"Que les clercs évitent de manger chez des juifs et qu'ils ne reçoivent pas de juifs à leur table. En effet, comme les juifs ne consomment pas la nourriture ordinaire des chrétiens, il serait indigne et sacrilège que des chrétiens mangent leur nourriture. Ils jugent que ce que nous mangeons avec la permission de l’Apôtre est impur, de sorte que les clercs apparaitraient inférieurs aux juifs s'ils acceptaient ce que les juifs leur présentent alors que ces derniers rejettent ce que nous leur offrons."
538 : Le IIIe concile d'Orléans interdit à tous les Juifs de se montrer dans les rues et marchés, du jeudi saint à la fête de Pâques.
Le concile décide dans un de ces canons (décisions) que l'évêque doit racheter un esclave chrétien au service d'un juif s'il se réfugie dans l'église, alors que les constitutions du Bas-Empire romain exigeaient de le rendre au maitre, sans autres garanties
540 : Childebert interdit à tout chrétien de louer les services d'un Juif
541 : IVe concile d’Orléans. Il réunit trente-huit évêques et douze représentants d'évêque. Une série de mesures tournées contre les juifs reprennent des dispositions des précédents conciles : les juifs ne peuvent employer un chrétien ni un païen ; un esclave païen ou chrétien appartenant à un juif qui s’enfuit et se réfugie dans une église ou une maison chrétienne ne peut être ramené à son propriétaire, et les esclaves chrétiens appartenant à des juifs doivent être libérés, moyennant un rachat par l'Evèque,
814 : Louis le Pieux (814-833), fidèle aux principes de son père, accorde une stricte protection aux Juifs en raison de leurs activités de négociants et ce, malgré les accusations d'Agobard (778-840), évêque de Lyon
1009 : Destruction du Saint-Sépulcre par le sultan Al-Hakim. Nombreuses expulsions de Juifs tenus pour responsables.
1010 : En 1010, Alduin, évêque de Limoges, offre aux Juifs de son diocèse le choix entre le baptême et l'exil.
Sur la situation des Juifs au moyen-âge : " Le juif appartient à une espèce hybride : il tient à la fois de l'étranger (aubain) et du serf. Comme l'étranger, n'étant pas régnicole, il ne peut acquérir d'immeubles. Comme le serf, il appartient au roi ou au seigneur, qui peuvent le tailler à merci, le vendre, le revendiquer 3. Il ne jouit ni de sécurité, ni de protection. Pourtant, les édits d'expulsion et de confiscation comme celui de Philippe- Auguste en 1182, prouvent que ces règles connaissaient des entorses.
A mesure que les années passent, la situation des juifs s'aggrave :. leur statut s'écarte de plus en plus de celui de l' aubain pour se rapprocher de celui du serf. Rois et seigneurs disent « mes juifs » comme « mes terres » ; ils vendent les juifs, individuellement ou par lots. Sous Philippe-Auguste s'instaure la règle : « Li meuble au juif le roi, sunt au roi » et « Li meuble au juif sunt au Baron » s. Saint Louis décide, en décembre 1230, que nul seigneur du royaume ne pourra garder un juif appartenant à un autre ; chaque seigneur pourra récupérer le juif qui lui appartient, comme son propre esclave (tanquam proprium servum), où qu'il se trouve et quel que soit le délai écoulé depuis son départ. Cette situation très proche du servage dure jusqu'à l'expulsion complète des juifs en 1394 ; les juifs qui séjournent en France, à partir du règne de Louis XIV, ne sont plus assimilés aux serfs, mais demeurent des étrangers, sans défense ni recours contre les violences et les exactions.
A partir de la 2e Croisade, des milliers de juifs périrent sans procès" (in Aspects et problèmes spécifiques de l'histoire des Juifs en France, Lazare Landau, 1973, in revue d'histoire de l'église de France)
1030 : Robert 1er le mangnifique, Duc de Normandie, oblige les Juifs à choisir entre le baptème et la mort. Une persécution impitoyable s'ensuit, finalement arrêtée par l'intervention du Pape Jean XIX.
1096 : Massacre des Juifs de Rouen par des croisés
1146 : Massacres de Juifs, avant le départ de la croisade. " À quoi bon s’en aller au bout du monde, […] pour combattre les Sarrasins, quand nous laissons demeurer parmi nous d’autres infidèles qui sont mille fois plus coupables envers le Christ que les mahométans ? » (Abbé Pierre de Cluny)"
1181 : Philippe-Auguste fait arrêter les Juifs de France dans leur synagogue, les dépouille de leurs biens, or, argent et vêtements et les libère contre une rançon de 15 000 marc or. Il fait annuler les dettes contractées auprès de Juifs et prend au passage une commission de 20% auprès des débiteurs.
