Les arabes de Palestine sous la bannière nazie
La collaboration entre nazis et nationalistes palestiniens
1933-1946
Sacha Bergheim1
« La condition précise de notre collaboration avec l’Allemagne était l’entière liberté pour éliminer les Juifs, jusqu’au dernier, de la Palestine et du monde arabe. J’ai demandé à Hitler son accord explicite pour nous autoriser à résoudre le problème juif d’une façon bénéfique à nos aspirations raciales et nationales et conforme aux méthodes scientifiques que l’Allemagne a inventées pour s’occuper de ses Juifs. La réponse que je reçus fut : les Juifs sont à vous. »
Amin al Husseini, Mémoires. Rencontre avec Hitler du 28 novembre 1941.
« Nous admirions les Nazis. Nous étions immergés dans la littérature et les livres nazis. Nous fûmes les premiers à envisager de traduire Mein Kampf [en arabe]. Quiconque a vécu à Damas à cette époque était témoin de l’engouement arabe pour le nazisme. »
Sami al Jundi, fondateur du Parti Ba’ath syrien.
Une réalité historique négligée par la critique
Évoquer la participation arabo-musulmane au national-socialisme, ainsi que la permanence entre « résistance antisioniste » et mouvements nazis et néonazis, c’est mettre au jour un facteur essentiel, bien que généralement occulté (l’accès à des archives dispersées rend la recherche complexe et fastidieuse), de la perpétuation des conflits du Proche-Orient.
Le lien de parenté idéologique et de continuité logistique entre le national-socialisme et l’islam militant remontre aux années 1930 et se poursuit jusqu’à nos jours. Si le nationalisme arabe ne se réduit pas à sa composante fascisante, cette dernière représentent cependant un élément fondamental pour comprendre la guerre interne à l’islam, qui s’incarne tant dans la guerre de l’islamisme contre l’occident, que dans la diffusion à grande échelle des thèses antisémites dans le sillage des méthodes de propagande nazies.
Quelles ont été les conditions d’introduction, de diffusion et d’amplification des thèses fascistes et nazies dans le monde arabo-musulman ? Par quel biais l’antijudaïsme traditionnel dans l’islam – coextensif de la dhimmitude – a-t-il adopté les théories conspirationnistes de l’antisémitisme européen ?
Il ne s’agit pas d’un phénomène marginal, confiné à quelques mouvements radicaux isolés. Dès 1933, le parti Jeune-Egypte avait fondé sur le modèle du NSDAP une unité de combat réunie sous le solgan « un peuple, un parti, un guide ». Parmi ces derniers, on comptait Gamal Abdel Nasser, ainsi que son frère qui traduisit en arabe Mein Kampf… Et lors de l’accession au pouvoir des « officiers libres », Nasser recruta un nombre conséquent de fugitifs nazis, anciens officiers SS, qui furent en charge de la mise en place de la police politique, du système pénitentiaire, et surtout de la propagande « antisioniste ».