La présence des juifs au Maroc remonte à l’Antiquité, probablement au 3ème siècle avant JC. À cette époque, ils cohabitent avec les Berbères de la région, premiers habitants connus de l’Afrique du Nord, et leurs cultures sont fortement connectées. Les juifs eux-mêmes se considèrent comme des autochtones, se dénommant ainsi Toshavim (gens du pays).

L’islamisation débute au 7ème siècle après JC.

Les rapports entre juifs et musulmans perdurent.

1033 : Massacre de Fès : 6000 Juifs tués par les forces de Temim Ibn Ziri, chef musulman berbère des Zénètes ifrenides après leur conquête

 

À partir de 1438,

les juifs marocains ne peuvent habiter progressivement que dans les mellahs, des quartiers réservés, comprenant écoles religieuses, synagogues, rabbinat et commerces. Les juifs possèdent une relative autonomie dans la gestion des affaires internes des mellahs : ils sont par exemple en charge de la nomination du chef du quartier qui assure la liaison avec les autorités musulmanes, ainsi que du tribunal rabbinique ou de l’abattage rituel. Entourés de hauts murs gardés de portes, les mellahs sont fermés la nuit, délimitant et distinguant ainsi les populations musulmane et juive. Les juifs peuvent toutefois facilement fréquenter de jour les autres quartiers de la ville.

Dans le Sud du Maroc, de nombreuses villes ou kasbah possèdent leur mellah.

Les juifs vivent donc côte-à-côte avec les musulmans. Cette coexistence est facilitée par certaines similitudes entre cultures musulmane et juive. Monothéistes, avec des interdictions alimentaires procédant d’un même principe, toutes deux pratiquant la règle de la circoncision, les similarités sont nombreuses.

Les contacts entre juifs et musulmans sont fréquents : ces derniers vont au mellah effectuer des achats, écouler leurs propres produits, emprunter de l’argent, livrer des parts de récoltes à leurs associés juifs, recourir aux services de couturières ou encore faire réparer des montres et des bijoux. Quelques musulmans tenaient même dans ce quartier des échoppes dont des fours loués par d’autres musulmans déchargeaient les juifs du souci de l’entretien du feu pendant le chabbat.

À cette époque, les juifs possèdent le statut de dhimmis : ils sont des « sujets non-musulmans » d'un État musulman, liés au Maroc par un « pacte » de protection. En contrepartie de l'acquittement d'un impôt, d'une certaine incapacité juridique et du respect d’obligations contenues dans un « pacte » conclu avec les autorités, les juifs se voyaient accorder une liberté de culte restreinte, certains droits ainsi que la garantie de sécurité pour leur personne et leurs biens.


Début du 15ème siècle,

arrivée des Megorashim des juifs sépharades arrivent en Afrique du Nord à la suite des persécutions anti-juives de 1391 et à leur expulsion d’Espagne en 1492.

D’un niveau socio-culturel souvent élevé, ils se différencient des juifs autochtones, les Toshavim, qui eux parlent les langues locales (arabe ou berbère) et dont les traditions sont influencées par l'islam maghrébin.

Les Megorashim finiront par se fondre avec les Toshavim.


Processus de colonisation du Maroc par la France :

Des accords d’Algésiras en 1906 à la signature du traité de protectorat à Fès en 1912. Ce processus de colonisation s’accompagne pour les juifs du Maroc d’une libération progressive du statut de dhimmi. Une certaine colère de la part de Marocains musulmans monte toutefois contre ces derniers, considérés comme des agents de l’Occident.

1912 : Massacre de Fès dit le Triel

 

1948 : Déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël.
Les populations des mellahs* furent appelées à effectuer leur aliyah* et à prendre directement part à l’édification de l’Etat d’Israël.

Reconnaissance de Qadima, organisme chargé d’organiser et de superviser la logistique de rassemblements, du transport depuis les localités les plus reculées et des départs, notamment ceux des jeunes vers Israël.

L’exode était encouragé car l’indépendance du pays était présentée comme une régression devant faire retomber les juifs sous le statut de dhimmis* et annihiler les acquis de l’émancipation et du mieux-être auxquels le protectorat français était censé les avoir fait accéder depuis 1912.

7 juin : Massacres d'Oujda et Jerada : 45 morts

C’est dans ce contexte que près de 90 000 juifs quittèrent le Maroc entre 1948 et 1956, principalement à destination d’Israël.

 3 aout 1954 : 7 commerçants Juifs sont tués par la foule à Petitjean. Leurs corps sont ensuite brûlés

 

2 mars 1956 : Proclamation de l’indépendance du Maroc et fin du protectorat français.

Bien que travaillée par toutes sortes d’incertitudes sur son avenir, la population juive partage l’allégresse générale. La présence du Dr Léon Benzaquen au sein du premier gouvernement et la nomination de plusieurs Marocains juifs à des postes importants signe pour la population juive la reconnaissance de leurs droits de citoyens et la volonté de les associer à la gestion des affaires de leurs pays. Le Roi du Maroc, Sidi Mohammed V, déclare que «Les juifs marocains sont des citoyens de plein droit comme leurs compatriotes musulmans. Vous vivrez dans l’égalité la plus absolue et la liberté.»

Années 1960/1970 : période de trouble pour le Maroc avec la mort du Roi Mohammed V et le tremblement de terre d’Agadir (1960)

À la suite de la mort du Roi, on observe une accélération de la cadence de l’exode des juifs. En 1964, il restait moins de 90 000 juifs dans le pays. Cet exode est accentué par les appels au boycottage des services et des commerces tenus par des juifs. On assiste alors à un nouveau courant de départs massifs. Rien qu’entre juillet et octobre 1967, près de 7 000 juifs, appartenant à des classes socio-professionnelles aisées quittent ainsi le pays à destination de la France, du Canada et de l’Espagne.

En peu d’années, les flux réduisent les populations restées sur place à moins de 40.000 personnes.


Les juifs au Maroc aujourd’hui

À l’heure actuelle, les juifs résident essentiellement à Casablanca et dans une moindre mesure à Rabat, Fès, Meknès, Marrakech, Tanger et Essaouira. Ils ne sont plus que 4 000 environ.

Les juifs qui restent veillent à la pérennité du judaïsme marocain et sont présents dans les domaines les plus divers. À titre d’exemple, des familles musulmanes inscrivent même leurs enfants à l’Ecole juive de Casablanca en raison de sa bonne réputation.

Aujourd’hui, des centaines de milliers de juifs d’origine marocaine vivent en diaspora en Israël, en France, au Canada, aux Etats-Unis ou encore en Belgique, et gardent un fort attachement au Maroc.

(source document du musée juif de Belgique)