Occupation par l'Indonésie

 7 décembre 1975 : neuf jours après la déclaration d’indépendance, 10 000 soldats indonésiens, soutenus par l’UDT et L’APODETI , occupent le jeune État. Devant la résistance plus ferme que prévue, le contingent est porté à 25 000 soldats à la fin décembre puis à 40 000 un an plus tard. L’occupation va durer 24 ans.

Les États-Unis au courant , ont toléré l’invasion. Suharto déclare qu'au Timor,

« il est important de déterminer ce que nous [l'Indonésie ] pouvons faire afin d'établir la paix et l'ordre dans le présent comme dans le futur, dans l'intérêt de la région et de l'indonésie. Nous souhaitons votre compréhension si nous jugeons nécessaire d'entreprendre une action rapide et énergique ».

Le président Ford lui répond

« Nous vous comprendrons et n’exercerons pas de pressions à ce sujet. Nous comprenons votre problème et vos intentions." Kissinger, alors secrétaire d'État précise : « Quoi que vous fassiez, nous essaierons de vous soutenir du mieux que nous pourrons. »

 

Il est vrai que la chute de Saïgon est intervenue le 30 Avril 1975, et le FRETTILIN est marxiste. La théorie des dominos procure encore quelques frayeurs aux États-Unis24.

 

La thèse selon laquelle l'Indonésie aurait envahi le Timor-Oriental après le départ des Portugais est contestée. Les Indonésiens n'auraient peut-être pas attendu le départ des Portugais, deux corvettes portugaises auraient quitté l'île le 8 décembre , donc après l'arrivée de l'armée indonésienne

 

Le 22 décembre, le conseil de sécurité de l'Onu demande à l'Indonésie de se retirer du Timor-Oriental.

 

Résolution 384 du 22 décembre 1975 du Conseil de Sécurité de l’ONU

« Le conseil de sécurité, …,

reconnaissant le droit inaliénable du peuple du Timor-Oriental à l’autodétermination et à l’indépendance… Profondément préoccupé par la détérioration de la situation au Timor-Oriental ,

Profondément préoccupé par les pertes en vies humaines et conscient de la nécessité urgente d’éviter toute nouvelle effusion de sang au Timor-Oriental,

Déplorant l’intervention des forces armées de l’Indonésie au Timor-Oriental,

Regrettant que le gouvernement portugais ne se soit pas pleinement acquitté des responsabilités qui lui incombent en tant que puissance administrante du territoire…

Demande à tous les États de respecter l’intégrité territoriale du Timor-Oriental…

Demande au gouvernement indonésien de retirer sans délai toutes ses forces du territoire…

Décide de demeurer saisi de la situation. »

 

Juillet 1976 : Annexion par l'Indonésie

17 Juillet 1976, L’Indonésie annexe le territoire occupé, qui devient officiellement la 27ème province indonésienne, qu'elle nomme Timor Timur. A leur manière, les Indonésiens ont réunifié l’ïle.

L’Onu ne reconnaît pas l’annexion. Interrogé à l'Assemblée Nationale, Roland Dumas, ministre des affaires étrangères ne se prononce pas à cause « des informations fragmentaires et contradictoires en provenance du Timor ».

 

Résolution 389 du 22 Avril 1976 par le Conseil de Sécurité de l’ONU1

« Le Conseil de Sécurité

Demande à tous les États de respecter l’intégrité territoriale du Timor Oriental ainsi que le droit inaliénable de son peuple à l’autodétermination.

Demande au Gouvernement indonésien de retirer sans plus tarder toutes ses forces du territoire.

Prie le secrétaire général de charger son représentant spécial de poursuivre la mission qui lui a été confiée au paragraphe 5 de la résolution 384 du Conseil de sécurité et de continuer ses consultations avec les parties intéressées. »

1 Résolution votée par 12 voix pour, 2 contre (USA, Japon)

 

1977 : L'armée indonésienne lance la campagne "encerclement et annihilation"

Suite à cette campagne, en décembre 1978, l'armée indonésienne parque plus de la moitié de la population du Timor-Est soit 373 000 personnes, dans 150 camps. Elle provoque ainsi une famine qualifiée par la croix-rouge "d'aussi grave que le Biafra et potentiellement aussi dramatique que le Cambodge".