1182 : Troisième expulsion des Juifs de France par Philippe Auguste, qui les dépouille de leurs biens restants.
1198 : Rappel des Juifs de France par Philippe Auguste
1206 : Ordonnance de Philippe Auguste sur les prêts octroyés par des Juifs
1240 : Expulsion des Juifs de Bretagne ( qui n'est pas française) par l'ordonnance de Ploermel le 10 avril 1240. "Il faut attendre le XVIIe siècle et surtout le XVIIIe pour retrouver trace de leur présence à Nantes, mais aussi à Saint-Malo et à Rennes fréquentant les grandes foires de Bretagne."
Les controverses théologiques entre juifs et chrétiens, courantes dans les premiers siècles du christianisme, se poursuivent dans l’Europe médiévale, où elles se déroulent généralement dans un climat de cordialité. Dans le courant du XIe siècle, la chrétienté occidentale s’organise dans sa lutte contre les hérésies afin d’affermir son pouvoir spirituel. L’intérêt porté par les clercs aux textes juifs évolue alors graduellement de la méfiance à la franche hostilité. La littérature rabbinique devient la cible privilégiée de l’antijudaïsme.
En 1239, Nicolas Donin, juif converti, se rend à Rome auprès du pape Grégoire IX, auquel il soumet une accusation en règle contre le Talmud, livre jugé « immoral et offensant » pour les chrétiens, « blasphématoire » envers le Christ et la Vierge Marie. Le pape promulgue une bulle ordonnant la saisie de tous les exemplaires du Talmud en France, en Angleterre, en Aragon et en Castille, ainsi que l’ouverture d’une enquête sur le contenu du Talmud. Louis IX, dit Saint Louis sera le seul souverain à satisfaire à cette exigence. Les livres sont recherchés dans toute la France et transportés à Paris, où une controverse est soutenue publiquement en présence du roi et de la reine mère, Blanche de Castille, les 25 et 26 juin 1240. Le procès du Talmud est instruit selon les trente-cinq accusations énumérées dans la bulle de Grégoire IX et regroupées en cinq thèmes : I. Sur la valeur et l’autorité du Talmud, l’importance exagérée qu’il a prise chez les juifs ; II. Sur les blasphèmes qu’il contient contre Jésus ; III. Sur les blasphèmes contre Dieu et contre la morale ; IV. Sur les blasphèmes contre les chrétiens ; V. Erreurs, sottises et absurdités.
Les acteurs principaux des débats sont, du côté chrétien, Eudes de Châteauroux, chancelier de l’Université de Paris, et Nicolas Donin. Quatre rabbins leur font face : Yehiel ben Joseph, chef de l’école talmudique de Paris, Judah ben David de Melun, tossafiste (commentateur) qui dirige l’école talmudique de Melun, Samuel ben Salomon, appelé aussi sire Morel de Falaise, un des plus importants tossafistes français, et Moïse ben Jacob de Coucy, tossafiste, auteur du Sefer Mitsvot Gadol. Le greffier juif de la controverse est Nathan ben Joseph, surnommé l’Official. Malgré le talent oratoire et l’érudition des rabbins, qui réfutent point par point les accusations, le Talmud est condamné. Tous les exemplaires sont solennellement et publiquement brûlés à Paris, sur l’actuelle place des Vosges (on parle de vingt-quatre charretées de livres), probablement en 1242. Les juifs tentèrent de faire réhabiliter leurs textes sacrés. Quelques années plus tard, Innocent IV consentit à faire réexaminer le verdict, mais une seconde commission, présidée par le dominicain Albert le Grand, ne fit que l’entériner en 1248. (Texte du MAHJ, les Juifs au moyen-âge)
1259 : Saint-Louis impose le port de la rouelle, un morceau d'étoffe jaune, aux Juifs
1294 : Expulsion des Juifs de Nevers
1295 : arrestation de Juifs. Ils ont huit jours pour racheter leurs biens saisis à défaut de leur vente au profit du Trésor royal
1300 : Expulsion des Juifs d'Anger
1349 - 14 février : Pogrom de Strasbourg où périssent entre 1200 et 1500 Juifs
"Le samedi 14 février 1349, jour de la Saint-Valentin, on cerna le quartier juif. Tous ses habitants furent traînés par la foule au cimetière de la communauté, où on les entassa sur un immense bûcher. Deux mille Juifs furent brûlés vifs. Seuls échappèrent un certain nombre d'enfants et quelques adultes qui abjurèrent leur foi. Les biens des suppliciés furent partagés entre les bourgeois, l'évêque et la municipalité. Les créances furent détruites et certains gages rendus à leurs propriétaires qui habitaient hors de Strasbourg.
