Période coloniale
Dili : Croissance lente d’une future capitale
Le 22 Septembre, 1796 le gouverneur Vesquaim João Baptista (1784-1800) donne l’ordre de construire la première véritable forteresse de pierre et d'argile à Dili.
La construction de la ville actuelle de Dili ne commence qu’en 1834. Elle n’acquiert le statut de ville qu’en 1864.
En 1940, la ville, y compris la cathédrale, est détruite à 90% par les bombardements japonais.
Dili s’est développée lentement , comptant 8 000 habitants en 1950 et 30 000 en 1975 et 1 250 000 en 1990. Son plus haut batiment fait cinq étages et les premiers feux tricolores ont été installés en 2007 ! 14
1858 : Abolition officielle de l’esclavage
L'esclavage est aboli mais sa pratique ne s’éteint pas totalement avant la fin du XIXe siècle. Pourtant, au Portugal, l’esclavage a été interdit dès 1761 par Sebastião José de Carvalho e Melo, Marquis de Bompal.
20 avril 1859 : Traité de Lisbonne
Par ce traité , ratifié à l'été 1860, les Hollandais et les Portugais fixent la frontière des zones d'influence sur l'île . Le Timor-occidental pour les uns, oriental pour les autres.
"Le traité laisse subsister (art. 2) l'enclave néerlandaise de Maucatar au milieu des territoires portugais et l'enclave portugaise d'Oikoussi au milieu des territoires néerlandais de l'ouest de l'île. Il fut stipulé (art. 3) que cette « enclave d'Oikoussi comprend l'État d'Ambenu partout où y est « arboré le pavillon portugais, l'État d'Oikoussi proprement dit et celui de Noimuti » 15
Une colonie à vendre
Les débats sur l'intérêt purement financier qu'ont eu les pays colonisateurs à s'installer sur d'autres terres que les leurs sont riches. Le colonisateur a expliqué longtemps que la création d'infrastructures et même celui de la conquête a un coût.
Le colonisé a souvent constaté que les infrastructures en question n'avaient profité qu'au colonisateur, de même que l'éducation et la formation des cadres, alors que ses matières premières avaient alimenté la métropoles pendant de longues années.
Le cas du Portugal au Timor- Oriental et particulier.
Le Portugal investit peu, il n'en a pas les moyens. Il tente donc de financer son train de vie par la Finta, l'impôt ou les corvées qui déclencheront des émeutes. Mais cela ne suffit pas. Il doit donc emprunter au voisin colonisateur qu'est la Hollande, voire même au sur-occupant Japonais pendant la seconde guerre mondiale.
Ainsi en 1863 et 1864, ce sont les Néerlandais qui prêtent au Portugal pour payer la traite des soldats et des fonctionnaires coloniaux.
Entre 1943 et 1945, le Portugal fera appel par trois fois aux Japonais pour payer ses hommes en place.
Les difficultés sont telles que le Portugal qui avait déjà songé à abandonner l'île en 1766 après le siège de Lifau, veut la vendre (propositions d'un député portugais à la chambre en 1888 et 1891), où l'échanger à l'Espagne contre l'île de Fernando Po (1896).
En 1905, la colonie est de nouveau proposée à la vente à l'Allemagne. L'idée n'est pas absurde, les îles de Solor et Larantuka ont été cédées aux Pays-Bas contre Maubara et 200 000 florins en 1850 par un gouverneur qui a mis le gouvernement portugais insolvable devant le fait accompli.
1859-1863 : Le gouverneur Affonso de Castro divise le territoire en 11 régions militaires, augmente le montant de la Finta, et impose le travail forcé dans les cultures dont 20% de la récolte doit revenir aux portugais. Il est à l'origine de révoltes qui continueront après son départ en 1863.
Le pays le plus catholique de l’Asie du Sud-Est…
Les premiers missionnaires dominicains sont arrivés vers 1556. Le nombre de catholiques a cru lentement jusqu’à l’occupation indonésienne de 1975. La croissance s'est accélérée jusqu’à atteindre une proportion de 96% en 2010, sans doute par opposition à la religion de l’occupant, avant l’indépendance.
