Le Timor-Leste, confetti situé aux fins fonds de l'Asie du Sud-Est est doté d'une histoire riche et compliquée suite à la colonisation Portugaise puis à l'occupation indonésienne. C'est l'un des derniers Etats à accéder à l'indépendance

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Timor-Leste (ex Timor-Oriental), d 'une superficie de 19 000 km², est situé sur la partie orientale de l'île de Timor. La partie occidentale appartient à l’Indonésie.

L'île, d'une longueur 500 km pour une largeur d'environ 100 km, appartient à la partie orientale de l’archipel des petites îles de la Sonde, à 700 km de l’Australie et de la Nouvelle-Guinée.

Le Timor-Leste comprend en outre la région d’Oecussi (Ambeno), une enclave située sur la partie nord-ouest de l’île de Timor, et les petites îles d’Atauro et Jaco.

La dénomination officielle du pays est la République Démocratique du Timor, ou en portugais le Timor-Leste. En Tetum c'est le Timor Loros'ae (Timor du Soleil Levant).

 


Tétum (ou Tetoum)   C'est, avec le Portugais, la langue nationale du Timor-Leste. Cette langue autronésienne qui comporte de nombreux mots de portugais est la langue nationale du Timor-Leste. Le Tetum comporte quatre dialectes régionaux.Le Tetum est parlé par 85 % de la population du Timor-Leste, mais aussi par de nombreux indonésiens de la partie occidentale de l'île.


Le territoire est colonisé par les Portugais dès 1515. Il est ensuite occupé par l’Indonésie en 1975 avant de devenir indépendant en 2002. Dernière des colonies portugaises1 à avoir accédé à l'indépendance, le nouveau pays est né dans la violence.

 

  Premières occupations

 

Le territoire a été habité par l'homme suite à trois vagues successives d’immigration dont la première remonte à 40 000 ans.

Des traces d'occupations datant de cette époque ayant été découvertes sur l'île par des archéologues australiens 2. Ce sont des restes de pêche, arêtes de poisson et hameçons.

Des arêtes de thon figuraient parmi les restes, laissant supposer que les hommes de l'époque étaient capables de mettre en œuvre des moyens de pêche sophistiqués en haute mer.

La grotte de Jerimalai contenait 38 000 arêtes appartenant à 2 843 poissons différents issus de 23 espèces. Au même endroit ont été découverts les plus vieux hameçons au monde, taillés dans un coquillage il y a entre 16 000 et 23 000 ans. Mais ceux-ci ne sont pas conçus pour la pêche pélagique et la technique utilisée pour la pêche au thon reste inconnue3.

L'homme de cette époque, contemporain de Cro-Magnon (-20 000 ans) possédait des capacités mentales tout à fait comparables à celle de l'homme actuel.

 

Peuplement de l'île

 

Le Timor est situé sur la route de migration Nord-Sud de peuplement de l'Australie. Plusieurs populations cohabitent ou ont cohabité sur l’île.

Il y a 3000 ans, le Timor comme la Nouvelle-Guinée était peuplé de Mélanésiens , les Atoli (ou Dawan). D'autres populations les rejoignent il y a 2500 ans dont les Papous, contribuant à la forte diversité actuelle de l'île.

Les colonisations amènent les marchands et les missionnaires portugais, hollandais puis indonésiens de Java.

Actuellement, la population du Timor-Leste est composée d'environ 20% d'Indonésiens et de 80% de Timorais catholiques parlant des langues d'origine Malayo-polynésienne dont le Tetum4.

 

 1515 : premières colonisations

 

 Les Portugais arrivent sur l'île aux alentours de 1515. Ils sont installés en Inde à Goa5 depuis 1510 et ont dépassé le détroit de Malacca en 1511. Ils s'installent à Koepang, à l'Ouest de l'île

Le portugais Magellan effectue sa tentative de tour du monde à compter de 1519. Il n'arrivera pas personnellement au bout de l'aventure, car il est tué aux Philippines en 1521. C'est donc après sa mort que Juan Sebastián Elcano, le maître d’équipage du navire la Concepción accoste au Timor. Il en repart le 25 janvier 1522 nous laissant par la plume de son lieutenant Pigafetta une première description de ses habitants

« Ces peuples sont gentils. l'île est entièrement habitée. Les habitants vivent nus. Ils sont animistes. »

L'île alors est connue des commerçants, qui viennent de loin pour trouver du bois de Santal6.

