2021 - 24 décembre : environ 30 corps ont été retrouvés dans des véhicules calcinés sur une route du canton de Hpruso. Les victimes, d'un village chrtétien auraient été brulées vives. Deux employés de l'ONG «Save The Children» sont «portés disparus». La junte militaire serait responsable de ce massacre.

La plupart des victimes de ce carnage, dont l’ONU s’est ému dimanche 26 décembre, seraient des civils karenni, l’ethnie principale de cet Etat où cohabitent plusieurs minorités selon des combattants de la Force de défense des nationalités karenni (KNDF), organisation regroupant différents groupes armés locaux, en guerre depuis des mois contre la junte. 

Les militaires de la Tatmadaw (forces armées birmanes) auraient arrêté des gens du village de Moso, avant de leur lier les mains et de les entasser dans une demi-douzaine de véhicules auxquels ils ont ensuite mis le feu, brûlant vif les suppliciés. Quatre membres des Gardes-frontières, unités pro-régime à la composante ethnique proche des groupes rebelles, avaient auparavant supplié les soldats d’épargner les civils, sans succès : ils ont été exécutés d’une balle dans la tête.

 

2021 - 6 décembre : Aung San Suu Kyi est condamnée à une peine de quatre ans de prison, ramenée à 2 ans par le chef de la junte, pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées au Covid-19. L’ancien président Win Myint a été condamné à la même peine. Selon le porte parole de la junte, l'emprisonnement est remis à plus tard « Ils devront faire face à d’autres accusations depuis les lieux où ils séjournent actuellement » dans la capitale, Naypyidaw.

2021 - 5 décembre : dans un climat de répression (1300 civils tués)  et de violence ininterrompus depuis le coup d'Etat de février, a lieu une manifestation où était scandé  « rendez le pouvoir au peuple » en brandissant des pancartes sur lesquelles étaient inscrits  le célèbre slogan d'Aung San Suu Kyi : « Se libérer de la peur ». Une voiture a alors foncé sur les manifestants, « Ils ont accéléré en arrivant sur les manifestants, ils leur ont foncé dessus ».  Les soldats ont ensuite sauté hors de leur voiture et ont commencé à tirer. Trois blessés ont été évacués. Les militaires auraient ensuite frappé trois autres personnes à terre et menacé les passants avec leurs armes pour qu'ils se dispersent.

2021 - 18 novembre : Phyo Zayar Thaw, ex-star du hip-hop devenu député en 2012 de la Ligue nationale pour la démocratie puis combattant de la résistance face à la junte, a été arrêté le 18 novembre, chez lui, à Rangoun.  Les militaires accusent Phyo Zayar Thaw d’être le numéro 2 du Commandement de la division de Rangoun du gouvernement d’unité nationale (NUG), et de recruter des jeunes pour gonfler les rangs de l’armée révolutionnaire. Le 7 septembre, le NUG, gouvernement parallèle et flambeau de la résistance, a déclaré le début d’un soulèvement national contre la junte.

 

2021 - 16 novembre : Aung San Suu Kyi est inculpée pour fraude électorale lors des élections législatives de novembre 2020 où auraient été trouvée 11 millions d'irrégularités selon la junte.

 

2021 - 15 novembre : libération du journaliste américain Danny Fenster, âgé de 37 ans qui travaillait pour le magazine Frontier Myanmar. Il avait été arrété le 24 mai par la Junte à l'aéroport international alors qu'il quittait le pays. Condamné à onze en de réclusion pour incitation à la dissidence, il était détenu depuis lors. Il a été battu et privé d'eau pendant plusieurs jours pendant son interrogatoire. La junte annonce l'avoir gracié pour des raisons humanitaires mais sa libération pourrait avoir eu comme contrepartie la livraison de vaccins contre le Covid-19 par les Etats-unis

 

2021 - 28 octobre  : Le pouvoir condamne un proche collaborateur d'Aung San Suu Kyi à 20 ans de prison pour trahison L'homme de 80 ans,  est un prisonnier politique de longue date, qui a pendant longtemps, aussi bien en détention que lorsqu'il était hors de prison, milité contre le régime militaire.

Il a été arrêté trois jours après le coup d'État militaire et avait déclaré aux médias birmans que le putsch n'était pas la manifestation d'une grande sagesse et que ses auteurs «ont conduit (le pays) dans la mauvaise direction».

 

2021 - 26 au 28 octobre : Réunion des pays de l'ASEAN. Le chef de la junte birmane, le général birman Min Aung Hlaing n'est pas invité, pour ne pas avoir mis en œuvre le plan de réconciliation convenu lors d’une précédente réunion en avril ;

 

2021 - 19 octobre : La junte libère 5636 manifestants emprisonnés. L'annonce fait suite à l'exclusion annoncé de la Birmanie du sommet de l'Asean, 4320 prisonniers sont amnistiés et 1316 libérés "par respect pour la cause humanitaire". Beaucoup ont du s'engager à ne plus poursuivre d'activités politiques. Mais les militaires ont arrêté à nouveau une centaine de personnes juste après leur libération. Selon l’AAPP (Assistance Association for Political Prisoners), au moins 1 183 personnes ont été tuées et plus de 9 000 ont été arrêtées par la junte depuis le coup d’État. 

 

2021 - 16 octobre : les militaires bombardent des villages chins et kayah. Dans l’État Chin, dans l’est du pays, où les milices locales luttent depuis des mois contre la junte au pouvoir, une église baptiste a été entièrement détruite avec plusieurs maisons du village de Rialti, à quelques kilomètres de la ville de Falam. Selon un témoin interrogé par Radio Free Asia, l’attaque était en représailles après un convoi militaire visé par des milices Chin mercredi dernier. La junte assure qu'elle reconstruit les édifices religieux détruits par le feu...

 

2021 - 27 septembre : évoquant "un geste de bonne volonté", la junte annonce un cessez-le-feu de cinq mois avec les organisation ethniques armées. Ces derniers jours, les combats se sont pourtant intensifiés dans le canton de Demoso, dans l’État Kayah, où plusieurs milliers de personnes ont déjà été déplacées. Plusieurs civils ont été tués, et des maisons incendiées, selon les médias locaux. Les échanges de tirs se sont aussi poursuivis dans l’État Chin, dans l’ouest du pays. Dans la région voisine de Magway, les militaires auraient également attaqué le canton de Gangaw, et mis le feu à au moins huit habitations.

 

2021 - 7 septembre : le NUG appelle au soulèvement contre la junte

Duwa Lashi La, « président par intérim » du gouvernement d’unité nationale (NUG) depuis avril dernier, avocat et membre de la minorité ethnique Kachin, a annoncé officiellement une « guerre de résistance » populaire contre la junte en appelant la population à la révolte contre le coup d’État dirigé par le général Min Aung Hlaing. 

Dans une déclaration publiée par le NUG, l’opposition birmane en exil a souligné que les offensives militaires dans les régions des minorités ethniques risquent d’entraîner « une grave crise humanitaire ». « Plusieurs millions de civils devront faire face à une situation où ils seront forcés de quitter leurs maisons .. au cours de cette révolution populaire, tous les citoyens du Myanmar doivent se soulever à travers le pays contre la junte militaire dirigée par le général Min Aung Hlaing ...Des mois de meurtres, de tortures et d’arrestations par les militaires sont passés. Tout le monde connaît les actes inhumains continus perpétrés par les soldats lorsqu’ils occupent des maisons, des édifices religieux, des hôpitaux et des écoles".

