Sous la pression 'amicale' de la Syrie d'Hafez el Assad, le Liban autorise l'OLP à détenir l'exclusivité de la gestion des camps palestiniens au sud Liban.

L'accord, signé entre le Général Emile Boustani, commandant en chef de l’armée libanaise, et Yasser Arafat, le 3 novembre 1969, au Caire autorise les Fedayins Palestiniens à demeurer dans l'Arkoub, au Sud-Liban. Les camps palestiniens hébergent désormer les unités du commandement de la lutte armée palestinienne, les commandos qui partiront effectuer des actions en Israël. Arafat obtient donc une base d'attaque et de repli pour ses hommes. Le Liban abdique ainsi une partie de sa souveraineté au profit de groupes armées combattants. L'article 13 sur la « pleine autorité » que continueront, « bien entendu », à exercer les autorités civiles et militaires du Liban ne fait pas illusion.

La déstabilisation du Liban est en marche et la guerre civile qui va ravager le pays pendant 15 ans y trouve sa cause principale.

Pour les Israéliens, il s'agit d'une violation de l'accord d'armistice signé en 1949 entre le Liban et Israël. Il sauront s'en prévaloir lors de l'invasion du Liban en 1982.

 


Texte de l'accord

 

Le lundi 3 novembre 1969 s’est déroulée au Caire une réunion entre une délégation libanaise dirigée par le général Emile Boustani, commandant en chef et une délégation de l’Organisation de libération de la Palestine dirigée par M. Yasser Arafat.

Assistaient également à la réunion, du côté égyptien, M. Mahmoud Riad, ministre des affaires étrangères, et le général Mohamed Faouzi, ministre de la guerre.

En raison de leurs liens fraternels et de leur destinée commune, e Liban et la Révolution palestinienne ne peuvent avoir que des relations empreintes de confiance, de franchise et de coopération positive, et cela dans l’intérêt des deux parties et dans le respect de la souveraineté et de la sécurité du Liban.

Les deux délégations ont conclu un accord sur les principes et les mesures suivants :

La présence palestinienne

Il a été décidé de réorganiser la présence palestinienne au Liban sur les bases suivantes :

1 - Droits de travail, de résidence et de déplacement reconnus aux Palestiniens résidant actuellement au Liban.

2 - Création de commissions palestiniennes locales à l’intérieur des camps afin d’assurer la sauvegarde de leurs habitants, en coopération avec les autorités locales et dans le respect de la souveraineté libanaise.

3 - Création d’unités du Commandement de la lutte armée palestinienne (CLAP) dans les camps. Ces unités, en collaboration avec les commissions locales, maintiendront de bonnes relations avec les autorités. Les unités du CLAP veilleront à la répartition et à a limitation des armes dans les camps, dans le respect de la sécurité du Liban et de l’intérêt de la Révolution palestinienne.

4 - Les Palestiniens résidant au Liban seront autorisés à participer à la Révolution palestinienne, dans le respect des principes
de la souveraineté et de la sécurité du Liban.

L’action des fedayine

Il a été décidé de faciliter l’action de la Résistance par les moyens suivants :

1 - Facilités de passage pour les fedayine, et délimitation des points de passage et de reconnaissance dans les régions frontalières.

2 - Assurer la sécurité de la route jusqu’à la région de l’Arkoub.

3 - Le CLAP se chargera de la discipline des membres des organisations qui en font partie, et s’assurera qu’ils ne s’ingèrent pas
dans les affaires libanaises.

4 - Création d’unités mixtes de police constituées par le CLAP et l’armée libanaise.

5 - Arrêt des campagnes de propagande de la part des deux parties.

6 - Recensement, par le Commandement de la lutte armée palestinienne, des membres du CLAP se trouvant au Liban.

7 - Désignation de représentants du CLAP auprès de l’état-major libanais afin d’aider au règlement des problèmes urgents.

8 - Étude de l’emplacement des points de rassemblement appropriés, le long de la frontière, avec l’accord de l’état-major libanais.

9 - Réglementation des entrées, des sorties et des déplacements des éléments du CLAP.

10 - Suppression de la base de Jeyroun (nord-Liban).

11 - L’armée libanaise offrira des facilités aux centres hospitaliers ainsi qu’aux positions de repli et de ravitaillement des fedayine.

12 - Libération des prisonniers et remise des armes saisies.

13 - Il est entendu que les autorités civiles et militaires libanaises continuent à exercer pleinement leur autorité et leurs responsabilités
sur l’ensemble du territoire libanais et en toutes circonstances.

14 - Les deux délégations réaffirment que la lutte armée du peuple palestinien répond aussi bien à l’intérêt du Liban qu’à celui de la Révolution palestinienne et de tous les Arabes.

15 - Le texte de cet accord est ultra-secret et ne sera accessible qu’aux autorités intéressées.

Signé : Emile Boustani, chef de la délégation libanaise, Yasser Arafat, le 3 novembre 1969 »

 


 

Les Palestiniens qui ont pris position au Sud-Liban enlèvent et tuent fréquemment des soldats libanais.

 En 1973, l’armée de l’air libanaise bombarde les positions des combattants palestiniens mais succombe à la pression de la Ligue arabe qui obligea le Liban à arrêter son armée. Ce fut la fin de l’État libanais.

En 1975, les Palestiniens s’attaquent aux Chrétiens libanais et la guerre dite «civile» libanaise débuta, alors qu’en réalité, elle était entre Chrétiens et palestiniens, ces derniers dans le but d’évincer les Chrétiens du Liban. 1

 

1 Alain-Michel Ayache, département de science politique, Université de Québec Montréal in Les Palestiniens au Liban, la vérité oubliée.

 

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