De l'autodétermination à l'indépendance

 

21 mai 1998 : Démission du président indonésien Suharto.

Le vice-président Jusuf Habibi lui succède et élargit les prisonniers politiques. Le 11 février 1999, le nouveau président dénonce "le fardeau du Timor-Oriental"

 En 1999 Habibi annonce qu'il est prêt à accorder l'indépendance à la "27e pronvince", si tel est le choix de sa population. Ce volte-face peut aussi s'expliquer par le souhait de contenir les mouvements indépendantistes indonésiens de l'Aceh, des Sulawesi et de l'Iran-Jaya en se séparant d'un territoire que l'Indonésie n'a pas réussi à 'pacifier' depuis 1975.

 

11 juin 1999 : L'Onu se prononce pour un référendum

A New York, la résolution n°1246 du Conseil de sécurité de l'ONU crée la Mission des Nations unies à Timor-Oriental, MINUTO (en anglais UNAMET), chargée d'organiser un référendum en août.

 

5 mai 1999 : Accord entre l’Indonésie et le Portugal pour l'organisation d'un référendum sous l'égide de l'ONU, sur l'autodétermination du territoire. Le choix doit être proposé entre l'autonomie au sein de la République Indonésienne ou l'indépendance du Timor Oriental.

Pendant la préparation du référendum les milices pro-indonésiennes se déchaînent, conduisant près de 90 000 personnes à se réfugier dans les montagnes.

 

30 Août 1999 : référendum sur l’indépendance : 78,5 % de oui

Organisé par l'ONU, il concerne 451 792 électeurs.

Le résultat est sans appel. Alors que la participation s’élève à 98,6 %, 78,5% des voix se sont prononcées en faveur de l’indépendance. Le bout du chemin n’est plus très loin pour les Timorais.

Le vote a lieu alors que les milices pro-indonésiennes exercent des violences.

Dès le résultat connu, soutenues par l'armée, elles procèdent à des destructions d'habitation sur une grande échelle, mais aussi à des déplacements forcés de population et des massacres. Bill Clinton déclare que "La complicité avérée de l'armée indonésienne est inacceptable"

 

Amnisitie de Xanana Gusmao

Xanana Gusmao, assigné à résidence à Jakarta depuis sa sortie de prison en février est amnistié quatre jours après le référendum par la président Habibi.

Le détricotage juridique qui permettra la création d'un État indépendant est en marche.

Mais sur le terrain les partisans de l'intégration à l'Indonésie et des factions indonésiennes liées aux services secrets veulent liquider les partisans de l'indépendance et les infrastructures existantes.

Au total ce sont 25 000 hommes qui se livrent à des massacres et des pillages provoquant en outre une nouvelle famine.

 

Septembre 1999 : Dili Assiégée

Le 6 septembre la ville de Dili est totalement assiégée et le personnel de l'Onu doit être évacué 4 jours après. La loi martiale est décrétée du 7 au 23 septembre. Une dizaine de milliers de personnes sont tués, par tous moyens, y compris machettes ou arme automatiques, jusque dans les églises où certaines avaient trouvé refuge.

 

Du 5 au 21 septembre , 200 000 à 250 000 personnes sont expulsées vers des camps du Timor Occidental, possession indonésienne, par avion ou par camion

 

Les destructions d'habitations, maisons et immeubles, pillés puis brûles atteignent 60 à 80% des bâtiments du pays. A Dili, les 80% sont sans doute dépassés.

 

Pierre Kerblat, témoin et responsable de la cellule d'urgence du HCR, insiste sur le caractère organisé et programmé de ces actes de terreur et de massacres:

A l'évidence, comme au Rwanda, il y eut planification préalable et exécution systématique du plan. La conclusion du rapport de la mission du Conseil de sécurité dépêchée à Jakarta et à Dili du 8 au 12 septembre est particulièrement inquiétante : "on ne saurait écarter l'hypothèse qu'il s'agit là des premières mesures d'une campagne de Génocide* visant à éliminer, par la force, le problème du Timor oriental"35

 

Création de la force internationale pour le Timor-oriental

12 septembre 1999: dépassé, le président de l’Indonésie annonce qu’il est prêt à accepter une force internationale de maintien de la paix au Timor-Oriental (en anglais INTERFET- International Force for East Timor) .

Celle-ci est créée le 15 septembre avec pour objectif de « rétablir la paix et la sécurité au Timor-Oriental, protéger et appuyer la MINUTO dans l'exécution de ses tâches ».

Les 7 000 bérets bleus de l'INTERFET - force d'interposition placée sous commandement australien arrivent dès le 20 septembre dans Dili, vide et quasiment détruite.