 

Magellan

 

L'escadre du navigateur portugais est partie le 10 août 1519 avec cinq bateaux et deux cent trente-sept membres d'équipage. Le voyage avait pour but de trouver un passage entre l'océan atlantique et l'océan Pacifique afin d'atteindre les îles aux épices, les Moluques. Magellan meurt à Mactann aux Philippines le 26 avril 1521, en s’immisçant dans une dispute locale. Le convoi atteint cependant sa destination, mais avec un équipage décimé : Sur cent huit marins encore vivants à l'arrivée à Mactann, il n'en reste que 30 qui finissent le périple. Ils accostent le 6 septembre 1522 à Sanlúcar de Barrameda.

Ce voyage de 3 ans aura permis à Juan Sebastian Elcano, de boucler son premier tour du monde.

 

 

1556 : Arrivée des Dominicains

Les Dominicains installent une mission au Timor. Ils y construisent la première église en 1590. Ils créent la ville de Lifau près de l’actuelle Pante Mankassar, dans l’enclave d’Oecussi.

 

1602  : Constitution de la VOC

La compagnie néerlandaise des indes orientales, la Vereenigde Oostindische Compagnie (VOC) est une compagnie de commerce créée par les provinces unies

. Les états Généraux (Pays Bas) lui accordent l’exclusivité du trafic commercial dans une zone comprise entre le Cap et l’Extrême Orient.

  Les provinces unies7

La république des sept Provinces-Unies des Pays-Bas est le nom usuellement donné aux sept provinces du nord des Dix-Sept Provinces ou Pays-Bas espagnols en 1581 jusqu'à la création par les Français de la République batave (1795) puis du royaume de Hollande (1806)

...Le 26 juillet 1581, par l'Acte de La Haye, ces provinces, alors sous l'autorité du roi d'Espagne, prenaient leur indépendance et constituaient une fédération. Les causes de la sécession étaient une réaction face à la centralisation en cours sous les Habsbourg, et la question religieuse, les habitants de ces provinces ayant majoritairement opté, dès le début de la révolte, pour le principe de la liberté de culte à l'encontre de la politique ultracatholique et de l'intolérance de Philippe II d'Espagne... En 1586, les États généraux des Provinces-Unies ont constitué l'union confédérale sous forme de république.

1613: Occupation hollandaise à l'Ouest

Le Timor occidental est occupé par les Hollandais de la VOC. Ils délogent les Portugais du port de Koepang (actuellement capitale de la province indonésienne du Timor Occidental).

 

1642 : Conversion au catholicisme

Les 90 soldats portugais de l’île arrivent à convertir plusieurs souverains locaux au catholicisme. Aidés de soldats recrutés sur place, ils entreprennent des opérations dans les terres et remportent une victoire contre le prestigieux royaume de waiwiku-wehale, accroissant leur propre prestige.

 

Les cinq classes de la société timoraise

La société timoraise est alors divisée en cinq grandes classes :

les Liurai : Classe des chefs et des Rois. Ce nom a peut-être entretenu la confusion sur la notion de royaume. Le portugais traduisant Liure par Leo-Rey, Rey étant le roi.

les Dato : Nobles et chefs de moindre envergure

les Ema-Reino : Hommes libres n’ayant pas de sang noble

les Ata : Esclaves

les Lutum : Gardiens de troupeaux

 

1651 : Kupang, ville hollandaise

Après le port, la ville de Kupang tombe aux mains de la VOC. Les portugais (dont le total ne dépasse pas cinq cent dont une cinquantaine de blancs et des métis) se replient vers Lifau.

 

1661 : Partage de l'île

La VOC et les Portugais signent un accord reconnaissant la souveraineté du Portugal sur la quasi-totalité de l’île. En échange, la ville de Kupang laissée aux Hollandais.

