Haïfa, possède une histoire riche et complexe marquée par des influences cananéennes, phéniciennes, grecques, romaines, arabes, ottomanes et britanniques. Son importance s’est particulièrement affirmée durant la période du mandat britannique (1917-1948) et la guerre d’indépendance israélienne (1947-1949).

Origines et Antiquité

Les premières traces d’occupation humaine à Haïfa remontent à la Préhistoire, avec des découvertes archéologiques dans les grottes du mont Carmel. Les Cananéens et les Phéniciens y ont laissé des traces dès le IIe millénaire av. J.-C.

Sous les Phéniciens, la région servait de comptoir commercial et de port. Plus tard, les Grecs et les Romains exploitèrent cette situation géographique stratégique. La ville fut mentionnée par Ptolémée au IIe siècle av. J.-C. et continua de prospérer sous l’Empire romain, notamment comme centre de production de teinture pourpre, un produit prisé dans l’Antiquité.

Avec la christianisation de l’Empire romain, Haïfa accueillit une communauté chrétienne et devint un centre d’apprentissage talmudique important.

 

Période islamique et croisades

En 636, Haïfa fut conquise par les armées musulmanes arabes lors de l’expansion islamique. Sous les califes omeyyades et abbassides, la ville continua de prospérer, servant de port secondaire à Akko (Acre).

Au XIIe siècle, les Croisés s’emparèrent de Haïfa après de violents combats contre la population musulmane et juive locale. La ville fut intégrée au royaume de Jérusalem, mais elle fut reprise par Saladin en 1187.

Après plusieurs changements de contrôle entre musulmans et croisés, les Mamelouks (XIIIe siècle) prirent définitivement la ville en 1291, la réduisant à une petite localité portuaire.

 

Époque ottomane (1516-1918)

Les Ottomans conquirent la région en 1516. Haïfa resta un petit port sous leur domination jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, lorsque Daher el-Omar, un gouverneur arabe semi-indépendant de la Galilée, reconstruisit la ville plus près de la mer en 1761.

En 1868, la ville reçut une communauté de colons allemands, les Templiers, qui développèrent l’infrastructure, introduisant des technologies modernes et stimulant l’économie locale.

Le XIXe siècle marqua une croissance progressive, avec l’essor du commerce et l’arrivée de populations juives, arabes et européennes. Le développement du port et du chemin de fer de la vallée du Jourdain renforça l’importance stratégique de Haïfa.

 

Période du mandat britannique (1918-1948)

Après la Première Guerre mondiale, la Palestine passa sous contrôle britannique en vertu du mandat de la Société des Nations. Haïfa devint une ville clé en raison de son port, de sa raffinerie de pétrole (construite en 1938) et de sa base militaire stratégique.

Les Britanniques modernisèrent Haïfa, élargissant son port pour en faire un centre majeur du commerce méditerranéen. La ville attira une population juive croissante, ce qui provoqua des tensions avec la population arabe.

En 1929 (pogrom de Hébron et Jérusalem)  et 1936-1939 (Grande révolte arabe) , des émeutes intercommunautaires éclatèrent dans toute la Palestine, y compris à Haïfa. Ces violences opposèrent Arabes et Juifs, souvent avec l’intervention des forces britanniques.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Haïfa servit de base militaire aux Alliés. Après la guerre, les tensions s’aggravèrent avec la lutte sioniste pour l’indépendance, les Britanniques tentant de contrôler l’immigration juive face à la pression de groupes clandestins comme le Haganah, l’Irgoun et le Lehi.

 

Guerre d’indépendance israélienne (1947-1949)

Le plan de partage de l’ONU en novembre 1947 recommanda la création de deux États en Palestine, l’un juif et l’autre arabe. Haïfa devait faire partie de l’État juif, mais sa population était mixte (environ 70 000 Juifs et 50 000 Arabes).

Bataille de Haïfa (avril 1948) :  En avril 1948, les forces juives du Haganah lancèrent l’opération Bi’ur Hametz pour prendre le contrôle de Haïfa. Après des combats intenses, marqués par l’usage d’artillerie et de combats urbains, la ville tomba aux mains des forces juives le 22 avril 1948.

La population arabe, prise de panique et sous pression, fuit en masse vers le Liban et d’autres régions. Environ 95 % des Arabes de Haïfa quittèrent la ville, un épisode clé de l’exode palestinien de 1948.

 

Haïfa après la guerre

Après la création d’Israël en mai 1948, Haïfa devint une ville à majorité juive. Elle resta un centre économique, industriel et militaire vital pour le nouvel État.

 

Haïfa est une ville marquée par des conflits, mais aussi par un développement remarquable. Aujourd’hui, Haïfa est un symbole de coexistence et un centre technologique et universitaire majeur (université Technion) en Israël.

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