Ainsi les catholiques représentent 6,5% de la population en 1945, 15% en 1955 et 25% en 1975 et 85% en 1985.
Non sans humour, le spécialiste Français du Timor-Oriental, Frédéric Durand a pu écrire que le Timor–Leste avec son gros million d’habitants est « le plus grand pays catholique d’Asie du Sud-Est » car il compte 96% de catholiques dans sa population alors que les Philippines avec leurs soixante-quinze millions de catholiques n’en comptent que 82%.1
1 Timor-Leste, premier état du 3e Millénaire, Frédéric Durand, Asie-Plurielle ed Belin
1868-1869 : le nouveau plan d'exploitation du café déclenche la Révolte de Cova-Cutubela
1887 : Assassinat du gouverneur
Le gouvreneur Alfredo de Lacerda e Maïa, qui a succédé à Affonso de Castro est assassiné. Ses assaillants recherchaient un sous-lieutenant particulièrement cruel impliqué dans des massacres en 1879 dont ils s'étaient plaint à plusieurs reprises auprès du gouverneur.
1893 Deuxième traité sur le statut des enclaves
1895 - 1912 : Manufahi, la grande révolte
Le point de départ de cette révolte se situe en 1884 quand les portugais renforcent la colonisation de l'île et leur poids militaire au Timor. Le nouveau gouverneur, José Celestino Da Silva (1884-1908) a décidé de reprendre en main la colonie avec cependant très peu de moyens.
Il obtient la fin de la tutelle de Macao en 1896 , trop lointain et sans appui véritable, et demande des troupes supplémentaires qui viendront du Mozambique. Malgré quelques revers, il entreprend avec succès (du point de vue portugais) la pacification du territoire.
En 1895, le Liuraï de Manufahi, Boaventura et son père Duarte prennent la tête d'une révolte contre l'occupant. Ils refusent le versement de la Finta. Ils refusent aussi de fournir des hommes pour exécuter des corvées de travaux publics. Le royaume compte 42 000 habitants. La rébellion va jusqu'à menacer la ville de Dili. Face aux Portugais et leurs 12 000 alliés, ils doivent capituler en 1900, notamment du fait d'une épidémie de choléra.
Mais en 1907, la rébellion reprend et n'est anéantie qu'en 1912 par les Portugais.
"Restait un dernier relief fortifié, celui de Leo Laco, où s’était retiré Dom Boaventura avec plus de 12 000 hommes. Après deux semaines de siège, le 10 août 1912, apprenant l’arrivée de nouvelles troupes du Mozambique, le roi de Manufahi décida de tenter un passage en force. Il ouvrit une brèche dans les lignes portugaises et réussit à s’échapper avec quelques milliers d’hommes. Le lendemain, une deuxième vague d’assiégés s’enfuit à son tour. Les autres périrent ou durent se rendre le 11 août 1912. Des attaques sporadiques continuèrent jusqu’en octobre 1912, et même jusqu’en mai 1913 dans l’enclave d’Oecussi, bien que le rapport de force militaire soit alors nettement en faveur des Portugais.
Les combats de 1911-1912 auraient causé de 15 000 à 25 000 morts au sein des populations timoraises, ce qui correspondrait à plus de 5 % de la population de l’époque. Après des siècles de lutte, les royaumes timorais étaient gravement affaiblis et cette démonstration de force engendra une certaine résignation face à la présence coloniale."17
6 octobre 1910 : Fin de la monarchie au Portugal
La révolution du 5 octobre met fin à une monarchie constitutionnelle agonisante. Le parti républicain proclame la république. Le dernier roi, Manuel II, monté sur le trône suite à l'assassinat de son père Charles Ier et de son frère, n'aura régné que deux ans.
1914 La sentence arbitrale rendue le 25 juin 1914 par la cour permanente d’arbitrage de la Haye, signée en 1915 fixe définitivement la frontière entre la partie occidentale et la partie orientale de l’île.
