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L'objectif suprême du gouvernement sera d'apporter à Israël la paix et la sécurité tout en préservant les intérêts vitaux de l’État d'Israël.

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M. le Président de l'Etat et Madame Reuma Weizman,

M. le Président de la Knesset M. Avraham Burg,

veuillez accepter mes voeux du fond du cœur à l'occasion de votre élection méritée aux fonctions de Président de la Knesset.

La Chambre des Législateurs acquiert aujourd'hui le privilège d'une direction nouvelle, jeune et dynamique, le produit à la fois de la Torah et du Travaillisme, et qui laissera sans aucun doute son empreinte sur cette Chambre. Tous, nous vous exprimons nos vœux de succès, et avec vous, à vos parents, à votre père le Dr Yossef Burg et à votre mère Rivka.

Nos remerciements vont également au Président sortant par intérim, le député Shimon Pérès, qui a dirigé la Knesset ces dernières semaines d'une main crédible, expérimentée et sûre, ainsi qu'à tous les députés qui ont quitté la Chambre à l'occasion de cette session, particulièrement au Président de la Knesset Dan Tichon, qui a dirigé la Knesset d'une manière qui a fait honneur à la Chambre de la démocratie israélienne.

Je commencerai par un mot personnel. Durant presque toute ma vie adulte j'ai été un soldat, j'ai connu la fierté de la victoire mais aussi la peine de l'échec, et comme quelqu'un qui n'a eu comme seul vêtement durant des décennies que l'uniforme vert olive, je vous dis aujourd'hui selon les mots du poète A. Hillel - Nous les soldats sombres aux mains noircies de guerre, aux narines affectées par l'odeur fétide de la mort, à la langue desséchée, nous crions notre amour au plus profond de vos âmes.

 

Voir aussi les lignes directrices du gouvernement Barak

 

Je ne suis pas seul aujourd'hui ici sur ce podium, j'ai avec moi les combattants de Tsahal de toutes les générations qui ont enduré la pire expérience du feu pour assurer notre liberté. Sont avec moi tous ceux qui sont revenus à l'aube de l'enfer de la nuit avec sur leurs épaules des brancards silencieux où reposent des camarades qui ont perdu le dernier souffle.

Je ne suis pas seul aujourd'hui ici sur ce podium, sont avec moi les travailleurs de la technologie de pointe vêtus de blanc d'Herzliya, et les chômeurs nécessiteux dénués de tout revenu de Dimona, Ofakim et Hatzor, les rabbins et les lacs, les cultivateurs et les jardiniers, les travailleurs du bâtiment. Je ne suis pas seul.

Je ne suis pas seul ici aujourd'hui, sont avec moi les mères qui ne dorment pas la nuit et les pères tourmentés d'angoisse. Sont avec moi tous ceux qui rêvent et tous ceux qui luttent.

Et au nom de tout le gouvernement d'Israël qui prend aujourd'hui son chemin ainsi qu'en mon nom propre, je vous promets que nous n'avons pas fermé l’œil ce mois dernier et que nous ne fermeront pas l’œil autant qu'il le faudra à l'avenir, afin que les mères en Israël puissent aller tranquillement dormir dans les années qui viennent.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés,

il est dans les annales de la Knesset des tournants, la fin d'une période et l'ouverture d'une ère nouvelle. Aujourd'hui, un nouveau gouvernement entame son chemin en Israël, un gouvernement qui repose sur une confiance large de la part de cette Chambre et sur une majorité des couches de la société.

Ce jour s'inscrira, je le crois, dans l'histoire comme un jalon et comme le temps d'un tournant. Le temps de la concorde, le temps de l'union, le temps de la paix.

Huit semaines se sont écoulées depuis que le peuple a exprimé sa volonté dans l'urne et je souhaite, en premier lieu, adresser mes sentiments de profonde gratitude à vous tous les Israéliens qui nous regardez en ce moment et qui m'avez accordé votre confiance, et mon estime à tous les citoyens sans distinction d'opinion qui ont pris part au processus démocratique en y exprimant leur choix et leur libre volonté.

Il est de mon juste devoir d'exprimer toute ma considération au gouvernement sortant pour les efforts qu'il a investis et pour les résultats qu'il a obtenus durant la période où il a gouverné.