Mais le traité ne suffit pas à résoudre les différents territoriaux entre les deux puissances coloniales.

 

1702 : le Timor Oriental, colonie portugaise

 

Le Timor oriental devient officiellement une colonie portugaise nommé Timor portugais. Il a pour capitale la ville de Lifau qui le restera jusqu'en 1769.

Lisbonne envoie sur place, Antonio Coelho Guerreiro prendre sur place ses fonctions de gouverneur.

 

Les différentes révoltes du Timor-Leste

De 1700 à 1912 le territoire a régulièrement été le théatre de révoltes. La liste est longue :

Ocussi (1700 et 1768), Laniaquitor (1719) , Cailaco (1726), Manatuto (1732), Luca (1782), Belo (1778),

Maubara de Senobai (1790), Maubara et Lakuta (1811),

Manufahi, Fatu-Mean, Fohorem, Lalaba, Cassabau, Calalo, Obulo, Marobo, Balibo, Samir, Ermera, Maubisse, Raimean et Suai (1895),

Cassa, Lausso et Ossucai (1898), Manufahi (1901 et 1907), Nunomerque, Suro, Lolotoe, Lautem, Letefoho et Aileu (1902 et 1903),

Manufahi (1910-1913), Occusi (1912) » 8

Le futur président José Ramos-Horta (2007-2012) déclare en 1976 dans le contexte de l'invasion indonésienne9 :

« Afin de comprendre la guerre de résistance que mène actuellement le peuple héroïque du Timor Oriental contre l’agression armée indonésienne, nous devons connaître l’histoire du Timor Oriental, une histoire belle et parsemée de sang. C’est une histoire avec des chapitres entiers de résistance contre toute domination étrangère.

La guerre de Cova –Lima en 1719, celle de Cova-Cotubela en 1868-1869 et celle de Manufahi en 1912 furent des moments de l’histoire du peuple Timorais dans sa lutte constante pour le droit à l'autodétermination, à l’indépendance et à la liberté» 10

Le simple énoncé des principales révoltes montre le caractère pour le moins dynamique d’une population qui ne se résout pas à la domination étrangère.

 

1719 : Le Pacte de Camenaça (Camenasse)

Ce pacte réunit plusieurs royaumes du Timor et créé une alliance dont l'objectif est l'expulsion des Portugais et des Topasses.

 


Les Topasses

Appelés Portugais noirs par les Hollandais, ils appartiennent à un groupe revendiquant des ancêtres portugais , ou simplement ont adopté la langue et culture portugaise. Ils descendent pour nombre d’entre eux de marchands ou marins de Malacca et de Macao, ou de soldats portugais qui se marièrent avec des femmes indigènes.

Le nom proviendrait du mot topi signifiant chapeaux, qu’ils portaient ou peut-être en référence aux gens à chapeau, les européens. On les trouve en Asie du sud-est, notamment à Malacca et au Timor-Oriental au cours du 17e et 18e siècle. Ils se sont opposés aux Hollandais tout en ne permettant pas aux Portugais d’intervenir dans leurs affaires.

Les guerres verront donc l’affrontement entre Hollandais et Portugais, Portugais blancs et Portugais noirs.

« Deux grandes familles se sont distinguées : La famille de Hornay, issue d’un déserteur hollandais et la famille da Costa, d’origine portugaise (Boxer, 1947).

À partir de 1673 et jusqu’en 1693, un Topasse, António de Hornay, prit le contrôle des îles de la Sonde. Avec le grade de capitão-mor, il était qualifié de « virtuel roi sans couronne de Timor ».

Quelques années plus tard, en 1695, un premier envoyé du vice-roi portugais des Indes, António de Mesquita Pimentel, fut déposé par le Topasse Domingos da Costa. Ce dernier fut également considéré comme le souverain de Timor de 1693 à 1722, choisissant alternativement de s’allier ou de s’opposer aux Portugais.