 

1979 : L'Australie reconnaît l'annexion

La résistance est laminée, ayant perdu la quasi-totalité de ses effectifs et de son armement.

l’Australie reconnaît alors l’annexion indonésienne du Timor-Est. Elle souhaite être associée à l'exploitation à venir des réserves pétrolières en mer de Timor. Elle ne veut pas non plus se couper des possibilités d’investissements et de commerces chez son puissant voisin indonésien.

 

1982 : résolution 37/30 de l’AG de l’ONU du 23 Novembre 1982

 L'Assemblée, « garde à l'esprit que le Portugal, puissance administrante, s'est pleinement et solennellement engagé à soutenir le droit du peuple du Timor oriental à l'autodétermination et à l'indépendance », se dit « préoccupée par la situation humanitaire qui règne dans le territoire » et est « convaincue que la communauté internationale ne doit épargner aucun effort pour améliorer les conditions de vie de la population du Timor Oriental et lui garantir la jouissance effective de ses droits fondamentaux ».

En conséquence, l'Assemblée « prie le Secrétaire général d'entamer des consultations..en vue de rechercher les moyens permettant de parvenir à un règlement global du problème, et de faire rapport à ce sujet à l'Assemblée générale ».

Plus concrètement, l'Assemblée « demande à toutes les institutions spécialisées », en particulier le Programme alimentaire mondial, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance et le HCR, de venir en aide immédiatement, dans leur domaine de compétence respectifs, à la population du Timor oriental..

 

1987 : Début de la résistance

Création du conseil national de la résistance Maubère sous la direction de Xanana Gusmao. Maubere signifie à l’origine ignorant et pauvre. Mais il a été employé dans le sens de populaire.

 

1975-1999 : Les années de Guérilla

Les Indonésiens craignaient une période de guérilla suite à l'invasion. En fait celle-ci va durer jusqu'à l'indépendance.

Le FRETILIN est dirigé d'abord par Francisco Xavier Do Armaral (capturé en 1978), puis par M. Dos Reis Lobatos (tué au combat) et à partir de 1980 par Xanana Gusmao jusqu'à son arrestation en 1992. Son successeur Antonio Gomes Da Costa (Ma'huno Bulerek Karathayano) est arreté en 1993, laissant la place à Konis Santana.

Le FRETILIN se heurte à une répression féroce. Entre repli dans les montagnes pour la résistance, quadrillage du terrain avec les "chaînes humaines" de l'opération "rangée de gardes" ou opérations de "nettoyage complet" pour l'occupant et les pro-indonésiens, les combats avec leur lot de massacre, de viols et de famine ne cessent pas durant toute la période.

Les chaînes humaines, véritables boucliers humains26 étaient constituées par la totalité des hommes de 15 à 55 ans détenus par les forces indonésiennes et situées lors des combats devant les soldats pour les protéger.

Les opérations aux noms évocateurs se succèdent sans réussir à détruire la résistance, "nettoyage par le vide" en 1983 , ou "suppression définitive" en 1985.

 

1989 : Accord avec l'Australie sur les ressources du Timor-oriental

L'Australie signe avec le gouvernement indonésien un accord sur l'exploitation pétrolifère de mer du Timor-oriental, le Timor Gap. Le plateau continental est divisé en deux zones, correspondant aux deux pays signataires.

Le Portugal porte le 22 février 1991 une contestation devant la Cour internationale de justice, considérant que l'accord viole le principe du droit des peuples à disposer d'eux même en le privant des ressources naturelles qui leur sont propres.

 

Le parlement européen se prononce pour l'autodétermination du Timor-Oriental.