Mon estime va à tous les ministres et en particulier au Premier ministre Benjamin Netanyahu qui a fait preuve, depuis le verdict des électeurs, d'une attitude solennelle digne d'éloge. Je souhaite aussi ajouter un mot personnel. Quand bien même, sur le plan politique, nos opinions ont divergé quant à la voie et souvent quant au style, au plan personnel, nos relations n'ont pratiquement jamais été affectées. Comme quelqu'un qui a accompagné la famille Netanyahu, y compris Benjamin Netanyahu, depuis déjà des décennies, je souhaite et je crois que nous saurons rester amis également à l'avenir.

J'ai déjà dit au terme du jour des élections qu'à partir de mon élection je me considère le représentant de tous les citoyens d'Israël. En leur nom et pour eux j’œuvrerai de toutes mes forces avec mes collègues, avec la conscience profonde du poids des responsabilités et de la mission, afin de de piloter et de conduire l’État de l'avant vers ses grands objectifs et vers un avenir prometteur. J'ai dans le cœur une prière antique, la prière de Salomon: “Donne à ton serviteur un cœur attentif pour discerner entre le bien et le mal, car qui peut juger ton grand peuple ?”.

Monsieur le Président, honorable Knesset,

je suis fier de présenter au peuple et à la Chambre un nouveau gouvernement large, bon et représentatif qui repose sur l'appui de la grande majorité des députés et des citoyens de l'Etat. Ce n'est pas en vain que j'ai exploité la totalité de la période que la loi m'a allouée pour former le gouvernement. Je n'ai pas choisi la voie de la facilité. Les enseignements tirés de l'histoire juive ainsi que la profondeur de la division sociale et politique dans l'Israël d'aujourd'hui m'ont forcé à choisir la voie la plus longue, celle de la patience, pour atteindre les objectifs que je m'étais assignés: constituer un gouvernement qui puisse fonctionner à l'heure des décisions nationales difficiles, par consensus et équilibre entre les secteurs du peuple. Je n'ai jamais admis ni n'admettrai à l'avenir aucune disqualification de quelque part que ce soit. Au cours des négociations, j'ai sérieusement envisagé l'éventualité d'élargir encore plus la base de la coalition, cela n'a pu être réalisé et, rétrospectivement peut-être vaut-il mieux ainsi.

Dans un régime démocratique, le rôle de l'opposition parlementaire est très important, et j'ai l'intention d'exprimer ma reconnaissance de cet état de fait au moyen d'un contact permanent pour la transmission d'informations et pour la concertation de la part du gouvernement avec les chefs de file des fractions qui ne sont pas membres de la coalition. J'attends de la part de l'opposition une critique objective et constructive qui puisse permettre de tenir compte de son opinion dans la gestion des affaires de l’État.

Monsieur le Président, honorable Knesset, les lignes directrices du gouvernement et les accords de coalitions sont déposés devant vous, tout est clair et visible. Rien n'est caché, il n'y a pas d'accords secrets, pas d'arrangements de dessous la table et comme vous avez pu le constater, il n'y a aucun engagement pécuniaire et aucun avantage à des secteurs donnés ou à des groupes sectoriels. Je n'entrerai pas dans tous les détails des lignes directrices du gouvernement, celles-ci représentent cependant la carte d'identité du gouvernement, les principes de sa politique et sa déclaration d'intentions.

Tous les gouvernements précédents avaient de bonnes intentions, tous n'ont pas réussi à les concrétiser dans la même mesure. Je sais que l'examen véritable du gouvernement est en définitive l'examen de son action et non pas de ses intentions. J’œuvrerai de mon mieux pour que le fossé entre les bonnes intentions et l'action concrète soit le plus étroit possible.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, l'idéal sioniste brandi à Bâle voici plus d'un siècle a provoqué une révolution dans l'existence du peuple juif et l'a ramené vers la scène de l'histoire en tant que nation souveraine, indépendante, puissante et prospère. Le rassemblement des exilés, l'installation, la renaissance de la langue, la culture et la vie scientifique et littéraire, l'établissement d'un système d'enseignement brillant et d'institutions religieuses, l'instauration d'une économie nationale forte, d'une force de défense, de systèmes d'infrastructure, d'un service de santé et de services sociaux, la construction d'une société démocratique libre et variée basée sur la suprématie des lois et du droit, ce sont là des résultats sans pareil dans l'histoire des nations. Ces résultats ont été obtenus en dépit de la Shoah qui extermina le tiers de notre peuple et dans une lutte implacable et des guerres sanguinaires dans lesquelles les meilleurs de nos fils et de nos compagnons ont fait le sacrifice suprême. C'est grâce à eux que nous sommes ici, déterminés et assurés, aspirant à une réconciliation historique et à mettre fin aux guerre et à l'hostilité. Nous communions avec les familles endeuillées, les familles des disparus et des prisonniers, les invalides et les blessés des opérations de sécurité. Fasse que la paix apporte un réconfort à vos peines.