Après cet appel à la résistance du NUG, les militaires birmans ont intensifié les déploiements de troupes dans les régions de Sagaingg et de Magwe, en plus des États Chin et Kayah.

 

2021 - 6 septembre : La junte libère le moine U Wirathu.

"Obsédé par l’« islamisation » fantasmée d’un pays où les disciples du prophète n’excèdent pas 4 % de la population, contempteur compulsif de la minorité musulmane des Rohingya durant les massacres de 2016 et 2017 perpétrés par l’armée, U Wirathu, 53 ans, est la personnalité la plus en vue dans les cercles de moines extrémistes.

Sa détestation de la Dame de Rangoun, aujourd’hui de nouveau assignée à résidence par les généraux, a longtemps été l’un de ses passe-temps favoris. Une vidéo diffusée sur Internet en avril 2019, qui l’avait montré en train de conspuer Aung San Suu Kyi, alors à l’époque encore conseillère spéciale de l’Etat (poste équivalent à celui de premier ministre), avait entraîné l’incarcération du moine.

Le religieux n’avait pas mâché ses mots durant cette diatribe enflammée : « La seule chose que [Suu Kyi] sait faire, c’est se maquiller, s’habiller comme une mannequin, marcher avec des talons hauts (…) et remuer du derrière quand [elle] est en présence d’étrangers », avait-il vociféré. Un mois plus tard, les autorités judiciaires de Birmanie avaient lancé un mandat d’arrêt contre U Wirathu, accusé de « sédition » et d’« incitation » à la « détestation » de Mme Suu Kyi. En fuite durant des mois, il s’était finalement rendu de lui-même à la police en novembre 2020." ( LeMonde 8/09/2021)

 

2021 - aout : la repression aurait fait à ce jour au moins 1000 morts et plus de 7 355 personnes arrêtées dont 26 ont été condamnées à mort.

 

2021 - 1er aout : L’auteur du coup d’Etat du 1er février, le général Min Aung Hlaing, est devenu, dimanche 1er août, chef d’un « gouvernement provisoire » en s'autoproclamant premier ministre du Myanmar "afin que les affaires du pays soient gérées rapidement et de manière efficace".

Il annonce la transformation du SAC, le Conseil d'administration de l'Etat, nom officiel de la Junte, en un gouvernement provisoire. Des élections sont prévues pour aout 2023. L'état d'urgence promulgué en février 2021 pour un an est donc prorogé jusqu'à  cette date, a  minima.

On peut mesurer l'efficacité de la junte par exemple sur le taux de vaccination contre le Covid, qui est à ce jour à 2,8% de la population, l'un des taux les plus bas de la planète.

 

2021 - 22 juillet : proposition n° 2021 - 4412 de reconnaissance du gouvernement d'unité nationale par l'Assemblée nationale en France

La proposition émane de Michel Herbillon, vice président de la commission des affaires étrangères. (site Assemblée nationale)

 

"Mesdames, Messieurs,

Le 1er février 2021, les forces armées birmanes ont dirigé un coup d’État contre leur gouvernement démocratiquement élu. Ce gouvernement était issu des élections du 8 novembre 2020 qui ont été très largement remportées par la Ligue nationale pour la démocratie (NLD National League for Democracy) de l’opposante historique à la junte militaire, Aung San Suu Kyi. L’élection a renforcé la majorité absolue du NLD au sein du Parlement puisque qu’il a obtenu plus de 80 % des sièges à la Chambre basse du Parlement. Le parti de l’Union, de la solidarité et du développement de l’union (PUSD) contrôlé par l’armée n’obtenant que quelque dizaine de sièges.

Après avoir tenté de contester, sans succès, les résultats du scrutin devant la Commission électorale, les forces armées birmanes procèdent à l’arrestation du Président de la République U Win Myint, de la Conseillère pour l’Etat, Aung San Suu Kyi et de centaines de personnes (élus, fonctionnaires mais aussi journalistes, chanteurs à succès, ou influenceurs sur les réseaux sociaux…). Différentes associations évoquent plus de 3000 personnes arrêtées dont un nombre considérable sont encore aujourd’hui portée disparues.

Le vice‑président le général Myint Swe issu du PSUD est désigné président par interim tandis que le chef de l’armée Min Aung Hlaing concentre les pouvoirs législatif, administratif et judiciaire après avoir proclamé pour un an l’état d’urgence, annulé le résultat des élections du 8 novembre, bloqué internet, suspendu les chaines d’informations, bloqué l’accès à l’aéroport international et déployé des camions militaires devant les ambassades américaines et australiennes…

Dès le 6 février, passée la stupeur, le peuple birman comme il l’a déjà fait courageusement à plusieurs reprises dans son histoire, entame un mouvement de désobéissance civile, appelle à des mouvements de grèves et descend massivement dans les rues afin de défendre le processus de transition démocratique déjà obtenu de haute lutte au début des années 2010.

Après des appels aux Birmans afin qu’ils « rentrent chez eux et mettent fin aux mobilisations » la Junte au pouvoir s’enfonce peu à peu dans une répression de plus en plus violente y compris les tirs à balles réelles sur les manifestants pacifiques.

Les chiffres de différentes ONG évoquent plus de 800 morts lors de cette répression dont 75 enfants selon une communication du Comité des droits de l’enfant à l’ONU publié en juillet.

Les réactions de la communauté internationale sont immédiates : « condamnation ferme du coup d’Etat en Birmanie et appel à la libération tous ceux qui sont illégalement détenus »  dès le 2 février de l’Union européenne, réunion du Conseil de sécurité de l’ONU avec adoption le 4 février d’une déclaration exprimant « sa profonde préoccupation et demandant la libération de tous les détenus », puis appel du Secrétaire général de l’ONU à « cesser immédiatement la répression », condamnation ferme du Président Biden et mise en œuvre des premières sanctions économiques visant les dirigeants de la Junte..

Soutien du peuple birman, les Parlementaires français ne peuvent pas être absents de ce processus de pression diplomatique et international. En aucun cas, la Junte au pouvoir ne doit pouvoir s’installer dans la durée et continuer sa violente répression. 

Le 16 avril 2021, la création d’un Gouvernement d’unité nationale composé des principales ethnies par le Comité représentant le Parlement de l’Union issu des élections de novembre 2020 est annoncé. Sa composition, les objectifs qu’il affiche sont une réelle source d’espoir. Il est donc urgent de soutenir cette initiative qui prône la paix, la réconciliation nationale et qui s’inscrit dans la logique démocratique que la France soutient en Birmanie depuis 2010.

C’est l’objet de la présente proposition de résolution présentée en termes identiques à la fois par le Sénat et l’Assemblée nationale."