 Le Parlement européen1,

-  vu ses précédentes résolutions sur la situation au Timor-Oriental,

A.  considérant l'accord de New-York sur le Timor-Oriental, signé le 5 mai 1999 entre le Portugal et l'Indonésie, sous l'égide de l'ONU,

B.  considérant l'excellent travail accompli par la mission de l'ONU (UNAMET) durant la préparation et le déroulement du processus de consultation du peuple du Timor-Oriental, dans le plein respect de l'accord de New-York,

C.  considérant que 98,6% de la population recensée a participé au référendum, malgré les menaces des milices anti-indépendantistes et le climat d'intimidation suscité par elles,

D.  considérant que l'UNAMET et les observateurs internationaux, parmi lesquels la délégation du Parlement européen et celle du Conseil européen, ont reconnu la légalité et la validité du processus de consultation,

E. considérant que les résultats du référendum traduisent clairement la volonté des Timorais d'accéder à l'indépendance, qui a recueilli 78,5% des votes,

F.  considérant que les résultats du référendum ont été annoncés par le Secrétaire général de l'ONU et reconnus valables par l'Organisation des Nations unies, le président de l'Indonésie, le Portugal et la communauté internationale,

G.  considérant qu'à la suite de l'annonce des résultats du référendum, les milices pro‑indonésiennes, encadrées et renforcées par les autorités policières et militaires indonésiennes, ont suscité la terreur sur le territoire, tuant des citoyens sans défense, incendiant des maisons, séparant des familles, déportant des populations et attaquant même l'UNAMET, la Croix-Rouge, les journalistes et les observateurs, entre autres actions portant atteinte à la dignité humaine,

H.  considérant que le climat de terreur et les exactions se poursuivent, ce qui empêche le rétablissement de la sécurité et de l'ordre sur le territoire, provoque la perte de milliers de vies humaines et crée une situation d'urgence humanitaire qui met en cause la survie de tout un peuple,

I.  considérant que, objectivement, l'Indonésie a violé l'accord de New York (article 3), puisqu'elle n'a pas assuré le maintien de la paix et de la sécurité sur le territoire, par incapacité ou incurie, voire délibérément,

J.  considérant que l'Indonésie occupe depuis 24 ans illégalement le territoire du Timor oriental, sur lequel elle ne détient aucun pouvoir souverain, comme en attestent les résolutions de l'Organisation des Nations unies qui reconnaissent le Portugal comme puissance administrante,

K.  considérant que l'Indonésie a, enfin, reconnu que la présence d'une force internationale de paix au Timor-Oriental s'imposait,

1.  félicite le peuple du Timor-Oriental pour son comportement exemplaire au cours du processus de consultation et pour sa participation massive au référendum;

2.  reconnaît la volonté exprimée sans équivoque et démocratiquement par le peuple du Timor-Oriental d'être indépendant et de créer un nouveau pays;

3.  condamne avec la plus extrême vigueur les massacres et exactions perpétrés par les milices pro-indonésiennes, avec la participation de la police et de l'armée indonésiennes, à l'encontre du peuple du Timor-Oriental, provoquant la mort d'un nombre indéterminé de personnes;

4.  exige de l'Organisation des Nations unies qu'elle assume les responsabilités dont elle a été investie par l'accord de New-York (article 7) et qu'elle maintienne une présence adéquate au Timor-Oriental;

5.  en appelle au Conseil de sécurité des Nations unies pour qu'il ne retarde pas davantage l'envoi de la force internationale de maintien de la paix et de la sécurité au Timor-Oriental;

6.  demande à la Présidence du Conseil de l'Union européenne et à la communauté internationale, en particulier à l'Organisation des Nations unies, de suspendre ou de continuer à suspendre, jusqu'à la normalisation de la situation au Timor-Oriental, la coopération militaire, les exportations d'armements et l'aide économique à l'Indonésie, sauf l'assistance humanitaire et l'appui au processus de transition vers la démocratie;

7.  demande à la Présidence du Conseil de l'Union européenne, à la Commission, aux gouvernements des États membres et à la communauté internationale de garantir de toute urgence l'appui humanitaire aux populations du Timor-Oriental et de favoriser en particulier le retour des personnes déplacées et des réfugiés ainsi que l'accès des observateurs internationaux, des ONG et des journalistes à ce territoire;

8.  décide d'instituer des mécanismes de suivi permanent du processus d'indépendance du Timor-Oriental;

9.  demande instamment au Conseil et aux États membres de l'Union européenne de reconnaître l'État du Timor-Oriental et d'établir des relations diplomatiques avec lui le plus rapidement possible;