-- Seconde guerre mondiale --
1941 : Occupation du Timor par les australiens et les hollandais
Suite à l’attaque japonaise de Pearl Harbour le 7 décembre 1941, les forces australiennes et hollandaises occupent le Timor.
Les soldats se déploient à Kupang sur la partie hollandaise.
Le Portugal reste officiellement neutre et Salazar refuse le déploiement sur la partie orientale. Il espère que les Japonais respecteront la neutralité portugaise.
Mais les attaques japonaises à compter du 17 décembre 1941 sur les possessions asiatiques des Pays-Bas convainquent les alliés de ne pas attendre un hypothétique revirement portugais. Et les 500 soldats portugais en place ne résistent pas ou peu à l'intrusion australo-hollandaise de 400 soldats à l'est de Timor.
L’occupation japonaise
De février 1942 à février 1943 , les forces japonaises occupent l’île, après l'avoir bombardé. 400 commandos australiens "le sparrow group"et la population timoraise qui les ont approvisionnés en eau et en nourriture ont cependant harcelé à Bobonaro 20 000 soldats japonais, leur infligeant de lourdes pertes. Cette résistance héroïque y a gagné le nom d’ « August Show ». Les derniers soldats alliés sont évacués le 10 février 1943.
Cependant cette occupation brutale tue entre 40 000 et 70 000 Timorais. Selon Marcel Roger1, entre 1930 et 1946, « on estime que la population du Timor Oriental est tombée de 472 000 à 403 000 habitants » . Pour Paule Bouvier, « c’est 10 à 14% de la population qui aurait péri des suites de la répression ou de la faim ou des maladies, sans compter la destruction de villes et de villages »
Le Timor est occupé par les Japonais jusqu'au 15 août 1945.
1 Marcel Roger, Timor Oriental, hier la colonisation portugaise, aujourdhui la resistance à l’occupation indonésienne, ed l’harmattan, 1977
1959 Soulèvement de Viqueque
Au début de 1958, un groupe de 14 indonésiens dont 2 officiers de l’armée, pénètrent l’enclave d’Oe-cussi et demandent l’asile politique au Portugal, qui les accepte.
Les réfugiés se disent opposant à Soekarno19. Selon les services diplomatiques australiens, le nouveau consul indonésien au Timor, Nazwar Jacob Sutan Indra, arrivé en 1956, a pu discrètement activer une campagne anti-portugaise, notamment au sein de la population arabe locale, pro-indonésienne. Il aurait animé des réunions secrètes alimentant le mécontentement de la population. Il n'est pas établi qu'il ait agi pour le compte du gouvernement indonésien. Il aurait aussi été vu en train de photographier des sites militaires sensibles.
Le climat est très tendu début 1959.
En mai 1959, des premiers heurts opposent l’équipage d’un bateau indonésien et des militaires portugais.
La tension continue de monter et dégénère en une révolte qui va durer jusqu’au 25 juin 1959. Au total il y a entre 500 et 1000 morts.
Certains opposants sont exilés au Mozambique dont le futur président José Ramos Horta, alors agé de 18 ans, déporté pour avoir proféré des remarques subversives sur le régime colonial.
Les causes de cette révolte n’ont pas été totalement éclaircies. Notamment il est difficile de faire la part des choses entre l’opposition des Timorais aux Portugais et/ou aux Indonésiens, et la manipulation éventuelle effectuée en sous-main par le consul et les réfugiés indonésiens.
1966 attaque d’oecussi
En août 1966, l’enclave d’Oecussi est attaquée au mortier par l’armée indonésienne. Plusieurs villages sont incendiés.
L’événement se situe juste après la prise de pouvoir par Suharto20 qui indique ainsi son intérêt pour le territoire. Intérêt qu’il précisera en 1975.
1974 Révolution des oeillets au Portugal
Le 25 avril 1974, La révolution des œillets met fin à la dictature post-Salazariste21 de Marcelo Caetano. Le 16 mai, le général Spinola décide d’affranchir les colonies portugaises d’Asie et d’Afrique. Au Timor-Oriental sont créés en Mai les différents partis politques.