 

Proposition de résolution

Article unique: 

" L’Assemblée nationale,.. Considérant le résultat des élections démocratiques en Birmanie en novembre 2020 qui ont vu la large victoire du parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie ;

Considérant le coup d’État militaire du 1er février 2021 par lequel l’armée a pris le pouvoir par la force en Birmanie et proclamé l’état d’urgence ;

Considérant la détention arbitraire par l’armée birmane de nombreuses personnalités politiques, défenseurs des droits de l’homme, journalistes, membres de la société civile, universitaires, enseignants, personnels médicaux, chefs religieux et ressortissants étrangers ;

Considérant la création, le 16 avril 2021, d’un Gouvernement d’unité nationale composé des principales ethnies par le Comité représentant le Parlement de l’Union issu des élections générales de novembre 2020 ;

Considérant les déclarations de l’Union européenne du 2 février et du 30 avril 2021 ainsi que les mesures de sanctions prises par l’Union européenne les 22 mars et 19 avril derniers à l’encontre des responsables du coup d’État en Birmanie et des intérêts économiques des forces armées birmanes ;

Considérant le sommet de l’ Association des nations de l’Asie du Sud‑Est du 24 avril 2021 qui s’est conclu par un consensus en cinq points sur la nécessité immédiate de mettre fin aux violences, l’ouverture d’un dialogue constructif entre toutes les parties concernées, la désignation d’un envoyé spécial de la présidence de l’ Association des nations de l’Asie du Sud‑Est pour faciliter la médiation du processus de dialogue réunissant l’ensemble des parties en Birmanie, l’aide humanitaire de l’Association des nations de l’Asie du Sud‑Est et la visite en Birmanie de l’envoyé spécial, lequel n’est pour l’heure pas autorisé par les autorités militaires à entrer sur le territoire birman ;

Considérant la position exprimée le 5 mai 2021 par les ministres des Affaires étrangères et du développement du G7 condamnant avec la plus grande fermeté le coup d’État militaire en Birmanie et réaffirmant leur solidarité avec toutes les personnes qui défendent une démocratie inclusive et agissent en ce sens, notamment les membres du Comité représentant le Parlement de l’Union et d’autres dirigeants favorables à la démocratie, ainsi que les membres du Gouvernement d’unité nationale, du mouvement de désobéissance civile ;

Considérant la poursuite de la répression de l’armée birmane à travers le pays, le nombre élevé de victimes civiles et de personnes emprisonnées ainsi que de personnes déplacées, au mépris de toutes les conventions internationales ;

Invite le Gouvernement à travailler avec ses partenaires européens à obtenir de la communauté internationale une condamnation générale et la plus vigoureuse du coup d’État du 1er février 2021, de la prise du pouvoir qui s’en est suivie ainsi que des violences commises par les forces de sécurité contre la population civile ;

Invite le Gouvernement à appeler avec la plus grande fermeté au respect des résultats des élections générales du 8 novembre 2020, à la fin de l’état d’urgence et à la libération immédiate et sans condition des prisonniers politiques arrêtés depuis le coup d’État, dont le Président de la République et la Conseillère de l’État, et à entreprendre toutes les démarches en ce sens ;

Invite le Gouvernement à procéder à une reconnaissance du Gouvernement d’unité nationale de Birmanie qui permette d’enclencher un processus de retour à l’ordre constitutionnel, et à apporter son soutien au Gouvernement d’unité nationale dans ses actions pour le rétablissement de la paix et de la démocratie en Birmanie, dans le respect de toute la mosaïque des populations locales, et en relation avec les partenaires européens et les organisations de la communauté internationale, telles que les organisations régionales compétentes et l’Organisation des Nations unies."

 

 JUIN

2021 - 18 juin : l’Assemblée générale des Nations unies a voté une résolution non contraignante appelant les États membres de l’ONU à « empêcher l’afflux d’armes » en Birmanie. Le texte a été approuvé par 119 voix pour contre une voix contre (la Biélorussie) ; 36 pays, dont la Chine et la Russie, se sont abstenus. Dans la résolution de l’ONU, la junte militaire est explicitement condamnée pour le coup d’État du 1er février dernier. L’Assemblée générale des Nations unies appelle également à la libération de tous les prisonniers politiques et à mettre fin aux violences. Selon les chiffres publiés par l’association AAPP (Association d’assistance aux prisonniers politiques), presque 5 000 manifestants ont été arrêtés depuis le début du mouvement d’opposition, et au moins 870 personnes ont été tuées.

Parmi les pays membres de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), la Thaïlande, Brunei, le Cambodge et le Laos ont également choisi de s’abstenir. « Il y a un vrai risque de guerre civile à grande échelle », a déclaré Christine Schraner Burgener, envoyée spéciale du secrétaire général de l’Onu pour la Birmanie, après le vote de la résolution. « Le temps est compté. Les opportunités de renverser le régime militaire birman se resserrent », a-t-elle averti.

De son côté, Kyaw Moe Tun, l’ambassadeur birman auprès des Nations unies, qui a pris parti contre les militaires dès les premières heures du coup d’État, et qui représente aujourd’hui le gouvernement en exil, a fait part de son scepticisme. Même s’il a voté pour la résolution, il a dénoncé une mesure « édulcorée », étant donné qu’elle ne va pas jusqu’à demander un véritable embargo mondial. Après le scrutin, il a regretté qu’il ait fallu trois mois pour adopter cette résolution et qu’elle ne soit pas plus explicite.

2021 - 18 juin : Aung San Suu Kui, l’ex-dirigeante birmane, a fêté son 75e anniversaire en détention. Pour afficher leur solidarité avec l’ancienne conseillère d’État face à son sort actuel, des partisans ont manifesté le 19 juin, jour de son anniversaire, en portant des fleurs dans les cheveux en guise d’hommage à la fondatrice du parti NLD. Par ailleurs, il s’agissait du 15e anniversaire passé par Aung San Suu Kui en détention. Elle était à nouveau convoquée au tribunal ce lundi 21 juin pour la suite de son procès (pour une série d’accusations variées de la part de la junte, notamment pour possession de talkies-walkies, pour corruption et pour divulgation de secrets d’État), au cours duquel elle risque jusqu’à 14 ans de prison.

 

2021 - 15 juin : selon l'ONG HRW - Human Rights Watch, 

"  L'ONU a indûment collecté et partagé des données sur plus de 800 000 réfugiés rohingyas au Bangladesh, qui les a ensuite données à la Birmanie, le pays qu'ils ont fui, accuse Human Rights Watch. L'ONG réclame une enquête.

Ces trois dernières années, le HCR, chargé des réfugiés à l'ONU, a collecté les données des Rohingyas réfugiés dans des camps pour que Dacca puisse leur fournir des papiers d'identité, indispensables pour avoir accès à l'aide humanitaire. Mais les réfugiés ignoraient que les autorités transmettaient des données sur eux au gouvernement birman en vue d'un possible rapatriement.

Le HCR rejette ces accusations, un porte-parole indiquant que l'agence onusienne «à des procédures très claires en place pour s'assurer de la sécurité des données que nous collectons quand nous enregistrons des réfugiés partout dans le monde

L'ONG maintient toutefois que les réfugiés rohingyas ne savaient probablement pas que photographies d'identité, empreintes digitales et données biographiques pouvaient être partagées avec la Birmanie». ( Le temps.ch)

2021 - 9 juin : De nouvelles poursuites pour corruption ont été engagées contre Aung San Suu Kyi, et d'autres anciens responsables de son gouvernement.

Selon  la Commission de lutte contre la corruption,  les accusations portent sur l'utilisation abusive de terres pour la Fondation caritative Daw Khin Kyi, qu'elle préside, ainsi que sur des accusations antérieures d'acceptation d'argent et d'or.

La Commission a déclaré que des dossiers avaient été ouverts contre Suu Kyi et plusieurs autres fonctionnaires de la capitale Naypyidaw dans les commissariats de police mercredi.