10.  exige de l'Organisation des Nations unies qu'elle procède à un inventaire des atrocités perpétrées sur le territoire et qu'elle identifie leurs responsables et les défère tous devant un tribunal international;

11.  demande à la Commission et à la Présidence du Conseil de l'Union européenne de mettre en place un processus permettant d'appuyer sur les plans logistique et financier l'indépendance du Timor-Oriental, par une action commune;

12.  se propose d'inscrire dans le prochain budget de l'Union européenne un crédit visant à appuyer la reconstruction, l'activité économique et le processus de constitution de l'État du Timor-Oriental;

13.  se félicite de la libération de Xanana Gusmão, mais considère que celui‑ci ne sera effectivement libre que lorsqu'il pourra revenir en toute sécurité au Timor-Oriental et qu'il cessera de se trouver en situation d'exil forcé;

14.  charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux gouvernements des États membres, au gouvernement indonésien, au Secrétaire général de l'Organisation des nations unies, à l'ANASE et au chef de la résistance timoraise, Xanana Gusmão.

1http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+MOTION+B5-1999-0112+0+DOC+XML+V0//FR&language=fr

 

L’évêque de Dili, Monseigneur Carlos Ximenes Belo lance un appel au secrétaire général de l'ONU, au président Portugais Mario Soares et au Vatican demandant, l'organisation d'un référendum :

« Le processus de décolonisation de Timor portugais n’a pas encore été mené à bien par les Nations unies, et il serait bon de ne pas l’oublier (...). L’Indonésie dit que le peuple de Timor a déjà choisi l’intégration, mais le peuple de Timor n’a jamais dit cela. Le Portugal laisse au temps le soin de résoudre ce problème. Et nous, nous sommes en train de mourir comme peuple et comme nation (...). Il n’y a pas de moyen plus démocratique pour connaître la volonté suprême du peuple timorais qu’un référendum organisé par les Nations unies  »28

 

1991 Massacre du cimetière de Santa Cruz

Le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme sur la torture Peter Kooijmans devait venir en Octobre 1991 au Timor Oriental. Avec lui était attendue la délégation parlementaire portugaise ainsi que douze journalistes. Mais la visite a été annulée suite à la décision des autorités indonésienne de refuser l’entrée à Jill Jollife, journaliste australien partisan de l’indépendance.

Les indépendantistes qui espéraient beaucoup de cette venue en terme de visibilité sont déçus. Quelques jours plus tard la tension monte, avec l’affrontement dans une église de partisans de l’intégration et de l’indépendance qui fait deux morts, un de chaque bord.

Un militant indépendantiste, Sebastao Gomes a été sorti de l’église par l’armée indonésienne et abattu le 28 octobre.

Lors de ses funérailles le 12 novembre, trois mille manifestants se dirigent vers le cimetière. L’armée assiège alors le cimetière et tire sur la foule qui avait déployé drapeaux et banderoles. Elle tue 250 personnes.

Des images tournées sur place par une équipe britannique et des journalistes américains sont diffusées dans le documentaire First Tuesday In Cold Blood: The Massacre du Timor oriental, sur ITV au Royaume-Uni en Janvier 1992, donnant une résonance immense à l’événement.

Ledit massacre était prévisible et même prévu. Quelque temps avant la visite d'une délégation parlementaire portugaise prévue du 4 au 16 novembre 1991 , l'administrateur apostolique du diocèse de Dili, Monseigneur Belo, écrivait à l’évêque de Setubal (diocèse du Portugal), le 7 septembre 1991:

"Notre situation est devenue pire que jamais pendant les dernières semaines. Maintenant que la visite de la délégation parlementaire portugaise est proche, les autorités indonésiennes ont relancé une campagne de terreur et de menaces. Quiconque s'approchera des portugais sera mort". 29

Alors que le massacre est condamné unanimement, le commandant en chef de l’armée indonésienne au Timor oriental prononce ces paroles :

« Disruptor…had to be shot… and we shall shoot them », "les perturbateurs devaient être tués et nous continuerons de les tuer"

L’Indonésie admet finalement 50 morts. Mais selon les ONG, il y a 271 morts, 382 blessés et 250 disparus.