Nous savons que la victoire du Sionisme ne sera pas complète tant que ne seront pas instaurés une paix véritable, une sécurité totale et des liens d'amitié, la confiance et la coopération avec tous nos voisins alentours.

L'objectif suprême du gouvernement sera d'apporter à Israël la paix et la sécurité tout en préservant les intérêts vitaux de l’État d'Israël.

La plus grande percée historique vers la paix a eu lieu il y a déjà plus de vingt ans dans la vision et le courage de deux grands leaders, feu Menahem Begin et Anouar el-Sadate. Un autre jalon a été celui de la Conférence de Madrid à l'époque du Premier ministre Yitzhak Shamir. Un élan renouvelé de grande envergure a été apporté pat Yitzhak Rabin, ce leader courageux et intègre dont j'ai tant appris et qui a été assassiné au beau milieu de sa lutte pour son idéal, l'idéal de la paix, et avec lui notre camarade, à qui nous souhaitons longue vie, Shimon Pérès.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a, certes, débuté par la signature de l'Accord de Hébron, mais il n'a cependant pas eu la force d'appliquer les Accords de Wye qu'il avait lui-même contractés.

Il nous incombe désormais de compléter cette mission et d'instaurer une paix globale dans un Moyen-Orient qui a tant de fois fait l'expérience de la guerre. Notre devoir, vis-à-vis de nous-même et vis-à-vis de nos enfants, est de conduire, par des mesures résolues, au renforcement de l'Etat d'Israël via la cessation du conflit israélo-arabe. Ce gouvernement est déterminé à réunir toutes les forces, à s'engager sur toutes les voies et à faire tout le nécessaire en faveur de la sécurité d'Israël, l'obtention de la paix et la prévention de la guerre. Nous avons le devoir historique d'exploiter le créneau des possibilités qui s'est ouvert devant nous afin de pourvoir à Israël la sécurité et la paix à long terme. Nous savons qu'une paix globale et stable ne pourra être instauré que si elle repose en même temps sur quatre piliers: l’Égypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban, en un certain sens, d'un seul bloc, et bien entendu les Palestiniens. Tant que la paix ne reposera pas sur ces quatre piliers elle restera incomplète et instable. Les pays arabes doivent savoir que seul un Israël fort et confiant en soi peut apporter la paix.

Ici, aujourd'hui, j'appelle tous les leaders de la région à tendre la main pour rencontrer la main que nous tendons, et en faveur de "la paix des braves", dans une région qui a connu tant de guerres, de sang et de souffrance. A nos voisins les Palestiniens, je souhaite dire ceci: le conflit amère entre nous à provoqué de grandes souffrances à nos deux peuples. Il est vain de vouloir faire aujourd'hui le décompte des erreurs historiques. Il aurait pu peut-être en être autrement, mais nous ne pouvons changer le passé, nous pouvons seulement améliorer l'avenir. Je suis conscient non seulement des souffrances de mon peuple, mais je je reconnais aussi les souffrances du peuple palestinien. Mon ambition et ma volonté sont de mettre fin à la violence et à la souffrance et d'agir avec la direction palestinienne élue, sous l'autorité du Président Yasser Arafat, dans le partenariat et le respect, afin d'arriver conjointement à un arrangement honnête et consenti de coexistence dans la liberté, la prospérité et le bon voisinage dans ce pays bien aimé où les deux peuples vivront à jamais.