"Elle a été jugée coupable d'avoir commis des actes de corruption en utilisant son rang. Elle a donc été inculpée en vertu de l'article 55 de la loi anti-corruption"

Elle risque à ce titre jusqu'à 15 ans de prison.

1er juin : Alors que les écoles sont fermées pour cause de Covid-19 depuis plus d'un an, la réouverture prévue est très largement boycottée par les 12 millions de jeunes concernés. Deux jours avant la rentrée, 90% des élèves ne sont pas enregistrés dans un établissement. Le mot d'ordre est "N'allez pas à l'école ! Quittez l'école". Partout dans le pays, des messages ont fleuri sur les façades des établissements. Pas d’enseignants qui servent les esclavagistes militaires, mais aussi Pas de traîtres​.

Il faut dire que la junte a suspendu un tiers des effectifs de professeurs, soit 150 000 enseignants pour la plupart engagés contre le coup d'État de février. Les enseignants qui ne sont pas suspendus sont aussi en grève, à l'instar des cheminots, médecins, ingénieurs ou ouvriers qui paralysent le pays.

 

MAI

26 mai : Après les révélations du journal Le Monde le 5 mai, le groupe Total annonce qu'il cesse ses versements à la junte militaire ( versement de dividendes aux actionnaires de MGTC -Moattama Gas Transportation Company, une société qui transporte le gaz depuis le gisement offshore de Yadana vers la Thaïlande.

La société propriétaire du gazoduc sous-marin de 346 kilomètres, qui est enregistrée aux Bermudes, était au cœur d’un montage financier où des millions de dollars provenant des ventes du gaz sont détournés des caisses de l’Etat birman au profit de MOGE, société contrôlée par les militaires. Les frais de transport facturés par MGTC à la société exploitant le gisement de gaz, détenue par les mêmes actionnaires et dans les mêmes proportions, permettent en effet de réduire les montants des royalties versés à l’Etat. MGTC déclarait un niveau de profit anormalement élevé, avec un bénéfice net avant impôt d’environ 98 %. Les documents auxquels Le Monde a eu accès montrent que les dividendes versés à MOGE étaient de 38,37 millions de dollars en 2018 et 52 millions de dollars en 2019. En vertu d’un accord signé le 30 janvier 1995 avec l’Etat birman, les actionnaires avaient en outre obtenu la garantie de n’être « pas taxés au Myanmar pour quelque dividende que ce soit ».

24 mai : pour la première fois depuis le coup d'État du 1er février, Aung San Suu Kyi réapparait en public, durant une demi-heure seulement,  les militaires débutant son procès devant un tribunal spécial établi par la cour suprême. Elle doit répondre de cinq chefs d'accusation. Elle est désormais accusée de ne pas avoir respecté les restrictions liées à la pandémie, d'incitation aux troubles publics, d'avoir perçu plusieurs centaines de milliers de dollars et onze kilos d'or en pots-de-vin, et d'avoir violé une loi sur les secrets d'État datant de l'époque coloniale. À elle seule, cette dernière charge pourrait la conduire derrière les barreaux pendant quatorze ans. Aung San Suu Kyi a néamoins pus s'entretenir durant ce court moment avec ses cinq avocats qui l'ont trouvé en bonne santé.

Alors que la contestation ne faiblit pas , que les conflits entre groupes armée Karen et Kachin avec la toute puissante Tatmadaw s'intensifient et que le bilan de la Junte s'élève à 800 morts, la Lady semble ne pas savoir ce qui se passe dans le pays depuis son arrestation.

Elle sait cependant que son parti, la LND est menacée de dissolution et a réussi à lancer "que son parti existera tant que le peuple existera, car il a été fondé pour le peuple."

 

2021 - 10 mai  : assassinat du poète Khet Thi

Le poète qui vait écrit "ils tirent dans la tête mais ils ne savent pas que la révolution est dans le coeur", est enlevé par les forces armées. Il est torturé à mort  Lorsque sa famille est invitée à récupérer le corps, elle constate que des organes ont été prélevés. Le bilan s'élève à ce jour à 780 civils tués tandis que 3800 personnes sont en détention.

 

AVRIL

25 avril : Sommet de l'ASEAN

Alors que la répression continue et provoque un déplacement d'environ 250 000 réfugiés , le général Min Aung Hlaing est invité à représenter la Birmanie au sommet de l'Asean qui se tient Jakarta.

A Djakarta, le président indonésien, Joko Widodo, a appelé la junte birmane à restaurer la démocratie, à cesser les violences contre les civils et à libérer les prisonniers politiques. Des déclarations d’une fermeté inhabituelle pour le leader d’un des plus grands pays de la région. Le premier ministre singapourien Lee Hsien Loong a, de son coté aussi, réclamé la libération d’Aung San Suu Kyi.

Selon le communiqué final du sommet, ces États sont parvenus à un consensus sur un plan en cinq points pour mettre fin aux violences et faciliter un règlement de la crise : ce plan prévoit notamment l’ouverture de la Birmanie à de l’aide humanitaire et à des émissaires de l’Asean qui auraient accès aux parties prenantes pour promouvoir le dialogue, comme l’avait évoqué le président indonésien dans la journée.

 

2021 - 19 avril : L'union européenne étend les sanctions contre la junte et les entités économiques qu'elle contrôle. Dix autres membres de la junte et deux sociétés sont ainsi visées. Ce sont "La Myanmar Economic Holdings Public Company Limited (MEHL) et la Myanmar Economic Corporation Limited (MEC) sont de grands conglomérats qui agissent dans de nombreux secteurs de l’économie birmane et sont détenus et contrôlés par les forces armées, dont ils assurent les revenus" et leurs dirigeants

2021 - 16 avril : formation d'un gouvernement d'unité nationale

Le CRPH, comité représentatif du parlement birman, structure organisée en résistance au coup d'Etat de février annonce la formation d'un gouvernement d'unité nationale. Le CRPH était déjà un gouvernement intérimaire clandestin, un cabinet composé principalement de membres de la Ligue nationale pour la démocratie.

"Parmi les 26 ministres et secrétaires d’Etat, 13 ne sont pas Bamars [l’ethnie majoritaire]. En l’absence du président de la République U Win Myint et de la conseillère d’Etat Aung San Suu Kyi, au secret à Naypyidaw, l’exécutif est confié à Duwa Lashi La (de l’ethnie Kachin), vice-président, et à Mahn Win Khaing Than (Karen), premier ministre ; Lian Hmung Sakhong, vice-président du Chin National Front (le Front national Chin), devient ministre des affaires fédérales. Huit femmes ont été désignées, comme Zin Mar Aung aux affaires étrangères ou Shwe Pon à la santé. Des jeunes sont promus, comme Ei Thinzar Maung, 26 ans, ministre adjointe, au côté d’une autre femme, la Karen Naw Susanna Hla Hla Soe, d’un nouveau département ministériel consacré aux femmes, aux jeunes et aux enfants. Enfin, un quart des ministres ne sont affiliés à aucune formation politique mais ont été choisis pour leur compétence." (LeMonde 10 mai 2021)

 

15 avril : L'armée publie une liste des journalistes recherchés en application de l'article 505-a du code pénal.