Le Canada, les Pays-Bas et les États-Unis gèlent leur assistance militaire à Djakarta.

L’Australie, souhaitant développer des relations diplomatiques et économiques harmonieuses avec son puissant voisin choisit de mettre la tête dans le sable. Elle fait une déclaration de principe :

« L’Indonésie est un voisin proche, un ami de l’Australie. On ne doit pas laisser ses amis tuer ses voisins ou ses enfants » (Sénateur Bourne)

Exactement un mois après le massacre, l'Australie signe un accord sur l’exploration pétrolière conjointe avec l’Indonésie dans une zone de coopération dépendant du Timor.

Néanmoins, le massacre de Santa-Cruz sert de révélateur du niveau d’urgence requis face à la situation au Timor-Oriental.

Actuellement, le 12 novembre est un jour férié au Timor Leste

 

20 novembre 1992 : Arrestation de Xanana Gusmao.

Xanana Gusmao est le chef du FRETILIN depuis le début des années 80. Suite au massacre du cimetière de Santa Cruz, il multiplie les interviews pour alerter médias et gouvernements étrangers sur la situation au Timor-oriental. Il est arrêté et torturé par l'armée indonésienne.

Il est contraint de demander publiquement à ses compagnons de renoncer à la lutte armée.

« Le 1er décembre 1992, la télévision indonésienne diffusait une bande vidéo montrant M. Gusmão prenant le thé avec le gouverneur de Timor. Scène faussement banale : le dirigeant timorais demande pardon pour ses dix-sept ans de résistance, pardon aux familles des victimes du massacre du 12 novembre 1991, pardon aux militaires indonésiens qui ce jour-là avaient tiré sur la foule ! Il demande à ses compagnons d’armes de se rendre et aux Timorais en général de travailler au développement de Timor-Oriental intégré dans l’Indonésie ».30

Malgré cela il est condamné en mai 1993 à la prison à perpétuité par un tribunal militaire indonésien. Trois chefs d'accusation sont retenus contre lui : rébellion, possession illégale d'arme à feu et tentative de séparation d'une partie du territoire indonésien.

La peine est commuée à 20 ans de prison par le président Suharto en août. Il sera finalement libéré en 1999 après avoir effectué sept ans de prison.

 

14 Juillet 1994 : 14 morts lors d'une manifestation

Une manifestation dégénère provoquant la mort de 14 personnes. En novembre des incidents graves ont lieu à Dili, alors que le sommet de l'APEC* est réuni à Bogor.

En 1996, la situation est toujours catastrophique sur le plan des droits de l’homme et de la vie humaine.

«  Selon le Rapport de 1996 sur l'état de la population mondiale publié par le Fond des Nations Unies pour la population, le Timor-Oriental a le taux de mortalité infantile le plus élevé des 30 pays et territoires les moins avancés au monde (135 décès pour 1 000 naissances). Toujours selon cette source, c'est encore au Timor-Oriental que l'espérance de vie est la plus faible parmi ces 30 pays (48,4 ans pour les femmes et 46,7 ans pour les hommes). »31.

1996 : Ramos-Horta et Ximenes Belo prix nobel de la paix

Le prix Nobel de la paix est attribué à L'évèque Carlos Filipe Ximenes Belo et José Ramos-Horta "pour leurs efforts pour obtenir une solution juste et pacifique à un combat vieux de vingt ans" la paix et la fin de l'occupation. L’évêque était pressenti depuis l'année précédente.

José Ramos-Horta, alors représentant du FRETILIN se dit surpris d'être associé au Nobel et regrettera que ce ne soit pas Xanana Gusmao, alors en prison à Jakarta qui l'ait reçu avec Monseigneur Belo.

Les États-Unis félicitent les lauréats... et confirment la vente d'avion de guerre F16 à l'Indonésie. La vente sera finalement annulée en juin de l'année suivante.

 

La France déclare en Octobre 1996 qu'elle

"espère que leur double nomination au prix Nobel contribuera à renforcer les actions en vue d'un réglement pacifique de ce différend".

