" Comme par le passé, comme aujourd'hui, notre objectif et notre rêve n'ont pas changé et ne changeront pas. C'est l'instauration d'une paix réelle avec tous nos voisins, ou du moins avec tout État arabe qui s'y prépare. Tel est et sera le but central et l'objectif premier de notre politique.

Il s'agit bien entendu d'une paix totale, juste, stable et durable, fondée sur des accords contractuels et accompagnée d'arrangements de sécurité mutuellement efficaces et de systèmes de coopération bilatérale et régionale qui permettront d'écarter une fois pour toutes la menace d'une guerre récurrente de notre zone tourmentée. C'est notre objectif central et, aussi éloigné soit-il, nous refusons de désespérer. Nos objectifs secondaires et les mesures tactiques qui s'y rapportent découlent de ce but.

Ainsi, si l'un des voisins s'était préparé à des négociations, vers une paix globale, sans aucune condition préalable, nous aurions été heureux et n'aurions pas hésité un instant avant d'entamer ces négociations. Malheureusement, aucun État arabe n'a fait preuve d'une telle volonté et tant que cette situation perdurera, je formulerai nos objectifs secondaires dans l'ordre suivant :

la prévention de la guerre ; si cela est impossible, son report dans l'espoir d'éviter son déclenchement ; si cela ne peut être réalisé, limiter la guerre à un minimum de fronts de bataille. Si cela aussi est impossible, alors empêcher que le front multiple ne devienne simultané.

Bien entendu, toutes ces mesures doivent être prises tout en faisant tout ce qui est en notre pouvoir sur le plan politique et en matière d'information pour obtenir le maximum de compréhension et de sympathie pour notre position et notre politique en Amérique, parmi les nations amies en Occident et parmi tous les cercles et peuples du reste du monde qui sont prêts à cette compréhension.

Je ne prédirai pas si une autre guerre peut être évitée, ou à quel prix. Permettez-moi toutefois de dire qu'il ne sert à l'évidence à rien de payer pour éviter une guerre possible dans un avenir proche au prix d'une guerre certaines dans des conditions pires quelque temps plus tard.

Toutefois, il n'est pas déplacé de souligner une fois de plus que, même lorsque la guerre semble de plus en plus proche, elle ne doit pas être considérée comme inévitable. Tant que la guerre n'est pas absolument inévitable et tant que le compte à rebours n'a pas commencé, il y a encore une perspective, même très faible, d'empêcher la guerre, ou du moins de la reporter, dans l'espoir qu'on puisse l'éviter.

Israël n'a aucune raison et aucun désir de chercher la guerre. Au contraire, elle a toutes les raisons et tous les désirs de lutter pour sa prévention. Nous ne déclencherons pas la guerre, et nous ne serons pas entraînés dans une guerre, à moins qu'elle ne nous soit imposée contre notre volonté. Ensuite, et seulement alors, comme disent les Français "A la guerre comme à la guerre", ce qui implique de prendre les initiatives appropriées, en fonction des besoins militaires et des considérations politiques.

Tout cela, sans tomber en proie à des illusions, en poursuivant des rêves chimériques. Notre désir sincère et sans fin de prévenir la guerre doit s'accompagner d'un renforcement continu de notre sécurité et d'une vigilance accrue en fonction de l'évolution des circonstances. Une lutte réaliste pour la paix doit s'accompagner d'une préparation à la guerre, tout comme la préparation à la guerre, si elle est inévitable, doit s'accompagner d'un désir réel et visible de paix.

La paix est généralement un élément très important du système de sécurité nationale, tout comme la puissance militaire est un facteur vital du système de paix. Tant que les paroles du prophète "le loup habitera avec l'agneau" ne se seront pas concrétisées, chaque État sera lié par le juste équilibre entre paix et sécurité militaire. Cependant, Israël, seul État au monde dont l'existence même est menacée et qui est privé de paix, est toujours dans un état d'asymétrie entre les deux. Nous avons donc dû mettre l'accent sur nos forces militaires et défensives, même si nous savons bien que cela ne suffira pas à apporter la paix.

De plus, nous sommes bien conscients que sans capacité défensive, non seulement nous ne parvenons pas à rapprocher la paix, mais nous invitons à une autre guerre. C'est pourquoi, tout en cherchant par tous les moyens possibles des progrès politiques sur la voie d'un règlement, la politique étrangère d'Israël continue de s'attacher en priorité à remplir ses obligations en renforçant la capacité militaire de l'État. Cela, cependant, que ce soit en jetant les bases des conditions politiques permettant à Israël d'acheter les armements dont il a besoin, ou en aidant à obtenir des conditions financières faciles pour ces achats, ou en parvenant à une compréhension politique de la stratégie et des actions d'Israël dans le présent ou dans le futur.

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