La Section 505(a)  du Code pénal érige en crime la publication ou la diffusion de toute "déclaration, rumeur ou rapport", "dans l'intention de provoquer, ou qui est susceptible de provoquer, la mutinerie d'un officier, d'un soldat, d'un marin ou d'un aviateur de l'armée, de la marine ou de l'armée de l'air, ou de l'amener à manquer à son devoir en tant que tel".

Selon Amnesty international, "si la protection de la sécurité nationale est un objectif légitime qui peut être invoqué pour justifier des limitations du droit à la liberté d'expression, les larges restrictions à l'expression imposées par la section 505(a) ne répondent pas au critère de nécessité et de proportionnalité. En outre, les tribunaux condamnent régulièrement des personnes en vertu de cette section sans que des preuves établissent l'intention requise ou la probabilité que le personnel militaire abandonne son service à la suite de l'expression. Dans la pratique, cette section a souvent été utilisée pour poursuivre les critiques de l'armée - une expression protégée par le droit international des droits de l'homme."


La section 505(b) du Code pénal punit la publication ou la circulation de toute "déclaration, rumeur ou rapport", "avec l'intention de provoquer, ou qui est susceptible de provoquer, la peur ou l'alarme du public ou d'une partie du public par laquelle une personne peut être incitée à commettre une infraction contre l'État ou contre la tranquillité publique". 

Comme la section 505(a), la section 505(b) a été utilisée à plusieurs reprises pour cibler l'expression protégée plutôt que de s'attaquer à l'incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination qui peut être légitimement interdite par le droit international des droits de l'homme.

Lire aussi : focus sur les lois répressives en Birmanie

 

 

 

8 Avril : la junte annonce la destitution de l'ambassadeur de la Birmanie en Grande-Bretagne. L'attaché militaire de l'ambassade expulse l'ambassadeur du bâtiment qui se voit notifier son interdiction d'y accéder. L'ambassadeur, Kyaw Zwar Minn, demande de l'aide son pays " S’il vous plaît, aidez notre pays car, sans votre aide, nous ne pourrons pas nous sortir de ce pétrin. ». Pour le ministre britannique des affaires étrangères, Dominic Raab, il s'agit d'une intimidation effectuée par le régime de Naypyidaw.

Le même jour, la junte qui multiplie les arrestations et détentions arbitraires a arrêté la star du cinéma birman, Paing Takhon, mannequin, acteur et chanteur très célèbre en Birmanie et en Thaïlande voisine. Le jeune homme de 24 ans a été interpellé au domicile de sa mère à Rangoun « par une cinquantaine de policiers et de militaires et placé en détention », selon sa sœur aînée. Paing Takhon s'était engagé contre la nouveau régime qui a travers tout le pays arrête 120 célébrités et personnes du monde artistique. A la demande de l'une d'entre elles, Ei Thinzar Maung, les manifestants symbolisent par des chaussures posées sur le sol, qu'ils ornent de fleurs,  les personnes arrêtées ou disparues.

Environ 3000 réfugiés birmans cherchent refuge dans l'Inde voisine qui les refoule comme "migrants illégaux". La junte demande d'ailleurs qu'ils soient expulsés de l'Inde, pays partageant 1643 km de frontière commune avec la Birmanie.

Le bilan humain s'élève à 600 civils morts, dont une cinquantaine d'adolescents ou enfants et 2800 personnes arrêtées.

4 Avril : Le groupe d'exploitation pétrolière et gazière est sur la sellette. Accusé avant 2011 de financer la junte alors au pouvoir, il fait à nouveau l'objet de critiques suite au coup d'Etat. Patrick Pouyanné, le PDG du groupe annonce cependant dans une interview au JDD que le groupe restera présent et en activité, restreinte, en Birmanie :

« Il y a des décisions évidentes à prendre et d'autres qui le sont moins... Nous avons décidé d'arrêter nos projets et nos forages en Birmanie, mais nous continuons de produire du gaz. Non pas pour maintenir nos profits ni pour continuer à verser des taxes ou impôts à la junte militaire. Mais pour garantir la sécurité de nos personnels, employés et responsables, leur éviter la prison ou le travail forcé, et surtout éviter d'aggraver encore les conditions de vie de ces populations en coupant l'électricité de millions de personnes ... Aussi, puisque je ne peux pas prendre la décision d'arrêter la production (...), je prends aujourd'hui la décision de verser aux associations qui travaillent pour les droits humains en Birmanie l'équivalent des taxes que nous serons amenés à payer effectivement à l'État birman » à l'avenir.

 Total est présent en Birmanie depuis 1992 et plusieurs ONG le pressent de « cesser de financer la junte ». Le groupe a versé environ 230 millions de dollars aux autorités birmanes en 2019, puis environ 176 millions en 2020, sous forme de taxes et « droits à la production », selon les documents financiers publiés par la multinationale.

L'armée birmane contrôle la compagnie nationale Myanmar Oil and Gas Enterprise (MOGE), qui a des partenariats avec Total.

En décidant d'arrêter de payer impôts et taxes à l'Etat birman, « nous exposerions les responsables de notre filiale au risque d'être arrêtés et emprisonnés », plaide M. Pouyanné.

 Il souligne toutefois que Total n'a « payé aucun impôt ni taxe à la junte militaire depuis le début de la crise en février, tout simplement parce que le système bancaire ne fonctionne plus ».

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3 avril  : 10 factions rebelles qui avaient signé en 2015 un cessez le feu avec l'armée (cf Birmanie 1963 - 2016) annoncent qu'elles envisagent de remettre en cause l'accord signé. Cela fait suite aux raids aériens effectués par l'armée birmane dans la sud-est du pays selon la KNU, la Karen National Union, l'un des plus importants groupes armés du pays. Ces raids auraient fait 12 000 déplacés.

 

MARS

27 mars : L'armée birmane fête comme chaque année depuis 76 ans, la "journée de l'armée", enchainant défilés militaires et répression. Le vice ministre russe de la défense, Alexandre Fomin fait le déplacement louant à cette occasion une Birmanie « alliée loyale et partenaire stratégique » de la Russie. Le militaire russe assiste au défilé militaire – un privilège rare pour un étranger –, conclu par un dîner de gala.

L'armée fait ce jour là 90 morts dans l'ensemble du pays soulevant l'indignation internationale tandis que la télévision d'État diffuse un message particulièrement menaçant :  "Apprenez la leçon de ceux qui sont morts après avoir été touchés à la tête et dans le dos… Ne mourez pas en vain". Le bilan monte à 423 morts et 3000 personnes prisonnières de l'armée. Les chefs d'État major de 12 pays (dont Etats-Unis, Royaume-Uni, Japon et Allemagne mais pas la France) ont condamné dans un communiqué commun l'usage de la force envers de civils.

26 mars - Incendie au siège de la LND suite à l'envoi au petit matin d'un cocktail Molotov.

25 - mars : un nouveau chef d'inculpation est retenu contre Aung San Suu Kyi. Elle aurait enfreint une loi datant de l'époque coloniale.

24 mars - Selon un responsable pénitentiaire cité par l'AFP, 600 personnes arrêtées ont été relachées, dont 360 hommes et 268 femmes de la prison d'Insein. L'audience de Aung San Suu Kyi est reportée au 1er avril faute d'internet. Son avocat, Khin Maung Zaw, n'a toujours pas pu la rencontrer. Le nombre de morts s'élève à 275 dont une fillette de 7 ans, Khin Myo Chit, atteinte à l'estomac par une balle, chez elle. Il s'agit peut-être d'une balle perdue, mais des vidéos montrent aussi des militaires tirant au hasard sur les habitations. Pour les militaires, les bilan s'élève à 164 morts, tous "des violents terroristes".