L'Empereur Charles IV, après avoir menacé la ville de représailles pour avoir osé massacrer ses Juifs, lui accorda, quelques mois plus tard, son pardon. Un arrêté fut pris par le Magistrat, qui interdit pour deux cents ans toute admission de Juifs dans la ville, et dans les possessions de Strasbourg.
L'anéantissement de la population juive de Strasbourg ne préserva pas la ville de l'épidémie de peste noire. Elle s'abattit sur elle quelques semaines après le massacre.
La plupart des historiens et chroniqueurs, en rapportant l'épisode du "Judenbrand", n'hésitent pas à en attribuer la responsabilité à la cupidité des bourgeois de Strasbourg, désireux de s'approprier les biens des Juifs, ou de se libérer des dettes qu'ils avaient contractées envers les membres de la communauté (site judaïsme d'Alsace-Lorraine)"
1360 : Rappel des Juifs de France par Jean II le Bon
1389 : Edit de banissement éternel des Juifs de Strasbourg. Il sera appliqué jusqu'à la révolution française.
1491 et 1501 : Expulsion des Juifs de Provence qui vient d'être rattachée à la France
1615 : Louis XIII renouvelle l'édit d'expulsion des Juifs de France. Il n'en restait qu'un seul, le médecin de Marie de Médicis
1648 : Rattachement de l'Alsace . De nouveau des Juifs en France après trois siècles
1683 : Expulsion des Juifs des colonies (Antilles ) par Louis XIV
1724 : Expulsion des Juifs de colonies (Louisiane) par Louis XV
XVIII et XIXe siècle
1806 : Napoléon , question aux juifs ( et réponses)
1806 - projet d'organisation de la nation juive par Napoléon 1er
1808 - 17 mars : Napoléon, décret impérial concernant les Juifs (texte)
1808 - 17 mars : Napoléon, décret "infame" concernant les Juifs sur l'usure (texte)
1806 - 22 juillet : les douze questions de Napoléon aux notables juifs de France et leurs réponses
1870 : le décret Crémieux les juifs d'Algérie obtiennent la nationalité française
1883 : Ernest Renan, le judaïsme comme race et comme religion
Affaire Dreyfus
1895 - 5 octobre : lettre de Alfred Dreyfus à Felix Faure (texte)
1897 - 8 novembre : lettre d'Emile Zola à sa femme sur Dreyfus (texte)
1898 - 24 février : article du Figaro sur l'Affaire Dreyfus et la condamnation de Zola
1898 - 23 février : Emile Zola condamné pour son article "j'accuse"
1898 - 13 janvier : Emile Zola publie "J'accuse" (texte)
XXe siècle
Jaurès et les Juifs - article Gilles Candar - 2009
1933 - 21 juin : Gaston Monnerville dénonce le sort fait aux juifs d'Allemagne - discours
Guerre
1940 - 1941 : lois sur le statut des Juifs de France (texte)
1940 - 1999 : Juifs de France - persécution et rétablissement (textes officiels )
1941 - 18 octobre : Simon Weill à Xavier Vallat , remerciements
1942 - 20 août : Lettre de protestation du pasteur Boegner au Maréchal Pétain (texte)
1943 - 15 janvier : démission du commissaire Philippe qui refuse la persécution des Juifs
1944 - mai : Pierre Dac répond à Philippe Henriot : Bagatelle pour un tombeau
La Grande Mosquée de Paris et les Juifs pendant la guerre
1967 - 27 novembre : De Gaulle : "un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur"
1967 - 27 novembre : Conférence de Presse du général de Gaulle ( texte)
1968 : De Gaulle rencontre le grand rabbin Kaplan
De Gaulle et les Juifs (Horowitz, 2011, Soulas, 2013)
La Gauche et les Juifs - article de Michel Winnock - Revue l'Histoire - 1981
1982 - 9 août : attentat de la rue des Rosiers (Paris)
XXIe siècle
2001 : Le nouvel antisémitisme Eric Conan et la note confidentielle au PS de Pascal Boniface (texte)
2017 - 15 janvier : Conférence de Paris.
2017 Affaire Sarah Halimi : communiqué de justice + rapports sénat et auditions (texte)
2017 Affaire Sarah Halimi : avis de l'avocate générale (texte)
2017 Affaire Sarah Halimi : Arrêt de la cour de cassation (texte)
2018 : Forte hausse de l'antisémitisme en France
2020 : Radiographie de l’antisémitisme en France en 2019 (enquête AJC Fondapol- IFOP)
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