Les partis politiques créés en 1974
l’UDT (Uniao Democratica Timorense), parti modéré, partisan d’une indépendance graduelle avec une période de transition sous tutelle portugaise ;
l’APODETI (Associação Popular Democratica Timorense - Association populaire et démocratique de Timor), favorable à l’intégration au sein de la République indonésienne ;
l’ASDT (Associaçao Social Democratica Timor) qui se transforme en FRETILIN (Frente Revolucionaria Timor Leste Independente) d’obédience marxiste et très méfiant vis-à-vis du voisin indonésien 1
1 Ricklefs, 1993, p. 301 ; Sanjay Dhar, 2002, p. 4 in Cahier d’outremer – Timor naissance d’une nation
Dans une lettre adressée à Ramos-Horta, le ministre indonésien des affaires étrangères, Ali Alatas, écrit : « L'indépendance est un droit des toutes les nations, et le peuple du Timor-Oriental ne fait pas exception ». A cette date on pourrait penser que le Portugal et l'Indonésie sont disposées à accorder l'indépendance au territoire timorais. Pourtant le chemin va encore être long.
1975 : Scission entre le FRETILIN et l'UDT
En janvier 1975, le FRETILIN (Front révolutionnaire) , le et l'UDT ( Union démocratique) forment une coalition en vue de préparer l'indépendance.
Il participent en mai à la première phase de pourparlers de décolonisation organisée par le gouvernement portugais.
L'APODETI, favorable à l'intégration discute à part.
De son coté, l’Indonésie courtise l'UDT et rencontre ses dirigeants séparément. Elle leur affirme qu'elle n'acceptera jamais une coalition gouvernementale au Timor-Oriental comprenant les marxistes du FRETILIN.
Le 26 mai l'UDT rompt la coalition avec le FRETILIN.
6 Juin 1975 : Oecussi occupé par l'Indonésie
le 6 juin 1975, les troupes indonésiennes envahissent l'enclave d'Oecussi. Le Portugal ne réagit pasl.
Septembre 1975 : Début du conflit armé entre le FRETILIN et l'UDT
"Fin juillet 1975, les services secrets indonésiens signifièrent aux dirigeants de l'UDT que sauf action décisive de leur part, une invasion armée serait lancée. Les membres de l'UDT considérèrent alors qu'il n'y avait pas d'autre choix que de procéder à un coup d'État."23
A seulement 200, mais sans opposition du pouvoir portugais qui dispose de 1 700 soldats sur place, les hommes de l'UDT s'emparent d'armes. Le gouverneur portugais s'enfuit alors de Dili sur l'ïle D'Atauro.
Un conflit armé débute contre le FRETILIN qui rallie rapidement la majorité des Timorais et s’empare de Dili le 27 août. Au 15 septembre, c'est la quasi-totalité du territoire qui est contrôlé par le FRETILIN.
Les affrontements provoquent entre 1500 et 3000 morts. Environ 10 000 personnes proches de l'UDT se réfugient au Timor-Occidental.
L'armée indonésienne pendant ce temps multiplie les incursions sur le Timor-Oriental.
Octobre 1975 : Le parlement portugais annonce qu'il se séparera de sa colonie fin octobre 1976.
Novembre 1975
Indépendance avortée
Le 28 novembre, Francisco Xavier do Amaral issu du FRETILIN déclare l’indépendance de la République Démocratique de l’Est-Timor.
Il en devient le premier président. Le nouvel État n'est pas reconnu par l'Onu, ni les pays occidentaux.
La Chine, Cuba, le Viet-Nam et les anciennes colonies portugaises le reconnaisse.
Novembre 1975
Déclaration de Balibo
Le 30 Novembre 1975, les représentants de l'UDT et de l'APODETI signent sous la contrainte à Bali la déclaration de "Balibo" demandant le rattachement du Timor-Oriental à l'Indonésie.
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