Au Président syrien Hafez Assad je dis que le nouveau gouvernement d'Israël est déterminé à promouvoir dès que possible les négociations en vue de la conclusion d'un accord de paix et de sécurité bilatéral et complet sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil de Sécurité.

Nous avons été d'amers et durs adversaires sur le champ de bataille. Il est temps que nous établissions désormais une paix ouverte et courageuse qui assurera l'avenir de nos deux peuples, de nos enfants et petits-enfants.

J'ai l'intention de mettre fin à la présence des Forces de Défense d'Israël au Liban d'ici un an, de déployer les FDI, dans le cadre d'un accord, le long de la frontière et de ramener nos garçons à la maison tout en prenant les mesures nécessaires à la garantie du bien-être et de la sécurité des habitants du long de la frontière nord, de même qu'à l'avenir du personnel libanais de sécurité et d'assistance civile qui ont travaillé à nos côtés toutes ces années au service des habitants de la région.

Je saisis cette occasion pour rendre hommage aux habitants de Kiryat Shmona et des communautés le long de la ligne de confrontation pour leur attitude ferme face aux katiouchas. D'ici, et au nom de nous tous, je leur exprime mon soutien. C'est leur détermination et la puissance des FDI qui nous ont permis de créer une situation nouvelle dans le Nord.

Monsieur le Président, honorable Knesset,

ces deux missions, celle d'arriver à un arrangement permanent avec les Palestiniens et celle de conclure la paix avec la Syrie et le Liban, sont à mes yeux également vitales et urgentes. L'une n'est ni inférieure ni moins prioritaire par rapport à l'autre. L'objectif du gouvernement sera d'agir en même temps pour rapprocher la paix sur tous les fronts sans compromettre toutefois les besoins de sécurité et les intérêts les plus vitaux d'Israël, en tout premier lieu une Jérusalem unifiée, capitale éternelle d'Israël, sous notre souveraineté.

Nous ne serons pas dissuadés par les difficultés à prévoir. Je sais bien que de difficiles négociations pavées de crises, de hauts et de bas, nous attendent avant que nous puissions atteindre l'objectif que nous souhaitons. Je peux seulement promettre que, si la partie adverse fait preuve du même degré de détermination et de bonne volonté pour arriver à un accord que de notre côté, aucune force au monde ne pourra nous empêcher de réaliser la paix.

Dans ce contexte, j'attache la plus grande importance à l'appui de nos partenaires aux traités de paix, l'Egypte et la Jordanie.

Je suis convaincu que le Président Hosni Mubarak et le roi Abdallah peuvent jouer un rôle vital en créant une dynamique et une atmosphère de confiance si nécessaires au progrès vers la paix. Ils peuvent aussi promouvoir l'éducation pour la paix parmi les enfants d'Egypte, de Jordanie, les Palestiniens et, à l'avenir, également en Syrie et au Liban, une éducation pour la paix qui est la condition de toute paix stable à long terme.

Je suis convaincu que le roi Hassan du Maroc peut aussi y contribuer, de même que d'autres pays qui déjà, par le passé, ont ouvert des canaux de communication avec Israël, en coopérant au processus de paix dans des sphères variées. J'aspire à renouveler fermement ces contacts afin de créer une atmosphère régionale favorable qui puisse aider aux négociations.

Il va sans dire que l'assistance des États-Unis est une condition fondamentale à tout progrès en vue de résoudre le conflit dans la région. L'amitié de l'Amérique, sous la direction du Président Clinton, sa générosité et l'intensité de son soutien au processus de paix au Moyen-Orient constituent un élément vital des chances d'atteindre notre objectif. Je me rendrai bientôt aux États-Unis, à l'invitation du Président Clinton, un ami loyal d'Israël, afin de discuter de l'ensemble des questions à l'ordre du jour entre nous, en tout premier lieu, du processus de paix sur toutes ses voies et du renforcement de la puissance et de la sécurité d'Israël.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés,

La garantie des accords de paix et leur application repose dans les Forces de Défense d'Israël. Nous nous attacherons donc au renforcement des FDI, de la qualité de ses chefs et de ses soldats, de son équipement en les meilleurs des systèmes éducatifs et technologiques, de son entraînement et de sa formation, de sa capacité permanente de dissuasion et de réponse à tous dangers proches ou éloignés, aux menaces de toutes catégories, conventionnelles ou non. Mais la sécurité n'émane pas uniquement des chars d'assaut, des avions ou des navires lance-missiles. La sécurité émane tout d'abord des individus. Ce sont eux qui construisent l'intégrité de la société et la puissance nationale d'Israël. En conséquence, parallèlement à la promotion de la sécurité et de la paix et à la politique étrangère et sans moins d'urgence et d'importance, le gouvernement se doit de faire face aux défis de la société, l'économie et les besoins des citoyens.