Le voyageur anglais William Dampier, qui s’arrête dans l’île en 1699, notait : Les autochtones reconnaissent le roi du Portugal comme leur souverain. Ils ont permis à la colonie portugaise de construire un fort, qu’ils appellent Lifau, et aux Hollandais d’avoir un comptoir appelé Kupang. Mais ils n’accepteraient jamais qu’aucun des deux n’intervienne dans le gouvernement de leur pays. Les habitants de Lifau parlent portugais et sont catholiques. Ils se flattent de leur religion et de leur ascendance portugaise ; et seraient très fâchés si quelqu’un osait leur dire qu’ils ne sont pas Portugais ; pourtant je n’ai guère vu que trois Blancs, dont deux étaient des prêtres.11

Cette analyse illustre bien à la fois la fierté des Timorais d’avoir établi des liens avec le Portugal et le refus de toute forme d’ingérence imposée, qui se vérifie jusqu’à l’époque contemporaine. » 12


1726 : bataille de Cailaco

Cette bataille oppose du 23 octobre au 8 décembre 1726 les Portugais et les signataires du pacte de Canemasse.

Cailaco, un des royaumes du Timor, se situe près de la séparation entre la partie occidentale et la partie orientale, à l’intérieur des terres.

En 1726 éclate une révolte contre les Portugais, menée sous l’autorité du chef topasse Francisco de Hornay.

L’une des motivations principales en est le refus de payer un tribu (la Finta) qui par ailleurs constitue le seul financement du train de vie des Portugais sur place.

Européens, églises et missionnaires sont attaqués par plusieurs royaumes. A l’issue d’une bataille d’un mois et demi dont l’arrêt doit plus à la saison des pluies qu’à une véritable victoire, la Finta est rétablie (1733) et l’autorité des Portugais reconnue. De part et d’autre, environ 10 000 combattants ont participé à cette guerre, engageant la plupart des royaumes, alliés ou opposés aux Portugais.

 

« Dans ces circonstances les foyers de révolte tombent assez rapidement jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un dernier retranchement dans le haut de la montagne. C’est ici, dans les rochers de Cailaco que les derniers guerriers seront encerclés, isolés des sources d’eau et de ravitaillement. Ce siège prend alors une dimension tragique.

Pour éviter d’être capturées et vendues comme esclaves, les femmes se précipitent dans le vide avec leurs enfants.

Quant aux guerriers, affamés et déshydratés ils prolongent leur résistance en buvant du sang d’animaux. Etre pris vivant équivalait à être décapité par les milices pro portugaises.

Officiellement les forces coloniales ont abattu 700 rebelles, calcul basé sur le décompte des corps trouvés sur le camp de bataille. Beaucoup de dépouilles ont sûrement été ignorées car, après avoir été pillée et razziée la région fut offerte en holocauste aux flammes.

Sans être une victoire décisive, Cailaco a permis la survie du colonialisme lusitain en Océanie. Désormais il va pouvoir bénéficier des rivalités et méfiances de plus en plus vivaces entre roitelets à la dérive, d’autant plus qu’il promet aux vaincus la suppression des impôts. »13

 

1749 : Bataille de Penfui (Est de Koepang)

Cette bataille a eu lieu sur la partie hollandaise de l'île où la VOC était en nette infériorité numérique face aux forces topasses estimées à 50 000 hommes. Néanmoins, la VOC a eu le dessus, infligeant de lourdes pertes aux Topasses.

 

1756 : Traité de Paravicini

Forte de cette victoire, la VOC a étendu son emprise sur l’ouest de l’île et signe quelques années plus tard le traité de Paravicini avec une quinzaine de royaumes.

De leur coté les Topasses continuent de harceler les positions portugaises. En 1766, les Topasses le gouverneur Dionisio Gonçalves Rebelo Galvao. Cela poussera le nouveau gouverneur, António Teles de Menezes à transférer la Capitale.

 

11 août 1769 : Dili devient la Capitale

Lifau est abandonné par les 1200 partisans des Portugais qui se replient à Dili, nouvelle capitale du Timor portugais. C'est le début de l'occupation effective du Timor oriental par les Portugais qui prendront possession du territoire étape par étape.

 

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