 

 

22 mars - L'union européenne annonce des sanctions contre le chef de la junte au pouvoir, le général Min Aung Hlaing, ainsi que neuf des plus haut gradés des forces armées et le nouveau président de la commission électorale, Thein Soe, pour son rôle dans l'annulation des élections de novembre 2020. Ces personnes ne peuvent plus se rendre ou de transiter par l’UE et leurs avoirs sont gelés au sein de l’Union. Il s'agit pour les ministres des affaires étrangères de 'UE de réagir « au renversement illégitime du gouvernement démocratiquement élu et à la répression brutale exercée par la junte contre des manifestants pacifiques ».

L'embargo sur les armes et équipement susceptibles d'être utilisés pour la répression en cours est maintenu.

L’Indonésie et la Malaisie appellent à une réunion d’urgence des dix pays de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), à laquelle appartient la Birmanie, pour discuter de la crise.

Depuis le coup d’Etat du 1er février c'est a minima plus de 2 600 personnes ont été arrêtées et quelque 250 tuées, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).

 

19 mars : EDF suspend son projet de barrage (le développement du projet hydroélectrique Shweli 3)  en Birmanie. Ce projet de 671 Megawatts initié en 2018 devait être développé dans l'Etat Shan, avec des partenaires japonais et birmans.

17 mars : nouveaux chefs d'inculpation d'Aung San Suu Kyi, pour corruption. Elle  aurait touché 550 000 dollars (460 000 euros) de pots-de-vin d’un homme d’affaires, selon la MRTV, la télévision d’Etat, qui diffuse une vidéo d’un promoteur immobilier qui confesse lui avoir versé cette somme en plusieurs fois entre 2018 et 2020.

 

14 mars : la répression s'amplifie suite aux manifestations qui ne faiblissent pas, faisant à ce jour 120 morts dont au moins 44 morts pour cette seule journée. La junte n'hésite pas à tirer sur des manifestants armés de couteaux et de bâtons. L'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener,  dénonce "vigoureusement" le "bain de sang" en cours.

Le ressentiment contre la Chine augmente, celle-ci étant le dernier soutien de la Junte. Une usine chinoise a été incendiée à Hlaing Tharyar

Hlaing Thar Yar abrite quelque 700 000 migrants, principalement des ouvriers du textile vivant dans le plus grand bidonville de Birmanie. Séparée de Rangoun par la rivière Hlaing, la banlieue se partage entre les imposants hangars gris des usines, qui ont poussé un peu partout ces dernières années, les dortoirs et huttes en bambou déployés le long des routes ou sur les berges de la rivière. Le district accueille également plusieurs terrains de golf, appréciés des militaires, et le luxueux condominium FMI City, où habitent les gérants chinois des usines et d’autres entreprises chinoises de Rangoun.

La zone est un condensé des effets de la démocratisation entamée en 2011 et brutalement stoppée par le coup d’Etat du général Min Aung Hlaing, le 1er février 2021. Les exportations de textile ont explosé, passant de 900 millions de dollars (657 millions d’euros) en 2012 à 5 milliards de dollars en 2019 et représentant 30 % des exportations totales du pays. Le secteur emploie 600 000 travailleurs, dont 80 % de femmes majoritairement venues des campagnes.

Si 60 % des investisseurs sont chinois, 75 % des exportations sont à destination de l’Union européenne et du Japon, facilitées par l’exemption de droits de douane vers l’Europe dans le cadre de l’accord « tout sauf les armes » de 2013, qui a marqué la fin des sanctions européennes. Rien n’incarne mieux la « démocratie disciplinée » voulue par l’armée que ces ouvriers birmans employés par des capitaux chinois, pour le marché européen, sous le regard des généraux jouant au golf, dans un équilibre fragile qui a désormais volé en éclats.

Car face aux canons des soldats, les grévistes ont pris pour cible les usines chinoises. Sur les réseaux sociaux, les travailleurs avaient prévenu avant la manifestation : « Pour chaque manifestant tué nous brûlerons une usine ». Selon le quotidien chinois Global Times, « trente-deux usines ont été vandalisées » dans des attaques ce jour-là. Mais le chiffre n’a pu être vérifié, les journalistes locaux n’ayant pas pu s’y rendre. Le sentiment antichinois est largement partagé au sein de la population birmane, et la mauvaise réputation des patrons chinois (manque de toilettes, horaires prolongés et répression des syndicats) ne fait rien pour arranger les choses.

Outre le soutien historique à la dictature des généraux Saw Maung et Than Shwe de 1988 à 2010 et les ventes d’armes, Pékin est accusé par les manifestants de bloquer le Conseil de sécurité des Nations unies et d’approvisionner la junte en armes et techniciens. Des rumeurs circulent autour de nombreux vols nocturnes reliant l’aéroport de Kunming, au Yunnan, à Rangoun, alors qu’Internet est coupé et l’aéroport officiellement fermé – pour acheminer des « fruits de mer », selon l’ambassade de Chine. (in  la bataille de Hlaing Tharyar - LeMonde) .

La Chine demande à la Birmanie de "garantir la sécurité" de ses ressortissants.

La loi martiale est décrétée sur deux communes de l'agglomération de Rangoun, Hlaing Tharyar et Shwepyitha, afin d’assurer la sécurité, de maintenir l’Etat de droit et la tranquillité plus efficacement.

 

 11 mars : l'armée étoffe ses accusations contre Aung San Suu Kyi, qui est maintenant accusée d'avoir perçu illégalement 600 000 dollars et 11 kilos d'or. Aucune preuve n'a été apportée à ce jour à ces allégations. Selon le porte-parole de l'armée, l'accusation émane de l'ancien premier ministre de la région de Rangoun Pyo Min Thein, en délicatesse avec son parti la LND depuis juin 2020.

 

5 mars : selon un responsable de la police indienne, au moins 19 membres de la police Birmane ont franchi la frontière séparant la Birmanie de l'Inde afin de ne pas avoir à obéir aux ordres donnés relatifs à la répression en cours.

D'après le journal Irrawady, " Plus de 600 policiers ont rejoint le mouvement de désobéissance civile (MDC) du Myanmar contre le régime militaire. Seul l'État de Rakhine ne rapporte aucune protestation de la part des policiers.

Le nombre de démissions de policiers a fortement augmenté depuis la violente répression de la fin février.

Les officiers du département des enquêtes criminelles, de la branche spéciale, de la police de sécurité touristique, de la police de sécurité et des dépôts de formation ont quitté leurs fonctions pour résister au régime militaire, selon un officier de Naypyidaw.

Plus de 500 policiers participaient au MDP jeudi et 100 autres ont rejoint le mouvement vendredi." 

 

3 Mars : L'armée et la police font 38 morts parmi les manifestants, portant le bilan à plus de 50 morts depuis le coup d'État. La liberté d'informer est aussi visée, six reporters birmans, dont un photographe de l'agence américaine Associated Press (AP), sont inculpés pour avoir violé une loi sur l'ordre public récemment amendée par la junte. Le nouvel article changé par la junte vise désormais toute personne ayant "causé la peur dans la population, répandu de fausses informations (...) ou incité à provoquer la désobéissance et la déloyauté d'employés du gouvernement" envers les autorités. 