La société israélienne est unique en son genre, c'est une mosaïque fascinante d'opinions et de variétés, de cultures et de croyances, des résidents de longue date et des nouveaux immigrants, des gens de toutes les diasporas, des religieux et des ultra-orthodoxes, des traditionalistes et des lacs, des Juifs et des Arabes, des Druzes et des Circassiens. Tous ensemble et de manière égale ils sont Israël. Une société où personne n'est meilleur ou moins bon mais dans laquelle, comme dans toute société humaine, il existe des marges de pauvreté et de retard social. Il existe des secteurs faibles où des centaines de citoyens souffrent de ne pouvoir, sans assistance ou stimulation, rattraper le rythme rapide du progrès. Nous ne devons pas courir de l'avant et les laisser derrière au bord du chemin. Le gouvernement sous ma direction s'est engagé à lutter contre le chômage et la pauvreté qui menacent de défaire et d'affaiblir notre tissu social et pour le renforcement du système de santé et l'amélioration des services sociaux de l’État d'Israël.

Nous introduirons un nouvel ordre de priorités. La mission la plus importante à laquelle le gouvernement s’attellera dans le domaine social sera de positionner l'éducation en tête des priorités. J'ai toujours considéré l'éducation comme l'investissement le plus juste et le plus rentable à long terme. En conséquence, nous aspirerons à fournir la meilleure éducation possible à chaque enfant et à chaque adolescent en Israël, de l'école maternelle jusqu'à l'université. Le gouvernement consacrera des ressources et des efforts pour générer un changement et pour insuffler un esprit nouveau dans tout le système d'enseignement afin d'élargir la base des connaissances, éveiller la curiosité et diriger le potentiel de talents au sein de la jeune génération vers des canaux créatifs. De la même manière, le gouvernement œuvrera en faveur de l'éducation aux valeurs, la moralité personnelle, l'éthique du travail, la responsabilité sociale, le volontariat, l'assistance à son prochain, la justice, le respect des lois et la détestation de l'injustice et de la violence.

Le gouvernement mettra un accent particulier sur la lutte sans concessions contre la violence montante parmi les jeunes. Nous n'admettrons en aucun cas une situation dans laquelle des parents auraient peur d'envoyer leurs enfants à l'école ou au terrain de jeux.

Je voudrais dire quelque chose aux citoyens qui sont membres de communautés minoritaires dans l’État d'Israël: je crois de tout mon cœur en la valeur égale de tous les êtres humains, dans l'égalité entre les gens et entre les citoyens, sans distinction. L’État d'Israël n'a pas toujours su suffisamment conférer à tous ses citoyens le sentiment de l'égalité et du partenariat. Les disparités sont grandes et le sentiment d'amertume n'est pas injustifié. Je sais que vous avez déjà entendu d'innombrables slogans et promesses et je m'engage aujourd'hui devant vous que le gouvernement, sous ma direction, déploiera tous les efforts afin de combler graduellement les disparités, dissiper l'aliénation et renforcer l'égalité entre tous les secteurs de la population en Israël. Les gouvernements Rabin et Pérès ont initié un effort focalisé en faveur de ce changement. Nous continuerons sur cette voie avec une vigueur renouvelée.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés,

la mise en exergue de la dimension sociale de la politique du gouvernement n'est pas en contradiction avec une politique en faveur d'une économie libérale et productive, libre de toute interférence gouvernementale superflue. Une économie qui agira comme un aimant pour l'investissement étranger et qui sera de plus en plus axée sur les industries de technologie de pointe, la recherche et le développement en Israël, et sur la place d'Israël en première ligne du progrès scientifique et technologique, car il n'est pas de société saine sans une économie saine, et inversement.