Il est vrai que la France avait expulsé quelques jours avant, trois Timorais, qui après avoir escaladé les grilles de l'Ambassade de France à Jakarta, souhaitaient à terme demander l'asile politique au Portugal qui l'avait accordé déjà à 89 personnes. Jetés dehors selon eux, ils n'ont pu le faire. L'ambassade affirme ne pas être au courant de l'affaire.

Nous ne savons pas exactement ce qui s'est passé", nous a expliqué hier un porte-parole du Quai d'Orsay. " Lorsque le garde est sorti dans la cour, il a vu qu'il se passait quelque chose sur le trottoir (hors de l'ambassade) mais tout était déjà fini"32.

Mais des photos des trois Timorais à l'intérieur de l'enceinte de l'Ambassade ont été publiées.

 1997 : première convention du CNRT

Le Conseil national de la Résistance Timoraise, réunit les principaux partis de la résistance. Il nomme Xanana Gusmao, alors emprisonné à Jakarta comme président et José Ramos-Horta vice-président.

 


1975 - 1999 Massacre à grande échelle ou Génocide ?

Selon le rapport de l’Onu, il y eu entre 100 000 et 200 000 victimes par la faim et par les armes entre 1975 et 1992. Pour la commission d'accueil, de recherche de la vérité et de réconciliation au Timor oriental, ce sont 100 000 personnes qui auraient été tuées ou seraient mortes de faim sur la période.

Les recherches sont difficiles et les chercheurs ne s'accordent pas sur les chiffres. Il semble que le nombre de 170 000 morts dus directement à l'occupant indonésien soit un minimum. La population attendue en 2001 présente un fort déficit sur la projection de la même population en 1970 réalisée avec le taux d'accroissement naturel local.

Selon le rapport n°2449 du 31 mai 2000 de l'Assemblée Nationale Française , "En 1975, au moment de l'invasion, la population timoraise est estimée à un peu moins de 700 000. En 1981, selon un recensement de l'église catholique , elle est tombée à 425 000. En tenant compte du taux d'accroissement naturel , on peut donc estimer à 300 000 morts le coùt d'intégration du Timor à l'Indonésie. ".

Le rapport cite ensuite Ramos-Horta1:" Toute l'évidence disponible mène à une conclusion : Les actions de l'Indonésie au Timor Oriental sont un crime de Génocide tel que le définit la Convention des Nations-Unies sur la prévention et la punition du crime de Génocide"


 Sur la même période, l'Indonésie a favorisé l'immigration d'Indonésiens pour la plupart issus de Bali, au Timor-Oriental. Ainsi, entre 1979 et 1999, 70 000 personnes sont venues s'installer avec l'aide du gouvernement indonésien.

 

En février 2002, une "Commission Accueil , Vérité et Réconciliation" est mise en place, avec pour mission sur deux ans d'établir la vérité sur les crimes commis entre 1974 et 1999.

 

Mais Ramos-Horta refuse de demander la création d'un tribunal pénal international.

A Jakarta (Indonésie), s'ouvre en mars 2002 le procès, devant un tribunal spécial indonésien, des responsables militaires, miliciens et civils Indonésiens accusés des exactions commises au Timor-Oriental en 1999.

La Commission indépendante d'experts chargée d'examiner le processus de répression des violations graves des droits de l'homme commises en 1999 considère pour sa part dans son rapport final que « le processus judiciaire tel qu'il s'est déroulé devant le Tribunal spécial n'a pas rendu justice comme il se devait aux victimes de violations graves des droits de l'homme et à la population du Timor-Leste »

Sur 33 noms d'individus impliqués à divers degrés par la commission d'enquête indonésienne dans son rapport préalable au procès, 15 ne furent jamais inquiétées.

Sur les 18 personnes poursuivies, 12 furent acquittées, 4 condamnés mais leur condamnation est annulée en appel.

Finalement seul le chef de la milice Eurico Guterres (qui est un Timorais, pas Indonésien), coupable d’assassinat et actes de tortures sera condamné à 10 ans de prison en 2002, ramenés à 5 ans par la cour d'appel de Jakarta. Il en a purgé finalement 2 avant d'être acquitté.2

1 La Saga du Timor-Oriental, Ed. Favre 1996

2 droits fondamentaux n °5 janvier 2005

 

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