 

 

Le régime est quasi universellement condamné, à l'exception notable de la Chine et de la Russie, mais la réaction de Min Aung Hlaing est nette et de très mauvais augure : "nous sommes habitués aux sanctions".

 

 

FÉVRIER

 

28 février : Ravina Shamdasani, la porte-parle du Haut Commissariat aux droits de l'Homme de l'Onu fait état "d'informations crédibles" selon lesquelles la répression des manifestations aurait fait ce jour au moins 18 morts et 30 blessés. L'armée utiliserait maintenant des "armes létales et non-létales", donc des balles réelles. «Ces morts sont dues à l’utilisation de balles réelles pour tirer sur la foule à Rangoon, Dawei, Mandalay, Myeik, Bago et Pokokku. Les forces de sécurité ont également utilisé des gaz lacrymogènes ainsi que des grenades assourdissantes ou paralysantes».

La porte-parole écrit ensuite que : 

"Depuis le début du coup d'État au Myanmar le 1er février, la police et les forces de sécurité ont pris pour cible un nombre toujours croissant de voix de l'opposition et de manifestants en arrêtant des responsables politiques, des militants, des membres de la société civile, des journalistes et des professionnels de la santé. Rien qu'aujourd'hui, la police a arrêté au moins 85 professionnels de la santé et étudiants, ainsi que sept journalistes, qui étaient présents lors des manifestations. Plus de 1000 personnes ont été arrêtées et détenues arbitrairement au cours du mois dernier - dont certaines sont toujours portées disparues - la plupart sans aucune forme de procédure régulière, simplement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux à la liberté d'opinion, d'expression et de réunion pacifique."

L'armée par Media d'État interposé continue de menacer, avertissant que des "mesures sévères seront inévitablement prises contre des foules anarchiques".

Par ailleurs, le procès de Aung San Suu Kyy est annoncé par la junte qui a ajouté deux motifs d'inculpations : incitations aux troubles publics et violation d'une loi sur les télécommunications.

26 février : L'ambassadeur de la Birmanie à l'ONU, Kyaw Moe Tun, a pris spectaculairement ses distances avec la junte en appelant "à la fin du coup d'État" et réclamant à la communauté internationale l'action "la plus forte possible" contre ses responsables. L'ambassadeur est immédiatement démis de  ses fonctions et accusé de haute trahison par la junte. Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, a déclaré que Kyaw Moe Tun reste cependant le seul « représentant permanent du Myanmar » auprès de l’ONU, les Nations unies n’ayant pas reconnu la junte.

 

23 février : selon l'ONG Birmane AAPP ( Assistance Association for Political Prisoners), 696 personnes ont été arrêtées depuis le 1er février.

La Malaisie expulse 1086 migrants Birmans, la plupart issus de minorités (chrétiens Kachins, Shans), vers la Birmanie. Malgré un arrêt contraire de la cour suprême saisie par Amnesty international et Asylum Access, le pouvoir a autorisé l'armée birmane à embarquer ces personnes sur des bateaux militaires. Selon les autorités Malaisiennes, les infractions de ces migrants été notamment constituées par des visas expirés. Aucun Rohingya ne figurerait parmi les expulsés.

 

22 février : Les Etats-Unis annoncent des sanctions à l'encontre du général Maung Maung Kyaw, commandant en chef de l’aviation, et du général Moe Myint Tun, ancien chef d’état-major de l’armée, désormais à la tête d’un bureau supervisant les opérations spéciales. Les biens et avoirs que ceux-ci détiennent aux Etats-Unis sont gelés.

« Nous n’hésiterons pas à prendre de nouvelles mesures contre ceux qui commettent des actes de violence et répriment la volonté du peuple. Nous ne faiblirons pas dans notre soutien au peuple birman », a prévenu le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

Les 27 ministres des affaires étrangères de l'Union Européenne ont aussi  adopté un projet de « mesures ciblées » visant des responsables du putsch et des violences qui en découlent. Les mesures européennes vont frapper leurs intérêts selon Josep Borell, haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

 

20 février : les manifestations sont maintenant quotidiennes et très importantes dans tout le pays. A Mandalay, la deuxième ville de Birmanie, le mouvement de désobéissance civile (CDM Civl Desobedience Movement) bat son plein. La police franchit une nouvelle étape en tirant sur des manifestants en soirée, tuant deux personnes et en blessant six autres. La foule tentait de protéger des employés du port en grève que la police assiégeait avec des jets d'eau et des balles en caoutchouc. La police est ensuite passée aux tirs à balles réelles avec ce résultat dramatique.

De son côté, l'armée, par le biais de son canal MRTV, la radio-télévision d'État, met en garde les manifestants: "Les manifestants sont en train d'inciter les gens, en particulier des jeunes et des adolescents influençables, à suivre la voie de la confrontation, un chemin au bout duquel ils risquent de perdre la vie."

 

 

19 février : Décès de Mya Thwate Thwate Khaing, une jeune manifestante de 20 ans, blessée par la police le 9 février. C'est la première victime du coup d'État. L'armée avait affirmé qu'elle n'était équipée le 9 février, que d'armes non létales. La gravité des blessures fait cependant polémique et la version selon laquelle le tir mortel était à base de balles de caoutchouc est contestée. Les funérailles mobilisent une foule énorme envers la "martyre"à Naypidaw la capitale fantôme et gigantesque créée par le régime d'avant le gouvernement d'Ang San Suu Kyi.

18 février : La Grande-Bretagne sanctionne trois généraux Birmans (le ministre de l'intérieur et son adjoint, ainsi que le ministre de la défense)  qui ont commis des "graves violations des droits humains" et bloquent leurs avoirs, portant à 19 le nombre de soutiens du régime que Londres entend sanctionner. Le Canada se joint à la Grande-Bretagne. Des mesures sont aussi prises pour empêcher des entreprises britanniques de travailler avec l'armée birmane.

10 Février : le président américain Biden annonce approuver des décrets afin de "sanctionner immédiatement les responsables militaires qui ont organisé ce coup d'État, leurs intérêts financiers ainsi que leurs familles proches», Il demande la libération de Aung San Suu Kyi.

A partir de là, la répression s'amplifie. L'internet est coupé sur des grandes parties du territoire à compter du 14 février tandis que l'armée déploie des chars dans les rues .La police procède à des arrestations de médecins et de personnalités politique en pleine nuit. La population sort alors dans les rues pour empêcher ses actions, au son des casseroles.

 

Le 9 février, la page facebook de la LND affirme que "le siège de la LND à Yangon a été investi par l'armée qui l'a saccagé". Mya, une jeune manifestante, sympathisante de la LND venue manifester avec sa famille , est grièvement blessée.

 

04 février : une première manifestation, restreinte et symbolique,  contre le coup d'État se déroule à Mandalay, deuxième ville du pays après Yangon. Elle ne réunit qu'une vingtaine de personnes brandissant devant l'université de médecine un panneau où est écrit : "le peuple proteste contre le coup d'État militaire". D'autres manifestations sont organisées.