La création de 300.000 emplois nouveaux ces quatre prochaines années, ainsi que j'en ai pris l'engagement dans le cadre de ma campagne électorale, est un objectif concret et réalisable pour réduire la honte du chômage et renforcer l'économie toute entière. La concrétisation de cet objectif dépend de l'instigation d'une impulsion nouvelle à l'économie résultant de la confiance renouvelée dans un avenir de paix pour cette région et pour le pays.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés,

Nous vivons dans une ère d'économie globale et de communications instantanées à l'échelle mondiale, exposés aux cultures du monde entier par les écrans de télévision, l'Internet et les ordinateurs. Dans ce monde ouvert, il n'est pas possible de s'enfermer dans une carapace impénétrable ou de rester séquestré à l'abri du monde extérieur même si ses influences ne sont pas toujours positives. Le monde change si rapidement que ceux qui ne peuvent s'adapter aux nouvelles réalités se retrouveront à la traîne, comme Alice au pays des merveilles. Notre mission est de former la nouvelle génération en Israël à cette ère nouvelle, ouverte et globale du 21e siècle, tout en réalisant et en renforçant les composants de son identité nationale et juive et le sens de son appartenance en tant qu'Israélien. Le moyen d'y arriver passe par l'approfondissement de la conscience historique et la connaissance de notre héritage et de notre foi en la construction d'une société solidaire dotée de cohésion interne et de ce que l'on appelle - n'ayons pas honte de le dire - de fierté nationale. Non pas la fierté arrogante et condescendante vis-à-vis des autres mais la fierté qui reconnaît les valeurs, l'identification à une mémoire historique et humaine.

Une identification à la lutte pour la renaissance et avec ceux qui sont tombés dans les guerres d'Israël, une identification avec les buts de l’État ancrés dans la vision des Prophètes et la Charte de l'Indépendance. Avec le nom même d'"Israël" qui exprime le courage, la détermination et la victoire, comme dans la bénédiction de l'ange à Jacob dans la Genèse: "Ton nom ne sera plus Jacob mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec l'homme et tu as triomphé."

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés,

ce gouvernement auquel je vous demande d'accorder votre confiance est un gouvernement dirigé vers la paix et la sécurité, l'éducation, la santé et le bien-être. Il vise à la la pleine égalité civile et à la justice sociale, il vise à une économie libérale et prospère, à la croissance et à l'éradication du chômage et de la pauvreté, il vise à l'immigration et au renforcement du lien entre Israël et la Diaspora. Il vise au renforcement de la démocratie et à la suprématie des lois et du droit. C'est un gouvernement des mains jointes et des forces réunies.

La considération de principe qui m'a guidé dans la formation du gouvernement est la nécessité de trouver un dénominateur commun le plus large possible afin de faire siéger ensemble et faire partager les responsabilités entre les représentants de partis de secteurs des divers bords et même opposés de la société israélienne. Ce n'est pas simple et cela a un prix. Nous devrons faire des compromis pénibles, tout d'abord entre nous, au sein d'une politique qui est le fruit d'un large consensus, une politique consciente et réaliste, directe et confiante dans notre force, une politique qui n'est pas faite d'illusions et d'arrogance vide de contenu. Une politique sans précipitation, sans hésitation ni faillite face aux opportunités, sans faiblesse morale et sans ivresse de la force et qui comporte un très grand attachement à toutes les régions de la patrie et la reconnaissance pénible également du lien qu'ont les autres.

Ce gouvernement ne tournera le dos à aucun groupe, à aucune faction, à aucun secteur ni même à aucun courant idéologique dans la société israélienne. Ce sera un gouvernement de dialogue permanent, d'ouverture et d'écoute. Un gouvernement qui aspirera à un nouveau consensus national mais qui ne se désistera pas face aux décisions ni ne se résignera à la paralysie et à l'immobilisme.

