Juif d’origine lithuanienne, Eliezer Ben Yehuda, entreprend de faire d’une langue littéraire une langue de communication courante, vivante et moderne ; il donne à cette entreprise un sens nettement politique :

« ... A mesure que se renforçait en moi ma conscience politique, je me persuadais de plus en plus de l’importance de la langue. J’en vins donc rapidement à ce point où, à l’argument de la langue... je finis par donner la réponse la plus naturelle et la plus simple : de même que les Juifs ne peuvent être une nation vivante à moins de rentrer dans la patrie de leurs ancêtres, ils ne peuvent être un peuple vivant à moins de revenir à la langue de leurs ancêtres et de l’utiliser non seulement pour leurs livres, les choses sacrées, mais également dans la langue quotidienne... pour toutes les choses de la vie... »

Lui-même émigre en Palestine en 1881 et prend la tête d’une campagne auprès des colons juifs pour répandre l’usage de l’hébreu dans le travail comme dans l’enseignement. Cette initiative rencontre bien des oppositions. Beaucoup de leaders sionistes eux-mêmes n’y croient guère. Pourtant l’usage de l’hébreu progresse peu à peu et le mouvement s’étend hors de Palestine dans les communautés juives de certains pays d’Europe, comme la Russie. (in Dominique Perrin,  op cité)