 

Résolution 1264 du Conseil de sécurité de l’Onu du 15 septembre 1999

Dans cette résolution, l’ONU se dit préoccupée par

« les actes de violence qui continuent d'être commis contre la population civile du Timor-Oriental et par le déplacement et la réinstallation de très nombreux civils,..et consterné par la détérioration de la situation humanitaire au Timor-Oriental, qui touche en particulier les femmes, les enfants et les autres groupes vulnérables.

Elle se dit aussi préoccupée par les informations faisant état de violations systématiques, générales et flagrantes du droit humanitaire international et des droits de l'homme commises au Timor-Oriental, et soulignant que les auteurs de ces violations en sont personnellement responsables,

Constatant que la situation actuelle au Timor oriental constitue une menace pour la paix et la sécurité,… autorise la création d'une force multinationale placée sous une structure de commandement unifiée."

La commission des droits de l'homme de l'Onu entame une enquête sur les atrocités commises. Le rapport, remis fin janvier 2000, conclura à une implication du haut commandement indonésien et demandera la création d'un tribunal international. Le ministre indonésien de la sécurité nationale est suspendu le 13 février 2000 par le nouveau président Wahid pour ses responsabilités dans les violences opérées au Timor-Oriental.

Une commission mixte "vérité et amitié" est sera créée entre le Timor-Leste et Indonésie en 2005. Elle évalue le nombre de morts de la période du référendum de 1999 à 1400.

 

Les premiers déportés vers le Timor occidental, entassés dans des camps de l'autre côté de la frontière commencent à être rapatriés par l'ONU qui en ramènera 17 000.

 

20 octobre : élection du président A. Wahid en Indonésie

Le décret qui créait la 27e province d'Indonésie est abrogé par l'Assemblée consultative indonésienne.

 

25 Octobre 1999 : Création de l'ATNUTO

Le conseil de sécurité par sa résolution n° 1272 décide la création d’une Administration Transitoire des Nations Unies au Timor Oriental (ATNUTO ou UNTAET en Anglais) à laquelle sera confiée la responsabilité générale de l'administration du Timor-Oriental et qui sera habilitée à exercer l'ensemble des pouvoirs législatif et exécutif, y compris l'administration de la justice; son mandat sera en outre d’assurer la sécurité et le maintien de l'ordre sur l'ensemble du territoire du Timor-Oriental (une force de police internationale d’au moins 1640 policiers doit être créée à cet effet, ainsi q’une composante militaire de 9 000 hommes et 200 observateurs militaires ) et de mettre en place une administration efficace. Elle prend le relais de l'INTERFET.

 

La résolution n°1272 dans ses points 11 et 12,

« se félicite que les autorités indonésiennes se soient engagées à permettre aux réfugiés et aux personnes déplacées se trouvant au Timor occidental et ailleurs en Indonésie de choisir de regagner le Timor-Oriental, de rester où elles se trouvent ou de se réinstaller ailleurs en Indonésie, et souligne qu'il importe d'assurer l'accès total, sans entrave et en toute sécurité des organisations à vocation humanitaire dans l'accomplissement de leurs tâches;

Souligne qu'il appartient aux autorités indonésiennes de prendre des mesures immédiates et efficaces afin d'assurer le retour en toute sécurité au Timor-Oriental des réfugiés se trouvant au Timor occidental et ailleurs en Indonésie, la sécurité des réfugiés et le caractère civil et humanitaire des camps et établissements de réfugiés, en particulier en y mettant fin aux actes de violence et d'intimidation des milices; »

L'ATNUTO intervient suite au retrait de l'INTERFET le 23 Février 2000, dirigée par Sergio Vieira de Mello, Représentant spécial du Secrétaire général et Administrateur transitoire du Timor oriental.

 

31 Octobre 1999 : Les derniers soldats indonésiens quittent le Timor-Leste.

Le retrait, entamé le 20 septembre a duré 1 mois.

 

La première réunion des donateurs [près de 50 pays et des institutions internationales] tenue à Tokyo en décembre 1999, permet de réunir 522 millions de dollars sur trois ans de contributions pour la reconstruction du Timor-Oriental.

 

5 juillet 2001 Accord entre Timor oriental et l'Australie sur l'exploitation des hydrocarbures de la mer de Timor. Le Timor-Oriental touchera 90% des royalties de l'exploitation de ce gisement après son indépendance.

 

30 Aout 2001 : Élection de l’Assemblée constituante. Le FRETILIN obtient 57,4% des suffrages, remportant 55 sièges sur les 88 à pourvoir.

Un gouvernement de transition est nommé le 20 septembre. Mari Alkatiri est 'chef ministre' et José Ramos-Horta, ministre des affaires étrangères.