Je sais et je comprends exactement où le gouvernement doit viser et quel objectif il doit atteindre, et j'ai l'intention de guider sa marche jusqu'à la ligne d'arrivée. Finalement, ainsi que je m'y suis engagé, si et lorsque des décisions historiques cardinales devront être prises, le public tout entier sera appelé à prendre la décision selon sa volonté souveraine par référendum. Je suis convaincu que le port en commun des responsabilités rapprochera les extrêmes, rendra opaques les contrastes au sein de la société et incitera à la considération, à l'attention et aux équilibres mutuels, ainsi qu'il est déjà dit dans notre Torah et à propos de celle-ci: "Ses voies sont des voies d'agrément et toutes ses voies sont des voies de paix." De cette manière, nous serons capables, tous ensemble, de faire face aux épreuves, à la responsabilité et aux décisions qui nous attendent. De cette manière, nous serons plus forts et plus unis, en dépit des disputes et de la diversité des opinions parmi nous. Peut-être serons nous aussi plus sages car c'est une sagesse partagée qui nous guidera.

Le soleil va bientôt se coucher sur ce millénaire. Le monde entier attend impatiemment l'avènement du nouveau millénaire. Le calendrier hébraïque ne connaît pas cela et pour la majorité d'entre nous, le changement de date au 31 décembre n'est pas un jour de fête. Cependant, nous faisons partie du monde et ce nouveau gouvernement franchira la ligne vers le prochain millénaire. J'ai l'espoir que le sens d'un nouveau commencement ne passera pas par-dessus le Moyen-Orient, et que le début du troisième millénaire apportera aussi une atmosphère de réconciliation et un élan pour la paix dans notre région. Le gouvernement d'Israël sera là, prêt à relever le défi, attentif aux attentes et aspirant à léguer à nos enfants un avenir meilleur.

Monsieur le Président, je voudrais présenter maintenant la composition du nouveau gouvernement à la Knesset:

Ehud Barak - Premier ministre et ministre de la Défense,

Dalia Itzik - ministre de l'Environnement,

Yossi Beilin - ministre de la Justice,

Binyamin Ben-Eliezer - ministre des Communications,

Shlomo Benizri - ministre de la Santé,

Shlomo Ben-Ami - ministre de la Sécurité publique,

Eli Yishai - ministre du Travail et des Affaires sociales,

Avraham Shohat - ministre des Finances,

Yitzhak Cohen - ministre des Affaires religieuses,

Ran Cohen - ministre de l'Industrie et du Commerce,

David Lévy - ministre des Affaires étrangères,

Yitzhal Mordechai - ministre des Transports,

Eli Suissa - ministre des Infrastructures,

Shimon Pérès - ministre de la Coopération régionale,

Ham Ramon - ministre auprès du Premier ministre responsable pour Jérusalem,

Yossi Sarid - ministre de l'Education,

Natan Sharansky - ministre de l'Intérieur,

Yitzak Lévy - ministre du Logement et de la Construction.

Les ministères qui suivent seront pour l'instant sous la tutelle du Premier ministre: le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, le ministère de l'Absorption de l'Immigration, le ministère du Tourisme et le ministère des Affaires scientifiques.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés,

Voilà, pour le moment, la composition du gouvernement. Je soumettrai dans les jours qui viennent à la Knesset un projet d'amendement de la Loi fondamentale sur le gouvernement en vue d'une augmentation du nombre des ministres ainsi que l'imposent la taille de la coalition et la composition de la Knesset.

Nous sommes porteurs de la torche que nous ont transmise nos prédécesseurs et nous assumons la pleine responsabilité d'aller de l'avant.

Le gouvernement sollicite aujourd’hui la confiance de la 15e Knesset, sachant que les yeux de tous les Israéliens sont tournés vers elle dans la prière et dans un grand espoir. Des millions d'yeux en Israël, les yeux de millions de Juifs dans la Diaspora, des centaines de millions d'yeux de par le monde sont tournés vers nous aujourd'hui dans la prière, que nous sachions conduire le pays avec détermination et d'une main sûre vers une nouvelle voie, vers un élan nouveau, vers une page nouvelle du livre de l'histoire d'Israël.

Vers une nouvelle page de paix dans une arène qui, dans les dernières générations, n'a connu pratiquement que la peine, le deuil et la souffrance. Accompagnés de votre bénédiction et de votre préoccupation, nous nous embarquons aujourd'hui sur un chemin long et ardu.

Je vous serais très reconnaissant, Mesdames et Messieurs les députés, d'accorder votre confiance au gouvernement aujourd'hui et de lui exprimer vos vœux de bonne route.

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