet du mont de peur qu’ils ne profanent l’espace le plus sacré des temples, le Saint des Saints.
Depuis ce moment-là, il a été admis qu’Israël serait responsable pour la sécurité autour du périmètre du site, tandis que le Waqf de Jérusalem contrôlé par la Jordanie serait responsable de ce qui se passe dans l’enceinte.
Cette situation a continué de manière informelle jusqu’en 1994, quand Israël et la Jordanie ont signé un traité de paix.
L’article 9 du traité stipule : « Israël respecte le rôle spécial présent du royaume hachémite de Jordanie dans le saint sanctuaire musulman à Jérusalem. Quand les négociations sur le statut permanent auront lieu, Israël donnera la priorité au rôle jordanien historique dans ce sanctuaire ».
La Jordanie s’est officiellement séparée de la Cisjordanie en 1988, afin de permettre aux dirigeants palestiniens de reprendre la main, mais pas à Jérusalem-Est.
La Jordanie affirme qu’elle ne permettrait pas un « vide de protection » des lieux saints islamiques à Jérusalem alors que l’OLP et Israël négocient le futur de la ville.
Jusqu’en 1994, les grands muftis de Jérusalem – qui sont considérés comme les autorités religieuses pour les Palestiniens – étaient nommés par la Jordanie. Mais dans un accord passé avec l’OLP, le rôle a été transféré aux dirigeants palestiniens, cette année-là.
L’actuel Grand Mufti de Jérusalem Muhammad Ahmad Hussein, a été nommé par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas en 2006, et son salaire est payé par l’Autorité parlestninienne.
La Jordanie considère également avoir une relation historique spéciale avec Jérusalem, tout spécialement la mosquée Al-Aqsa, depuis la période du mandat britannique.
Tandis que le Conseil Suprême musulman (CSM) était en charge de l’administration du site, le dirigeant de la Mecque à l’époque et le chef de la révolte contre l’Empire Ottoman Hussein ibn Ali al-Hashimi, dont le fils Abdallah est devenu le premier roi de Jordanie, a été accepté pour être son gardien par les dirigeants du CSM. Cette fonction a été transmise ensuite aux rois de Jordanie.
De 1921 à 2010, la famille royale hachémite de Jordanie a dépensé plus d’un milliard de dollars pour maintenir l’administration d’Awqaf, selon un rapport rédigé par le Centre des Etudes Stratégies Islamiques Royales, organisme indépendant situé à Amman.
Un officiel du Waqf de Jérusalem a déclaré au Times of Israel que l’institution emploie actuellement 900 personnes.
Aujourd’hui, le Waqf de Jérusalem contrôle non seulement le mont du Temple [l'esplanade], mais aussi des écoles, des orphelinats, des bibliothèques islamiques, des musées, des mosquées, des tribunaux de la charia et de nombreuses propriétés résidentielles et commerciales à travers la ville de Jérusalem.
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