 

 

14 Avril 2002 : Première élection présidentielle du nouvel État. Xanana Gusmao (82,69%) est élu au suffrage universel à la présidence de la république contre Francisco Xavier do Amaral (17,31%)

Peu après , suite aux recommandations du Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, le Conseil de sécurité de l'ONU crée pour 12 mois, une Mission d'appui des Nations unies au Timor oriental MANUTO (UNMISET en anglais), comprenant 5 000 casques bleus et 1 250 policiers.

 Depuis 2002 : l'Etat indépendant

 

20 mai 2002 : le Timor-Leste accède à l'Indépendance.

Kofin Annan, secrétaire général de l'ONU, Bill Clinton ex-président des États-Unis d'Amérique, mais aussi John Howard, premier ministre australien, Jorge Sampaio, président du Portugal et Magawati Sukarnoputri présidente Indonésienne sont présents à la levée du drapeau

 

21 mai 2002 Signature du traité sur l'exploitation du pétrole en mer de Timor entre Timor oriental et l'Australie, par les premiers ministres Mari Alkatiri et John Howard. Il entérine l'accord signé le 5 juillet 2001 et garantit au Timor oriental 5 milliards de dollars sur les 17 prochaines années. L'accord ne couvre cependant qu'un cinquième du gisement dont l'Australie revendique la propriété des 80% restants.

 

27 septembre 2002 : Le nouvel État est le 191e État admis à l'ONU.

 

Fin 2002, des manifestations contre le favoritisme dont bénéficieraient des proches du premier ministre dégénèrent. Des bâtiments administratifs sont détruits, des magasins sont pillés. Les tensions restent vives entre les différentes composantes de la population : lusophones et non lusophones (interdits d'emploi dans l’administration) , ancien résistants (présents dans l'armée) et policiers de l'ère indonésienne restés dans la police, personnes tournées vers les pôle d'attraction anglo-saxon ou portugo-africain, partisans d'une laïcité stricte ou de plus de présence catholique dans les institutions…

 

Janvier 2006 : 591 militaires, de différentes unités (un tiers de l'armée) , envoient une pétition au président Gusmao pour se plaindre des discriminations au sein de l'armée, au profit des soldats originaires de la partie orientale du pays dont seraient issus la plupart des résistants à l'Indonésie entre 1975 et 1999. Le gouvernement promet une enquête mais ne réagit pas vraiment.

 

16 Mars 2006 : 350 militaires désertent leur baraquement de Metinaro en signe de protestation, alors même qu'ils ont été reçus par le président et le ministre de la défense. Ils sont limogés.

 

24-26 Avril : Les militaires licenciés, soutenus par de nombreux civils manifestent à Dili, occasionnant des dégâts sur les biens, magasins ou voitures. La police ouvre le feu et tue 6 manifestants.

 

Mai 2006 : Les troubles continuent, occasionnant 37 morts et plus de 100 000 déplacés. 3 000 maisons sont détruites. Le pays est au bord de la guerre civile.

 

9 mai 2007 : Ramos Horta Président, Gusmao premier ministre

José Ramos Horta , alors premier ministre, est élu président de la République. Le président Xanana Gusmao n’a pas participé à l’élection et devient premier ministre.

 

11 février 2008

Attentat contre Ramos Horta et Gusmao

Le président José Ramos Horta est blessé puis deux heures plus tard c'est son premier ministre Gusmao qui est agressé. Il s'agit probablement d'une tentative de coup d'État menée par les rebelles. L’État d'urgence est décrété.

Leur commandant, Alfreido Reinado est tué. Gastao Salsinha lui succède. Il se rend le 19 avril avec 13 de ses hommes.

 

17 mars 2012 José Maria de Vasconcelos élu président

José Ramos-Horta, chef de l'État sortant est battu au premier tour de l'élection présidentielle et reconnaît immédiatement sa défaite.

L'ex-guérillero José Maria de Vasconcelos dont le nom en tétum est "Taur Matan Ruak" (yeux perçants) est élu président du Timor-Oriental avec 61% des suffrages exprimés. Instituteur, ancien commandant de l’armée timoraise et ancien résistant, il succède à José Ramos Horta qui n’a pas passé le premier tour. Soutenu par le CNRT – Congrès national de reconstruction timoraise, et le premier ministre Xanana Gusmao, il s’opposait au candidat du FRETILIN, Francisco Guterres.

Un rapport de l'ONU avait recommandé l'inculpation de Taur Matan Ruak le trafic d'armes dans lequel il aurait trempé, qui aurait joué un rôle dans la quasi guerre civile de 2006. Mais aucune suite n'avait été donnée à ce rapport.

 

 

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