 

Les manifestations s'amplifient tandis que l'armée prévient qu'elles doivent cesser sous peine de représailles. L'armée utilise des balles en caoutchouc et des canons à eau pour disperser les manifestants. L'ONU condamne l'usage disproportionné de la force employée par l'armée. Min Aung Hlaing prononce le 8 février un premier discours à la télévision. Tout en décrétant la loi martiale sur une partie du pays, notamment à Yangon et Mandalay, il assure que la junte n'a pas vocation à diriger le Myanamar. Il dissout la commission électorale et promet la tenue de nouvelles élections "libres et juste" pour assurer "une démocratie véritable et disciplinée". Les rassemblements de plus de cinq personnes sont interdits.

4 février 2021  - Création du CRPH - Comité représentant l'Assemblée de l'Union ( Committee Representing Pyidaungse Hluttaw) par 70 députés de la LND qui prêtent serment à Naypyidaw, en s'engageant à respecter le mandat du peuple, s'opposant ainsi au nouveau régime militaire. Les députés choisissent 17 membre de l'Assemblée pour les représenter, issus de de la chambre des représentanst ( Pyithu Hluttaw)  qui comporte 440 sièges et de la chambre des nationalités (Amyotha Hluttaw) , la chambre haute, qui en comporte 224.

Ses membres entrent immédiatement dans la clandestinité. La junte déclare que toute association avec le CRPH s'apparente à une «haute trahison» et inculpe certains de ses membres. Le CRPH conseille aux diplomates de l'ONU et à la communauté internationale de travailler directement lui en ce qui concerne les affaires officielles du pays. Le 10 février, deux députés élus issus de partis politiques ethniques, le Parti national de Ta'ang et le Parti démocratique de l'État de Kayah rejoignent le comité. Le CRPH est ainsi constitué :

  • Vice-président par intérim : Mahn Win Khaing Than
  • Ministre des Affaires étrangères : Zin Mar Aung
  • Ministre de la Présidence et du Gouvernement : Lwin Ko Latt
  • Ministre du Plan, des Fiances et de l'Industrie, ministre de l'Investissement et des Relations économiques étrangères, ministre du Commerce : Tin Tun Naing
  • Ministre du Travail, de l'Immigration et de la Population, ministre de l'Éducation, ministre de la Santé et des Sports : Zaw Wai Soe

 

 

JANVIER

 

31 janvier  : coup d'État de l'armée. Le "Conseil d'État administratif" prend le pouvoir.

Le coup d'État intervient avant la première réunion du parlement issu des élections de novembre 2010. Aung san suu Kyi est arrêtée ainsi que le président Win Mynt . Le général Min Aung Hlaing a pris la tête du pays et annonce un état d'urgence pour un an. Les banques sont fermées. Les réseaux sociaux, Facebook, twitter, instagram et la messagerie whatsapp sont fermés, car les réseaux peuvent "provoquer des malentendus chez le public".

L'armée affirme avoir jugé ce putsch nécessaire pour préserver la "stabilité" de l'État et promet de nouvelles élections "libres et équitables", une fois que l'état d'urgence d'un an sera levé. Min Aung Hlaing considère que le coup d'État était inévitable.

Le coup d'État est condamné notamment par le secrétaire général des Nations unies , l'Union européenne et les États-unis d'Amérique. La Chine et la Russie ont une approche un peu différente.

Pour la Russie, il est trop tôt pour donner une évaluation, son pays suit attentivement la situation.

"Le putsch des militaires birmans, lundi 1er février, et l'arrestation d'Aung San Suu Kyi est un « remaniement ministériel majeur », selon la presse officielle chinoise, qui rivalise d'euphémismes pour éviter de parler de coup d'État. Le gouvernement de Pékin s'est, en effet, contenté d'appeler à la « résolution des différends dans le cadre de la loi », se gardant bien de condamner l'armée birmane. Il n'est donc pas question de coup d'État mais d'un « remplacement des ministres civils par des militaires ». Citant « des experts », le quotidien de langue anglaise Global Times a, de son côté, qualifié la prise du pouvoir par l'armée d'« ajustement de la structure déséquilibrée du pouvoir ».

Dans un éditorial, l'organe nationaliste du Parti communiste chinois pointe l'échec de la transition démocratique malgré les victoires électorales d'Aung San Suu Kyi et de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). « Les profonds conflits d'intérêts n'ont pas été traités. Si le gouvernement élu et la junte militaire ont tous deux fait des efforts, apaisant leurs différends pendant un temps, ils ont néanmoins échoué à établir un mécanisme pour les résoudre une fois pour toute. De même, les conflits ethniques n'ont pas été résolus. [...] La prospérité apportée par les réformes politiques est restée superficielle et fragile. (Rfi)"

Le nouveau président, par intérim, est le général Mynt Swe, connu pour avoir organisé l'arrestation de ses rivaux , puis supervisé la répression de la "révolution de safran" en 2007.

Le conseil de sécurité de l'ONU, bloqué par la Chine et la Russie n'arrive pas à se mettre d'accord pour condamner le coup d'État. 

Au moins 150 activistes et politiques sont arrêtés. Les bureaux des bureaux de la LND sont scellés dans les différentes régions. Les ordinateurs et des documents sont confisqués.

Aung San Suu Kyi est inculpée pour"avoir importé et utilisé illégalement des équipements de réception et de transmission radio", 9 talkie-walkie de son équipe de sécurité, d'un modèle tout à fait commun ayant été trouvés chez elle lors d'une perquisition.

Le président U Win Myint est lui aussi inculpé pour avoir accueilli devant sa résidence officielle en septembre 2020, un rassemblement de 760 de ses partisans (LND) alors que la loi n'autorisait pas les rassemblements de plus de 50 personnes.

Ils risquent tous les deux jusqu'à trois de prison.

Dans la capitale administrative, Naypidaw, les députés nouvellement élus et gardés par l'armée, sont finalement autorisés à rentrer chez eux. Ils ont 24 h pour quitter la ville. Il n'auront pas siégé.

Des mouvements de désobéissance civile commencent à émerger : démission de 71 employés de mytel l'opérateur téléphonique de l'armée, concerts de boites de conserves, de klaxons et de casseroles dans la ville.

Comme lors des manifestations de  2015, des personnes font le salut à trois doigts, inspiré du film hunger games où il représente la défiance muette contre le système oppressif.

Le pouvoir échoit à un Conseil d'État administratif, émanation de l'armée. Le Conseil est composé de huit militaires et trois civils émanant de formations politiques opposées à la LND. Le Conseil désigne immédiatement une commission électorale chargée de réexaminer l'élection de novembre 2020.

 

28 janvier : L'armée évoque encore une fois des irrégularités dans le scrutin de novembre 2020 et demande au parlement de tenir une session spéciale à ce sujet. Suite au refus du parlement, au motif que seule la commission spéciale électorale est compétente en la matière, le porte-parole de l'armée évoque la possibilité d'une "crise politique".

Le commandant en chef de l'armée, Min Aung Hlaing évoque dans un discours la nécessaire révocation de la constitution de 2008, pourtant largement taillées sur mesure pour favoriser l'armée.

 

 

15 janvier : l'armée utilise des mortiers lourds à Mae Waï, sans distinction de cibles civils ou militaires (la guérilla Karen). Le Karen Peace Support Network (KPSN) condamne l’intensification de ces attaques d’artillerie menées par l’armée birmane dans les districts de Mutraw (Papun) et Kler Lwe Htoo (Nyaunglebin) au nord de l’État de Karen, qui ont déplacé plus de 3700 villageois et tué un chef de village le 12 janvier.

 

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